Les scientifiques nous l’annoncent, la Terre est entrée dans une nouvelle époque: l’Anthropocène. Ce qui nous arrive n’est pas une simple crise environnementale, mais une révolution géologique d’origine humaine. En deux siècles à peine, depuis la révolution industrielle, notre planète a basculé vers un état inédit depuis des millions d’années, un état qui durera des centaines de milliers d’années au moins et soumettra les sociétés humaines à des difficultés immenses et imprévisibles. L’Anthropocène, c’est le signe de notre puissance, mais aussi de notre impuissance. C’est une Terre dont l’atmosphère est altérée par les 1’400 milliards de tonnes de CO2 que nous y avons déversées en brûlant charbon et pétrole. C’est un tissu vivant appauvri et artificialisé, imprégné par une foule de nouvelles molécules chimiques de synthèse qui modifient jusqu’à notre descendance. C’est un monde plus chaud et plus lourd de risques et de catastrophes, avec un couvert glaciaire réduit, des mers plus hautes, des climats déréglés. Proposé dans les années 2000 par des scientifiques spécialistes du «système Terre», l’Anthropocène est une prise de conscience essentielle pour comprendre ce qui nous arrive. Une histoire globale et rematérialisée des interactions entre systèmes-monde et système Terre nous aidera à comprendre comment nous en sommes arrivés là.
Jean-Baptiste Fressoz est historien au Centre national de la recherche (France).Il enseigne à Londres. Auteur, avec Christophe Bonneuil, de L’événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (éd. du Seuil, 2013).
Organisé par le Cercle La brèche et le site Alencontre L’université est étrangère à cet événement.