Le 12 juillet 2012, la direction de PSA (Peugeot Société Anonyme) rendait officielle sa décision de supprimer 8000 emplois et de fermer l’usine de PSA Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Le Monde du 24 juillet présentait un «portrait» de Jean-Pierre Mercier, âgé de 44 ans, et travaillant dans l’usine depuis qu’il a 18 ans. Ce syndicaliste, membre et animateur de la CGT, est un militant de Lutte ouvrière. Dans l’article mentionné, il indique le mot d’ordre central de la lutte à venir qui s’incruste sur le badge qu’il porte: «Tous ensemble contre la fermeture de PSA-Aulnay». La fermeture de cette usine avait été révélée en juin 2011 par la CGT qui avait diffusé une note de la direction indiquant l’arrêt possible de la production sur ce site. L’auteure de l’article du Monde cite Jean-Pierre Mercier en relation avec la mobilisation prévue en septembre: «Si les salariés veulent faire la grève générale, on la fera. S’ils veulent travailler à leur vitesse et engager des actions ponctuelles, on le fera aussi. Nous, on n’a pas fait cramer un pneu. Mais on ne s’interdit rien. La violence, elle est du côté du patron. Les salariés menacés de licenciement ont tous les droits.»
Les militants de Lutte ouvrière sont présents et actifs dans l’usine PSA-Aulnay, entre autres. Il est dès lors utile et intéressant de prendre connaissance des articles et analyses de Lutte ouvrière, depuis le 20 juillet, sur la situation sur le site de PSA-Aulnay et sur les réactions des travailleurs. Il faut peu de doute que dès fin août-début septembre le «futur de PSA-Aulnay» sera un des points importants de cristallisation de l’affrontement socio-politique en France. Pour ce qui est de l’analyse générale de la crise du secteur automobile, nous renvoyons à l’article publié sur ce site en date du 6 juillet 2012: «PSA-Aulnay: un système qui déraille»). (Rédaction A l’Encontre)
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A Aulnay-sous-Bois: après le choc, les salariés s’organisent
Cela faisait plus d’un an que la CGT avait révélé les projets secrets de la direction visant à fermer l’usine en 2014. Mais pour beaucoup d’ouvriers, il y avait encore de l’espoir tant que la direction n’avait pas fait d’annonce officielle. C’est chose faite, et de plus en plus de travailleurs comprennent qu’il ne faut faire aucune confiance à la direction.
Dans les jours qui ont précédé le CCE du 12 juillet, chacun se demandait ce qui allait en sortir. Y aurait-il une annonce de fermeture ou encore du baratin pour lanterner les ouvriers ? Jusqu’à la dernière minute, la direction a menti en affirmant qu’il n’y aurait aucune annonce, qu’il faudrait attendre le 25 juillet. Le 12, des débrayages de protestation étaient prévus en milieu de journée, pour s’informer des intentions de la direction.
Avant même que les travailleurs soient officiellement informés, la direction, au siège parisien du groupe, distribuait aux journalistes massés sur le trottoir un communiqué annonçant la saignée. L’information a rapidement circulé et, dans l’usine même, les délégués ont commencé à la diffuser. Puis, à 8 h 30, dans les réunions d’unités, l’annonce est tombée, officiellement et brutalement : l’usine sera fermée en 2014.
