Une campagne internationale de signatures en soutien à la réelle Révolution égyptienne et à ses multiples animatrices et animateurs a été initiée le 25 janvier 2012. Les lectrices et lecteurs trouverons ci-dessous le texte en français de cette campagne et peuvent y adhérer en se rendant sur le site en langue anglaise http://www.egyptsolidaritycampaign.org/.
En Suisse, un membre de la direction nationale du Syndicat des services publics (SSP-VPOD) épaule déjà cette campagne: Paolo Gilardi. (Rédaction A l’Encontre)
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Il y a une année en Egypte, des militant·e·s courageux aux côtés de dizaines de milliers de personnes ont enthousiasmé le monde. En affluant en masse sur la Place Tahrir au Caire, et sur d’autres places similaires dans d’autres villes du pays ; en manifestant devant les bâtiments officiels ; en faisant la grève pour obtenir des salaires qui permettent de vivre, pour défendre les droits des travailleurs, ou encore contre des directeurs corrompus. Ainsi, ils ont réussi à renverser un dictateur et ils ont mis en mouvement un processus de transformation démocratique qui sera appelé le « Printemps arabe ». De la sorte, la révolution en Egypte est devenue une source d’inspiration pour des millions de personnes à travers le monde.
Depuis lors, à chaque étape, des millions d’Egyptiens et d’Egyptiennes se sont battus en faveur des droits des femmes, pour des syndicats indépendants, pour la démocratie et pour la justice sociale. Mais à chaque étape, ils ont aussi été brutalisés par un appareil militaire décidé à empêcher un changement véritable. Bien que le dictateur, le président Hosni Moubarak, ait été renversé, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a continué de gouverner au moyen de l’ancienne loi instaurant l’état d’urgence. Il a réagi au processus révolutionnaire en arrêtant des gens, en les torturant, en les rouant de coups, en les tuant. Depuis la chute de Moubarak, ce sont 14’000 personnes qui ont été déférées devant les tribunaux militaires et soumises aux passages à tabac et aux tortures qui les accompagnent. Une année après son essor, la révolution est menacée, comme résultat de cette politique.
Ces derniers mois, les attaques du CSFA contre les jeunes, les femmes, et contre les travailleurs sont devenues plus graves. La violence constante contre les femmes qui manifestent s’est intensifiée. L’armée a été clairement impliquée dans les attaques contre les chrétiens coptes, dont vingt-quatre ont été assassinés en octobre dernier. Le mois passé, en décembre 2011, une escalade inquiétante des attaques par l’armée contre des manifestant·e·s pacifiques a encore accru le nombre des martyrs de la révolution. Entre-temps, de jeunes militants liés au Mouvement du 6 avril ont été arrêtés, accusés d’outrage envers l’armée et de tentatives de renversement de l’Etat – tout simplement parce qu’ils distribuaient des tracts anti-CSFA. Au même moment, le CSFA et le Ministère de l’intérieur ont lancé une campagne de diffamation menaçante contre les militants de la gauche socialiste et ont envoyé des militaires opérer des descentes dans les locaux de dix-sept ONG. Ce faisant, et de beaucoup d’autres manières encore, le CSFA a clairement fait savoir qu’il n’a aucune intention d’abandonner le pouvoir.
Mais des Egyptiens et Egyptiennes courageux refusent de plier devant ces attaques. En novembre et en décembre 2011, il y a eu d’immenses manifestations populaires, des grèves des enseignants, une impressionnante marche de 10’000 femmes au Caire, et à la fin de l’année une manifestation de 50’000 personnes sur la Place Tahrir. Ces mobilisations nourrissent de grands espoirs en l’avenir de la révolution populaire égyptienne.
En tant qu’écrivains, syndicalistes, responsables associatifs, universitaires, enseignants, et militants, qui avons soutenu la révolution démocratique en Egypte, nous refusons d’être silencieux devant ces attaques, et tout particulièrement au vu du silence de nos gouvernements. Nous condamnons publiquement toute atteinte aux libertés d’expression, de réunion, de religion et d’association, en Egypte. Nous appelons à la libération de tous les prisonniers politiques. Nous condamnons l’action de gouvernements étrangers, comme celui des Etats-Unis et du Royaume-Uni, qui publient des déclarations hypocrites de soutien à la Révolution égyptienne tout en fournissant au CSFA des armes et des gaz lacrymogènes pour réprimer les manifestations. Et nous proclamons notre solidarité avec les forces démocratiques, syndicales, féministes, de la jeunesse et socialistes d’Egypte qui appuient la poursuite de la Révolution égyptienne sur le chemin d’une véritable démocratie et d’une véritable justice sociale.
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