Les chaînes grecques déchaînées contre le non pendant le référendum? Alors que le procureur d’Athènes vient d’ouvrir une enquête pour la couverture de la campagne par les médias privés, jugée non conforme à la loi, quelques articles de la presse française ont souligné la propagande assumée des télés pour le oui.
«Des images bidonnées, des spots terrorisants, une répartition des temps de parole ubuesque… les télés privées plaident lourdement pour l’approbation du nouveau plan d’austérité»: ainsi s’ouvre le tableau peint par Télérama qui, à deux jours du référendum grec, constatait la charge déployée par les chaînes de télé privées pour soutenir le oui. Côté bidonnages, Télérama assure que «pour illustrer un reportage sur la prétendue panique des citoyens dans les banques, la chaîne Mega n’hésite pas à utiliser des images vieilles de trois ans, tournées à l’étranger».
Un non éjecté des écrans, poursuit Télérama, qui cite les chiffres comptabilisés par «un internaute […] sur les journées des 29 et 30 juin, sur cinq chaînes privées (Mega, Skaï, Antenna, Star et Alpha TV). Le résultat est tellement déséquilibré qu’il prête à rire. Au total, huit minutes sur l’ensemble des cinq canaux pour le non contre quarante-sept minutes pour le oui.» Avec une mention spéciale pour Skaï précise l’hebdo puisque la chaîne «a réussi l’exploit de ne pas dédier une seule seconde au non, et appelle ouvertement à voter pour le oui sur son compte Twitter, à grands renforts de spots vidéos catastrophistes».
C’est peu dire que le gouvernement de Tsipras n’est pas en odeur de sainteté. L’envoyée spéciale de Libération Maria Malagardis raconte que «le clash n’est jamais loin lorsque les membres de Syriza sont invités sur le plateau de la chaîne [SkaiTV]. Ce fut encore le cas cette semaine, lors d’un duel féminin d’une violence hallucinante qui a opposé la très blonde Sia Kossioni, présentatrice vedette de la chaîne, à la brune Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement grec et bête noire des médias privés. Une tension qu’on retrouve aussi sur les plateaux de la chaîne Mega TV lorsqu’un ministre est invité.»
Et quand Malagardis interroge Yannis Pretenderis, l’un des animateurs vedettes de la chaîne Mega, ce dernier assure sans fard que Syriza est «un petit parti de fanatiques dogmatiques. […] Ils découvrent que leurs interlocuteurs européens ne sont pas de gauche! Mais c’est comme ça! L’euro n’est pas de gauche, le monde n’est pas de gauche.» Pretenderis n’est visiblement pas de gauche non plus. L’animateur, interrogé également par Annick Cojean du Monde, se défend de cette ambiance frénétique en prétendant n’avoir jamais couvert de référendum en 31 ans de carrière: «On ne connaît pas les règles à suivre, les instituts de réglementation sont dépassés. Pour des élections parlementaires, on sait faire. Tout est structuré par les partis. Mais là, ça part dans tous les sens et les cartes sont brouillées.» (Publié par le site Arrêt sur images, le 7 juillet 2015)
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«Non»: ces 61% que les sondages grecs
n’ont pas vu venir
Faillite des sondages ou revirement soudain de l’opinion? Tout au long de la semaine, les sondages sur le référendum qui invitait dimanche les Grecs à se prononcer sur les exigences des créanciers donnaient le oui et le non au coude-à-coude avec une légère avance pour le oui vendredi. Et même une fois les bureaux de vote fermés, les sondages évoquaient un score très serré. Résultat: le non au référendum grec l’emporte avec plus de 60% des voix. Comment expliquer un tel écart?
Ce devait être serré. A en croire les sondages publiés par les médias grecs et repris dans la presse européenne, le oui et le non jouaient au yoyo mais restaient au coude-à-coude. Avant même l’annonce du référendum qui devait laisser au peuple grec le soin de choisir ou de refuser les exigences des créanciers, deux sondages assuraient que les Grecs étaient favorables à un accord avec la Troïka: le premier, réalisé par Kapa research pour le magazine grec Vima, évoquait 47,2% pour un accord et 33% contre, le second, réalisé par Alco pour l’hebdo du dimanche Proto Thema, tablait carrément sur 57% pour et 29% contre.
Puis vint l’annonce surprise du premier ministre Alexis Tsipras. Selon le site Boursorama, le premier sondage publié le mercredi 1er juillet et réalisé par ProRata pour le journal proche de Syriza Efimerida Ton Synatkton (Le journal des rédacteurs) donnait le non gagnant. Avec quelques réserves néanmoins: «Juste avant la fermeture des banques par le gouvernement Tsipras (28 juin), l’opinion s’affichait nettement en faveur du «non» (57% non, 30% oui, 13% sans opinion). Juste après la fermeture des banques (29-30 juin), le sentiment d’être au bord du chaos a poussé l’opinion davantage vers le «oui», mais le «non» restait gagnant (46% non, 37% oui, 17% sans opinion).» (Publié par le site Arrêt sur images, le 6 juillet 2015)
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