Par Mateo Alaluf
A la demande de la New Left Review, Ernest Mandel rédigea, en 1963, un article sur la Belgique, texte qui servit ensuite de modèle pour les articles sur différents pays publiés par la suite dans la revue [1]. La Belgique illustre, selon Mandel, le développement inégal qui domine toute l’histoire du capitalisme.
«Le paradis du capitalisme»
Ce pays connut le capitalisme le plus précoce du continent et un mouvement ouvrier tardif. Le capital financier belge, sous l’égide de la Société Générale, avait acquis une position prépondérante dans l’économie un demi-siècle avant l’Allemagne, la France, l’Italie ou les Etats-Unis. La Belgique était bien au XIXe siècle «le paradis du capitalisme» selon les mots de Karl Marx.
Ce développement était donc inégal entre une Wallonie siège de l’industrialisation précoce et une Flandre rurale dont l’industrialisation fut plus tardive et de nature différente. La division du mouvement ouvrier entre socialistes et chrétiens qui donnera lieu à deux organisations syndicales qui par la suite seront pratiquement égales en puissance, les socialistes (FGTB) demeurant majoritaires dans le Sud et les chrétiens (CSC) majoritaires dans le Nord du pays. Ainsi, selon Mandel, l’économie belge avait déjà sa physionomie définitive dès le début du XXè siècle. Un pays de deux peuples, mais d’une seule bourgeoisie (francophone).
A partir de cette matrice, Mandel analyse les transformations de cette société: la naissance du nationalisme flamand fondé sur des revendications culturelles, les lois linguistiques de 1932 qui établirent l’égalité des deux langues, l’irruption du mouvement national wallon au lendemain des grèves de 1960-1961 fondé sur le déclin industriel wallon et la fin prévisible du «miracle belge». En conséquence si la nécessité des «réformes de structure» s’imposait, celles-ci revêtaient des contenus contradictoires pour les différents protagonistes.
L’angle mort de la mondialisation
Pour comprendre la dynamique et les contradictions du capitalisme, Mandel a été un des premiers à saisir l’importance des groupes financiers (les holdings) et a mis en évidence les processus de financiarisation du capital. Il n’avait cependant pas saisi à l’époque l’amplification de ces transformations à l’échelle mondiale. Au milieu des années 1960, le processus européen, la CEE à l’époque, lui apparaissait comme une juxtaposition d’états nationaux et non l’impulsion d’une dynamique nouvelle d’accumulation capitaliste. L’Allemagne était le moteur essentiel de l’expansion économique des pays européens sans que le Marché Commun soit de nature à modifier l’emprise des états sur l’économie. Le cadre national restait pour Mandel déterminant et l’importance qu’il accordait à la sphère financière ne préfigurait pas dans son analyse les transformations que la mondialisation financière allait produire sur les structures économiques.
Lors d’un colloque organisé par le Centre d’Etudes Socialistes en 1963 sur «l’intégration européenne et le mouvement ouvrier», Ernest Mandel avait présenté un rapport substantiel intitulé «Structure et dynamique économiques du marché commun» [2]. Pierre Naville, discutant le rapport de Mandel, lui reproche de raisonner «comme s’il y avait réellement des capitalismes nationaux». Il soutenait que la nature du capital était internationale et «qu’il produisait fatalement des concentrations sur des aires nationales, des capitaux qui prenaient la couleur des grandes métropoles». En conséquence soutenait Naville, «les capitalismes nationaux reflétaient une concurrence qui est l’essence même du capital, en tant que le capital est international dans son essence» (p. 132). Dans sa réponse Mandel soutenait que nous sommes encore en présence d’un capitalisme national. «Le jour, disait-il, où faisant grève à Liège, les ouvriers ne peuvent plus rien obtenir parce que les usines de Liège sont la propriété de Krupp (…), ce jour-là, on pourra dire (…) qu’on se trouve en présence d’un capitalisme qui n’est plus national». Deux facteurs déterminent encore selon Mandel le caractère primordial du cadre national. D’une part, «nous sommes encore dans une situation dans laquelle le mouvement syndical, dans les limites de l’Etat national a une emprise réelle sur le patronat (…) et peut même lui infliger une défaite décisive dans le cadre de cet Etat». D’autre part, soutenait toujours Mandel, tant que les Etats nationaux préserveront leurs instruments anticycliques et pourront intervenir en cas de récession importante pour sauver l’économie capitaliste, l’interpénétration des économies nationales et leur internationalisation resteront marginale [3].
