Etats-Unis. 2019 sera-t-elle l’année de la destitution de Trump?

Par Lance Selfa

Au moment où Donald Trump se dirige vers le deuxième anniversaire de son investiture à la présidence, la perspective grandit qu’il pourrait ne pas fêter le troisième anniversaire de sa mandature.

C’est du moins la conclusion que tirent de plus en plus de personnalités de l’establishment de Washington, étant donné les multiples menaces juridiques et crises politiques auxquelles Trump, sa famille et son administration sont confrontés. Ayant à l’esprit ceci:

• L’enquête du ministère de la Justice [menée par le procureur spécial Robert Mueller] sur une collusion possible entre l’équipe de Trump et des agents russes lors des élections de 2016 a permis d’obtenir des poursuites judiciaires et des aveux de culpabilité [pour réduire sa peine] du directeur de campagne [Paul Manafort] et du directeur adjoint de campagne de Trump [Rick Gates et aussi Georges Papadopoulos pour la politique extérieure], de son ancien conseiller en matière de sécurité nationale [Michael Flynn], du principal conseiller juridique de Trump et de nombreux acteurs secondaires, qui ont tous dénoncé leur patron (ou qui le feront).

• Le plaidoyer de culpabilité de Michael Cohen [son avocat homme «à tout faire»], qui a plaidé coupable face une accusation de violation du financement de la campagne électorale, a essentiellement fait de Trump un «co-conspirateur non accusé» dans un stratagème visant à rembourser les femmes avec qui Trump avait des relations afin qu’elles ne publient pas leurs histoires dans la presse avant les élections de 2016.

• L’enquête menée par l’ancien directeur du FBI Robert Mueller a ouvert de multiples voies d’enquête sur Trump, son entourage et son administration, y compris portant sur le trafic d’influence par les monarchies du Golfe, le blanchiment d’argent et la corruption présents dans le «comité d’inauguration» du mandat de Trump.

• Avec l’arrivée majoritaire des démocrates à la Chambre des représentants, le 3 janvier, la Maison-Blanche et les agences administratives seront confrontées à une avalanche d’assignations à comparaître qui obligeront son personnel à répondre à de multiples demandes de documents, à des audiences au Congrès et à écarter des projets de loi. Attendez-vous à ce qu’il y ait plus de corruption et d’auto-transactions dans l’administration.

• Le personnel administratif clé, du chef d’état-major de la Maison-Blanche [Kevin Sweeney] au secrétaire à la Défense [Jim Mattiy], fuit ce qui semble être un navire en train de couler, et Trump a du mal à pourvoir les postes vacants.

• Les actions cotées à Wall Street et les résultats de la Bourse commerciale de Chicago ont souffert de leur plus fort déclin décembre 2018, depuis la Grande Dépression. Les analystes de Wall Street s’inquiétant à propos des politiques commerciales de Trump et d’une récession potentielle. Les appels du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin [ancien de Goldman Sachs] aux dirigeants des plus grandes banques américaines pour leur assurer que le gouvernement disposait de liquidités monétaires suffisantes ont provoqué une vente (liquidation) encore plus forte sur les marchés.

Trump expliquant que le «shutdown» peut durer des mois…

• Et comme si tout cela ne suffisait pas, 2019 a commencé par une fermeture forcée du gouvernement fédéral [shutdown à propos des 5 milliards requis pour la construction du «mur anti-immigé·e·s sur la frontière Mexique-Etats-Unis, présentée comme une question de «sécurité nationale], un shutdown qui a laissé plus de 800’000 travailleurs fédéraux sans salaire pendant ces jours de vacances [il risque de se prolonger; il est en place depuis le 22 décembre 2018; et les démocrates pour l’heure ne donnent pas le feu vert].

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Corruption et outrages font partie des procédures normales de fonctionnement de l’administration depuis l’entrée en fonction de Trump. Peu importe ce que le Washington officiel en pensait, il avait tendance à vouloir détourner le regard.

Mais quelque chose a semblé changer en décembre 2018, lorsque Trump a annoncé un retrait des forces américaines de Syrie. Cette action a apparemment entraîné la démission du ministre de la défense James Mattis et de Brett McGurk, l’envoyé des Etats-Unis auprès de l’alliance étatique antéislamique en Syrie.

Soudain, le parti de la guerre – bipartite (républicains et démocrates) – à Washington mettait en garde contre les conséquences désastreuses de cette décision et s’inquiétait du fait que Trump puisse aller trop loin.

