Portugal. D’un côté, de vagues données chiffrées par le PS. De l’autre, sa recherche d’une majorité parlementaire absolue

Le premier ministre PS Antonio Costa

Par Mariana Mortágua

Le Parti socialiste portugais veut éviter les engagements fermes [les élections législatives se tiendront le 6 octobre 2019; le gouvernement actuel est soutenu de l’extérieur, sur des points convenus lors de négociations, par le Bloc de gauche et le Parti communiste]. Le programme électoral ne concrétise ni ne quantifie les mesures qu’il propose; c’est un ensemble de généralités. En guise de guide de lecture, il ne s’agit que d’un programme de stabilité (PE) pour 2019-2023 élaboré par le gouvernement, et que le PS prend comme base de son programme.

Ce n’est qu’après la présentation du programme que la confusion des données chiffrées a été remarquée.

Le 31 août, le ministre des Finances Mario Centeno a parlé de doubler les investissements publics alors que le PE n’assure que la moitié de l’objectif. Devant la presse et lors du débat avec Catarina Martins, principale figure et candidate du Bloc de gauche, le PS a été contraint de publier une note de quatre pages et quelques chiffres sous forme d’explication. Dans ce type d’addendum au programme électoral, le PS a ajouté plus de 200 millions d’euros d’investissements publics par an aux plans du PE, ce qui ne garantit toujours pas le doublement promis par Mario Centeno. Concernant les autres promesses générales annoncées dans le programme, qui ne correspondaient pas aux chiffres du PE, il n’a rien expliqué.

La même confusion des données règne en termes de recettes fiscales. Dans la même interview, Mario Centeno a quantifié les rentrées de l’IRS [impôt sur le revenu pour les particuliers] à 200 millions d’euros. Quelques jours plus tard, le PS a porté ce montant à 400 millions, soit le double du montant prévu dans le PE. Et une partie de la «marge financière pour d’autres rentrées» a été ajoutée au programme à la suite d’«un débat approfondi et prolongé avec la société civile».

Mais l’exemple le plus flagrant est l’augmentation des salaires dans l’administration publique, qui sont gelés depuis une décennie, mentionnée en passant et de manière générale dans le programme PS. La semaine dernière, Mario Centeno est allé jusqu’à suggérer des augmentations par rapport au taux d’inflation en 2020. Cependant, le PE – qui constituerait la base du programme gouvernemental – ne mentionne pas une telle augmentation. En fait, les comptes disponibles ne correspondent pas à cela: pour les deux prochaines années, le montant total du PE pour les nouvelles embauches et les augmentations salariales ne couvre pas la moitié de ce qui est nécessaire pour actualiser les salaires actuels par rapport au taux d’inflation (que le PE prévoit à 1,5%). Comment sera-t-il alors possible de le faire et pourtant, comme l’indique le PS dans son programme, il envisage une planification «selon les besoins effectifs d’embauche de chaque secteur de l’administration publique» (p. 13)? Qu’en est-il vraiment?

On sait seulement que le PS propose de «revoir» les carrières de la police et de l’armée, des enseignants et des infirmières, sans dire quand et comment cela sera fait – et quel sera le réajustement.

Quiconque lit le programme du PS trouvera de vagues compromis et peu de chiffres et des contradictions.

Après tout, quelles sont les propositions du PS? On n’en sait rien. Votre programme est un chèque en blanc envoyé au pays, quand et comme Antonio Costa le veut [premier ministre depuis 2015]. Pour cela, vous n’avez besoin que d’une majorité absolue [c’est évidemment ce que le PS recherche pour sortir de son rapport actuel avec le PC et le Bloc de gauche]. (Article publié dans Jornal de Noticias, le 20 septembre 2019; traduction rédaction A l’Encontre)

Mariana Mortágua est dirigeante du Bloc de gauche et députée à l’assemblée. Elle est économiste.

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