Vers la République catalane.
La solidarité: un devoir internationaliste
Une révolution démocratique a débuté dans le sud-ouest de l’Europe. La journée du 1er octobre en Catalogne a été la plus grande mobilisation de désobéissance civile et institutionnelle non-violente qu’ont connue la Catalogne, l’Etat espagnol et l’Europe au cours de son histoire contemporaine. En dépit de l’extraordinaire déploiement répressif des forces policières et de la Guardia civil [17’000 unités, 844 civils ont été blessés] par l’Etat espagnol, 2’262’424 personnes sont parvenues à exercer leur droit de vote. Elles ont exprimé de manière admirable, pacifique et festive leur volonté de se diriger vers une république catalane et en direction de l’ouverture d’un processus constituant participatif [2’020’144 oui, 176’566 non, 40’585 blancs, 20’159 nuls; 400 locaux de vote fermés par la police et 770’000 personnes qui n’ont pas pu voter].
L’Etat espagnol a perdu définitivement sa légitimité en Catalogne, tandis que la réponse exemplaire des plus de 2 millions de personnes – dans les centres de vote, dans les rues et sur les places des villes et des villages face à la répression policière – a obtenu une indéniable légitimation internationale. Une réponse qui a mis en évidence la conquête d’un degré très élevé d’auto-organisation et de prise en charge populaire; ce qui, sans aucun doute, peut et doit s’étendre sur les lieux de travail à l’occasion de la grève générale et sociale appelée par la grande majorité des organisations syndicales et sociales [CGT, CCOO, UGT, ANC, Omnium cultural, etc.] de Catalogne pour ce 3 octobre en défense des libertés, du droit à décider ainsi qu’en faveur d’une Charte des droits sociaux.
La réponse du chef du gouvernement espagnol et du Parti populaire (PP) corrompu, Mariano Rajoy, et celle du dirigeant du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), Pedro Sánchez, témoignent à nouveau d’une absence totale de reconnaissance de la défaite politique qu’ils ont subi ce 1er octobre. Bien au contraire, ils s’agrippent à une défense fondamentaliste de la Constitution de 1978 et ne font que revendiquer l’obéissance envers une légalité caduque face à la nouvelle légitimité gagnée ce 1er octobre. Le Parti Populaire au gouvernement a décidé d’ignorer le peuple catalan, dans un calcul électoral qui dénigre les droits et libertés.
C’est le moment de la mobilisation et de la solidarité avec le peuple catalan face aux menaces d’intensification de la répression et de la suspension de l’autonomie catalane [en activant l’article 155 de la Constitution] par le gouvernement Rajoy. Ce qui est en jeu, c’est non seulement l’avenir du peuple de Catalogne mais aussi celui des peuples de l’Etat espagnol et d’Europe dans la lutte pour les libertés, la démocratie et de la souveraineté populaire effective. Pour cette raison, nous faisons appel à la solidarité internationaliste des travailleurs et des travailleuses, ainsi que des peuples face à celle du grand capital et des grandes puissances avec le régime issu de la transition de 1978.
En 1898, avec le «désastre» vécu suite à la perte de Cuba, des Philippines et de Puerto Rico par l’Empire espagnol, le poète catalan, Joan Maragall, écrivit un poème sur l’abandon et l’incompréhension du peuple catalan par le gouvernement qui s’achevait par «Adéu, Espanya». Aujourd’hui, cet adieu adressé non pas contre les peuples de l’Etat espagnol mais contre un gouvernement et un régime antidémocratique et austéritaire, c’est ce que ressent la majorité du peuple catalan.
Nous sommes convaincus que la rupture démocratique, qui a déjà commencé en Catalogne, contribuera sans aucun doute se poursuivre sur le chemin de la rupture avec ce régime ainsi qu’à l’ouverture de processus constituants sur la base de l’action des peuples dans tout l’Etat espagnol. Car, comme on a pu l’entendre lors des manifestations de ces derniers jours lorsqu’était entonnée l’une des chansons symboles de la lutte contre la dictature franquiste, L’Estaca [Le Pieu] de Lluís Llach, «Si estirem tots, ella caurá/ i molt de temps no pot durar,/segur que tomba, tomba, tomba/i ens podemos alliberar» [Si nous tirons tous, il tombera/Cela ne peut durer plus longtemps/C’est sûr il tombera, tombera, tombera/Bien vermoulu il doît être déjà./ Si tu le tires fort par ici/Et que je le tire fort par là/C’est sûr, il tombera, tombera, tombera/Et nous pourrons nous libérer.] – Barcelone, Madrid, Athènes, Paris, 2 octobre 2017.
Les signatures
Etat espagnol
Sonia Farré –Anticapitalistas –Élue au Parlement Espagnol
Miguel Urbán – Anticapitalistas- Élu au Parlement Européen
Jaime Pastor – Anticapitalisas
France
Olivier Besancenot, NPA
Christine Poupin, NPA
Philippe Poutou, NPA
Grèce
Antonis Ntavanellos (DEA, Unité populaire, Fondation La Commune)
Maria Bolari (DEA, Unité populaire, ex-députée de SYRIZA)
Yanna Gaitani (DEA, Unité populaire, ex-députée de SYRIZA)
Portugal
Joana Mortágua , élue du Bloco d’Esquerda au Parlement
Jorge Costa, Élue du Bloco d’esquerda au Parlement
Italie
Franco Turgliatto, ex-sénateur, Sinistra Anticapitalista
Chiara Carratu, Syndicaliste, Sinistra Anticapitalista
Suisse
Pino Sergi, syndicaliste, Movimento per il socialismo (MPS)
Charles-André Udry, site alencontre.org, MPS
Geneviève de Rham, syndicaliste, MPS
Schmid Philipp, Bewegung für den Sozialismus (BFS)
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