Syrie. «Après huit ans de guerre, l’impossible reconstruction»

Par Benjamin Barthe

Après huit années d’un conflit qui a amputé le pays de la moitié de sa population, Bachar Al-Assad reste au pouvoir. Dans un contexte de désenchantement de son propre camp, c’est maintenant une guerre économique qu’il doit mener.

Ce fut le haut lieu du désenchantement des opposants syriens. En décembre 2016, les anti-Assad perdaient Alep et comprenaient que leur rêve de renverser le régime ne se réaliserait pas. Un peu plus de deux années se sont écoulées depuis et la désillusion a changé de camp. La métropole plurimillénaire, ancien poumon industriel de la Syrie, est aujourd’hui la capitale de l’amertume loyaliste.

Cernée par les ruines, rongée par les pénuries, isolée du reste du pays, Alep se languit. «On nous dit qu’on a gagné la guerre, mais où sont les fruits de la victoire ? Quel avenir nous prépare-t-on?», maugrée un homme d’affaires alépin qui circule entre le Liban et la Syrie, et qui, comme la plupart des sources interrogées pour cet article, a insisté pour rester anonyme, de peur de représailles des autorités.

Le relèvement de la prestigieuse cité levantine, dévastée par quatre années de combats, a commencé à tout petits pas. Le déblayage des gravats a permis de rétablir la circulation à l’intérieur de la vieille ville et des quartiers orientaux où les rebelles s’étaient barricadés. Avec l’aide des Nations unies ou bien d’organisations de charité, certains bâtiments qui tenaient encore debout ont été rafistolés.

Ici et là, on a remplacé une porte, stabilisé un balcon ou un escalier, masqué une brèche dans la façade, ravalé la devanture d’une boutique et rebranché des canalisations. Mais faute de finances pour lancer un vaste plan de reconstruction, la majeure partie de l’est de la ville, détruite par des mois de bombardements aériens, reste un champ de désolation.

«Nous avons retrouvé nos vies et en général la situation est bonne, clame une employée municipale qui s’efforce de faire bonne figure. Mais c’est vrai que les gens sont déçus. On manque de travail et de stabilité. L’électricité ne fonctionne que douze heures par jour. La réouverture de l’aéroport [annoncée pour 2017] se fait toujours attendre. Réconcilier nos souvenirs avec l’état actuel de la ville est très difficile.»

Un bond de plusieurs dizaines d’années en arrière

Le manque de gaz – un produit de première nécessité pendant l’hiver alépin, souvent rigoureux – cristallise le mécontentement de la population. Ces dernières semaines, des photos d’habitants faisant la queue sur des centaines de mètres pour obtenir une bonbonne ont fleuri sur les réseaux sociaux, accompagnées d’un flot de commentaires indignés.

«Les loyalistes grognent, ils n’admettent pas que le gaz, le mazout ou l’eau puissent manquer alors que les terroristes sont partis, confie un homme d’affaires alaouite – la confession du clan Assad – qui vit entre Beyrouth et Damas. Ils n’arrivent pas à comprendre que, dans cette guerre, tout le monde a perdu. »

Le bilan du conflit, aussi bien humain que matériel, donne le vertige. On recense entre 300’000 et 500’000 morts, 1,5 million d’invalides, 5,6 millions de réfugiés et 6,6 millions de déplacés. Le pays a perdu les trois quarts de son produit intérieur brut (PIB), passé de 60 milliards de dollars (53 milliards d’euros), en 2010, à environ 15 milliards aujourd’hui.

Un tiers du parc immobilier a été détruit ou endommagé. L’économie a fait un bond de plusieurs dizaines d’années en arrière, notamment le secteur agricole, qui a connu, en 2018, sa pire récolte en trois décennies.

La facture de la reconstruction est estimée entre 200 et 400 milliards de dollars. «Il faut bien comprendre que la Syrie de 2011 n’existe plus, dit la géographe française Leïla Vignal. On est confronté à un pays qui n’a plus rien à voir avec ce qu’on a connu.»

