Débat. «La rupture chez Gramsci advient du fait de la révolution russe»

Entretien avec Guido Liguori
conduit par Gaël De Santis

Avant d’être incarcéré en 1926 et de rédiger ses Cahiers de prison (édition française: en 5 volumes, Ed. Gallimard), Antonio Gramsci (22 janvier 1891-27 avril 1937) a publié de très nombreux écrits. On trouve ses Ecrits politiques, de 1914 à 1926, publiés en trois volumes par les Editions Gallimard, avec une très bonne traduction de Robert Paris.

Guido Liguori, président italien de l’International Gramsci Society, vient de publier un recueil de textes qui couvrent la période entre 1910 et 1926: Come alla volontà piace (Ed. Castelvecchi, février 2017). On peut aussi se rapporter à son Gramsci conteso. Interpretazioni, dibattiti e polemiche 1922-2012 (Ed. Riuniti, 2012) et encore Sentieri gramsciani (Ed. Carocci, 2006). En français, il a publié aux Editions Delga, en 2011, l’ouvrage intitulé: Qui a tué le parti communiste italien?

Il n’est pas impossible que le titre d’un autre ouvrage récent de Guido Liguori, Berlinguer rivoluzionario. Il pensiero politico di un comunista democratico (Ed. Carocci, 2014), permette de saisir sous quelle perspective politique ce dernier inscrit son approche de Gramsci.

Pour rappel, Enrico Berlinguer (né en 1922 à Sassari en Sardaigne et décédé en 1984) a été le dirigeant incontesté du PCI de 1972 à 1980. Il fut le concepteur du «compromis historique» – alliance avec la Démocratie chrétienne expliquée, de manière «descriptive», par la nécessaire prise en compte de l’Eglise catholique et de son emprise «sur la société civile», un concept souvent fourre-tout. Le pape Paul VI s’opposa avec fermeté à cette «proposition». Ses divisions défilaient moins dans la rue, mais disposaient d’un écho certain – pour des raisons multiples – dans divers appareils étatiques et dans ladite «société civile». Cette orientation de «compromis historique» a été explicitement exprimée – bien qu’elle ait ses racines dans l’histoire du PCI – dans la foulée du coup d’Etat de Pinochet, en septembre 1973.

Dans les débats et «interprétations» politiques actuels, Gramsci est très présent, surtout dans le monde anglo-saxon. Ce d’autant plus que ses textes – dans leur évolution, leur contexte et les circonstances de leur élaboration – laissent la porte ouverte à l’extraction de citations polysémiques.

L’entretien avec Guido Liguori – publié ci-dessous – prend place dans une série d’articles que nous publierons dans les semaines à venir et qui, de facto, participent à des échanges politiques dans lesquels le présent – avec ses relents – se conjugue avec diverses «commémorations». (Réd. A l’Encontre)

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Le jeune Gramsci insiste sur le thème de la volonté. En quoi est-ce subversif chez les révolutionnaires de son époque?

Guido Liguori: On doit ce thème de la volonté à la formation culturelle, théorique et philosophique d’Antonio Gramsci. Celui-ci est empreint d’une culture antidéterministe et antipositiviste. Le positivisme traite des lois de l’histoire et de la société comme si elles étaient celles de la nature. L’observateur est séparé de son objet d’étude. Antonio Gramsci, lui, emprunte le thème de la raison aux philosophies subjectivistes du XIXe siècle, notamment celles des Français Henri Bergson et Georges Sorel, au pragmatisme américain et au libéralisme italien. Dans cette approche, l’observateur est inséré dans le monde social qu’il étudie. Antonio Gramsci s’oppose donc au marxisme de la Deuxième Internationale qui privilégie une lecture – que l’on trouve dans certains écrits de Marx – qui interprète l’histoire comme répondant aux lois objectives de l’économie avec le passage d’un stade à un autre : de l’Antiquité au féodalisme, puis au capitalisme et au socialisme. La culture de Gramsci, comme de Lénine, accorde une fonction déterminante au sujet révolutionnaire. Alors que chez le social-démocrate allemand Karl Kautsky, la stratégie révolutionnaire consiste à renforcer le parti, à organiser le monde prolétarien tout en ne passant de compromis avec personne, puisque les lois de l’histoire amènent naturellement à une nouvelle société.

Ce sont donc les hommes qui font l’histoire, comme dirait Marx. Selon le jeune Gramsci, comment la font-ils ?