James Norman Mattis «appréciant» Trump, avant son départ… dans son message, il a bien expliqué que les différences ne portaient pas que sur le retrait des troupes en Syrie, mais sur des options stratégiques…

Même ceux qui s’étaient tenus aux côtés de Trump – lorsqu’il avait refusé de critiquer les tenants de la suprématie blanche à Charlottesville [en Virginie, lorsqu’un suprématiste blanc a foncé avec sa voiture dans la foule et tué une manifestante antiraciste et antifasciste le 12 août 2017], forcé la séparation des familles immigrantes [avec des enfants séparés, certains placés dans des cellules malsaines et anciennes où la mort et la maladie les ont frappés] à la frontière entre les États-Unis et le Mexique ou tenté de retirer la couverture médicale de millions de personnes – ont découvert qu’il représentait maintenant une menace pour les droits d’une république. Ils ont pris plaisir à la lettre de démission de Mattis, dans laquelle il reprochait à Trump de manquer de respect à ses alliés et de se faire des illusions sur les «acteurs malveillants» (lire : Russie) et les «concurrents stratégiques» (lire: Chine), comme un document historique de l’art politique américain semblable au discours de Lincoln à Gettysburg [durant la guerre civile, lettre en hommage aux soldats tombés et enterrés à Gettysburg, lettre publiée en 1863].

Laissons à l’un des principaux scribes impériaux de Washington, Thomas Friedman du New York Times (24 décembre 2018) le soin d’appeler le Parti à préparer une «intervention»:

«Jusqu’à présent, je n’étais pas favorable à la destitution du Président Trump. J’étais fermement convaincu qu’il serait préférable pour le pays qu’il quitte le pays comme il l’a fait pour son accession, par les urnes. Mais la semaine dernière a été un moment décisif pour moi, et je pense que c’est le cas pour beaucoup d’Américains, y compris certains républicains.

C’était le moment où vous avez dû vous demander si nous pouvions vraiment survivre encore deux ans avec Trump en tant que président, dans la mesure où cet homme et son comportement démentiel – qui ne fera qu’empirer à mesure que l’enquête Mueller prendra fin – vont déstabiliser notre pays, nos marchés, nos institutions clés et, par extension, le monde. C’est pourquoi sa destitution doit maintenant être sur la table.»

Plus honteux étaient les libéraux dont les critiques à l’égard de la politique syrienne de Trump ont commencé à faire écho à des points de vue que l’on aurait pu attendre de l’ancien président George W. Bush ou du vice président Dick Cheney. Frank Rich du New York Magazine (21 décembre 2018) était typique à ce propos:

«Nous avons un président des États-Unis qui prend des mesures pour faire taire le gouvernement au moment même où il invite les adversaires de l’Amérique à violer ses défenses. Les retraits en Syrie et en Afghanistan, combinés avec le départ du dernier haut fonctionnaire de l’administration qui aspirait à servir l’intérêt national plutôt que celui de Trump, suscitent des mouvements hostiles contre les États-Unis de la part d’ISIS (Daech), de la Russie, de la Chine, de la Corée du Nord et des talibans [avec qui les services états-uniens négocient «secrètement» depuis un certain temps – Réd. A l’Encontre].

Cela a même attiré l’attention du cynique Mitch McConnell [sénateur du Kentucky, leader des sénateurs républicains au sénat]: «Il s’est déclaré “affligé” par la démission de Mattis, une étape majeure dans l’escalade rhétorique d’un parti où les expressions périodiques pathétiques de Susan Collins [républicaine du Maine, sénatrice depuis 1996, elle fut responsable des questions de «sécurité nationale»] concernant ses «préoccupations» sont ce qui passe pour une critique d’un président hors la loi. Les propos de Marco Rubio [sénateur de l’Etat de Floride] étaient plus forts; ce fut un geste pour protéger son existence politique pour une autre course présidentielle, mais d’autres dirigeants du GOP (les républicains) s’indigneront encore plus.

Ce qui les émeut, ce n’est pas nécessairement le programme isolationniste hara-kiri de Trump, mais les dommages que son comportement à l’étranger et au pays cause aux marchés financiers. L’incertitude même d’une présidence chaotique qui pousse le Dow Jones à la baisse, un des pires mois de décembre depuis la Grande Dépression.

McConnell et son pair humilié Paul Ryan [président (speaker) de la Chambre des représentants, républicain] ont toléré le racisme, la misogynie et le nativisme [éthnocentrisme face aux immigrés] de Trump, la désarticulation du système d’alliances des Etats-Unis, sa kleptocratie et son allégeance à Vladimir Poutine. Ils ont également toléré son travail d’arnaqueur auprès des mineurs de charbon, des métallurgistes et des travailleurs de l’industrie automobile de sa base [avec ses promesses sur la relance de l’emploi dans ces secteurs. Mais ils seront damnés s’ils se portent à la défense d’un président qui menace les résultats financiers de la classe des donateurs du GOP.»

