Inde. «Face aux millions de décès prématurés provoqués par la pollution atmosphérique, une politique intégrée s’impose»

Par Madhumita Paul

L’Inde a enregistré 867’000 décès en 2017 en raison de l’exposition aux particules fines (PM2,5). Le nombre de décès le plus élevé après la Chine. (Sur les risques pour la santé des particules fines voir ci-dessous la note [1])

En effet, la Chine est arrivée en tête de liste avec 1’387’000 décès. L’Indonésie arrive en troisième position, avec 94’000 décès, suivie de l’Egypte (88’000), du Pakistan (86’000), de la Fédération de Russie (68’000), du Bangladesh (64’000), du Nigeria (51’000) et des Etats-Unis (47’000), indique le rapport.

L’étude intitulée Global Burden of Disease from Major Air Pollution Sources: A Global Approach de Health Effects Institute (HEI), un institut de recherche indépendant à but non lucratif [dont le siège est situé à Boston, Massachusetts] a été publiée le 15 décembre 2021. Elle a analysé les données sur la pollution atmosphérique et la mortalité de 1970 à 2017.

En Inde, entre 1970 et 2017 (la période d’étude), les quatre premières régions sur les 200 présentant les plus fortes concentrations de PM2,5 – Singrauli [district de l’Etat de Madhya Pradesh], Kanpur [ville de l’Etat de l’Uttar Pradesh], Sitapur [ville de Etat de l’Uttar Pradesh] et Ahmedabad [la principale ville de l’Etat du Gujarat] – ont toutes connu une augmentation de la moyenne pondérée par la population (PWM) pour la masse de PM2,5. La PWM de ces endroits était de 14 à 16 fois supérieure à la moyenne annuelle préconisée dans les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Des études antérieures ont établi que les combustibles fossiles sont une source majeure d’émissions de PM2,5, piégées dans l’atmosphère en raison de divers facteurs atmosphériques,

Parmi les combustibles fossiles, c’est le charbon qui a le plus contribué, à l’échelle mondiale, aux décès liés aux émissions de particules. Selon l’étude : «En Inde, le charbon a représenté 16% des décès liés à la pollution atmosphérique en 2015 et 17,1% en 2017.»

Selon une autre étude publiée dans Environmental Research du 9 février 2021 [2], la pollution atmosphérique et les concentrations plus élevées de particules 2,5 dans l’air ambiant provenant de la combustion de combustibles fossiles ont causé 2,5 millions de décès prématurés en Inde en 2018.

A l’échelle mondiale, le nombre de décès associés à l’exposition aux PM2,5 en extérieur était de 2,07 millions en 2017 et a légèrement augmenté pour atteindre 2,09 millions en 2019, selon l’étude du HEI.

La combustion de combustibles fossiles a contribué à près de 1,05 million de décès en 2017 dans le monde, dont 800’000 en Asie du Sud ou en Asie de l’Est (32,5% des décès liés à la pollution atmosphérique dans ces régions), selon une nouvelle étude.

Le secteur industriel a également contribué au plus grand nombre de décès par 100’000 personnes en Corée du Nord, en Chine et en Inde.

La combustion de biocombustibles solides, tels que le bois pour le chauffage intérieur et la cuisine, est une autre source importante de PM2,5, responsable de 740’000 décès supplémentaires, principalement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.

A elle seule, la combustion du charbon est seule responsable de la moitié de ces décès, tandis que la combustion du gaz naturel et du pétrole est responsable de l’autre moitié, selon l’étude. Les autres sources mondiales dominantes sont les secteurs résidentiel, industriel et énergétique.

Les régions où les contributions anthropiques sont importantes sont généralement celles où le nombre de décès attribuables est le plus élevé. L’élimination complète du charbon en Chine et en Inde pourrait réduire de près de 20% la charge de morbidité mondiale liée aux PM2,5, suggère l’étude.

Ce nouveau rapport rassemble, pour la première fois, des estimations complètes des sources les plus courantes de PM2.5, avec une déclinaison à l’échelle mondiale, régionale et nationale. Pour aboutir à ces résultats, les recherches ont été effectuées à l’aide d’inventaires actualisés d’émissions, de la surveillance par satellite ainsi que de la qualité de l’air, et d’études sur les rapports entre la qualité de l’air et la santé

Les chercheurs appellent à l’intégration des politiques en matière de qualité de l’air, d’énergie et de climat pour obtenir des avancées effectives pour la santé. (Article publié le 20 décembre 2021 sur le site indien Down To Earth; traduction rédaction A l’Encontre)

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[1] Dans un communiqué de l’OMS, datant du 22 septembre 2021, intitulé «Les nouvelles lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air visent à éviter des millions de décès dus à la pollution atmosphérique» il est précisé: «Les risques pour la santé associés aux particules d’un diamètre égal ou inférieur à 10 et 2,5 microns (PM10 et PM2.5, respectivement) revêtent une importance particulière pour la santé publique. Les PM2.5 et PM10 peuvent pénétrer profondément dans les poumons. Toutefois, les PM2.5 peuvent même entrer dans la circulation sanguine. Elles ont principalement des effets sur les systèmes cardiovasculaire et respiratoire, et affectent également d’autres organes. Les PM proviennent essentiellement de la combustion de carburants dans différents secteurs, notamment les transports, l’énergie, les ménages, l’industrie et l’agriculture. En 2013, la pollution de l’air extérieur et les particules en suspension ont été classées comme oncogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS.» (Réd.)

[2] Etude conduite par: Harvard TH Chan School of Public Health, Harvard University, University of Birmingham and University of University of Leicester. (Réd.)

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