Pour une mobilisation unitaire et solidaire
De toute la Suisse, de toutes les nationalités, nous nous trouvons aujourd’hui à Zurich, siège de la Société suisse des entrepreneurs (SSE), pour dire: «Nous ne voulons pas travailler plus, nous user plus et gagner moins …»
La dénonciation unilatérale par la SSE de la Convention collective du secteur principal de la construction (CN) représente la pointe avancée d’une offensive de l’ensemble du patronat. Notre mobilisation devra s’élargir à d’autres secteurs. En effet, UNIA se veut le syndicat de la plus grande partie des salarié·e·s en Suisse.
Le «compromis» qui nous a trompés
Lors des dernières négociations conventionnelles, les entrepreneurs proposaient déjà un système de salaire charnière: 4000 francs et plus, du machiniste au contremaître; 4000 francs et moins pour les travailleurs qu’ils considéraient comme «non qualifiés». Cela s’opposait à ce qui existe encore aujourd’hui: des catégories salariales précises avec des minimums obligatoires. Le patronat a alors reculé, momentanément.
«En compensation», la SSE a obtenu une flexibilité des horaires de travail qui aboutit, concrètement, à offrir des dizaines d’heures gratuites aux entrepreneurs. Et, aujourd’hui, la SSE en veut une centaine en plus…
A l’époque, la SSE a aussi renoncé à cette attaque frontale contre les salaires parce qu’elle voulait que les «mesures d’accompagnement» des bilatérales soient les plus réduites possible, les contrôles les plus restreints. Et cela afin de pouvoir utiliser ladite «libre circulation» de la main-d’oeuvre contre tous les travailleurs résidents, suisses comme immigrés. Le résultat de ce «compromis», on le constate tous les jours sur les chantiers.
Dénoncer la CN et pourrir la situation
Dès le 1er octobre 2007 nous n’aurons plus de CN. Cela signifie le retour aux normes plus que minimales définies dans le Code des obligations et la Loi sur le travail: plus de 13e salaire obligatoire, 4 semaines de vacances maximum, semaine de travail de plus de 50 heures possible, pas de salaire minimum obligatoire, plus de protection de licenciement de 720 jours en cas de maladie, etc. Les commissions paritaires sont suspendues; les litiges sur les violations de la convention collective ne peuvent plus être réglés…
Pourtant, les patrons répètent, aujourd’hui, qu’ils ne toucheront à rien. Mais alors pourquoi avoir dénoncé la CN; y compris celle des contremaîtres signée l’hiver dernier ?
Naturellement, le 2 octobre, il ne se passera rien. Les entrepreneurs veulent d’abord laisser «pourrir» la situation. Ils veulent engager des travailleurs qualifiés avec des salaires au rabais, payer moins les jeunes qui entrent dans le marché du travail…
L’attaque sur laquelle silence est fait
Enfin, ils ont un projet sur lequel le silence est fait: c’est la fusion du «gros œuvre» avec le «second œuvre» et donc la création d’une seule organisation patronale. Pourquoi ? La réponse est simple. Le salaire minimum d’un installateur sanitaire est à peine plus de 4000 francs; celui d’un maçon dépasse les 5000 francs. Les patrons veulent aligner vers le bas. Ils ressortiront la proposition du salaire charnière (4000 francs moins et plus). En même temps, ils pourront mettre en question la retraite anticipée à 60 ans.
Ainsi, dès le printemps 2008, certains entrepreneurs convoqueront des «anciens collaborateurs» pour leur dire: votre salaire est «trop élevé, désolé; vous signez le nouveau contrat ou vous cherchez ailleurs». Et il ne sera pas facile d’offrir ses qualifications ailleurs; car si la firme Pierre comprime ainsi les salaires, la firme Paul le fera aussi.
Les mois de tous les dangers
Aujourd’hui plus de 80% des entreprises de la construction, surtout les plus importantes, veulent casser les salaires, les horaires de travail et pouvoir utiliser la sous-traitance, sans contrôle. La direction d’UNIA ne pourra plus dire, comme dans le passé, qu’il y a des «bonnes entreprises» et des «entrepreneurs politisés», proches de l’UDC, qui veulent tout casser.
Cette période 2007-2008, c’est «quitte ou double». Si nous voulons améliorer nos acquis actuels – ou au moins les maintenir – il faut absolument nous mobiliser avec les syndicats, entreprise par entreprise, chantier par chantier. Répondre unis et solidaires à chaque escalade patronale, surtout ne pas reculer. L’exemple allemand de la déréglementation totale de la branche de la construction – dans un pays proche de la Suisse – devrait nous servir d’avertissement.
Notre bataille commence. Elle est aussi celle des salarié·e·s de services et de l’industrie. Elargir les actions de solidarité est décisif.
Rassemblement?: 13?h?30 Limmatquai, Zurich
Unia et les syndicats organisent des déplacements en train spécial ou en car pour Zurich:
Pour la Suisse romande: Fribourg, place Python 10?h?00;
Genève: place des 22-Cantons 8?h?00; Neuchâtel, gare 10?h?15;
Lausanne: gare 9?h?15; Sion: place des Potences 7?h?30; Bienne: gare 10?h?30
Soyez le premier à commenter