A quelques heures des premiers résultats électoraux en Grèce (sondage à la sortie des urnes à 19 heures, heure d’Athènes), la défaite du gouvernement Samaras est considérée comme certaine par tous les analystes, y compris des grands médias qui avaient soutenu sa campagne. Une campagne d’extrême droite avec des tonalités qui renvoyaient soit à la sortie de la guerre civile (1949), soit à des formules de la période dictatoriale entre 1967 et 1974. La défaite du gouvernement Samaras-Venizelos marque aussi celle de la Nouvelle Démocratie et du Pasok (Mouvement socialiste panhellénique). Samaras joue sa survie au sein de la Nouvelle Démocratie où la constitution d’un nouveau leadership est discutée par ceux et celles qui se réclament de la tradition de Konstantinos Karamanlis. Pour Syriza, en cas de majorité absolue, ce qui représenterait une victoire politique très importante en faveur de la gauche, les vrais défis vont commencer. Ce qui relevait pour la majorité des observateurs du domaine de l’impossible il y a encore cinq ans. La synthèse des sondages d’intentions de vote entre le 20 et le 23 janvier donne les résultats suivants : Nouvelle Démocratie, 29,2% ; Syriza, 36,2% ; To Potami (La Rivière), 6,9% ; Aube dorée, 6,4% ; KKE, 5,2% ; Pasok, 4,9%. Sous peu, nous pourrons informer nos lecteurs des premiers résultats et de leurs conséquences. Pour l’heure, nous publions la traduction de l’éditorial du quinzomadaire Gauche ouvrière, la publication de DEA (Gauche ouvrière internationaliste) qui est pleinement membre de Syriza. (Réd. A l’Encontre)
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La victoire de SYRIZA lors des élections du 25 janvier constitue un «moment fort important» dans la lutte de la classe ouvrière, des couches populaires et paupérisées ainsi que des jeunes qui traduisent de la sorte leurs espoirs placés dans SYRIZA et la gauche. Le renversement du gouvernement Samaras qui a mis en œuvre le dernier plan d’austérité arrache des mains des représentants de la classe dominante le système de mémorandum utilisé comme «machine» pour écraser les droits sociaux et infliger une défaite massive à la classe ouvrière.
Cette victoire est d’abord celle du monde du travail et des mouvements sociaux qui, grâce à leurs luttes et à leur détermination politique en faveur de la gauche, ont mis à mal les ressources politiques des partis au gouvernement (Nouvelle Démocratie et Pasok) appliquant les mémorandums et ont de la sorte fait tomber trois gouvernements. Cette victoire arrive à un moment où le capitalisme et l’impérialisme mondial sont en crise et où des fissures se manifestent dans les structures institutionnelles de la zone euro.
Syriza et la gauche doivent répondre aux espoirs des masses laborieuses et des mouvements sociaux d’abord en Grèce, mais aussi à l’échelle de l’Europe et même au-delà. Elles doivent en quelque sorte répondre à un «mandat politique historique».
Toutefois, aucune illusion ne doit régner: cette élection, aussi importante et décisive soit-elle au plan politique, ne constitue qu’une première étape.
Elle établit un nouveau point de départ sur un chemin difficile, qui sera jalonné de rudes batailles – qui peuvent être décisives – contre le système. Les propriétaires milliardaires des médias grecs, les banquiers et les industriels de Grèce, les Wolfgang Schäuble (ministre des Finances de l’Allemagne) et Mario Draghi (patron de la BCE) vont essayer d’éteindre le feu de la «rébellion» grecque contre l’austérité. Ils utiliseront à cet effet le bâton et la carotte, la menace et le chantage. Tout en proposant aussi des «compromis honorables» afin de prolonger le cadre «régulateur» propre au système des mémorandums [dégagement de solde primaire, objectif d’équilibre budgétaire, restructuration de dette, etc.].
Le renversement de la politique d’austérité a commencé. Mais les tests décisifs sont devant nous. Nous devons rester inébranlables par rapport aux objectifs fondamentaux tels que l’abolition des mémorandums, la mise en question à la racine de la politique d’austérité afin d’être en position de gagner les grandes batailles qui s’annoncent et d’avoir une chance de donner une issue réelle et victorieuse au processus en cours. Nous devons rester fermes sur ces objectifs politiques pour conforter un gouvernement de gauche. Nous devons riposter à la fois au «bâton» des chantages et à la «carotte» du «compromis honorable» qui resterait dans le cadre contraignant des mémorandums.
Pour réussir, nous devons utiliser nos propres «armes», à savoir la mobilisation politique la plus décidée des structures, des membres et de l’appareil de SYRIZA. Tout en continuant l’effort en faveur d’un front uni d’action des organisations et des partis de gauche, mais surtout en stimulant l’entrée massive des travailleurs et des couches populaires dans la lutte, actions que nous devons encourager, faciliter et appuyer par tous les moyens appropriés. Sous le slogan «Reprenons tout ce qui doit nous revenir», nous devons conquérir non seulement ce qui a été perdu lors des années dites des mémorandums, mais aussi ce que nous n’avons jamais pu gagner jusqu’ici. (Editorial du bimensuel Gauche ouvrière, publication de DEA, en date du 21 janvier 2015. Traduction Antonis Martalis)
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