Nicaragua. «La sortie d’Ortega»

Par Roberto Samcam

Contrairement à ce qu’Ortega insiste à vendre, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, la prétendue «normalité» dans laquelle le pays serait entré, la réalité est que le régime traverse les moments les plus difficiles de toutes ces années durant lequel il a «gouverné» le Nicaragua. Chaque jour qui passe, l’enclos se resserre, lentement mais inexorablement, autour de lui, de sa famille et de ses amis proches. Le système orteguiste, l’orteguismo, démontre dans tous les domaines de la vie nationale et dans le contexte international, une date d’expiration, une date de «limite à la consommation»

Le Nicaragua est actuellement plongé dans une crise économique, politique et sociale qui, loin de s’atténuer, s’aggrave de jour en jour. Le pays est entré dans une récession économique, avec deux trimestres consécutifs de «croissance» négative; la fuite des capitaux se poursuit, fondamentalement les capitaux accumulés sur la base de la coopération pétrolière vénézuélienne. Il est déjà question de chiffres approchant de 1,2 milliard de dollars; les pertes économiques causées par l’ensemble de la crise politique approchent le milliard de dollars le système financier national ne vit pas ses meilleurs moments et reste soutenu par le vote de confiance que lui accorde la population nicaraguayenne tant qu’il exprime une position plus belliqueuse (ace au régime) qu’avant la crise , surtout lorsque le régime utilise les saisies de terres comme arme d’intimidation pour faire taire les volontés et soustraire le soutien de la lutte populaire, et enfin, toutes les municipalités du pays sont reprises par les forces paramilitaires, désormais transformées en forces de police. Il y existe un couvre-feu virtuel de 18 heures ou 20 heures ou même 22 heures, cela en fonction des besoins de propagande du gouvernement. A Managua, chaque fois que sa population est appelée à marcher, à descendre dans la rue, elle est soumise à un état de siège, où la police, les forces de choc motorisées ainsi que les forces de police tentent d’immobiliser la population sur la base de l’accusation de «terrorisme».

Pour dire les choses ainsi, Ortega n’est resté au pouvoir qu’avec la répression comme principal soutien d’un gouvernement, dont la position s’affaiblit de plus en plus. L’armée, la police et les paramilitaires sont ses «compagnons» dans cette partie de sa vie qu’il va quitter, qui sera de plus en plus courte ou plus longue selon trois facteurs que nous verrons plus loin. Il n’inclut même pas les fonctionnaires, qui doivent prendre la pilule amère de «démonstration officielle» deux fois par semaine sous la menace de perdre leur emploi, plus la décision «volontaire» de refuser le treizième mois (prime de Noël qui ne peut être distribuée étant donné la crise budgétaire). Ortega n’abandonnera pas facilement le pouvoir, il comprend qu’il ne sait rien faire d’autre que «gouverner», que ce soit par le haut, par le bas ou par le milieu. Il essaiera par tous les moyens de se maintenir aussi longtemps que possible. Il comprend que la gestion du temps est essentielle à ses intentions, que la fatigue, le défaitisme et la désunion de l’opposition sont ses atouts. Nous devons aussi comprendre les nôtres.

Une économie brisée, une pression internationale étouffante et une pression nationale constante sont les trois coups de griffes auxquels Ortega ne pourra échapper. Il ne pourra pas gouverner un pays en ruine économique, une ruine qui n’est pas la faute du peuple. Cela doit être clarifié. Il ne pourra pas gouverner sous la pression internationale, dont chaque jour qui passe lui enlève les positions (et des appuis financiers) dans tous les forums internationaux. Et il devra bientôt faire face au poids des sanctions américaines, fondamentalement économiques, causées par sa gestion, cela doit aussi être clarifié. Et il ne pourra pas gouverner un peuple qui, dès le 18 avril 2018, a décidé de mettre fin à 11 ans de pillage aveugle des Ressources naturelles et du Trésor public, un peuple qui marche, qui proteste, qui s’organise à l’intérieur et à l’extérieur du pays et qui comprend que rester uni est la dernière pelle de terre qui servira à enterrer l’orteguisme dans notre pays souffrant. (Traduction A l’Encontre)

Roberto Samcam est un ancien major de l’armée populaire nicaraguayenne. Contraint à l’exil sous les menaces des paramilitaires.

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