Répondre aux attentes de la population

Les combats ne sont pas totalement terminés en Syrie, mais, d’un point de vue politique, l’après-guerre a commencé. La rébellion, délogée en 2018 des faubourgs de la capitale et de la région méridionale de Deraa, ne contrôle plus qu’une petite région, autour d’Idlib, dans le nord-ouest du pays. Ce territoire sans grande valeur, contrôlé par les djihadistes de Tahrir Al-Cham, une émanation d’Al-Qaida, est condamné à être reconquis, tôt ou tard, par le régime et ses soutiens russe et iranien. Depuis la chute d’Alep-Est, les parrains arabes et occidentaux de l’opposition se sont résignés au maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad.

Le nord-est de la Syrie échappe aussi aux forces loyalistes. La situation y est calme. Une partie de ce territoire, sur la rive droite de l’Euphrate, est sous le protectorat de fait d’Ankara, qui le gouverne par l’entremise d’ex-rebelles passés sous ses ordres.

Lié à Moscou dans le cadre du processus d’Astana – un mécanisme de désescalade militaire –, et engagé dans un rapprochement silencieux avec le pouvoir syrien, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a aucun intérêt à relancer les hostilités.

La rive gauche du fleuve est le domaine des Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance kurdo-arabe qui traque les derniers irréductibles de l’organisation Etat islamique (EI). Vu que leur protecteur américain semble vouloir se désengager de Syrie, il est probable qu’une fois les résidus du califat anéantis, les FDS, dominées par les Kurdes du PYD (Parti de l’union démocratique), trouveront un terrain d’entente avec Damas.

Dans ce contexte, l’enjeu numéro un pour le pouvoir n’est plus militaire, mais économique. Il ne s’agit plus de résister aux assauts des insurgés, mais de répondre aux attentes de la population, avide de stabilité, et, en premier lieu, des pro-Assad qui réclament des récompenses pour leurs sacrifices. Une ­seconde ­bataille commence, qui promet d’être aussi dantesque que la première.

Le gouvernement, à l’évidence, ne part pas gagnant. Hormis la réfection des routes, qui progresse, le pays est à l’arrêt. La plupart des appels d’offres publics sont repoussés de mois en mois parce que les caisses de l’Etat sont vides. Et pour cause: le pétrole, le tourisme et les phosphates, qui compensaient avant 2011 la faiblesse structurelle des rentrées fiscales, ne rapportent presque plus rien.

Les puits d’hydrocarbures sont situés dans des zones actuellement contrôlées par les Kurdes et il faudra de longues années avant qu’ils ne retrouvent leur niveau de production d’avant la guerre. Le marché touristique, florissant dans les années 2000, est au point mort. Et 70 % des revenus générés par les mines de phosphates syriennes ont été cédés à la ­compagnie Stroytransgaz, géant de l’industrie russe. Un cadeau fait au chef du Kremlin, Vladimir Poutine, en contrepartie du sauvetage de Bachar Al-Assad.

«Le gouvernement est en situation de quasi-faillite, assure un expert damascène. Il ne lui reste plus qu’un ou deux milliards de dollars de réserves. »

Damas crie à l’ingérence

Le salut ne viendra pas des Etats-Unis, ni de l’Union européenne (UE). Bailleurs habituels des plans de reconstruction à travers le monde, ils conditionnent leur aide à une transition politique, supposant la mise à l’écart progressive de Bachar Al-Assad. Même si certains membres des Vingt-Huit semblent prêts à s’affranchir de cette règle – comme l’Italie –, les pays du Vieux Continent disposant des capacités ­financières les plus importantes, tels que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, refusent pour l’instant de transiger [1].

Damas crie à l’ingérence dans ses affaires intérieures. D’autant que le pays est déjà la cible de sanctions européenne et américaine. Un arsenal de mesures punitives, qui vise 349 individus et entités associées au régime, mais aussi des secteurs clés de l’économie, comme les banques et le pétrole, et qui dissuade les ­entreprises étrangères d’investir dans le pays. La dénonciation d’une nouvelle guerre, destinée à obtenir, sur le terrain économique, ce qui a été manqué sur le terrain militaire, gagne des adeptes au-delà des cercles loyalistes.