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Au moins Rich soulignait un élément à la fin de cette citation. Le facteur qui a permis à Trump, tout au long de son règne désastreux a été la volonté des riches et de leurs serviteurs à Washington de regarder au-delà de ses transgressions pour autant que les politiques de Trump remplissaient leurs poches avec des réductions d’impôts et la déréglementation.

Si ce pari cesse d’être rentable, alors Trump devrait commencer à s’inquiéter.

Presque depuis son entrée en fonction, des observateurs politiques ont averti que l’administration Trump pourrait prendre fin par sa destitution ou une procédure impliquant sa mise à l’écart de son poste.

Alors que les partisans les plus fervents du Parti démocrate l’espèrent depuis deux ans, la direction du Parti démocrate a essayé d’éviter tout discours visant à la destitution [Nancy Pelosi, présidente démocrate de la chambre des représentants, vient encore d’insister contre une politique d’impeachment]. Lors des élections de mi-mandat de 2018, les démocrates n’ont pas voulu insister sur une rhétorique de destitution de peur que Trump n’utilise cela pour mobiliser ses principaux partisans.

En fin de compte, Trump a réussi à embrigader ses partisans, principalement grâce à sa campagne raciste contre la caravane des migrant·e·s [venant d’Amérique centrale et, en grande partie, bloquée à Tijuana, ville frontalière du Mexique]. La mobilisation des partisans de Trump et l’importante mobilisation anti-Trump du côté démocrate se sont combinées pour produire le taux de participation électorale à mi-parcours le plus élevé depuis un siècle. Mais même avec la mobilisation de la base de Trump, les républicains ont quand même été éliminés lors des élections de mi-mandat (en novembre 2018).

Robert Mueller: «en attendant son rapport»

Mais maintenant que les démocrates sont de manière assurée à la tête de la Chambre des représentants, leurs calculs peuvent changer.

Certes, l’administration Trump avec ses «capitalistes lumpen» au sommet de la hiérarchie et la dispersion d’arnaqueurs et de crapules «du monde des affaires» dans les bureaux administratifs, fournira aux enquêteurs du Congrès une liste complète des corrompus et d’actes inconvenants qui pourraient mener à des poursuites judiciaires.

Mais un tremblement de terre politique traversera la politique officielle si le rapport de Robert Mueller documente le fait que Trump s’était engagé dans des délits illégaux et imprescriptibles.

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Jusqu’à aujourd’hui, la sagesse usuelle supposait que Trump serait capable de surmonter la tempête pour faire face à une réélection en 2020.

Tout d’abord, même si les démocrates de la Chambre des représentants le destituaient, les républicains du Sénat (majoritaires) ne voteraient pas pour le démettre de ses fonctions. Deuxièmement, les notes de service internes du ministère de la Justice rédigées pendant le scandale du Watergate, au début des années 1970, laissent entendre qu’un président en exercice ne peut être inculpé. Si Mueller et le ministère de la Justice de Trump s’en tiennent à cette politique, alors Trump a tout intérêt à s’accrocher en tant que président pour éviter d’être poursuivi en justice.

Enfin, les démocrates, ayant vu à quel point Trump est efficace pour rallier une partie de la base démocrate, sont incités à ne pas le démettre de ses fonctions.

Mais les élections de 2018 ont affaibli la position de Trump à Washington, et les autres signes de chaos, de la chute du marché boursier aux démissions de haut niveau, ont rendu la destitution plus probable.

Tel était le message de l’article d’Elizabeth Drew, journaliste chevronnée de Washington, paru le 27 décembre 2018 dans le New York Times.

Drew, dont la carrière initiale, comprenait une couverture incisive du scandale du Watergate, a écrit qu’elle pense que Mueller dispose de suffisamment de preuves pour la destitution de Trump. Elle conclut que Trump pourrait être confronté au choix que Richard Nixon a dû faire en 1974: démissionner ou être démis de ses fonctions:

«Je ne partage pas l’opinion conventionnelle selon laquelle si M. Trump est destitué par la Chambre, le Sénat dominé par les républicains n’obtiendrait jamais les 67 voix nécessaires pour le condamner. L’analyse statique décréterait que ce serait le cas, mais la situation actuelle, qui évolue déjà, aura été bien loin d’être réglée lorsque les sénateurs seront confrontés à cette question. Les républicains qui étaient autrefois les alliés fermes de M. Trump ont déjà ouvertement critiqué certaines de ses actions récentes, notamment son soutien à l’Arabie saoudite malgré le meurtre de Jamal Khashoggi [journaliste issu d’un cercle bien positionné en Arabie saoudite, devenu critique du régime et écrivant dans le Washington Post, assassiné dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, début octobre 2018, lorsqu’il allait chercher un document officiel nécessaire à son mariage], et sa décision concernant la Syrie. Ils ont également déploré ouvertement le départ de M. Mattis.