Selon les secteurs, les réactions ont été différentes. Dans un premier temps, l’abattement a prévalu. Même parmi ceux qui, depuis un an, ont milité pour dévoiler le plan secret du PDG Varin, certains étaient sous le choc. Le long des chaînes, des ouvriers étaient en larmes, assis par terre la tête dans les mains, incapables de se lever, traumatisés. Ailleurs, les cadres ont commencé à payer le prix de leurs mensonges. Dans un secteur, alors qu’un cadre essayait d’empêcher un délégué de parler, il a été pris à partie par les ouvriers : « Lui, depuis un an, il nous dit la vérité alors que toi tu mens. Et on ne l’a pas cru à cause de toi ! Alors maintenant, tu te tais, et c’est lui qui parle ! »
Par sa stupidité et son arrogance, la direction de l’usine a réussi à transformer très vite l’abattement en écœurement. Alors que les chaînes étaient arrêtées pendant les briefings, le directeur faisait savoir que les ouvriers avaient royalement droit à « une heure pour téléphoner à leur famille »… mais qu’après, le travail devait reprendre ! Elle y a gagné que l’usine est restée arrêtée toute la journée. Dès 10 h 30, les plus déterminés se sont retrouvés en assemblée générale où il fut décidé que tout le monde se retrouverait au changement d’équipe sur le parking et que d’ici là, on irait en manifestation «participer» à 11 heures à la conférence de presse du directeur de l’usine. À l’heure dite, un cortège de plusieurs centaines d’ouvriers est arrivé au rendez-vous en scandant « PSA assassin ! Aucune usine ne doit fermer ! », devant des dizaines de journalistes, de caméras et de micros tendus. Le directeur a annulé courageusement sa conférence et s’est enfui pendant que les travailleurs profitaient de la présence des médias pour exprimer leur dégoût.
Juste après le repas, l’assemblée qui a lieu sur le parking a réuni quelque 800 travailleurs – c’est le plus important rassemblement qui ait eu lieu depuis bien des années. Il y avait beaucoup de visages nouveaux, d’ouvriers qui, jusque-là, n’étaient jamais venus à une réunion syndicale. Un délégué de la CGT présent au CCE du matin a rapporté aux ouvriers ce qui avait été dit et démonté les mensonges de la direction. Tous les syndicats qui se sont exprimés, ont dit leur détermination à se battre contre la fermeture. Enfin, le secrétaire de la CGT a pris la parole pour demander à chacun de s’engager à se battre tous ensemble contre les projets de la direction, dans une lutte collective qu’il faudra organiser. Il ne s’agit pas de partir dès maintenant dans une grève de plusieurs mois, mais de trouver les moyens d’agir collectivement pour faire reculer PSA. Pour cela, il sera nécessaire de s’adresser, dès que possible, à tous les salariés du groupe – car tous sont concernés, autant ceux qui vont perdre leur emploi dans le plan de licenciements que tous les autres, ceux de Poissy, Mulhouse, Sochaux qui resteront et seront surexploités pour faire le travail des licenciés. Et au-delà, il faudra aussi trouver les voies et les moyens de s’adresser aux travailleurs des autres secteurs.
Lorsque le camarade a demandé à tous s’ils étaient prêts à s’engager solennellement à se battre tous ensemble contre la fermeture, toute l’assemblée a levé la main comme un seul homme. L’orateur a expliqué alors que la lutte devra être menée démocratiquement, avec l’apport de tous, syndiqués ou pas, et pas seulement dirigée par les militants syndicaux. Pour cela, il a proposé que soit créé un Comité de préparation de la lutte, élu et révocable, dont pourraient faire partie tous les travailleurs qui le souhaitent. Le principe de ce comité a été adopté à l’unanimité.
La journée du 13 juillet
Le lendemain, vendredi 13 juillet, l’ambiance a changé dans l’usine. Ce n’est pas la grève, mais les travailleurs ont décidé que désormais ce sont eux, et non plus les chefs, qui décideront du rythme de travail. Dans un secteur, des ouvriers ont dit au chef : « Toutes les deux voitures, on prend un quart d’heure pour discuter. » Ailleurs : « On a décidé qu’on allait essayer de faire 100 voitures dans la journée » – la cadence normale étant de 351. Partout, des réunions spontanées se sont tenues, regroupant parfois quelques dizaines, parfois plusieurs centaines de travailleurs. Dans ces réunions, chacun a vidé son sac – un ouvrier a raconté ses « 37 ans de maison sans une grève », ajoutant même avoir manifesté contre les grévistes. « Aujourd’hui à deux ans de la retraite, voilà où j’en suis ? Maintenant c’est fini ! » Cet ouvrier se portera candidat au Comité de préparation de la lutte.
