A l’occasion du second 1er mai depuis la chute de Moubarak, des militants des syndicats indépendants et de gauche sont descendus par centaines dans les rues du Caire et d’autres villes à travers l’Égypte. Des manifestations ont eu lieu notamment à Alexandrie, Suez, Al-Mansoura, Zagazig. La déclaration ci-dessous expose leurs revendications:
«Mai est le mois des travailleurs
et de leurs revendications!»
Les travailleurs ont participé à la révolution du 25 janvier et scellé le sort du président avec plus de 489 manifestations au cours du seul mois de février. Les travailleurs sont descendus dans la rue partout en Egypte pour le pain, la liberté, la dignité et la justice sociale. Un an après la révolution, rien n’a changé pour les travailleurs, sauf que leur situation a empiré et qu’ils sont critiqués pour leurs «exigences corporatistes égoïstes».
La classe ouvrière a sacrifié ses martyrs, en particulier Mariam Abd-al-Ghaffar Huwas, l’une des grévistes de l’entreprise Mansura-Espana. Des travailleurs ont été traînés devant les tribunaux militaires et des militants ont été licenciés de leur emploi.
Au lieu de récupérer nos droits perdus, nous avons connu des nouvelles attaques: la Loi n° 34 de 2011, criminalisant les grèves et les sit-in; la Loi sur les libertés syndicales dont la promulgation est bloquée par le Conseil militaire et que le Parlement a mise au réfrigérateur. Les lois sur les salaires minimums et maximums ont été contournées et le gouvernement a trouvé le moyen d’échapper aux décisions de justice exigeant le retour au secteur public des entreprises privatisées.
Tout le monde a été préoccupé par les confrontations au sujet de la Constitution et de la présidence, mais les revendications des travailleurs sont loin d’être soutenues tant par les auteurs de la Constitution que par les candidats à la présidence.
En conséquence, nous appelons les travailleurs égyptiens à engager l’action à partir du 1er mai 2012 pour imposer leurs revendications de justice sociale et gagner leurs droits et leurs libertés:
- Adoption des salaires minimum et maximum afin d’assurer un niveau de vie décent pour les travailleurs et leurs familles et pour imposer un maximum égal à 15 fois le minimum qui sera fixé à 1500 livres et qui devra augmenter annuellement selon l’ancienneté et le taux de l’inflation.
- Augmentation des pensions dont le montant ne sera pas inférieur à 80% des salaires, avec des augmentations annuelles liées à la hausse de prix.
- Promulgation de la Loi sur les libertés syndicales et le soutien aux syndicats indépendants. Arrêt de toutes les formes de harcèlement et de répression contre les syndicats indépendants.
- Participation des travailleurs et de leurs syndicats à l’élaboration de la nouvelle Constitution afin qu’y soit inscrite la protection de leurs droits économiques et sociaux.
- Réforme de la Loi du travail injuste n° 12 de 2003 afin qu’elle soit dans l’intérêt des travailleurs. Réactivation du rôle du Conseil suprême pour les salaires et les prix.
- Abolition de la Loi n° 135 de 2010 relative à la protection sociale et mise en œuvre de la Loi n° 79 de 1975 relative à l’assurance sociale et de la Loi n° 112 de 1980 destinée à étendre la protection sociale aux travailleurs du secteur informel. Remboursement des 465 milliards LE (livre égyptienne) des fonds de la protection sociale qui ont été confisqués.
- Extension de l’assurance-maladie au bénéfice de tous les Egyptiens. Intégration de tous les services de santé au sein d’un système de santé public financé par les taxes générales et les cotisations, développement et distribution des services de santé gratuits par des organismes à but non lucratif.
- L’Etat doit remplir son obligation de créer de nouveaux emplois et de verser des prestations de chômage à ceux qui ne peuvent pas trouver un travail procurant des ressources.
- Abolition de la Loi n° 34 de 2011 qui criminalise les grèves et les sit-in en violation des traités internationaux signés par l’Egypte. Annulation immédiate des procès contre les droits des travailleurs dans les tribunaux ordinaires et militaires depuis février 2011. Libération immédiate des travailleurs de SUMED et de Petrojet actuellement emprisonnés.
- Contrats permanents pour les travailleurs temporaires et régularisation de leur statut pour préserver leurs droits.
- Réintégration des travailleurs qui ont été licenciés et paiement des arriérés de salaire.
- Modification de la Loi relative à l’impôt sur le revenu et augmentation de l’exemption pour charges de familles à 18 mille livres par an, augmentation du taux maximum de l’impôt sur le revenu à 45% et abolition du droit de timbre sur les salaires et les traitements.
- Restitution de toutes les entreprises publiques qui ont fait l’objet d’une décision judiciaire infirmant leur privatisation. Réalisation d’investissements supplémentaires dans les entreprises et les organismes publics afin de les revigorer et de les développer.
- Reprise du travail dans les usines fermées, les travailleurs exerçant la responsabilité de leur fonctionnement et de leur gestion. Refus de la loi qui sert les intérêts des hommes d’affaires, manipulateurs de l’économie et des droits des travailleurs.
- Expulsion des dirigeants corrompus et des vestiges de l’ancien régime dans les ministères, les institutions gouvernementales et les entreprises.
- Protection de la dignité des Egyptiens à l’étranger et de leurs droits sociaux, garantie d’une protection sociale appropriée.
Unissons nos efforts pour obtenir la satisfaction de nos revendications. Que le mois de Mai 2012 soit le mois des droits des travailleurs à des salaires décents et à des syndicats indépendants. Nous allons nous réunir dans tous les gouvernorats d’’Egypte pour déterminer la façon de travailler ensemble tout au long du mois de Mai, mois des droits des travailleurs.
Nous ne nous laisserons pas intimider par les lois de la tyrannie. Nous sommes unis afin de recouvrer nos droits et les droits de nos enfants.
Gloire et immortalité aux martyrs… Vive la lutte des travailleurs égyptiens.
Fédération égyptienne des syndicats indépendants
Socialistes Révolutionnaires
Mouvement “Nos droits”
Mouvement “Kazeboon” (“menteurs”)
Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux
Centre d’aide juridique Hisham Mubarak
Parti de l’alliance socialiste populaire
Parti socialiste d’Egypte
Parti communiste d’Egypte
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