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La grève des employé·e·s de ISS Aviation a commencé le vendredi 9 juillet à 4 heures du matin, à l’aéroport de Genève.
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ISS Aviation est une filiale de la multinationale ISS Facility Services SA, active mondialement dans les secteurs de nettoyage, entretien, catering et sécurité. A l’aéroport international de Genève, la centaine d’employé·e·s de ISS s’occupent du Nettoyage de la cabine des avions; des Nettoyages spécifiques; du Transport de l’équipage et des personnes ; du Service de l’eau et nettoyage des toilettes ; de la mise à disposition de la cabine des avions ; de la Manutention des casques ; du Contrôle de sécurité de la cabine des avions.
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Ces salarié·e·s travaillent 365 jours sur 365, par équipes. Les salaires sont bas: ceux qui ont un taux d’activité d’au moins 50% touchaient, selon la Convention collective de travail (CCT) dénoncée au 30 juin par ISS, des salaires entre 3658 francs et 4874.75 (13 fois par an), selon l’âge et l’ancienneté. Les salarié·e·s dits «auxiliaires», eux, ne reçoivent que 20,85 francs par heure. Les conditions de travail sont difficiles. En été, la chaleur est extrême dans les véhicules qui les transportent aux avions. La génératrice qu’ils doivent actionner pour avoir du courant pour les aspirateurs, par exemple, n’est pas équipée de filtre à particules, donc ils respirent les vapeurs d’échappement toute la journée.
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Le conflit a commencé car ISS ne respectait pas la Convention collective: il engageait comme auxiliaires payés à l’heure des employé·e·s travaillant jusqu’à 140 ou 160 heures par mois, qui auraient dû avoir les conditions et salaires de «fixes».
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Les salarié·e·s, appuyé·e·s par le syndicat des services publics (SSP-Genève), ont exigé que ISS applique la CCT. Réponse de ISS: elle la dénonce pour la fin juin, et «propose» aux salarié·e·s des contrats individuels, avec à la clé une BAISSE DES SALAIRES. La perte va de 200 francs à 1350 francs PAR MOIS, selon l’âge et l’ancienneté pour les «auxiliaires». Pour les salarié·e·s déjà employé·e·s au mois, les conditions restent les mêmes. Par contre, les nouveaux engagés le sont aux nouvelles conditions, avec des salaires rabotés.
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Malgré les pressions de la direction et de l’aéroport de Genève, une partie des salarié·e·s mènent aujourd’hui leur 4e jour de leur grève. Cette grève n’est pas facile, car la direction a réussi, par ses pressions, à intimider une partie du personnel qui, bien qu’affirmant et montrant leur soutien (en portant les autocollants). De même, ISS a fait venir 10 salarié·e·s de Zurich et 30 employé·e·s temporaires pour briser la grève.
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Les salarié·e·s et le SSP ont organisé une première action le vendredi à 14 h devant l’aéroport, suivie d’une manifestation de soutien qui a réuni une centaine de personnes le samedi, et organisent une nouvelle action (ce lundi matin) en ville de Genève.
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De même, la répression augmente au fur et à mesure que continue la grève. Hier, dimanche, la direction de l’AIG a essayé d’interdire par le personnel la lecture des tracts syndicaux, ainsi que le port de l’autocollant de solidarité. Des Protectas ont été engagés pour surveiller les piquets de grève, et ils ont tenté d’empêcher des tractages ce week-end.
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Un élément important, outre la détermination de ces grévistes, est la solidarité exprimée par les employé·e·s des autres secteurs de l’aéroport. Notamment par ceux de Swissport, qui ont mené une grève victorieuse au mois de janvier de cette année, qui ont par exemple organisé une grillade le premier jour de grève pour leurs collègues à midi, et qui passent quotidiennement les soutenir.
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Cette solidarité a pour fondement, en plus de la proximité du lieu de travail, le fait que toutes les entreprises actives à l’aéroport de Genève pratiquent une politique de dumping salarial, orchestrée par l’Aéroport international de Genève (présidé par le Conseiller d’Etat genevois Frarnçois Longchamp) qui a pour but d’attirer les compagnies Low Cost à Genève et développer l’aéroport face à la concurrence. Concrètement: les autorités politiques, qui affirment à longueur d’année «protéger les salarié·e·s contre le dumping salarial et social », sont celles qui l’organisent dans les faits!
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Il faut aussi noter que la politique de dumping salarial et social menée par ISS ne se limite pas à Genève: à La Ciotat, près de Marseille, ISS a repris le service public du ramassage des ordures depuis 2007, et devant les péjorations des conditions de travail, les syndicats les syndicats CGT et Sud Solidaires viennent de lancer un préavis de grève d’une journée reconductible à partir du 13 juillet 5h du matin.
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A noter aussi que la reprise de ISS est le fruit de la partition de Swissair suite à son grounding, le 2 octobre 2001. Dans le contexte de la demission du conseiller federal Moritz Leuenberger, sa responsabilité dans le démantèlement des conditions de travail à l’aéroport de Genève est un élément peu évoqué, et pourtant fondamental.
Il est donc très important de soutenir les salarié·e·s de ISS: en diffusant au maximum l’information autour de vous, en signant l’appel de solidarité (www. ssp-greve.ch), en se rendant sur les piquets de grève pour les soutenir !!!
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Hier matin 12 juillet, le personnel en grève a distribué des informations devant l’entrée du personnel.
Les agents au service de contrôle d’entrée avaient reçu l’ordre d’obliger les employés à rendre l’information reçue du syndicat et de la jeter à la poubelle. De même pour les autocollants de solidarité…
Ainsi l’AIG a violé volontairement la Loi qui garantit à chaque homme et femme de pouvoir exercer l’activité syndicale légale, par exemple de lire une information du syndicat.
Le personnel et le SSP ont donc decidé de porter plainte contre M. Longchamp et M. Deillon pour violation de la Constitution. Devant la plainte, l’AIG a enfin retiré son ordre.
Dimanche déjà, PROTECTAS, sur demande d’ISS, avait essayé d’empêcher la distribution légale des tracts devant l’entrée ABT. Sur demande de l’AIG, la police avait essayé d’interdire aux grévistes, dans la zone publique de l’aéroport, de discuter individuellement avec les personnes qu’elles connaissent.
Trois fois de suite, on a essayé de violer les droits syndicaux garantis par la loi, et tout ceci sous la responsabilité du conseiller d’Etat en charge du department dit «de l’emploi et de la solidarité», M. François Longchamp. Un hasard ?
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