Ernest Mandel en concevant dès le début des années 1960 les notions de «déclin du capitalisme» et ensuite de «néocapitalisme» avait prévu de manière prémonitoire l’épuisement d’une longue période d’expansion du capitalisme, et la tendance, à partir du milieu des années 1970, de récessions partielles s’orientant vers une récession que des économistes appelleront plus tard «crise séculaire» qu’il exposera ensuite dans Le troisième âge du capitalisme (1972). Si Mandel avait également très tôt saisi l’importance de la financiarisation du capital dans le cadre des états nationaux industrialisés, il n’avait guère saisi l’ampleur de la financiarisation dans un espace mondialisé.
On peut trouver une explication de cette surestimation du rôle des Etats nationaux qui fera obstacle à la compréhension par Mandel de la dynamique d’unification européenne comme des effets de la financiarisation, en raison de sa conception réductrice de l’Etat. Selon Alain Bihr, qui en fait une critique stimulante [le texte d’Alain Bihr sera publié sur ce site], Mandel en se limitant à une conception exclusivement fonctionnaliste de l’Etat, «ignore complètement les profondes originalités imprimées par les rapports capitalistes de production à la forme de l’État (comme État de droit) ainsi qu’à sa structure (comme système d’États rivaux et inégaux), qui constituent autant de discontinuité entre les différents États précapitalistes et l’État capitaliste » [4]. C’est précisément «ce système d’Etats rivaux et inégaux» qui bousculera et mettra à mal les Etats nationaux, permettra l’apparition de systèmes hybrides comme l’Union Européenne et que la financiarisation des activités produira les effets que nous lui connaissons à présent, en plein «troisième âge du capitalisme».
La fin du capitalisme belge
Le capitalisme belge naguère décortiqué par Mandel a disparu, pris en tenaille par la question nationale et la mondialisation. D’une part, sous l’effet de l’internationalisation le démembrement et le passage sous contrôle étranger des sociétés holdings, en particulier de la principale d’entre elles, la Société Générale qui dominait l’économie, et d’autre part, dans la logique induite par l’inégal développement entre le Nord et le Sud, nous avons assisté à la réactivation du nationalisme flamand et de la revendication régionaliste wallonne. Alors que la Wallonie se débattait dans la reconversion d’une vielle industrie, en Flandre apparaissait un nouveau patronat et se développait un capitalisme basé sur des PME dynamiques et des transnationales.
La fédéralisation des structures de l’Etat s’inscrit dans cette évolution. Si bien que l’affrontement gauche-droite par rapport aux politiques d’austérité, promues à partir des années 1980, sera tributaire à la fois de l’inégal développement des régions, d’un chômage important et durable dans le Sud du pays et de la question flamande.
Le projet du patronat flamand, de renouer avec le «paradis du capitalisme» que fut la Belgique, en faisant de la Flandre la région la plus compétitive d’Europe, une sorte de « dragon du Nord », s’imposa ainsi en Flandre. Après avoir emprunté des voies diverses sur le champ politique, ce projet prit corps par la montée en force d’un nouveau parti nationaliste la NVA (Nouvelle alliance flamande) qui deviendra le premier parti en Belgique et le déclin du CD&V, les démocrates chrétiens flamands, naguère parti dominant, garant des intérêts de la Flandre. Selon la NVA, deux obstacles empêchent la Flandre de déployer pleinement une politique néolibérale prônée par le patronat. D’une part, la prédominance socialiste (PS) dans le Sud du pays et, d’autre part, sous couvert de dénoncer des transferts financiers vers le sud, la «régionalisation» du système de sécurité sociale qui demeure fédéral. La réforme de la protection sociale devrait assurer la flexibilité accrue du marché de l’emploi, la compression des salaires et l’accélération des processus de privatisation des retraites et des soins de santé. A défaut de réaliser ce programme, la NVA prône l’indépendance de la Flandre.
La NVA a renouvelé l’expression du nationalisme flamand. Précédemment celui-ci se manifestait, d’une part, à travers un parti d’extrême droite xénophobe et raciste, le Vlaams Blok, devenu après avoir été condamné en justice pour racisme, Vlaams Belang, et, d’autre part, à travers les autres partis flamands, en particulier le CD&V (démocrates chrétiens), l’Open VLD (libéraux) et le SPa (socialistes). A présent la NVA est parvenue à capter l’électorat du Vlaams Belang, réduit à sa plus simple expression et une partie de l’électorat des trois partis traditionnels. Seuls, Groen (verts), qui constitue un groupe parlementaire commun avec le parti Ecolo du Sud et le Parti du travail de Belgique PTB, (anciens maoïstes, gauche radicale), organisé au niveau national, peuvent être situés en dehors du clivage nationaliste flamand [5].
