Egypte. La grève des travailleurs d’une usine d’électricité de l’Etat et leur victoire

Banderole mis en place par les grévistes exigeant la libération de leurs collègues.
Banderole mise en place par les grévistes exigeant la libération de leurs collègues.

Par Bassem Abo Alabass

Les travailleurs de l’entreprise d’électricité d’Etat – North Cairo Electricity Distribution Company (NCEDC) – vont reprendre le travail après que leurs collègues arrêtés (17 d’entre eux) ont été relâchés le dimanche 19 mai 2013 et suite à la concession faite par la direction concernant les primes salariales. La semaine dernière, les travailleurs de la NCEDC et de treize unités – au début cinq – de distribution qui lui sont liées étaient entrés en grève (sit-in ou autres formes de protestation) afin de demander la libération de 17 de leurs camarades. Ils avaient été arrêtés lors d’un mouvement de protestation contre la réduction de leurs primes mensuelles. Elle aboutissait à une baisse de leur salaire de 50% par mois. Une mesure qui s’inscrivait dans le cadre des exigences du FMI appliquées par le gouvernement de Mohamed Morsi des Frères musulmans.

Mohamad Rashad, de la direction de NCEDC, a publié un communiqué le samedi 18 mai 2013, qui indiquait que les primes resteraient en place. Dimanche 20 mai, les 17 militants syndicalistes ont été relâchés. Voilà une traduction, à la fois, de la volonté syndicale et du potentiel de lutte sociale des salarié·e·s en Eygpte, malgré toutes les difficultés, ainsi que du caractère politique pro-FMI, pro-austérité, antisyndical et répressif du gouvernement islamiste de Morsi et de la Confrérie des Frères musulmans. La grève prolongée de 6000 travailleurs de NCEDC aurait mis en question la distribution d’électricité à quelque 3,5 millions à 4 millions de Cairotes. (Rédaction A l’Encontre)

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Les travailleurs d’une usine d’électricité de l’Etat tiennent un sit-in pour exiger la libération de 17 de leurs collègues arrêtés. Pour la cinquième journée consécutive [le 17 mai 2013], les opérations à la North Cairo Electricity Distribution Company (NCEDC) sont arrêtées suite à un sit-in des travailleurs qui exigent la libération de 17 de leurs collègues qui sont actuellement emprisonnés.

Ahmed Adel, un des participants à cette manifestation, a expliqué au journaliste de Ahram Online que les travailleurs menacent d’intensifier leur protestation en coupant le courant aux districts du Caire qui sont ravitaillés par cette entreprise d’Etat. La NCEDC fournit de l’électricité à plus de 3.8 millions d’Egyptiens.

La semaine passée, près de mille travailleurs se sont rassemblés au siège principal de la compagnie au Caire pour protester contre la décision de la direction de supprimer un bonus de 50% de leur paie mensuelle. Les forces de sécurité ont tenté d’étouffer les protestations et ont arrêté 15 des travailleurs accusés de bloquer la rue et de dommages à la propriété publique.

«Il s’agissait d’une protestation pacifique, et il n’était nullement nécessaire de faire appel aux forces de sécurité » explique Adel. «Les forces de police ont arrêté 15 personnes lundi, ensuite trois d’entre elles ont été relâchées sous caution, mais les policiers sont revenus il y a deux jours pour convoquer cinq nouveaux travailleurs pour interrogatoire

Travailleurs devant le siège de NCEDC le 17 mai 2013
Travailleurs devant le siège de NCEDC le 17 mai 2013

D’après Adel, des milliers de travailleurs dans cinq filiales de la NCEDC ont manifesté leur solidarité avec les travailleurs détenus, en annonçant des grèves et en arrêtant les opérations dans leurs branches.

«Si les résidents de ces districts subissaient des pannes d’électricité, ils ne trouveraient pas les travailleurs chargés de l’entretien pour réparer ces pannes», avertit Adel.

D’après une source proche de la direction de l’entreprise et qui demandait l’anonymat, la protestation des travailleurs s’est transformée en une dispute avec la police plutôt qu’avec la direction. «Le directeur, pour sa part, a juré que personne ne toucherait aux bonus des travailleurs, et il a assigné un avocat pour défendre les personnes arrêtées.» Personne n’était disponible au Ministère de l’électricité pour donner une explication.

Au cours des deux dernières années, Le Caire a subi des coupures de courant répétées dues à la pénurie de carburants [usines d’électricité à fioul]. On s’attend à ce que les coupures continuent pendant l’été, puisqu’on estime que le réseau national de distribution électrique connaît une surcharge de près de 2’500 mégawatts les jours de pointe et lors des jours de canicule.

La consommation égyptienne d’électricité au cours de l’été pourrait s’élever à 29’500 mégawatts par jour en juillet à cause de la chaleur et du mois sacré du Ramadan islamique. Or, on calcule que l’Egypte peut générer de l’électricité pour environ 27’000 mégawatts par jour.

Les travailleurs égyptiens ont joué un rôle clé dans les protestations qui ont conduit au renvoi de l’ex-président Moubarak, mais au cours des deux années depuis le soulèvement, ils ont été nombreux à se plaindre du fait que leurs conditions de travail se sont très peu améliorées.

Les partisans des droits du travail accusent le gouvernement du président Mohammed Morsi de prendre une position dure à l’égard des travailleurs en grève, en utilisant la police antiémeute pour casser des grèves et en arrêter les organisateurs, ainsi qu’en licenciant ou en punissant les travailleurs du secteur public qui s’engagent dans des actions de type syndical. (Traduction A l’Encontre, article publié dans alhramonline en date du 17 mai 2013)

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