«Ma droite est enfoncée, ma gauche cède, tout va bien j’attaque», François Hollande a recyclé la phrase du maréchal Foch lors de sa conférence de presse. Pour son An 2, Hollande qu’on accuse de ne pas être assez Président en France propose tout simplement de devenir le Président de l’Europe. C’est gonflé, mais ce n’est pas un hasard, car c’est en Europe que se joue la relance, donc l’avenir de ce Président, et en Europe qu’il a raté son premier coche, en 2012.
Hier, on l’attendait sur la défensive, et comme il le savait, il a aussitôt prononcé les mots d’«offensive», et de «mouvement». Pourtant, pour les trois quarts de son propos, c’est-à-dire pour ce qui avait trait à la politique intérieure, le chômage, la récession, les débordements du Trocadéro, les couacs de sa majorité, il a plutôt joué au goal qu’à l’avant-centre.
Plutôt qu’à l’offensive, d’ailleurs, il était dans le rôle de l’offensé, ou de l’incompris. On le dit indécis, il a défendu ses décisions permanentes, Mali notamment, on lui reproche d’avoir perdu du temps, il a mis en avant «plus de réformes en un an que ses prédécesseurs en dix ans», on l’accuse d’avoir alourdi les impôts il a répondu: «j’avais prévenu», reconnu 4 milliards en 2012 mais en a imputé 12 au gouvernement précédant, et quand on lui a rappelé les difficultés des entreprises, il a dégainé son pacte de compétitivité et cité l’accord dit de sécurisation de l’emploi…
Bref il n’a rien lâché, sauf que la croissance le lâche, que le chômage s’envole, et que le rappel des mesures engagées bute sur la baisse du pouvoir d’achat.
C’est là qu’est arrivée son offensive européenne.
Pendant sa campagne, Hollande avait pris deux engagements, a priori contradictoires. Grand 1 je ramènerai le déficit à 3%, tout de suite. Grand 2 je défendrai la relance avant de signer le pacte de stabilité. Le deuxième point s’est perdu dans les sables au moment où la demande de relance s’est mise à monter de toute l’Europe, si bien qu’Hollande a paru à la remorque d’une revendication qu’il avait initiée lui-même.
Un vrai ratage que certains attribuent à sa communication, et d’autres à sa manière d’avancer en crabe.
Un an plus tard toute l’Europe est en panne de croissance, Allemagne comprise, et la relance est devenue un impératif supérieur à l’exigence des 3% tout de suite. Hollande essaie donc de reprendre l’initiative là où il l’avait laissé filer. Il propose d’instituer un gouvernement économique, qui se réunirait chaque mois, et il demande qu’on aille plus loin vers l’union politique.
C’est une vraie perspective. Toute la question est de savoir si le Hollande de l’An 2 l’abordera comme un Hollande nouveau, à savoir de front et en ligne droite, ou comme celui de l’an 1, en «synthèse» et en zigzags… (Billet sur France Culture à 7h36, le 17 mai 2013)
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«Il y a un d’autres choix politiques et économiques
que ceux proposés par Hollande»
Hollande a pris le ton de l’optimisme et de l’offensive pour faire l’éloge de sa politique de l’An I et des réformes qui vont toutes dans le sens des souhaits du patronat ou des injonctions de la Commission européenne. Tout pour les patrons, rien pour les salariés, les classes populaires, les jeunes. Il se vante même de faire mieux que la droite !
La crise financière est passée, se réjouit-il pour reconnaître que… la récession est là. Mais tout va bien Mme la Marquise, soyons offensifs et vive le mouvement!
La récession est là, le pouvoir d’achat dégringole, le chômage explose et Hollande nous parle de la France de demain et d’après-demain. Il continue son bluff sur l’inversion de la courbe du chômage et tente de nous vendre du vent ou plutôt du mouvement. Il se fiche du monde!
Pour les salariés, les jeunes, la population qui subissent les conséquences d’une politique absurde qui n’obéit qu’à la folle course à la rentabilité financière et à la compétitivité, la leçon est claire. Non seulement il n’y a rien à attendre de Hollande mais il serait tout à fait illusoire de prétendre lui faire changer de cap. Il n’y a pas d’autre réponse que de se mobiliser pour mettre en échec sa politique qui continue en l’aggravant celle de Sarkozy. Et en particulier pour empêcher la nouvelle réforme des retraites, c’est-à-dire les nouvelles attaques contre les pensions.
Il n’y aurait pas d’autre choix, nous dit Hollande. Si, il y a le choix d’une autre répartition des richesses, d’une politique qui ne soit pas vouée à servir les patrons, le choix d’en finir avec l’austérité. Ce choix, il faudra l’imposer par les luttes et les mobilisations. (Déclaration du NPA en date du 16 mai 2013)
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