« C’est scandaleux, la présence au pouvoir de Bachar Al-Assad ne justifie pas de prendre en otage la population, s’insurge un consultant économique syrien qui fait la navette entre Beyrouth et Damas. Les enfants n’ont pas à payer pour ses crimes de guerre. » « Il est inconcevable de financer un régime qui n’a aucune intention de faire revenir les réfugiés ou de ­ libérer ses prisonniers et qui n’offre aucune ­garantie de transparence sur l’usage des fonds », répond Leïla Vignal.

Dans un entretien avec une chaîne de télé­vision russe, en juin 2018, le président syrien a clos le débat. Fort de son miraculeux rétablissement, il a exclu, par principe, tout rôle des Occidentaux dans la reconstruction. «Nous ne leur permettrons pas d’y participer, qu’ils viennent avec de l’argent ou non, avec des prêts ou non, avec des donations, des subventions, ou quoi que ce soit d’autre. Nous n’avons pas besoin de l’Occident», a tranché ­Bachar Al-Assad, plus bravache que jamais.

Vœu pieux

Les autorités syriennes assurent que l’argent de la reconstruction viendra de partenariats public-privé (PPP), de banques locales et de leurs indéfectibles amis russes et iraniens.

Mais c’est un vœu pieux, «un tranquillisant pour la population», juge un chef d’entreprise de Damas. Trois ans après la promulgation de la loi sur les PPP, aucun n’a vu le jour. Et ni Moscou ni Téhéran n’ont les moyens d’investir massivement dans des chantiers aussi peu rémunérateurs que la construction d’écoles, d’hôpitaux et de logements sociaux.

A l’automne 2018, selon The Syria Report, un site d’informations économiques très pointu, la Russie s’est même désengagée de la réparation de la principale centrale électrique d’Alep. Il n’y aura ni plan Marshall ni plan Poutine pour la Syrie.

La pression économique sur le pays s’est même renforcée à l’hiver. Le Trésor américain a mis sous sanction tous les acteurs du transport de pétrole par voie maritime entre l’Iran et la Syrie. C’était une ligne vitale qui permettait au régime d’être ravitaillé en carburant sans avoir à ouvrir son porte-monnaie, les livraisons consistant en un prêt à long terme.

La menace américaine a cassé net cette filière, privant le pouvoir d’importants revenus, et contribuant aux pénuries de gaz, qui ont notamment frappé Alep. L’urgence de trouver un circuit d’approvisionnement alternatif est probablement la raison pour laquelle Bachar Al-Assad s’est rendu fin février à Téhéran, son premier déplacement en Iran depuis 2011.

«On est sous siège économique»

« On est sous siège économique, soutient un patron de Damas, qui se définit comme «ni pour ni contre le régime». « Les Etats-Unis et l’UE, avance-t-il, n’ont pas ­encore intégré le fait que Bachar a gagné la guerre.» «La situation n’a rien à voir avec l’embargo contre l’Irak des années 1990, objecte Jihad Yazigi, rédacteur en chef du Syria Report. La Syrie continue de commercer avec des dizaines de pays à travers le monde.»

Cet expert économique, proche de l’opposition, appelle à une levée du blocus pétrolier de Washington et à un assouplissement ­graduel des autres sanctions, en échange de concessions de Damas sur la question des réfugiés et des prisonniers.

«L’impact des sanctions est négatif, reconnaît-il, mais leur rôle dans la catastrophe économique actuelle est relativement faible. Les principaux respon­sables de la destruction du pays restent l’aviation syrienne et son homologue russe, qui ont anéanti la moitié d’Homs, Alep, et Deir ez-Zor, ainsi que des dizaines de villes plus petites. Les Etats-Unis, avec la destruction de Rakka, et la Turquie, qui a facilité le pillage de la zone industrielle d’Alep, ont aussi une part de responsabilité. Et puis d’autres facteurs continuent de jouer, comme la dépréciation de la ­livre syrienne et l’omniprésence des réseaux de corruption du régime. »

La révision, en 2014, de la licence d’exploitation des deux compagnies de téléphonie mobile syriennes, Syriatel et MTN, dans un sens qui leur est extrêmement favorable, est emblématique de ces combines. Selon The Syria Report, la mesure, dénuée de justification légale, a retranché 200 milliards de livres syriennes (345 millions d’euros) des caisses de l’Etat. Fin février, conséquence directe de cette faveur, Syriatel, propriété du richissime cousin du président, Rami Makhlouf, a annoncé une hausse de ses profits de 39 %.

