La Russie multiplie les crimes de guerre en Syrie. Que fait l’ONU face à ces attentats?

Par Samer Achkar

Il n’y a pas que les armes chimiques qui tuent les civils dans les zones libérées, mais aussi les différents types d’armes classiques.

La Russie, principal allié du régime syrien et sa complice dans la tuerie des Syriens et Syriennes, a annoncé après la frappe américaine de l’aéroport militaire syrien al-Choeirate [le jeudi 6 avril ] qu’elle continuerait son soutien militaire au régime. Effectivement, les raids aériens se sont intensifiés dans les zones libérées du nord depuis le 6 avril 2017, ciblant en particulier des installations médicales vitales et les organisations d’aide d’urgence, ceci pour empêcher les habitants d’accéder aux soins médicaux après que l’aviation a commis les pires massacres contre eux.

Pour punir les civils des zones libérées suite à la frappe américaine, la Russie a complété sa politique de destruction de toutes les structures sanitaires dans ces zones, pour ensuite massacrer les civils qui se trouvent alors sans aucun moyen pour tenter de sauver leurs blessés. Cette politique du pouvoir russe constitue ainsi l’une des plus graves violations du droit international et l’un des crimes de guerre les plus odieux. Apparemment ces crimes n’arrivent même pas à secouer la conscience ensommeillée de la communauté internationale!

Dans une déclaration spéciale pour le Syrian Press Center concernant les derniers développements dans les violations internationales de la Russie en Syrie, «Ahmed Aldbeis», Directeur du centre médical al-Salama de l’UOSSM (Union des Organisations de Secours et Soins médicaux), a déclaré:?«La situation médicale en Syrie se précipite vers une catastrophe humanitaire en raison du ciblage systématique des hôpitaux et des centres médicaux, ainsi que des réseaux d’ambulances. Plus de 500’000 personnes ont déjà été privées de services médicaux en raison du ciblage des hôpitaux et des centres médicaux, ce qui a conduit à l’arrêt complet des services de 8 hôpitaux à Hama et à Idleb au cours de ce seul mois d’avril.» Il a ajouté: «L’escalade militaire russe constitue un crime contre l’humanité, car les raids russes ciblent exactement les centres de santé qui fournissent des services médicaux aux citoyens en général. Ce genre de service constitue l’un des droits de l’homme les plus basiques dans les circonstances les plus difficiles.»

L’intensification des bombardements russes dans les zones libérées a commencé, au début de ce mois d’avril 2017, avec le ciblage de l’hôpital central de la ville de Maart-al-Nou’man, ce qui a provoqué l’arrêt des services de cet hôpital qui traitait plus de 8000 cas médicaux par mois. Ensuite c’est l’hôpital al-Rahma dans la ville de Khan Shaikhoun qui a été ciblé, juste après le massacre chimique qui a eu lieu dans cette ville le 4 avril [l’utilisation de gaz sarin est «irréfutable» selon les affirmations de spécialistes, 20 avril 2017]. Ce même hôpital a été la cible des bombardements russes une nouvelle fois le 16 avril, ce qui a conduit à l’arrêt complet de ses services. Le 17 avril c’est l’hôpital al-Ikhlass dans le village Shannan au Mont al-Zaouia qui a également été la cible des avions russes. Le 23 avril c’est le centre hospitalier de Hama, près du village Abdeen dans la région sud d’Idlib-campagne, qui a été ciblé avec des bombes anti-bunker. Ensuite ce fut le tour de l’hôpital Walid Hassino pour la chirurgie, à Kafr Takharim, près de la frontière turque. Le ciblage de ce dernier hôpital a eu lieu une heure après le massacre d’al-Doeila, localité située à proximité de cet hôpital, dans le but de priver les blessés d’accès aux soins.

Le jeudi 27 avril, l’aviation russe a visé l’hôpital Al-Lataminah dans la campagne nord de Hama, ainsi que l’hôpital universitaire situé à l’est de la ville de Maart-al-Nou’man conduisant ainsi à l’arrêt définitif de leurs services. Trois des blessés en cours de traitement à l’hôpital universitaire ont trouvé la mort, dont une petite fille.

Le ciblage des hôpitaux et des civils n’a pas semblé suffisant à l’aviation russe qui a visé, jeudi 27 avril, les ambulances de plusieurs organisations médicales «SAMS», «SEMA» et «CHAM» lorsqu’elles étaient en mission de sauvetage dans la ville de Maar-Zita pour évacuer les victimes du massacre commis par des avions russes, le matin même, contre les camps de la ville. Plusieurs ambulanciers paramédicaux et conducteurs ont trouvé la mort ou ont été blessés. A ce jour, ont été recensés: Yusuf SUTL, Saleh RAHMOUN de «SAMS», Majid Al-«Omar, Abou Omar SULEIMAN de «CHAM».

Aldbeis ajoute:?«Nous, en tant qu’organisation humanitaire dans le domaine médical, actives à l’intérieur de la Syrie, nous veillons à documenter les violations commises et nous transmettons nos rapports aux Nations Unies et aux organisations internationales concernées, qui – à leur tour – les transmettent aux organes décisionnels au sein de la «communauté internationale». Mais malheureusement cela reste sans aucun résultat. Car il n’y a toujours aucune décision, de la part de la «communauté internationale», qui est en mesure de stopper les exactions de la Russie et ses violations des droits de l’homme en Syrie.»

Ainsi, tous les massacres commis par l’aviation russe contre les Syriens depuis le début de son intervention militaire, en septembre 2015, échappent à toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU grâce au droit de veto de la Russie. Aujourd’hui, le monde tout entier reste les bras croisés devant la politique d’exactions russe dans les provinces d’Idleb et de Hama, qui vise à supprimer toutes les installations vitales au service des habitants, tout comme elle l’avait fait auparavant à Alep-Est, région voisine d’Idleb, à la fin de l’année 2016! (Publié par le Syrian Press Center en date du 27 avril 2017; traduction de l’arabe par Femmes Syriennes pour la Démocratie)

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