Bilan «à chaud» d’une grande mobilisation ouvrière et sociale
Mouvement pour le socialisme – Tessin
Nous publions ci-dessous la prise de position, mise en ligne le 6 avril 2008, du MPS-Tessin–gauche anticapitaliste. Ce texte fait écho aux divers efforts, certes limités, de solidarité avec cette lutte et d’enthousiasme diffus, dans différentes parties de la Suisse française et alémanique. Pour ce qui est de l’initiative, certains malentendus existent: cette initiative pour un pôle technologique et industriel public – en plus de la fonction décrite dans ce bref texte – a enlevé à l’exécutif tessinois un semblant de contrôle de la situation, contrôle qui aurait eu pour fonction de médier, au nom de prétendues propositions, afin de tirer le tapis sous les pieds des travailleurs en lutte. Réd
C’est une première grande victoire obtenue par les travailleuses et travailleurs des Ateliers mécaniques de Bellinzone (ci-après Officine) après plus d’un mois de grève. Le retrait des projets adoptés par le conseil d’administration des CFF le 6 mars passé et l’engagement, dans le cadre de la table ronde, à discuter de mesures liées à renforcer et sauvegarder la structure [productive] des Officine ainsi que des postes de travail représentent deux des points fondamentaux mis en avant par les travailleurs en lutte ces dernières semaines.
La lutte des travailleurs des Officine ne s’arrête pas ici, il va de soi. Ces derniers savent combien délicate et difficile est la phase dans laquelle, aujourd’hui, entre le conflit. La table ronde peut certainement être une occasion en vue de donner une solidité définitive à cette première victoire et poser les bases pour continuer et développer l’expérience industrielle et publique des Officine.
Mais les travailleurs savent que ce qui est représenté autour d’une table ronde relève d’un monde dans lequel leur poids [social], leurs raisons (pour excellentes et « rationnelles » qu’elles soient) comptent beaucoup moins que ce que, par contre, ils peuvent traduire dans le cadre d’un conflit leur permettant d’influencer, de faire pression, au moyen de la grève. Certes, la longue durée de la grève, la résistance exceptionnelle exprimée durant ce mois, la vague de solidarité qui s’est manifestée dans le canton (et, sans doute, aussi dans le reste du pays) continueront à avoir leurs poids au cours des prochaines semaines et, donc, à avoir une influence sur le déroulement des travaux de la table ronde. Il serait mal venu que quiconque [la direction des CFF, entre autres] cherche à faire semblant de rien à ce propos et à recommencer avec les positions initiales auxquelles ils ont dû renoncer.
Toutefois, pour garantir la victoire, il faut aujourd’hui réunir au moins trois conditions.
1° La première consiste à continuer à faire sentir le poids des travailleurs, de leur force, de leur détermination. Il est dès lors important que les travailleurs des Officine restent mobilisés, qu’ils continuent à se réunir, à discuter, à faire le point et évaluer la situation. Et à affronter aussi des thèmes de fonds qui sont apparus à l’occasion de cette grève et auxquels ils se sont affrontés: du rôle du service public à celui des syndicats, de celui de la politique institutionnelle à celui de la solidarité ouvrière.
2° Le deuxième élément important, qui pourra être réalisé déjà ces jours, réside dans le fait de mener à bien la récolte des signatures soutenant l’initiative populaire: « Bas les pattes des Officines: pour la création d’un pôle technologico-industriel du secteur des transports publics » [voir ce texte sur ce site]. Cette initiative a déjà largement réuni et dépassé le nombre de signatures assurant sa réussite ; mais sa remise [aux autorités] assortie d’un nombre considérable de signatures peut, de façon significative, « accompagner » les discussions de la table ronde et représenter un élément supplémentaire de pression de la part des travailleurs.
3° Le troisième et dernier élément, en partie lié au premier, est la dimension impérative que la table ronde, les discussions politiques qui se déroulent en son sein (au-delà des aspects strictement techniques) soient conduites à la lumière du soleil, selon un principe de transparence permettant de s’adresser à tous les travailleurs et à ces milliers de citoyennes et de citoyens qui, au cours de ces semaines, ont participé à la mobilisation de soutien aux Officine.
Cela est nécessaire parce que les Officine, grâce à cette grande mobilisation, sont devenus « un bien commun » au-delà de leur nature « étatique ». Ces ateliers, ont connu d’une certaine manière une « socialisation » de leur propriété étatique [en tant que firme]. Les Officine sont devenus un patrimoine collectif, un symbole des aspirations de la population qui veut être prise en compte, peser et décider de l’avenir de la société et du destin des hommes et des femmes. C’est une expérience précieuse, nouvelle et d’une grande portée politique. Faisons tout afin que ce sentiment se perpétue. (trad. rédaction La brèche)
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