Dans un secteur du ferrage, où les robots sont tombés en panne, les ouvriers chargés de la maintenance ont décidé qu’ils n’étaient pas compétents pour réparer. La Maintenance centrale, appelée à la rescousse, a dit qu’elle n’avait pas envie de réparer non plus. Le chef du personnel de l’atelier, qui n’avait apparemment pas une très claire conscience des rapports de force, est venu provoquer les ouvriers : « Au travail ! » La colère a explosé et le cadre s’est pris en pleine figure la rage des ouvriers : « Puisque tu veux fermer l’usine, pourquoi tu ne te barres pas maintenant ? Casse-toi ! ». Il est parti la tête basse, sous les huées et les sifflets. Les chaînes étant restées arrêtées, une réunion a rassemblé la quasi-totalité des ouvriers de l’atelier ferrage, qui ont discuté, longuement et très sérieusement, de ce qu’il fallait faire à présent. Comment s’organiser ? Pour faire quoi ? Qu’est-ce que le Comité de préparation de la lutte, comment cela peut-il fonctionner ? De telles réunions ont eu lieu presque partout dans l’usine, toute la journée.
Des anciens de la grève de 2007, qui étaient membres du Comité de grève, ont raconté comment cela s’était passé et expliqué aux autres en quoi c’est la façon la plus efficace de lutter. Non seulement la lutte doit être dirigée par les travailleurs eux-mêmes, expliquaient-ils, mais qu’il faut que ce soient les nôtres qui soient les porte-parole, pas des délégués centraux qu’on ne connaît pas et qu’on ne contrôle pas – comme l’a déjà annoncé le patron. Il a été discuté de la façon dont peut fonctionner le Comité : le principe, c’est que ses membres seront à égalité, syndiqués ou pas, c’est « un homme, une voix ». Il se constituera des comités par secteur, par atelier, qui demain devront se fédérer sur toute l’usine.
Dans les réunions, les volontaires se sont présentés pour être élus au Comité de préparation. Dans certains secteurs, des travailleurs ont demandé à attendre lundi pour désigner les volontaires : « C’est une chose trop sérieuse pour se décider tout de suite. Je veux réfléchir ce week-end, en parler chez moi. » Il a été décidé que de nouvelles réunions se tiendraient le lundi. Et dès le début de la semaine, en effet, des réunions de plusieurs dizaines de travailleurs se sont tenues par secteur, où des délégués au Comité ont été élus.
Oui, l’ambiance a changé dans l’usine. Le patron aura au moins réussi à fédérer tout le monde contre lui, à faire tomber les illusions, et à faire grandir le nombre de travailleurs qui pensent que désormais leur avenir dépend de leurs luttes.
Correspondant LO, publié dans l’hebdomadaire Lutte ouvrière en date du 20 juillet 2012
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PSA sème la misère, il récoltera la colère!
Après treize mois à mentir sans vergogne, la direction du groupe PSA a fini par laisser éclater la vérité en annonçant, le 12 juillet, un plan de 8000 licenciements.
Comme l’avait dévoilé la CGT en juin 2011, les commis de la famille Peugeot avaient prévu la fermeture pure et simple de l’usine d’Aulnay-sous-Bois (3300 salariés). Le 12 juillet, ils ont également annoncé la suppression du quart des effectifs de l’usine de Rennes (1400 licenciements sur un effectif de 5600 travailleurs) et la suppression de 3600 postes sur tous les autres sites du pays, une vingtaine. Toutes les catégories de travailleurs sont concernées : ouvriers, employés, techniciens, chercheurs, cadres.
C’est une déclaration de guerre non seulement contre les travailleurs du groupe, mais contre ceux de tout le pays : combien de sous-traitants vivent de l’activité des sites PSA, à commencer par les 400 ouvriers de Magnetto, l’ancien atelier d’emboutissage de PSA « externalisé » il y a plusieurs années.