La NVA, issue de l’implosion de la Volksunie en 2001 [6], connaîtra une ascension aussi rapide qu’impressionnante. Elle se présente d’emblée comme un parti nationaliste prônant l’indépendance de la Flandre. A la différence cependant du Vlaams Belang (VB), formation d’extrême droite séparatiste, la NVA se présente comme un parti démocratique, n’épousant pas les thèses racistes du VB. Son programme économique sera un décalque de celui de l’association patronale flamande (VOKA). La NVA recycle en quelque sorte le nationalisme flamand historique en prenant ses distances vis-à-vis de la période de collaboration pendant l’occupation allemande, en atténuant fortement sa composante romantique et en lui adjoignant un programme socio-économique néolibéral. Sa propagande sera axée sur les transferts financiers indus du Nord vers le Sud et contre le joug imposé par «l’état PS» à la Flandre.
Comme variante du national populisme, la NVA est parvenue à mobiliser, en dépit de sa politique néo-libérale, une Flandre électoralement de droite en l’opposant aux Wallons de gauche embrigadés par «le modèle PS», vivant sous perfusion grâce aux transferts financiers en provenance de Flandre et contre l’arrogance des élites francophones. La NVA se présente comme l’incarnation du peuple flamand, peuple qui ne comprend cependant pas les «assistés» profiteurs d’un système exagérément protecteur, ni des groupes «d’allochtones» non intégrés et contre les élites culturelles et artistiques flamandes supposées cosmopolites et détachées du peuple. Sa dénonciation des élites ne comprend pas non plus les «capitaines d’industrie» constamment valorisés.
Le mouvement social face aux mesures d’austérité
Les élections de 2014 ont permis la constitution d’une coalition gouvernementale nettement marquée à droite, présidée par Charles Michel, libéral, seul parti francophone du gouvernement, qui compte outre la NVA principal parti de la coalition, deux autres formations néerlandophones, les démocrates chrétiens du CD&V et les libéraux de l’Open VLD [7]. Outre le fait que les francophones sont sous-représentés dans la coalition, le programme du gouvernement se présente en rupture par rapport aux politiques menées précédemment. Il comporte notamment l’allongement de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, un saut dans l’indexation des salaires, ce qui revient à une diminution des salaires de 2%, la réduction de la part patronale des cotisations sociales sans aucune contrepartie, des économies drastiques dans les services publics et le durcissement des conditions d’accès et de contrôle des chômeurs. Sous couvert d’équilibre budgétaire et de résorption de la dette publique, ce programme signe une rupture de la concertation en usage dans la société belge et se présente comme une déclaration de guerre à l’égard de la gauche et particulièrement des organisations syndicales.
Les politiques d’austérité ne datent cependant pas de la constitution de ce gouvernement. Elles avaient été engagées dès 1980 par une coalition libérale sociale-chrétienne (gouvernement Martens-Gol) qui avait notamment déjà mis à mal dans ses fondements l’assurance chômage en introduisant une modulation du droit au chômage suivant la situation familiale. Par la suite, les mesures néolibérales de dérégulation économique, privatisation d’entreprises publiques, flexibilisation de l’emploi seront poursuivies avec des accents et des rythmes différents suivant la composition des différentes coalitions gouvernementales. En conséquence, les partis d’opposition au gouvernement actuel, les socialistes principalement [8], mais également les écologistes, n’ont guère paru crédibles dans leur refus des mesures gouvernementales. Le PTB, parti à la gauche du PS, qui a fait aux dernières élections son entrée aux parlements fédéral (deux élus) et régionaux, demeure de taille encore trop modeste pour constituer une alternative. Dès lors toute l’opposition reposait sur les organisations syndicales.
La Belgique connaît certes un taux de syndicalisation très élevé que l’on peut estimer à 60%. Les deux plus grandes organisations syndicales, la Confédération des Syndicats Chrétiens CSC et la Fédération Générale du Travail de Belgique FGTB comptent chacune plus d’un million et demi d’affilié·e·s et le syndicat libéral CGSLB en compte quelque trois cent mille. La présence syndicale est grande dans les entreprises et la capacité de mobilisation syndicale demeure considérable. De plus, les syndicats belges, contrairement à ceux de la grande majorité des pays industrialisés, n’ont pas connu une diminution de leur nombre d’affiliés ni subi des défaites comme en Angleterre sous le gouvernement Thatcher ou aux Etats-Unis sous Reagan.