Guido Liguori: Non pas de manière individualiste, mais en s’associant, par ce que Gramsci appelle une «volonté collective populaire» dans ses Cahiers de prison. C’est ainsi que Gramsci déclare en 1917 que les bolcheviques ont fait la révolution «contre le Capital de Karl Marx», en démontrant la fausseté des lectures déterministes qui faisaient du Capital une théorie de l’évolution historique.

Y a-t-il une rupture par la suite?

Guido Liguori: Chez le Gramsci mature, la lecture est plus prudente et tient compte de la situation objective. Le sujet agit dans un champ de forces. Il est possible d’arriver à une situation plus avancée, à une société socialiste, selon que le sujet est capable ou non de faire de la politique, des choix en fonction de sa propre force et de sa propre volonté de changement. La rupture chez Gramsci advient du fait de la révolution russe, après laquelle il commence à étudier Lénine et, pour la première fois, Karl Marx. Dans les années qui suivent la révolution, il se montre très léniniste. En 1922 et 1923, il est à Moscou, où il en vient à connaître personnellement le Lénine qui comprend qu’après l’échec de la révolution spartakiste de 1918-1919 en Allemagne, il ne sera pas possible de répéter la révolution russe en Occident. De ce point de départ s’ouvre la réflexion gramscienne, qui se poursuivra dans les Cahiers.

Quel est le fil conducteur de cette réflexion?

Guido Liguori: La société européenne est différente de la société russe. Le type de révolution ne sera donc pas le même. La guerre de mouvement n’est plus possible, il faut passer à la guerre de position. La révolution au XIXe siècle est une guerre de mouvement, faite d’assauts frontaux, de luttes à champ ouvert. C’est la révolution des barricades comme celle de 1848. Pour Gramsci, après 1870, la société devient une société de masse. L’Etat assume un nouveau rôle. Se développent les appareils hégémoniques. C’est pour cette raison que, malgré une grave crise économique en 1920, la révolution n’éclate pas, à rebours des prédictions des théories déterministes. Les appareils hégémoniques empêchent, comme on le dirait aujourd’hui, aux masses subalternes de penser qu’un autre monde est possible. La révolution qui devient guerre de position passe donc par un travail de longue haleine de préparation idéologique, culturelle, par lequel les masses subalternes neutralisent les appareils qui permettent à l’État bourgeois de former un consensus. C’est uniquement lorsqu’une large part des classes subalternes aura une vision du monde différente de la bourgeoisie qu’il y aura la possibilité d’une révolution. La révolution est la conquête graduelle des blockhaus de la formation du sens commun et de l’idéologie. C’est la raison pour laquelle est central le rôle du parti.

Gramsci est récupéré par tout le monde. Pourtant, il se réclamait du communisme. Quelle en était sa définition ?

Guido Liguori: Comme Marx, il refusait de préfigurer ce que serait le communisme. L’histoire le dira, mais Gramsci voyait le passage du capitalisme au communisme comme une société régulée où s’affaiblissaient les éléments de coercition et où croissait en parallèle la capacité d’autogouvernement des masses populaires.

Antonio Gramsci fut, comme vous le dites, «un observateur inséré dans le monde social». Il fut le secrétaire du Parti communiste d’Italie (PCd’I). Quel fut son apport en tant que dirigeant ?

Guido Liguori: Il devient secrétaire du PCd’I en 1924, par la volonté de l’Internationale, après la direction désastreuse de son prédécesseur, Amadeo Bordiga, concevait le Parti comme une caserne [1]. Au contraire, pour Gramsci, le parti doit être partie des classes subalternes, en accompagner le développement en ne perdant jamais le contact avec elles. Le militant n’est pas un petit soldat, mais doit être à la fois dirigeant et intellectuel. Le parti est un intellectuel collectif.

La politique menée par le secrétaire Palmiro Togliatti, qui fonde au sortir du fascisme un parti de masse inscrit dans le jeu démocratique, le plus grand Parti communiste d’Occident, s’inspire-t-elle de Gramsci?

Guido Liguori: On trouve chez Gramsci un terme important: la traduction. Une politique ne peut être copiée en un autre temps et un autre lieu, mais doit être traduite. Tout l’objet de l’œuvre de Gramsci est de traduire la révolution bolchevique en Occident, dans un autre langage, dans un autre contexte. Je dirais que Togliatti [2] a su traduire certaines des idées de Gramsci dans l’après-guerre, dans une situation que ce dernier ne connaissait pas, celle de la chute du fascisme, d’un monde divisé en sphères d’influence. Les indications de Gramsci ont été reprises et traduites par Togliatti pour construire le «parti nouveau» («un parti de masse enraciné dans la culture nationale» – NdR), pour réaliser une politique compatible avec les rapports de forces de l’époque.