Pour tenter de faire passer la pilule et éviter une explosion de colère, le PDG Philippe Varin, aussitôt relayé par les directeurs des usines à Aulnay et à Rennes, a laborieusement tenté d’expliquer qu’il n’y aurait pas de licenciement… dans un premier temps. À Aulnay par exemple, 1500 travailleurs seraient reclassés dans l’usine de Poissy, tandis que les autres seraient embauchés dans le bassin d’emploi d’Aulnay. Personne ne peut croire ce grossier mensonge : à Poissy, la direction parle en ce moment d’un « sureffectif » de 702 personnes. Alors, où veut-elle caser 1500 travailleurs supplémentaires venus d’Aulnay ? Quant à la « revitalisation du bassin d’emploi d’Aulnay », elle n’est pas plus crédible. Le département est déjà sinistré par le chômage et la situation ne fera qu’empirer lorsque le principal employeur privé de Seine-Saint-Denis, PSA, aura mis la clé sous la porte.
En même temps que Varin s’échine à la télévision à expliquer qu’il n’y aura « aucun licenciement » et que « personne ne sera laissé au bord du chemin », les syndicats du groupe sont appelés, lors du prochain CCE, le 25 juillet, à voter un « plan de licenciements collectifs pour motifs économiques » : ces gens-là mentent comme ils respirent !
De mensonges en mensonges
Pour justifier sa politique, Varin invoque des difficultés économiques parfaitement imaginaires – d’ailleurs complaisamment reprises par la presse. Le groupe connaîtrait des difficultés insurmontables, il serait « au bord du gouffre ». Les ventes se seraient « effondrées » tandis que PSA perdrait « 200 millions de cash par mois » ! Ce dernier argument que toute la presse a repris est le comble de la manipulation ! D’où sort ce chiffre ? À quoi correspond-il ? Si PSA perdait 200 millions par mois, cela représenterait 1,2 milliard en un semestre. Or, le groupe a annoncé 700 millions de pertes en six mois. Cherchez l’erreur !
Mais pire encore, Varin, pour préserver l’image du groupe aux yeux des financiers, a annoncé lors du CCE du 12 juillet que PSA bénéficiait d’une « sécurité financière » de près de 10 milliards d’euros ! Voilà qui est beaucoup plus proche de la réalité : les coffres de la famille Peugeot et des autres actionnaires du groupe sont pleins à craquer. Et comment s’en étonner ? Depuis des années, PSA bat record de ventes sur record de ventes : il y a quinze ans, le groupe vendait deux millions de voitures par an ; en 2010 et en 2011, il en a vendu 3,6 millions. Son chiffre d’affaires est passé de 44 milliards en 2000 à 61 milliards en 2011. Où sont les « difficultés économiques »?
La vérité, celle que Varin ne dira jamais, est toute simple : il n’y a pas d’effondrement des ventes, pas de difficultés économiques insurmontables, le groupe fait d’énormes profits depuis des années… mais il veut en faire encore plus. Pour cela, il a décidé de rayer de la carte une usine, de licencier des milliers de travailleurs et de surcharger de travail ceux qui resteront.
Il n’est pas sûr qu’il y parvienne. Car ce plan odieux et révoltant pourrait déclencher la colère non seulement des travailleurs d’Aulnay, mais aussi de ceux de l’ensemble du groupe. C’est la seule chose que craignent réellement et les dirigeants de PSA et les dirigeants de l’État.
Correspondant LO, publié dans l’hebdomadaire Lutte ouvrière en date du 20 juillet 2012
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PSA–Aulnay-sous-Bois: les travailleurs discutent de leur avenir
Deux semaines après l’annonce officielle de la fermeture de l’usine d’Aulnay, et malgré les tentatives de la direction pour faire reprendre la production comme si de rien n’était, les travailleurs s’organisent et discutent de comment faire reculer PSA.
L’usine fonctionne avec des arrêts de chaîne fréquents et une production bien inférieure à ce qu’elle est d’habitude. De nombreux travailleurs étant déjà en vacances, beaucoup de postes sont tenus par des intérimaires et des CDD scolaires, mais cela ne suffit pas. Pendant les débrayages, la direction tente de sortir la production en mettant sur les chaînes des hauts cadres, ce qui ne permet pas de fabriquer des voitures mais a au moins le mérite d’assurer le spectacle et de faire beaucoup rire les ouvriers.