Il m’a toujours semblé que la présidence turbulente de M. Trump était insoutenable et que les principaux républicains décideraient effectivement qu’il était devenu un trop grand fardeau pour le parti ou un trop grand danger pour le pays. Ce moment est peut-être arrivé [Trump vient de déclarer, le 6 janvier, qu’il pourrait déclarer l’Etat d’urgence en cas de non-accord avec les démocrates] sur le mur à la frontière mexicaine]. En fin de compte, les républicains opteront pour leur propre survie politique. Presque dès le début, certains sénateurs républicains ont spéculé sur la durée de sa présidence. Certains ont sûrement remarqué que sa base ne s’imposait pas lors des élections de mi-mandat.»

A la fin de l’année, l’allié de Trump et le principal faucon, le sénateur Lindsey Graham (républicain, sénateur de Caroline du Sud) était occupé d’aider Trump à atténuer la fureur suscitée par la décision syrienne [de retrait des troupes] en lui demandant de prolonger leur présence.

Les facilitateurs républicains de Trump ne sont peut-être pas encore prêts à l’abandonner, mais cela ne veut pas dire qu’ils n’auront pas à le faire assez tôt.

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La dernière fois que le gouvernement américain a été confronté à une crise comme celle-ci, ce fut lors du scandale du Watergate de Nixon. Les États-Unis étaient alors sur le point de subir leur plus grande défaite militaire jusque-là au Vietnam.

La crise au Vietnam, ainsi que les mouvements sociaux de l’époque ont provoqué des protestations et des dissensions dans toute la société américaine. En fin de compte, le Watergate a émergé de la guerre de Nixon contre la dissidence alors qu’il passait du ciblage des radicaux à celui des membres du Parti démocrate et à l’establishment politique.

Bien que la crise actuelle de la politique impériale américaine ne soit peut-être pas aussi grave que celle à laquelle les «guerriers froids» ont été confrontés au Vietnam, il y a quelques similitudes qui méritent d’être prises en considération.

Le plan des États-Unis de redessiner le Moyen-Orient par la guerre en Irak a échoué lamentablement. Les troupes américaines en Afghanistan sont déjà engagées dans la plus longue guerre américaine, sans fin en vue.

Pendant ce temps, les États-Unis s’adaptent aux défis économiques et militaires que leur posera la Chine au cours des prochaines décennies. Si les Etats-Unis ne sont pas nécessairement confrontés à une crise impériale semblable à celle du Vietnam, ils sont certainement dans une période de transition où les structures impériales mises en place après la Seconde Guerre mondiale ne reflètent pas l’équilibre des forces qui se dessine dans le monde.

Les politiques de protectionnisme commercial, d’anti-immigration et de relations bilatérales transactionnelles avec les pays «alliés» (Canada, Grande-Bretagne, France) et adversaires (Chine, Russie) d’«Amérique d’abord » de Trump s’opposent à la vision du monde des grandes firmes et des milieux politiques internationaux. C’est pourquoi le retrait annoncé de Trump de la Syrie et la démission de Mattis ont déclenché une panique dans tout Washington officiel.

Trump ne sait peut-être pas ce qu’il fait, mais les actions de son administration ont des conséquences qui sont troublantes pour les gardiens bipartites du statu quo ante. Jusqu’à présent, ces conséquences n’ont pas eu pour effet de briser la polarisation partisane qui a maintenu Trump à flot, malgré des niveaux de soutien public constants et historiquement faibles.

Mais à la fin de décembre, la popularité de Trump est tombée à un bas niveau ; la dernière ce fut lorsqu’il attribuait des excuses aux néonazis, en 2017. Et tout cela se passe avant qu’une récession majeure ne frappe l’économie, avant que M. Mueller n’ait remis son rapport final et avant que les démocrates n’aient mis en place la machine d’enquête du Congrès.

Si les principaux partisans de l’élite du Parti républicain, de la haute direction du Pentagone en passant par les dirigeants des grandes banques, commencent à conclure que Trump est un obstacle pour le pouvoir économique et militaire américain, alors les politiciens élus du GOP (parti républicain) commenceront à prendre leurs distances avec lui.

Actuellement, la stratégie de Trump visant à éviter la destitution de son poste fonctionne tant que seulement un petit nombre de sénateurs républicains, soit un peu plus de la moitié, le soutiendront ; elle s’effondrera si ce secteur décline en nombre . Trump, bien sûr, ne va pas rester tranquille

Nous n’en sommes peut-être pas encore là. Mais cela pourrait nous tomber dessus avant la fin de cette nouvelle année. (Article publié sur le site SocialistWorker.org, en date du 2 janvier 2019; traduction A l’Encontre)

Lance Selfa est l’auteur, entre autres, de US Politics in a Age of Uncertainty, HaymarketBooks, janvier 2018.

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