CFF Cargo. Les Ateliers à ceux qui y travaillent !

Nous publions ci-dessous une traduction de la prise de position du MPS Tessin – Gauche anticapitaliste. Elle a été publiée sur le site www.solidarieta.ch et, sous forme d’éditorial, du bimensuel du même nom en date du 13 mars 2008. (rédaction La brèche)

La mobilisation continue avec détermination et avec la claire volonté d’atteindre les objectifs qu’ils [les ouvriers des Ateliers mécaniques CFF – Officine FFS – de Bellinzone] se sont fixés. Empêcher que puisse se concrétiser, d’une façon ou d’une autre, l’application des mesures annoncées par le conseil d’administration des CFF et soutenues, au moins jusqu’à maintenant, par le Conseil fédéral. Nous devons le dire et le répéter avec clarté: non seulement les ateliers CFF de Bellinzone fonctionnent, mais ils contribuent financièrement à combler le déficit que CFF Cargo continue à voir croître dans d’autres domaines (en particulier dans celui du trafic marchandises extérieur), suite à une politique d’expansion menée de manière absolument insensée.

Conjointement à la mobilisation des travailleurs, comme une rivière en pleine crue, croît la solidarité avec leur lutte. Rarement au Tessin, peut-être jamais, on n’avait vu un engagement populaire aussi ample et déterminé pour soutenir une lutte des salarié·e·s. Même pas à l’époque de la Monteforno [entreprise sidérurgique qui a connu une série de licenciements puis une fermeture appliquée en 1994 ; cette entreprise était contrôlée par la société Von Roll de Gerlafingen, canton de Soleure] et de sa malheureuse trajectoire on n’avait connu un mouvement de solidarité et de soutien populaire pouvant être comparé, même de loin, à celui qui se développe actuellement.

Le premier objectif dans cette phase reste celui du retrait des mesures annoncées par les CFF. Sans cela, il est évident qu’aucune négociation ne peut être conduite, aucune table ronde, aucune discussion sérieuse sur le futur des ateliers CFF de Bellinzone.

Quel type de négociation serait-il possible de conduire, avec une perspective ouverte et concrète, tant que le plan annoncé n’est pas retiré, c’est-à-dire celui de la liquidation des Ateliers ? Avec quelle force les travailleurs pourraient-ils discuter d’une alternative si cette décision pèse de tout son poids sur les discussions ? Une négociation conduite dans ces conditions ne pourrait aboutir à aucune autre issue qu’à une reddition, plus ou moins digne.

Mais les travailleurs des Ateliers sont disposés à tout, sauf à se rendre. Ils savent ce que vaut leur travail. Ils savent ce qu’ils produisent et comment ils le produisent. Ils savent qu’au cours des années passées, ils ont apporté une contribution exceptionnelle (qui a coûté aussi des sacrifices et des renoncements) à la progression de tous les paramètres qui, dans une économie capitaliste, témoignent de la « santé » d’une entreprise.

Comment oublier que, au cours des sept dernières années, la productivité par travailleur a pratiquement doublé: le nombre de locomotives entretenues par « collaborateur » est passé de dix en 2000 à vingt en 2007. Comment oublier qu’au cours des deux dernières années, la production des pièces œuvrées (c’est-à-dire les axes et les roues des divers véhicules) est passée de 10’200 en 2006 à 12’300 en 2007 ? Et, enfin comment oublier que le nombre de wagons révisés est passé, toujours au cours des mêmes années, de 1600 à 2000 ? Les ouvriers des Ateliers pourraient continuer à débiter une série de telles données impressionnantes pour démontrer que cette entreprise a et doit absolument avoir un avenir.

Dans ce contexte, deux possibilités existent. La première est celle de poursuivre dans le cadre actuel, le renforçant et donnant une garantie et une sécurité à ce site productif. Les CFF et le Conseil fédéral, actionnaire, doit le faire d’une façon claire, irrévocable et impérative.

Mais, si cela ne se concrétisait pas, rapidement – et nous le répétons avec les nécessaires garanties pour l’avenir –, il apparaît nécessaire de commencer à réfléchir à une perspective autonome par rapport à CFF Cargo. C’est la voie qui passe par la création d’une zone industrielle d’intérêt cantonal et par celle, en conséquence, de l’expropriation du site productif. Les Ateliers doivent continuer à vivre. C’est possible de le réaliser.  

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