De très nombreuses discussions ont lieu. C’est la première marche du combat qui s’annonce : imposer à la direction notre droit à discuter de notre avenir et de l’organisation de la lutte. Depuis le jour de l’annonce, chaque jour, la direction a imposé que ses « briefings » avec cadres, directeurs et tout leur baratin durent vingt minutes au lieu de cinq habituellement.
Les « briefings « avec la direction se passent différemment selon les secteurs. L’idéal, c’est lorsque les travailleurs se réunissent entre eux, avant, pour décider de l’attitude à adopter – qui peut aller du boycott pur et simple de la réunion jusqu’au fait d’écouter la direction et de lui dire ensuite ses quatre vérités. Au Montage, en logistique, la moitié de l’équipe s’est par exemple entendue pour retourner les chaises et montrer le dos au contremaître et à ses boniments. Cela a porté ses fruits : lundi 23 juillet, la direction a renoncé à ses « briefings » de vingt minutes.
De leur côté, les travailleurs organisent leurs propres « briefings », mais sans la direction. L’un des enjeux de la semaine qui vient de se dérouler a d’ailleurs été l’exigence que ces réunions soient payées et non comptées comme du temps de grève : puisque la direction a décidé de nous licencier, qu’elle paye le temps pendant lequel nous discutons de notre avenir ! Dans certains secteurs, plusieurs dizaines de travailleurs se sont mis en grève pour exiger le paiement d’une de ces réunions. Au Ferrage, un directeur a répondu piteusement à une délégation d’ouvriers : « Mais si je vous paye, vous allez recommencer tous les jours ! ». Les travailleurs ont répondu que, de toute façon, payés ou pas, ils recommenceraient tous les jours.
Un nombre important de travailleurs attendent de connaître les «solutions» qui leur seront proposées, puisque le patron affirme que «personne ne sera laissé au bord du chemin et chacun se verra proposer une solution individuelle». Mais beaucoup d’autres ne font plus aucune confiance à une direction qui ne fait que mentir depuis un an. Dans les entretiens individuels avec les cadres, les réactions sont parfois vives ! Aux questions: «Quels sont tes projets pour l’avenir? Où souhaiterais-tu partir ? Est-ce que tu as un projet de création d’entreprise?», des ouvriers répondent: «Je n’ai rien demandé, ce que je veux c’est rester à PSA Aulnay»!
Des discussions importantes ont aussi pour objet la construction du Comité de préparation de la lutte. Un bon nombre d’ouvriers défendent l’idée de commencer dès maintenant à construire une structure démocratique, regroupant syndiqués et non syndiqués, afin qu’elle soit déjà en place le 4 septembre, le jour où le travail reprendra à la rentrée. Dans cette structure, les syndicats auront naturellement toute leur place. Mais, à Aulnay comme partout ailleurs, les travailleurs non syndiqués sont largement majoritaires et il est indispensable qu’ils aient aussi la possibilité de peser dans les décisions.
Les premières fondations de ce comité ont été posées durant ces derniers jours, lors d’assemblées dans les ateliers, qui ont lieu presque quotidiennement. L’idée fait son chemin que, si le combat se déclenche à la rentrée, il faudra qu’il soit dirigé et contrôlé collectivement et démocratiquement. À cet égard, l’expérience des grèves de 2005 et de 2007 est précieuse. Ceux qui y ont participé y ont appris l’utilité d’une direction élue, et ils défendent cette idée autour d’eux.
De son côté, la direction tente de décourager les travailleurs de participer à ce comité. Elle a bien compris que la participation active de tous les salariés renforcerait le camp des travailleurs. Tous les moyens sont donc bons pour faire pression, les cadres allant jusqu’à dire aux ouvriers qu’ils risquent des poursuites judiciaires s’ils appartiennent au comité !