Les syndicats belges ne sont néanmoins pas ce qu’ils étaient. En 1964, Ernest Mandel soutenait, en faisant référence aux grèves générales de 1950 et de 1960-1961, qu’en Belgique «le mouvement syndical peut amener par la grève générale à la capitulation de la bourgeoisie», qu’il peut aussi «obliger le patronat à reculer et à lui infliger une défaite décisive». Or, même si le mouvement syndical a continué à s’opposer à la régression sociale organisée par les politiques néolibérales, les résultats obtenus avaient été jusqu’ici maigres. Malgré un taux de syndicalisation élevé, le mouvement syndical n’a pas pu préserver, dans des rapports de force dégradés, sa capacité de négociation ni son influence politique.
Les syndicats, pour endiguer la menace d’isolement résultant de leur perte d’audience dans le public, ont impulsé depuis trois ans des plates-formes destinées à coaliser d’autres groupes sociaux, et en particulier des associations paysannes, des milieux associatifs et culturels. Ainsi, l’Alliance D-19-20 s’est profilée contre les traités de libre-échange et pour la souveraineté alimentaire et Acteurs des Temps présents à construire contre les politiques d’austérité «des alternatives concrètes et solidaires». Ces plates-formes bien qu’ouvertes n’échappent pas entièrement aux divisions syndicales dans la mesure où «l’Alliance D 19-20» est au départ une initiative de la CNE (centrale des employés de la CSC) et «Les acteurs des temps présents» de la FGTB, et plus précisément des Métallos de Wallonie-Bruxelles.
L’électrochoc produit par la formation des gouvernements (fédéral et régionaux) au lendemain des élections a conduit à la création de deux nouvelles plateformes citoyennes contre les politiques d’austérité, sans qu’il y ait eu au départ d’impulsion provenant d’un groupe institué. Ce fut en Flandre «Hart boven Hard» (Le cœur pas la rigueur) et en Wallonie et à Bruxelles «Tout Autre Chose», qui se sont constituées conjointement et dont «la locale» bruxelloise leur est commune. Mettant la priorité sur des actions contre les mesures d’austérité, elles ont rencontré un véritable engouement. Leurs plateformes contre l’austérité ont été signées par environ 30’000 personnes et 1500 associations, elles ont été rejointes par les organisations syndicales. Ainsi s’est mis en place un modèle de fonctionnement horizontal, regroupant citoyens, associations et syndicats sans qu’aucune des composantes n’ait la primauté et organisé autour de «locales» qui se sont développées dans tout le pays et de groupes thématiques, coordonnés par un groupe de pilotage.
Dès leur constitution Hart boven Hard et Tout Autre Chose se sont inscrites dans le plan d’action syndical avec des pratiques originales et leur propre agenda. Les deux plates-formes ont rallié une fraction significative du monde culturel et artistique et par la présence d’artistes connus dans les piquets de grève, la participation de géants, d’orchestres, de circuits de vélos reliant les piquets de grève et des parades, ont apporté un aspect festif qui a empêché le dispositif de stigmatisation et de criminalisation d’agir à l’encontre des grévistes et de les isoler. Cet impact fut encore plus important en Flandre où Hart boven Hard est devenu, compte tenu de la représentation politique droitière et de la plus faible réponse syndicale dans le Nord du pays en raison de la timidité de la CSC, le moyen d’opposition par excellence aux politiques d’austérité. Hart boven Hard a donné ainsi une image toute différente de la société flamande qui avait voté massivement nationaliste et à droite.
Ce n’était pas seulement les mesures prônées par le gouvernement qui paraissaient agressives aux syndicats, c’était surtout le sentiment que ce gouvernement, contrairement aux précédents, refusait toute négociation et compromis. La réaction syndicale dans un premier temps fut massive et unanime. Le front commun syndical (CSC, FGTB, CGSLB) conçut un plan d’action qui comportait en décembre 2014 d’abord des grèves générales tournantes dans les différentes provinces, ensuite une grande manifestation nationale à Bruxelles qui réunit 120’000 personnes et enfin une grève générale qui paralysa tout le pays. L’ampleur du mouvement força le gouvernement à engager une négociation et amena de ce fait une pause dans la mobilisation syndicale.