Où trouver les bras pour mener un chantier aussi monumental?

La reconstruction de la Syrie ne rencontre pas que des obstacles comptables et politiques. A supposer que l’argent afflue subitement, où trouver les bras pour mener un chantier aussi monumental ? Entre les morts (300’000 à 500’000), les invalides (1,5 million), les exilés (5,5 millions), les prisonniers (environ 80’000) et les réfractaires au service militaire qui se cachent, une grosse partie de la main-d’œuvre syrienne a disparu.

«J’avais deux postes d’ouvrier qualifié à pourvoir, raconte le propriétaire d’une usine d’aluminium de la banlieue de Damas. Le premier candidat qui s’est présenté était trop jeune. Le deuxième était en chaise roulante. Le troisième avait des jambes artificielles. On l’a malgré tout engagé. Un quatrième est arrivé, qui semblait faire l’affaire. Mais on s’est rendu compte que huit années dans l’armée lui avait fait ­perdre toutes ses facultés professionnelles. On l’a mis à un poste subalterne. Trouver la main-d’œuvre adaptée est un casse-tête. »

Le déficit d’expertise des autorités et leur manque de capacité institutionnelle constituent une autre difficulté. «Au plus fort de la croissance d’avant-guerre, le gouvernement avait un budget annuel d’environ 18 milliards de dollars, qu’il avait du mal à dépenser en totalité, observe cet entrepreneur. Comment imaginer qu’il gère 200 milliards de dollars?»

Le premier ministre Imad Khamis a lancé, en février 2017, un groupe de travail baptisé «Programme national de développement pour l’après-guerre», chargé de produire un plan sur dix ans. Deux ans après sa formation, ce ­comité de réflexion n’a encore accouché d’aucun ­document. «Le régime n’a aucun plan pour l’avenir car il n’en veut tout sim­plement pas, estime un ancien technocrate gouvernemental. Cela impliquerait une ouverture, des engagements et des concessions auxquels il répugne.»

La seule reconstruction envisageable, au moins à court terme, est un processus informel par le bas, au ralenti, comme ce qui se passe à Alep. Dans les villes martyres de Syrie, des habitants replâtrent comme ils le peuvent leur domicile, avec souvent l’aide financière d’un fils, d’une fille ou d’un autre parent, installé à l’étranger.

«Beaucoup de Syriens réfugiés en Europe ou en Turquie ont trouvé un emploi, explique un consultant onusien. Ils ont désormais les moyens d’envoyer à leur famille 50 ou 60 dollars par mois, ce qui n’est pas négligeable en Syrie.» Selon la Banque mondiale, ces transferts de fonds se chiffraient à 1,6 milliard de dollars en 2016 – une somme qui représente près de 4 millions par jour –, c’est-à-dire environ l’équivalent de 10 % du PIB syrien.

A moyen terme, les milieux d’affaires pro-Assad espèrent une injection de capitaux du Golfe. Fin décembre 2018, les Emirats arabes unis ont rouvert leur ambassade à Damas, fermée depuis six ans, suivis par Bahreïn. Un premier pas vers une nouvelle stratégie, ­destinée à contrebalancer l’influence en Syrie de l’Iran et de la Turquie, deux pays honnis par Abou Dhabi. Ce mouvement de rapprochement avec Damas, dont le principe est très probablement approuvé par l’Arabie saoudite et dont l’étape suivante pourrait être la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, a été freiné au début de cette année par l’administration Trump.

«L’argent du Golfe»

Tout porte à penser cependant qu’il finira par reprendre. Après tout, le modèle autocratique syrien n’est pas si éloigné du système despotique en vigueur dans la péninsule.

«L’argent du Golfe arrivera tôt ou tard, assure Rabi ­Nasser, directeur d’un cabinet d’études en développement. Les hommes d’affaires des pétromonarchies lorgnent les projets spécu­latifs.» A l’image de Marota, un quartier ultra haut de gamme situé au sud de Damas, dont la construction peine à décoller.

