Etat espagnol-Catalogne. Contre la répression et en défense des libertés

Appel unitaire à la grève générale

L’état d’exception de fait imposée par l’Etat, une brutale répression ainsi que les images effrayantes des corps de police de l’Etat se dressant contre une société catalane complètement pacifique qui voulait uniquement défendre un droit aussi élémentaire que le droit à décider de son avenir, ont amené les organisations syndicales à la nécessité de répondre en tant que travailleurs et travailleuses avec l’instrument le plus précieux à leur disposition, la GRÈVE. Il est fondamental de préserver et de renforcer ces éléments hétérogènes, d’autonomie et d’auto-organisation qui ont commencé à être activés en marge du répertoire habituel qui canalisait, jusqu’à maintenant, le gros du Procés [vers l’indépendance]. C’est un élément fondamental en vue de la défense de la légitimité du référendum du 1er octobre ainsi que pour éviter un bouclage de la crise sur un mode de restauration à partir d’en haut.

Face à la répression et à la négation des droits les plus fondamentaux tels que le droit à l’autodétermination, la réponse ne peut être autre que de descendre dans les rues et de paralyser le pays. C’est dans ce sens qu’une grève générale et sociale a été appelée pour le mardi 3 octobre. Trois syndicats IAC [Intersindical alternativa de Catalunya], COS [Coordinadora Obrera Sindical] et la CGT [Confederació General del Treball] ont effectué les démarches nécessaires (dépôt d’un préavis) la semaine dernière. Au cours des dernières heures [suite à l’annonce des résultats du référendum], d’autres organisations se sont jointes: Ómnium cultural, l’ANC [Assemblea nacional catalana], la FAPAC [la fédération des associations de parents d’élèves – dont certaines ont joué un rôle moteur dans l’ouverture de locaux scolaires pour la tenue du vote], la Federació d’Associacions de Veïns de Catalunya [la fédération des associations de quartier], l’Unió de Federacions Esportive, la Unió de Pagesos [syndicat paysan], les syndicats UGT et CCOO [les deux plus importantes fédérations syndicales de l’Etat espagnol; les directions nationales de ces syndicats se sont toutefois distanciées clairement dans un communiqué commun publié le 2 octobre de la grève, indiquant que les sections catalanes n’étaient engagées que dans un mouvement de protestation contre la répression disproportionnée]… outre de nombreuses entités de la société civile et différents mouvements sociaux, tels que les Marxas de la dignidad [à l’origine, à l’échelle de l’Etat espagnol, d’importantes manifestations convergentes vers Madrid, en particulier en 2014, autour de trois axes: du pain, un travail et un toit], Ca la Dona [maison de la femme et mouvement féministe], Marea Pensionista [mouvement de retraités], assemblée de Pagesos [paysans], Papers per tothom [mouvement de défense des sans-papiers] ainsi que de très nombreuses autres associations et organisations. L’ensemble de ces forces soutien cette grève générale et sociale du 3 octobre [à noter que la signification de la grève varie selon les forces qui y appelle; le Govern a planifié un service minimum et, à l’instar d’autres organisations, appelé à ce que les arrêts de travail éventuels soient négociés avec les employeurs, plutôt que d’une grève certaines organisations parlent d’«arrêt civique», il n’en demeure pas moins qu’un arrêt de travail – doublé de plusieurs jours d’action diverses au sein de la société – qui s’annonce d’une très grande ampleur constitue un cadre sans précédent pour l’action sociale et syndicale, laquelle ira sans doute au-delà du canal dans lequel certaines forces veut la diriger et portera des revendications contre l’austérité et pour des droits sociaux].

C’est dans ce contexte de grève générale et sociale, la mobilisation dans les rues qu’un geste devrait être exigé du président [de la Generalitat] Puigdemont: rien d’autre que la proclamation de la République catalane ainsi que l’ouverture d’un processus constituant. Proclamer la République dans un contexte de grève générale, accompagnée du soutien de plus de 80% des maires [la maire de la petite ville de Calella a menacé de ne pas renouveler la licence des trois hôtels de cette commune qui abritait 500 gardes civils et policiers; exemple, parmi d’autres, des nombreuses protestations qui se déroulent en ce moment en Catalogne] qui sont en ce moment menacé par l’Etat espagnol [pour avoir secondé la tenue du vote], pourrait être un catalyseur énorme qui précipiterait la crise de régime en Catalogne et dans tout l’Etat.

Pour cette raison, il est fondamental que les mobilisations de solidarité que nous avons vues au cours des derniers jours, de Madrid à La Coruña, en passant par l’Andalousie ou le Pays basque [les manifestations ont été particulièrement nourries à Bilbao; l’ampleur des protestations dans cette région, outre les résonances avec son histoire, a un impact politique direct: elles empêchent le parti de droite PNV de voter le budget, entraînant une instabilité accrue de l’Etat espagnol], se déroulent dans les jours à venir, avec des grèves solidaires et des mobilisations massives recevant le soutien actif des municipalités du changement [les villes espagnoles où des formations «de gauche», souvent en alliance avec Podemos, ont accédé à la municipalité en mai 2015] ainsi que les autres forces progressistes du reste de l’Etat qui ont défendu le droit à un référendum en Catalogne. Jamais la possibilité de faire tomber le régime de 1978 n’a été aussi proche. Il nous revient de profiter de ce moment.

Ci-dessous l’appel de la gauche syndicale et sociale pour le prochain 3 octobre. Introduction de Marc Casanovas, militant d’Anticapitalistes à Barcelone. (Traduction A l’Encontre)

Contre la répression et en défense des libertés

Les entités, organisations et syndicats qui appellent à la grève générale du 3 octobre veulent dénoncer la violence déployée par les corps policiers de l’Etat espagnol au cours de ce 1er octobre. Nous condamnons la répression et l’affaiblissement des droits et libertés civiles, sexuelles et politiques, autant individuelles que collective, dont le résultat est la création d’un état d’exception couvert en Catalogne.

Nous avons décidé de convoquer une grève générale pour dénoncer les pressions et les menaces que l’ensemble des classes laborieuses et populaires ont souffert au cours des dernières semaines ainsi que les attaques constantes contre la liberté d’expression et les tentatives continues d’intimider l’ensemble de la population catalane.

Nous voulons indiquer clairement que devant les politiques austéritaires qui ont rendu nos existences plus précaires au cours des dernières années et qui ont démantelé le secteur public à la suite du plan de sauvetage des banques, il est nécessaire de nous organiser et nous visons à la production d’une Charte de droits sociaux qui comprenne toutes les expériences, pratiques et connaissances accumulées par les différents mouvements sociaux au cours de ces dernières années: de l’économie sociale et solidaire jusqu’à ceux visant à la souveraineté alimentaire, de la défense du territoire jusqu’aux luttes féministes et contre les violences machistes, des mouvements en faveur de la paix jusqu’à la reconnaissance des droits des personnes migrantes.

Nous lançons un appel à paralyser le pays, depuis tous les secteurs et domaines de nos vies afin de faire face à la répression et pour défendre nos libertés.

Ce 3 octobre, grève générale et sociale
Nous nous retrouverons toutes et tous, ensemble, à 18 heures aux Jardinets de Gràcia de Barcelone.
Pour un blocage total,
NOUS NOUS ARRÊTERONS TOUS !!!!!
Nous renverserons le régime

Barcelone, le 1er octobre 2017

(Traduction A l’Encontre)

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