Incontestablement, l’année 2007 est celle de la grogne sociale. Le mouvement commence en février avec l’entrée en grève de 27 000 ouvriers de l’entreprise de filature et de tissage Ghazl Al-Mahalla, qui réclament leur part dans les profits annuels de l’entreprise.
En mars et avril, 9 000 ouvriers des minoteries du Caire et de Guiza organisent plusieurs sit-in à cause de la réduction des quotas de farine distribués aux minoteries publiques au profit des minoteries privées. Un mois après, 6 000 ouvriers de l’entreprise Bolivar organisent deux sit-in pour réclamer les 7 % des bénéfices des actions de l’entreprise qui leur sont consacrés, et exiger une augmentation des primes mensuelles de 22 à 60 livres égyptiennes (4,5 CHF et 12 CHF).
Quoique limités, d’autres sit-in se succèdent : conducteurs et ouvriers de métro souterrain, éboueurs et autres. Selon un rapport publié par le Centre de la terre pour les droits de l’homme, 283 protestations ont eu lieu pendant les 6 premiers mois de l’année 2007 dans les secteurs public, privé et le secteur des affaires.
Quant aux chiffres du ministre du travail, ils signalent 50 sit-in, 32 grèves et 13 manifestations pour la même période.
La fin de l’année a été marquée par l’un des plus grands mouvements de protestation : à peu prés 10 000 fonctionnaires des impôts fonciers, ont organisé un sit-in dans le quartier de Qasr Al-Aïni au centre-ville, en face du Parlement, réclamant entre autres une augmentation immédiate de leur salaire.
La plupart des mouvements de protestation se sont achevés sur une réponse favorable de la part du gouvernement.
Mais, qu’est-ce qui a nourri une telle grogne ouvrière ? « Les représentants syndicalistes des ouvriers nommés par le gouvernement ne peuvent pas s’exprimer au nom de ceux-ci. Les partis et les forces politiques ont échoué à communiquer avec eux. C’est ainsi qu’ils n’ont trouvé d’autre solution que de protester sous la direction de certains dirigeants non politisés pour réclamer leurs droits », explique à Al-Ahram Amr Al-Chobaki, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS).
Il montre que le gouvernement est tombé dans une «grosse erreur» lorsqu’il a écarté les vrais leaders de tous les syndicats car ces derniers, selon lui, pouvaient être le point de rencontre entre l’Etat et les ouvriers tout en étant capables de contrôler ces mouvements et de les «coordonner».
D’autre part, c’est la pauvreté et les revendications salariales qui ont aussi été à l’origine de tels mouvements. Tous les indices montrent que la grogne ouvrière n’est pas sur le point de s’arrêter avec la fin de 2007. Au contraire, elle semble être prête à s’étendre davantage.
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