Vous revenez du Brésil, où vient d’être traduit le Dictionnaire gramscien, que vous avez dirigé. Comment expliquer le succès du penseur sarde outre-Atlantique?

Guido Liguori: En Amérique du Nord, Gramsci est une référence pour les Cultural Studies. Elles ne retiennent de lui que certaines catégories, les appliquant aux phénomènes culturels, autrement dit, en le dépolitisant. En revanche, en Amérique latine, c’est le Gramsci de la lutte politique qui intéresse. Ses catégories principales permettent de lire l’histoire latino-américaine. Les notions de «révolution passive» et d’«Etat élargi» sont utilisées à l’université et même dans le débat politique. On parle de «révolution passive» quand on observe un changement certes progressiste en ce qu’il prend en compte certaines demandes des masses populaires, mais un changement par le haut parce que les classes dominantes refusent toute action active des masses populaires. C’est une révolution parce que les choses changent réellement, mais les masses populaires doivent rester passives. L’Etat élargi fait référence au fait que, pour Gramsci, on n’a pas de distinction réelle entre Etat et société civile, qui forment un tout intégré, où les appareils hégémoniques de formation du consensus sont indifféremment privés comme publics. Par exemple, les mass media peuvent être privés comme publics. Ce qui importe est: quel sujet social servent-ils? A la bourgeoisie ou aux classes subalternes et à leur parti en les accompagnant dans la formation d’une contre-hégémonie? Pour Gramsci, la distinction entre État et société est typiquement libérale.

Pourquoi la gauche utilise-t-elle ces catégories?

Guido Liguori: Antonio Gramsci a anticipé les traits de la société contemporaine, fondée bien plus que par le passé sur la production du monde culturel, sur la production de l’hégémonie comme action des médias de masse. Il est moderne parce que sa conception de la réalité, en attribuant une grande importance à la culture, est bien plus proche de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui que de celle d’il y a cinquante ans. Au fur et à mesure que les sociétés évoluent, elles trouvent sur leur route Antonio Gramsci. La communauté néolibérale de Santa Fe disait que Gramsci était le plus dangereux des marxistes pour avoir compris que, dans la société moderne, le rôle des idées, de la culture, du sens commun est plus important que par le passé. Nicolas Sarkozy aussi «s’approprie» Gramsci, expliquant (à la veille de son élection en 2007 – NdR) qu’il avait retenu la leçon: convaincre les gens avec la force des idées diffuses, du sens commun des médias de masse. Gramsci a été repéré pour la première fois par la droite dans les années 1970, par un Français, Alain de Benoist [3], qui indiquait que la droite devait s’affirmer par la force des idées, de la conviction, de la culture diffuse et non par des actions violentes.

Un des thèmes majeurs de Gramsci a été la question méridionale. Peut-on faire un parallèle avec une Europe à deux vitesses, divisée entre Nord et Sud?

Guido Liguori: Edward Saïd a perçu en Gramsci non seulement une conception de l’histoire, mais aussi de la géographie. Il y a chez lui une étude territoriale de la politique. Saïd parlait du nord et du sud du monde. En Europe aussi, on peut parler de Nord et de Sud. Dans ses écrits sur la question méridionale italienne, Gramsci relevait que certaines problématiques étaient territorialisées. Il y a concentration de richesses, de privilèges et de forces sociales dans des zones territoriales bien définies. Les pays du Nord sont plus riches; ceux du Sud ont les problèmes économiques et sociaux les plus importants. Gramsci pouvait dire que le Risorgimento, l’Unité italienne, s’est fait en faveur du nord du pays. L’unité européenne s’est faite, elle, en faveur des populations et de la bourgeoisie financière du Nord. Même les classes laborieuses allemandes perçoivent des avantages à ce que l’Union européenne privilégie les pays du Nord et l’Allemagne.

La guerre de position peut-elle aujourd’hui se mener au niveau européen?