Mercredi 25, la dernière action avant les congés a eu lieu, à l’occasion du CCE organisé au siège de PSA. Des délégations de plusieurs sites du groupe, au total plus de 1500 travailleurs, sont venus crier : « Varin, à partir d’aujourd’hui, on sera ton cauchemar ! »
Correspondant LO, publié dans l’hebdomadaire Lutte ouvrière en date du 27 juillet 2012
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PSA-Aulnay: face au plan de licenciements pas d’autre issue que la lutte
À la veille de la fermeture annuelle pour congés des usines PSA, la direction a dévoilé les conditions lamentables de son plan de licenciements.
La manifestation du mercredi 25 juillet a été un succès, avec entre 1500 et 2000 travailleurs venus de tous les sites PSA du pays réunis devant le siège du groupe, et la présence de délégations d’autres entreprises de l’automobile, de sous-traitants, ou d’autres secteurs touchés par des plans de licenciements.
Les travailleurs d’Aulnay venus à la manifestation ont retenu l’accueil chaleureux et solidaire des passagers du RER, puisque le choix avait été fait d’aller au rassemblement en transports en commun. Un tract distribué aux usagers expliquait l’attitude de la famille Peugeot et se concluait sur ces mots : « La cause des salariés de PSA est une cause juste… Alors vous aussi, vous êtes peut-être menacés dans votre emploi ou vos conditions de travail. Une riposte d’ensemble s’impose ! » Conclusion particulièrement bien accueillie par les usagers.
Le lendemain de la manifestation – dernier jour de travail avant les vacances – la direction a organisé ses habituels briefings par équipe, en « oubliant » soigneusement de dire que la veille, au Comité central d’entreprise, l’ensemble des syndicats avait refusé de se prononcer sur le plan de licenciements. Cette attitude a bloqué provisoirement la procédure et donne quelques mois de répit aux travailleurs pour s’organiser. C’est un point marqué contre la direction, qui aurait voulu que le plan démarre immédiatement. À présent, l’objectif est de le faire annuler. Car, comme l’expliquait un représentant de la CGT, « il n’est pas possible de négocier quoi que ce soit avec la tête sur le billot, alors que la lame de guillotine descend inexorablement ».
Les cadres n’ont pas oublié, en revanche, de présenter aux salariés les conditions du plan de licenciements – conditions dérisoires. Bon nombre de travailleurs, qui attendaient les propositions de la direction, ont été écœurés. On a vu en particulier ce que valent les promesses du PDG Varin qui claironne qu’il n’y aura « pas de licenciements secs ». Tout est question de vocabulaire, le document distribué aux travailleurs ne parle pas de licenciements secs mais de… « départs contraints » !
Personne n’a la garantie d’être reclassé selon ses souhaits. Chaque salarié a la possibilité de faire une demande de reclassement, et PSA s’engage de son côté à faire également une proposition… Qu’est-ce qui sera appliqué au cas où les deux ne coïncident pas ? Quant aux indemnités proposées à ceux qui accepteraient de partir de leur plein gré, elles sont ridicules : environ 10’000 euros ! La direction a douché ceux qui espéraient toucher une somme respectable en quittant le groupe. Au fond, elle démontre ainsi qu’il n’y a pas d’autre choix que de se battre collectivement pour imposer le retrait de son plan.
Quelques heures avant la fermeture de l’usine, la chaîne n’a pratiquement pas redémarré au Montage après le repas. Tout le monde discutait des conditions inacceptables de Varin, qui ose parler d’un « plan social exemplaire ». Au Ferrage, les membres du comité de préparation de la lutte se sont contactés juste après les briefings et n’ont pas repris le travail. Ils se sont réunis pour discuter des annonces patronales, et de la préparation de la mobilisation, dès les premiers jours de la rentrée de septembre.
À Aulnay, à la suite des congés, une semaine de chômage est prévue. C’est donc le 4 septembre que le travail reprendra. Dès que possible, une assemblée générale se tiendra pour décider des premières actions à mener.
Correspondant LO, publié dans l’hebdomadaire Lutte ouvrière en date du 3 août 2012
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