Commémoration de la résistance prolétarienne de Turquie des 15 et 16 juin 1970
Journée organisée par Bir-Kar de Lausanne
Dimanche 16 juin dès 13h30
Refuge du Laviau à Saint-Sulpice, rue du Centre 47
Dans la seconde moitié des années 1960, une montée des luttes ouvrières s’est affirmée en Turquie. Sur le plan syndical, cela s’est traduit par la création du «Conseil de solidarité entre les syndicats» en 1967 qui a été à l’origine de la création du DISK: Confédération des syndicats ouvriers révolutionnaires. Les militants qui sont à l’origine de cette nouvelle expression du mouvement de classe viennent de l’industrie du verre, de la métallurgie, des pneumatiques et de la presse. L’émergence de syndicats marque une rupture avec une structure syndicale officialiste: le TÜRK-IS, lié aux structures du pouvoir.
Les mesures d’intimidation, les interdictions, la répression n’ont pas pu arrêter une vague de grèves dans les verreries, dans le textile de Kula. Les ouvriers du pétrole de la compagnie nationale vont mener une grève de trois mois. En 1968, les mineurs des mines de charbon de Zonguldak (mer Noire) ont réussi à imposer une convention collective. L’usine de pneumatiques Derby a été occupée. Les mineurs de lignite de la région de Corum ont fait 43 jours de grève. Comme ils n’étaient payés, ils ont organisé eux-mêmes la vente de charbon qu’ils ont extrait lors de la reprise de leur travail. Il a fallu la force militaire pour les faire plier. Les groupes nationalistes d’extrême droite se réorganisèrent dans le Parti du mouvement nationaliste (MHP) du colonel Türkes. Ce sont les célèbres «Loups gris» qui étaient leur bras paramilitaire.
Face à cette montée ouvrière, le gouvernement Demirel prit des mesures pour limiter les droits syndicaux et frapper le DISK qui regroupait 500’000 membres en 1970. Face à ces mesures, une grève fut lancée les 15 et 16 juin 1970. Ce fut un véritable soulèvement contre le pouvoir des patrons et de leur Etat. Le 15 juin, des dizaines de milliers de travailleurs descendent dans la rue. Le 16, le double occupe la rue, malgré la fermeture des routes, le blocage des ponts et l’arrêt des bateaux reliant les rives du Bosphore. Les ouvriers s’attaquent à la fonderie Haymak qui appartenait à un des frères du premier ministre. Des travailleurs sont tués. Des centaines sont blessés. La mobilisation prévue pour le 17 juin doit atteindre un nouveau seuil. La direction du DISK est débordée et son président, Kemal Türkler, lance un appel à la radio comme quoi les travailleurs ne doivent pas s’affronter à «l’honorable armée turque».
Ce coup de frein va donner le feu vert à la réaction qui passe à l’offensive. Les militaires vont renverser le gouvernement Demirel et surtout s’attaquer aux travailleurs et travailleuses. C’est un coup d’Etat contre la classe ouvrière, à la différence des coups d’Etat précédents. S’installe alors un état d’urgence prolongé.
Ce moment clé de l’histoire doit être rappelé et doit être le thème d’une éducation politique, de la construction d’une mémoire politique et d’un débat de stratégie.
Le Mouvement pour le socialisme, le site alencontre.org s’associent à cette commémoration.