«Une Gaza plus isolée et plus désespérée»

Une fille regarde à l’extérieur le quartier détruit de Shejaiya
dans la ville de Gaza (Photo UNICEF)

Rapport de l’ONU- Roger Piper

«Les conditions de vie des deux millions d’habitants de la bande de Gaza se détériorent «davantage et plus vite» que prévu, alerte un nouveau rapport des Nations Unies publié mardi.

Contrôlée par le Hamas depuis 2007 dans un contexte de conflit politique intra-palestinien, la bande de Gaza est, de fait, administrativement séparée de la Cisjordanie. Israël a cherché à isoler le Hamas en limitant les mouvements de biens et de personnes à l’intérieur et hors de l’enclave palestinienne [avec l’appui de l’Egypte de Sissi].

Produit par l’équipe-pays des Nations Unies dans le territoire palestinien occupé, le rapport fait le point sur certains indicateurs clés identifiés par une précédente étude de l’ONU de 2012 qui prévoyait que Gaza deviendrait «inhabitable» d’ici 2020 si aucune des tendances sous-jacentes n’étaient inversées.

Intitulé «Gaza – 10 ans après», le rapport montre que « la bande de Gaza a poursuivi sa trajectoire de “dé-développement”, dans certains cas de manière plus rapide que nous ne l’avions prévu à l’origine», a déclaré le Coordinateur humanitaire et pour les activités de développement dans le territoire palestinien occupé, Robert Piper, dans un communiqué de presse.

Le manque d’approvisionnement en énergie – 90 mégawatts disponibles ces derniers jours contre les 450 mégawatts nécessaires – est le signe le plus évident et récent de la détérioration des conditions de vie à Gaza, qui s’est ajouté à toute une série de problèmes chroniques et aigus qui font depuis partie de la vie «normale» quotidienne des Gazaouis.

Selon le nouveau rapport, le produit intérieur brut réel (PIB) par habitant à Gaza a baissé et l’offre de services de santé a également continué de diminuer. L’accès aux matériaux, qui sont nécessaires pour permettre à l’économie, à l’infrastructure et aux services de base de Gaza de se remettre du conflit de 2014, reste très restreint.

Le rapport appelle Israël, l’Autorité palestinienne, le Hamas et la communauté internationale à prendre des mesures permettant des investissements plus durables pour le développement, un renforcement des secteurs productifs à Gaza, une amélioration de la liberté de circulation des personnes et des biens, ainsi que le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international.

«L’alternative sera une Gaza plus isolée et plus désespérée», a averti M. Piper.

«La menace d’une escalade renouvelée et plus dévastatrice augmentera et les perspectives de réconciliation intra-palestinienne diminueront – et avec elles, les perspectives de paix entre Israël et la Palestine», a-t-il ajouté. [Faut-il ajouter, comme l’écrit, entre autre Gideon Levy – voir article publié sur ce site en date du 21 juin 2017 – qu’une offensive contre Gaza sert, avec régularité, à conforter la politique du gouvernement Netanhayou – réd. A l’Encontre]

Grâce notamment à l’ampleur des services fournis par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Gaza a pu maintenir des normes d’éducation élevées. Mais la durée moyenne quotidienne des cours pour les étudiants ne dure pas plus de quatre heures.

Bien qu’une projection antérieure indiquant que l’aquifère côtier deviendrait inutilisable d’ici 2016 ait été repoussée pour la fin de l’année 2017, le rapport souligne que la seule source d’eau disponible de Gaza devrait être épuisée d’ici 2020, à moins que des mesures correctives immédiates ne soient prises.

Piégés dans cette «triste réalité», les habitants de Gaza tentent bien que mal de vivre dans des conditions qualifiées par le rapport «de plus en plus misérables .

«L’aide humanitaire actuelle, en particulier via les services de l’UNRWA, aide à ralentir cette chute, mais cette orientation vers le bas reste évidente», a déclaré M. Piper.

Lundi 10 juillet, les Nations Unies et des organisations non gouvernementales – accompagnées de neuf membres de la communauté diplomatique représentant l’Australie, le Canada, l’Union européenne, l’Allemagne, la Turquie et le Royaume-Uni – ont effectué une visite de terrain à Gaza pour voir de première main l’impact cumulatif de 10 années d’isolation et de divisions internes. (Centre d’actualités de l’ONU, le 11 juillet 2017)

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*