La division du mouvement syndical et l’inégal développement des régions ont pesé ainsi une nouvelle fois sur ce mouvement social d’envergure contre les politiques d’austérité. D’une part, la CSC se contentant d’une amorce de la concertation et, d’autre part, la crainte de l’aile flamande de la FGTB, minoritaire en Flandre, de ne pouvoir mener seule une action d’envergure ont neutralisé la volonté de la FGTB Wallonne d’engager une épreuve de force avec le gouvernement.
Encore s’agit-il de tenir la distance. L’Etat social avait mieux résisté en Belgique par rapport aux autres pays de l’UE aux politiques d’austérité. A présent, la droite dispose avec le gouvernement actuel «d’une fenêtre d’opportunité» pour rattraper le retard perdu. Qu’en sera-t-il en fin de compte?
En tout cas la société belge a révélé dans la crise que le mouvement syndical, malgré ses divisions, avait conservé des grandes capacités de mobilisation mais aussi qu’elle était encore capable de produire des modes de résistance originales et créatives à même de nouer de nouvelles alliances. (Mateo Alaluf est professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Ce texte a été élaboré dans le cadre du Forum international qui s’est tenu à Lausanne les 20-21 et 22 mai. Cette contribution a servi de base à l’intervention de Mateo Alaluf le jeudi 21 mai, à l’UNIL)
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[1] Ernest Mandel, « The Dialectic of Class and Region in Belgium » New Left Review, Summer 1963, pp. 5-31.
[2] Ernest Mandel, « L’intégration européenne et le mouvement ouvrier », Les Cahiers du Centre d’Etudes Socialistes », N° spécial, septembre-décembre 1964. Les rapports étaient présentés par André Gorz, Ernest Mandel, Leio Basso, Pierre Naville et Jean-Marie Vincent. Avec les interventions d’André Barjonet, Jean Duret, Robert Fossaert, Claude Meillassoux, Serge Mallet, Antonio Lettieri, Albert Detraz, Livio Mascarello, Manuel Bridier, Jean Verger, Mario Lispi. Dans le processus d’unification européenne, Mandel mettra toujours l’accent sur la juxtaposition d’Etats Nationaux. La seule autre possibilité pour l’Europe étant, selon lui, le fédéralisme. Il ne percevra donc pas les formes actuelles empruntées par l’UE, loin du fédéralisme mais irréductible aux états. Voir aussi : Ernest Mandel, « Le Marché Commun en crise », La récession généralisée, Cahiers Rouge N°2, Ed. Taupe Rouge, Paris 1974. Site Ernest Mandel.
[3] Idem, (pp. 135-136-137).
[4] Alain Bihr, « Actualiser et complexifier l’approche marxiste de l’Etat », Communication au colloque international « Le troisième âge du capitalisme, sa physionomie socio-politique à l’orée du XXIe siècle », 20-22 mai 2015 Lausanne.
[5] Dans le Sud du pays, le Parti socialiste (PS), le Mouvement réformateur (MR, libéraux) et le CDH (Centre humaniste, démocrates chrétiens) sont des partis totalement distincts de leurs homologues flamands et se situent dans le « clivage communautaire ». Ecolo et Groen, bien que distincts, disposent d’un groupe parlementaire commun. Les Fédéralistes Démocrates Francophones FDF sont implantés principalement à Bruxelles. Les syndicats et les mutualités de santé sont organisés au plan national.
[6] La Volksunie, parti indépendantiste flamand fondé en 1954, connut diverses scissions dont l’une conduisit à la formation du Vlaams Blok, parti séparatiste d’extrême droite. La Volksunie se convertit au fédéralisme dans les années 1970 et participa à des coalitions gouvernementales. Elle contribua largement au processus de révision de la constitution qui conduira le pays au fédéralisme. Les divergences sur l’orientation de la stratégie nationaliste flamande ont entraîné l’implosion du parti en 2001.
[7] Notons pour compléter le schéma que simultanément se sont constitué des gouvernements Flamand comme reflet de la composante flamande du gouvernement fédéral mais aussi Wallon (PS et CDh) et Bruxellois (PS, CDH et FDF fédéralistes francophones +partis flamands ), des coalitions dites « asymétriques » dans la mesure où les libéraux du MR, seuls membres francophones du gouvernement fédéral, ne participent pas aux coalitions Wallonne et Bruxelloise.
[8] D’autant plus que les socialistes se trouvent à la tête des gouvernements Wallon (avec le CDh) et Bruxellois (avec le CDh et le FDF) sont également engagés dans des mesures de restriction budgétaire.
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