Guido Liguori: Dans les Cahiers de prison, Gramsci estime que la lutte part comme lutte nationale, mais a un horizon international et internationaliste. L’Europe est, pour lui, une dimension où les forces productives peuvent se développer. C’est d’actualité à l’heure où nous vivons dans un monde multipolaire. Pour Gramsci, qui semble préfigurer une fédération européenne, quand l’unité du continent sera réalisée, le nationalisme apparaîtra aussi archaïque que le provincialisme l’est pour nous aujourd’hui. Les forces de gauche italiennes négligent la leçon gramscienne. Chez les communistes, la réflexion est grande sur l’Europe. On trouve d’un côté ceux qui refusent l’Europe, envisagent un repli national pour se défendre d’une Europe qui est aujourd’hui une Europe libérale. Les autres pensent que l’Europe est précisément le champ de bataille où défaire les forces libérales. (Entretien publié dans le cahier spécial de L’Humanité datée du 28 avril 2017)

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Guido Liguori a publié deux ouvrages non traduits qui recueillent les textes du penseur sarde. Le premier porte sur les écrits sur les révolutions russes, Comme il plaît à la volonté. Le second, Masse e Partito, Antologia (Ed. Riuniti, 2016) qui rassemble des articles et lettres entre 1910 et 1926. Guido Liguori est également l’auteur de Qui a tué le Parti communiste italien? (Ed. Delga, 2012).

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[1] Amadeo Bordiga (1889-1970). Il est plus que simpliste de réduire les actions et les analyses d’Amadeo Bordiga à la formule utilisée, ici, par Guido Liguori. Entré dans le Parti socialiste italien (PSI) en 1910, ingénieur, il fonde en 1912 le Cercle Karl Marx et développe une activité soutenue contre l’électoralisme et le clientélisme du socialisme méridional. Il s’oppose à la guerre sans faire de concession. Il mène cette bataille dans le Socialista et dans la section napolitaine du PSI. Il saisit, avant bien d’autres, la nécessité de s’organiser face à l’évolution du PSI et, dès lors, crée en 1917 une fraction dite intransigeante dans le PSI. Suite à la révolution d’Octobre, il mène une bataille pour l’abstentionnisme au sein du PSI, cela à partir d’un jugement sur la période. Il fonde Il soviet de 1918 à 1922 et participera aux travaux du IIe Congrès de la Troisième Internationale en 1920, durant lequel il insiste sur l’emprise du parlementarisme. Après le Congrès de Livourne (1921), il sera le dirigeant clé du PCD’I. Il s’affronte à la direction de l’Internationale sur la question du «front unique» et aussi critique la subordination des partis communistes naissant au Parti communiste de l’URSS et à sa domination au sein de l’Internationale. Lors du Congrès de Lyon (1926) – qui se développe aussi dans un contexte où l’analyse du fascisme suscite des différences profondes… et compréhensibles – il est battu par ce qui sera caractérisé comme «le noyau centriste» de la direction, c’est-à-dire Gramsci et Togliatti. Il subit des attaques féroces des staliniens, sous une forme qui ne fera que se durcir. Il est expulsé du parti en 1930; il a été arrêté  et exilé sur l’île d’Ustica où il va aider Gramsci déjà fort malade et cherche avec lui à constituer un cercle d’éducation marxiste. Il a été aussi assigné à résidence. En 1945, il reprend des activités politiques et publie une revue de qualité Prometeo, dès 1946. Il publie un ouvrage d’importance en 1966: Struttura economica et sociale delle Russia d’oggi. (Rédaction A l’Encontre)

[2] Palmiro Togliatti (1893-1964) dirigera le Parti communiste italien de 1927 à 1934, puis de 1938 à son décès. Depuis son exil à Moscou – en compagnie de l’ensemble du Comité central qui se trouve en France – il signe une lettre ouverte, en août 1936, dans le contexte du tournant de l’Internationale stalinienne dit de «Front populaire». Cette lettre est adressée aux fascistes: «Appel aux fascistes» qui sera publié dans la revue du PCI: Stato operaio. Ce texte est trop souvent oublié. Une citation l’éclaire: «Pour le salut de l’Italie, réconciliation du peuple italien! La cause de nos maux vient du fait que l’Italie est dominée par une poignée de grands capitalistes. (…) Seule l’union fraternelle du peuple italien obtenue par la réconciliation entre fascistes et non-fascistes pourra abattre la puissance des requins dans notre pays. (…) Les communistes adoptent le programme fasciste de 1919 qui est un programme de paix, de liberté, de défense des intérêts des travailleurs. Peuple italien, fascistes de la vieille garde, jeunes fascistes, luttons ensemble pour la réalisation de ce programme».

