Rédaction
Selon le quotidien Al-Masry Al-Youm, en date du 14 février 2011, sont entrés en lutte les travailleurs chargés de l’entretien du tunnel stratégique qui permet de rallier, pour les véhicules arrivant d’Heliopolis, le centre du Caire.
Le quotidien indique que les manifestations de ces ouvriers «s’inscrivent dans la vague de mobilisations ouvrières qui déferlent sur le pays depuis le départ du président Hosni Moubarak, le 11 février 2011». Une réalité qui est peu relevée dans les médias occidentaux. Ils préfèrent s’attarder sur le «nettoyage» de la place Tahrir ; acte qui recouvre, certes, des dimensions politiques plus profondes pour un certain nombre de leurs acteurs.
Les travailleurs du tunnel ont élevé des barricades à son entrée. Ils protestent contre le refus des «autorités» de tenir les promesses faites le jeudi 10 février. Leurs revendications : obtenir un contrat à durée indéterminée et non pas des contrats temporaires. Ils ont marché dans le tunnel en direction de la Place de l’Opéra. Ils insistent sur le fait qu’ils travaillent depuis onze ans avec des contrats temporaires, sans assurance-maladie. Le salaire mensuel ne dépasse pas 300 livres égyptiennes (50 francs suisses), bien qu’ils soient exposés tous les jours aux gaz dégagés par les automobiles, ce qui provoque des maladies respiratoires.
Ces travailleurs insistent aussi sur le fait qu’ils dépendent de deux agences gouvernementales – l’une, le gouvernorat du Caire, l’autre, l’Autorité nationale des tunnels – qui, de la sorte, évitent, chacune, de répondre à leurs revendications.
Dans la ville d’Assiut, dans la haute Egypte, des milliers de travailleurs et d’employés se sont mobilisés ce 14 février 2011 pour revendiquer de meilleures conditions de travail et une augmentation de leur salaire. Ils condamnent de même les agences gouvernementales à la tête desquelles siègent des officiels corrompus mis en place par le régime de Moubarak.
Les 2000 ouvriers de l’usine Assiut Fertilizer ont de même organisé un sit-in. Ils réclament, comme la plupart des travailleurs en Egypte, des contrats de travail permanents, des meilleurs salaires et exigent le départ du directeur de l’entreprise.
Tous les jours de tels exemples indiquent, d’une part, l’accentuation et accélération de la mobilisation sociale sur les brisées des premiers gains politiques obtenus par la «révolution du 25 janvier» et, d’autre part, les problèmes liés à l’émergence d’une expression syndicale propre, indépendante, des travailleurs et travailleuses.
Mais, dans l’immédiat, une question plus «élémentaire» se pose : le Commandement suprême de l’armée, vient ce 14 février 2011, d’exiger l’arrêt des sit-in et des grèves, le «retour au travail» afin «de ne pas mettre en danger l’économie du pays». La Junte affirme ses intérêts et sa «transition». Ils s’opposent directement à ceux des travailleuses et travailleurs.
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