«Ce qu’ils recherchent, explique M. Nasser, ce sont de grosses plus-values immobilières, que le régime peut leur garantir, moyennant quelques ­dessous-de-table. Financer le relogement des classes ­populaires déplacées par la guerre ne fait pas partie de leur plan.»

Le calvaire de la population syrienne va donc se poursuivre. A l’abri des bombardements aériens qui ont cessé, à l’exception de la région d’Idlib, mais dans un dénuement absolu. Et sans espoir de retour pour les réfugiés. Pour un Etat normal, la situation ne ­serait pas viable, mais le régime Assad ne fait pas partie de cette catégorie.

« Ce système ne connaît pas la douleur, dit l’ancien technocrate. Il ne veut pas de nouveau contrat social. Il ne veut même pas d’un retour à la situation d’avant 2011. Tout ce qui l’intéresse, c’est contrôler le terrain et bloquer la mise en œuvre de la résolution 2254 de l’ONU [qui appelle à une transition politique et à l’organisation d’élections sous supervision des Nations unies]. Son but unique, c’est de tenir, encore et toujours, jusqu’en 2021, date du prochain scrutin présidentiel. Et ce jour-là, Bachar Al-Assad, comme par miracle, sera réélu.»

«La nouvelle menace pour le régime, c’est le régime lui-même»

Avant cela, le régime doit tenir à l’œil les membres de son propre camp. Les familles de la côte, dont les enfants ont servi de chair à canon et qui se sont tues pendant huit ans au nom de la «lutte contre le terrorisme», s’estiment souvent mal payées pour leur loyauté.

Les miliciens, montés en grade durant la bataille, jugent parfois que la part du gâteau qu’on leur a promise est trop petite. «La nouvelle menace pour le régime, avance un patron damascène, c’est le régime lui-même.»

C’est par exemple le cas de Wissam Al-Teir. Ce journaliste du site Damascus Now, visage très connu des médias pro-Assad, a été arrêté en décembre 2018 par les services de sécurité. Suivi sur Facebook par 2,6 millions de personnes, le jeune homme, que l’on dit proche d’Asma Al-Assad, l’épouse du président, avait publié des photos de Syriens enchaînés et ­enrôlés de force dans l’armée. La presse pro-opposition affirme que Wissam Al-Teir ­conduisait aussi des recherches sur la corruption au sein du gouvernement.

Des sources affirment qu’il a été torturé à mort ; d’autres qu’il a été inculpé pour espionnage. Impos­sible à confirmer. Le journaliste a disparu dans les oubliettes du régime.(Article de Benjamin Barthe, mis à jour le 17 mars 2019 et publié par Le Monde)

Benjamin Barthe est correspondant du quotidien Le Monde, résidant à Beyrouth

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[1] «Nouvelle élite surgie de la guerre»

Le risque est d’autant plus grand que la présidence a promulgué, à la même époque, une seconde loi, autorisant les collectivités locales à intégrer leurs terres et leurs activités de services dans une holding. Si l’administration de cette structure reste aux mains des autorités locales, ses différentes filiales, régies par la loi du commerce, pourront s’affranchir des règles de transparence et d’appels d’offres auquel le secteur public est – théoriquement – soumis.

«C’est un processus de privatisation de la sphère publique, qui va profiter à la nouvelle élite, surgie de la guerre, comme au Liban», s’inquiète Rabi Nasser, directeur du Syrian Center for Policy Research, un think tank indépendant basé à Beyrouth. Une holding a déjà été mise en place pour gérer le plan de réaménagement de Kafar Sousah, un quartier informel du sud-ouest de Damas, dont les habitants, souvent acquis à la révolution, ont été expropriés.

En décembre 2015, le gouvernement avait aussi approuvé la création d’un « conseil syrien des métaux et de l’acier ». Un organisme de régulation et de lobbying appelé à jouer un rôle central dans la reconstruction. Sa direction a été confiée à Mohammed Hamcho, l’un des hommes de paille de Maher Al-Assad, le frère du président et commandant de la 4e division blindée, l’unité d’élite du régime. La spécialité de l’entrepreneur est la récupération de morceaux de métal dans les champs de ruines laissés par l’armée. (Article de Benjamin Barthe; référence y est faite dans celui daté du 17 mars 2019 et publié par Le Monde)

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