Quelques jours à peine après l’exclusion du syndicat de la métallurgie (NUMSA) de la fédération nationale COSATU (Congress of South African Trade Unions) et l’affirmation par la direction de ce syndicat de son projet de reconstruction d’un mouvement syndical indépendant dans une perspective «socialiste», un étonnant document non signé a commencé à circuler dans le pays (voir illustration ci-dessous) expliquant que la direction du NUMSA est en train de comploter pour le renversement du régime sud-africain évidemment avec l’aide d’étrangers. (Voir l’article publié sur ce site en date du 9 novembre 2014)
Ce papier nauséabond explique, entre autres choses, que le NUMSA et ses amis prétendent que «le socialisme est la solution à tous les défis auxquels le pays fait face». Qu’ils entendent construire un parti pour mener leur projet de changement de régime. Qu’ils poussent à la violence et à l’instabilité au sein des différentes communautés. Qu’ils cherchent à influencer et à troubler ces différentes communautés en usant d’une rhétorique et de théories socialistes.
Plus classique dans la diffamation, vient ensuite le complot sournois venu de l’étranger (mais d’où au juste?): «L’utilisation de soi-disant “experts internationaux” pour valider et faciliter leurs plans de renversement de régime; l’établissement de leurs propres structures de renseignement (en collaboration avec des gouvernements étrangers et des sociétés internationales) pour faciliter leur programme de changement de régime.»
Après quoi le document publie les photos des dirigeants du NUMSA, de quelques universitaires engagés, de Ronnie Kasrils, ancien dirigeant de l’ANC et du Parti communiste mais aujourd’hui clairement opposé au régime, ainsi que les photos de quelques participants étrangers venus en août 20014 pour un séminaire sur le socialisme organisé par le NUMSA, rien de très subversif en débat: bilan du PT brésilien, expérience bolivienne, recomposition politique en Allemagne, etc.
Ce document n’est évidemment qu’un début. Non signé, il est difficile d’en désigner péremptoirement ses auteurs. Mais bon, une petite musique dans l’écriture nous rappelle quelques procès soviétiques des années 1930. Et puis une question: comment et par qui les auteurs ont-ils eu les photos de cette petite dizaine d’invités du NUMSA? Puisque cela ne peut être par le NUMSA lui-même, alors par qui?
Ce n’est donc pas une plaisanterie. Il y a un clair début d’intimidation et de menace. Dans un pays clamant son caractère démocratique! Plus la crise sociale et politique du régime ANC et de son allié le Parti communiste va s’accentuer, plus ce genre de «dénonciation» va s’accroître. Mais dans un pays où des gens meurent tous les jours de la violence ordinaire de la pauvreté, de la drogue ou des gangs, la violence politique est facile à déguiser. Commence alors le devoir de solidarité et de défense internationale des syndicats indépendants et de la gauche sud-africaine!
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