Au-delà des erreurs et les omissions, informations complémentaires sur le sondage sur l’apartheid israélien

Gideon Levy (à droite) dans un débat, organisé par Amnesty International sur sur son livre «Punishment of Gaza»

Par Gideon Levy

Le titre de l’article de la semaine passée [voir sur ce site l’article de Gidéon Levy, publié en date du 26 octobre 2012] induisait en erreur. Il est vrai que la plupart des Israéliens soutiennent un régime d’apartheid, mais seulement si les territoires occupés sont annexés; cependant la plupart des Israéliens sont opposés à une telle annexion.

Le présent article vise à corriger quelques erreurs. Celles-ci n’auraient pas dû être commises, il nous faut les reconnaître, nous excuser et les corriger. Ces erreurs n’ont pas été commises intentionnellement, mais sont le résultat de négligences dues à la pression du temps. C’est le moment de rectifier le tir.

Le sondage Dialog commandé par la Fondation Yisraela Goldblum – et dont les résultats ont été publiés dans Haaretz la semaine passée – a révélé des faits très graves et alarmants. Il traçait un portrait inquiétant d’une société israélienne nationaliste et raciste. Ce n’est pas le premier sondage qui met en évidence une telle tendance, et ce ne sera malheureusement pas le dernier. Le titre en hébreu de l’article de presse décrivant les résultats du sondage («La plupart des Israéliens soutiennent un régime d’apartheid en Israël») était trompeur. Il est vrai que la majorité des Israéliens soutiennent l’apartheid, mais seulement si les territoires occupés étaient annexés. Or, la plupart des Israéliens sont opposés à une telle annexion. Haaretz a expliqué cela dans un éclaircissement publié dans l’édition de dimanche en hébreu.

L’article que j’ai écrit ne contient pas en lui-même d’erreur, il donnait une description précise et détaillée des résultats du sondage. Dans mon analyse du sondage, qui a été publié dans un article séparé, il y avait une seule phrase qui ne représentait pas de manière correcte les résultats du sondage et qui contredisait ce que j’avais écrit dans un bref article un peu plus tôt. Mon erreur a été d’écrire: «La majorité ne veut pas que des Arabes votent à la Knesset, ne veut pas avoir des voisins arabes chez eux ou des étudiants arabes à l’école.»

La vérité telle que je l’avais écrite dans l’article était différente: «Seulement» 33% des personnes ayant répondu au sondage disaient qu’elles ne voulaient pas que les Arabes votent dans les élections parlementaires, «seulement» 42% qu’elles ne voulaient pas de voisin arabe et à peu près la même proportion disait que cela les gênerait s’il y avait un étudiant arabe dans la classe de leur enfant. Ce n’est donc pas une majorité, mais une (large) proportion des Israéliens qui mettent en avant ces opinions alarmantes. Piètre consolation.

Imaginez donc un sondage analogue en France qui montrerait qu’un tiers des Français ne voudraient pas que les juifs puissent voter et que presque la moitié ne voudrait pas d’un voisin juif ou un étudiant juif dans l’école de leur enfant. Les propagandistes d’extrême-droite (israéliens) qui s’enflamment actuellement au sujet de mon erreur seraient les premiers à hurler à l’«antisémitisme». Mais cela ne s’applique pas à nous, les juifs; nous, on peut se le permettre.

Le réquisitoire habituel a démarré. Le miroir nous montre-t-il une image déplaisante? Brisons-le. Le messager vacille-t-il? Calomnions-le et au diable avec tout ce qu’il a écrit dans son article outre l’erreur. C’est ce que font toujours les propagandistes. Un d’entre eux, particulièrement pathétique, a même construit toute une montagne en remuant dans des erreurs négligeables. Au lieu de diriger la colère contre ce que révèle le sondage – et c’est cela qui aurait dû provoquer un scandale – beaucoup de lecteurs et de commentateurs ont préféré focaliser sur les erreurs malheureuses qui ont été commises. Ces erreurs, qui ne changeaient pourtant pas d’un iota les résultats du sondage, ont détourné l’attention du public de ce qui est important vers ce qui est insignifiant.

Ce détournement d’un problème important, cette incitation contre les erreurs ont été commis délibérément, dans l’intention d’embrouiller les vérités révélées par le sondage, qui a, à juste titre, suscité des réactions sévères dans le monde. C’était l’ultime moyen de propagande pour ceux qui visent à brouiller la véritable image de la société israélienne et de la remplacer par une image irréaliste et imaginaire. (Traduction A l’Encontre)

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Article publié dans le quotidien Haaretz le 29 octobre 2011

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