Sa trajectoire politique – marquée par l’art de la «fourberie» rhétorique et «valorisée» aux yeux de la base par les attaques de la droite (depuis 1947) – se saisit concrètement dans la mention des postes qu’il a acceptés: ministre sans portefeuille d’avril 1944 à juin 1944 dans le deuxième gouvernement de l’ex-maréchal Pietro Badoglio. Ce dernier commanda les troupes italiennes dans la guerre (1935-1936) d’Ethiopie (dont il deviendra le vice-roi, après avoir utilisé le gaz moutarde!). Il avait déjà été nommé par Mussolini gouverneur de Libye entre 1928-1933, comme signe de reconnaissance suite à ses réserves face à la «marche sur Rome» d’octobre 1922. Conscient du degré d’impréparation militaire de l’armée italienne, il s’oppose à l’opération militaire italienne en Grèce, qui fut un fiasco. Il démissionne en 1940. Il sera recyclé pour la première phase de la «transition» du fascisme à la «démocratie».

Togliatti jouera un rôle analogue pour «assurer la transition» dans le bref gouvernement de Ferrucio Parri (juin 1945-décembre 1945), Parri multiplie les adhésions et les refondations de partis prenant appui sur son profil d’anti-fasciste.

Togliatti participera au gouvernement d’Alcide de Gasperi (de décembre 1945 à juillet 1946). En juillet 1948, il est victime d’un attentat qui suscite une massive mobilisation populaire qu’il appelle «au calme», par radio, depuis sont lit d’hôpital. Dès 1956, il exprime des réticences face au régime de l’URSS et développe l’idée d’un polycentrisme qui valorise les voies nationales «au socialisme» et les adaptations diverses au contexte national pour chaque parti. On retrouve cette approche dans son testament. (Réd. A l’Encontre)

1 Commentaire

  1. Ce Guido Liguori fait partie des révisionnistes du “communisme poststalinien”, qui se servent de Gramsci contre le marxisme révolutionnaire de Lénine et de Trotsky, alors que, dans sa prison, c’est de ce dernier que Gramsci demandait les œuvres. Une citation comme celle ci-dessous : “ les bolcheviques ont fait la révolution «contre le Capital de Karl Marx», en démontrant la fausseté des lectures déterministes qui faisaient du Capital une théorie de l’évolution historique.“ est la démonstration des limites de la culture marxiste de Gramsci , qui est énorme chez ses citeurs. Certes, Le Capital n’est pas un manuel de révolution, mais faire de Marx un théoricien d’une évolution “pacifique” est Hénaurne ! Marx a écrit bien autre chose, et en particulier, à partir l’expérience de la révolution de 1848, il a expliqué que désormais la révolution ne pouvait plus s’arrêter au terme de la démocratie bourgeoise, mais qu’elle devait devenir “permanente” jusqu’à son stade de révolution prolétarienne. C’est ce que comprit Trotsky, qui théorisa la nécessité de ce dépassement pour la Russie, et ce que Lénine comprit spontanément au vu du développement de la révolution de février de 1917, d’où son union avec Trotsky pour réaliser la Révolution d’Octobre.
    Gramsci, jeune communiste, formé en URSS dans l’Internationale syndicale, rentra en Italie dans les conditions difficiles de la montée au pouvoir de Mussolini, et dans un jeune parti secoué de divergences qui mirent ses gauches successives en minorité. Il m’est impossible ici d’expliquer ce que j’ai développé dans ma Contre-révolution dans la Révolution sur les événements qui le conduisirent dans la prison dont il ne sortira pas. Togliati fut son adversaire, que l’on put soupçonner de l’avoir fait arrêter. Sa manière de s’emparer de lui après sa mort est une sinistre opération d’inversion de ses positions réelles. C’est dans sa prison qu’’il allait se former et écrire ses volumes de recherches, dans des conditions qui n’avaient rien d’idéales, et qui l’empêchaient d’obtenir des ouvrages théoriques marxistes essentiels.
    Quant au problème du parti, il échappe à une théorisation marxiste générale, à l’exception du principe de « centralisme démocratique ». Il peut y avoir autant des types de partis qu’il y a de rapports entre l’organisation marxiste-révolutionnaire et son état de rapport avec les forces populaires en lutte contre le système capitaliste, selon les différentes espèces États.
    Michel Lequenne

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