Nicaragua. Le «dialogue national» et les plans d’Ortega-Murillo. La conjoncture en date du 24 juin

Par Oscar-René Vargas

1.- Depuis le 24 juin 2018, Diriamba, Masaya, Jinotepe, Nagarote (municipalité du département de Léon), León et d’autres villes du pays sont sans autorités officielles après des affrontements sanglants entre la police, les paramilitaire et les bandes armées – qui constituent l’armée irrégulière créée par Ortega-Murillo – et les manifestant·e·s. Ces municipalités n’ont donc pas de maires et aucune entité du gouvernement central n’y fonctionne.

2.-Le 23 juin, la police, les milices, les paramilitaires et les milices, cagoulées, ont lancé des attaques à Managua, Masaya, Diriamba, Estelí, León et Jinotepe, faisant au moins 7 morts et des dizaines de blessés. L’objectif était de démanteler les barricades construites il y a plusieurs semaines. La répression dans différentes villes a atteint des niveaux de brutalité sans précédent.

3.- Selon le rapport officiel de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), entre le 18 avril et le 19 juin 2018, «l’action répressive de l’Etat a fait au moins 212 morts, 1337 blessés et 507 détenus arbitrairement.» Ortega-Murillo ont créé un système de terrorisme d’Etat avec l’aide de groupes paramilitaires et de la police pour répandre la terreur dans diverses parties du pays. Le gouvernement met en œuvre des moyens illicites pour répandre la terreur au sein de la population parce que son objectif est la «domination politico-sociale». En fin de compte, le couple Ortega-Murillo continue d’exercer un contrôle absolu sur les forces armées.

4.- Dans la semaine du 19 au 24 juin 2018, le binôme Ortega-Murillo peut être considéré comme victorieux à première vue en raison du déploiement répressif, de la force et de la terreur imposées par ses paramilitaires et les assassins enrôlés. Mais cette semaine qui se termine a connu deux grands événements, l’un d’entre eux possède une force symbolique et a un impact médiatique. Le succès des évêques catholiques qui se sont rendus à Masaya pour mettre fin au massacre perpétré par les forces paramilitaires. Le couple présidentiel a accumulé plus de haine et de ressentiment en imposant la force brute, la torture, l’emprisonnement et la mort dans différentes villes du pays.

Ensuite, au plan international, un autre épisode doit être relevé. La session du Conseil permanent de l’Organisation des Etats américains (OEA) et la présentation d’un rapport de 91 pages de la CIDH, qui relate les violations les plus flagrantes des droits de l’homme, a mis à nu la dictature et l’a laissée seule devant le monde entier.

5.- Sept semaines après avoir pris possession des installations de l’Université nationale du Nicaragua (UNAN-Managua), le 22 juin, les étudiants universitaires ont été attaqués par des forces policières «antiémeute» et des tireurs d’élite, blessant 15 personnes par balles, kidnappant 3 et tuant deux étudiants.

6.- Les jeunes kidnappés lors des différentes manifestations et relâchés sous la pression des évêques de la Conférence épiscopale nicaraguayenne (CEN) affirment qu’ils ont été détenus par des civils armés pro-gouvernement, qui les ont battus et les ont ensuite emmenés la prison d’El Chipote. Ils y ont été frappés avec les crosses de leurs fusils. On les a menacés de les tuer et de les agresser sexuellement.

7.- L’économie nicaraguayenne est plus fragile qu’il n’y paraît. L’économie est importante, mais ce n’est pas le problème central. Personne ne veut payer les plats cassés par une bande de corrompus. En plus de l’obstination à conserver le pouvoir politique, s’ajoute celle consistant à protéger l’argent détourné par le couple présidentiel et son cercle d’amis rapprochés.

8.-L’économie est en chute libre et la Banque centrale du Nicaragua (BCN) l’a souligné avec un chiffre révélateur: en avril, l’activité a chuté de 26%. Le soulèvement populaire a commencé le 19 d’avril. En juin, le ralentissement économique s’est aggravé. Les banques privées ont perdu 563,4 millions de dollars, sous forme de retraits d’épargne. Le gouvernement a retiré 107 millions de dollars américains des réserves internationales de la BCN pour faire face à la réduction des recettes fiscales. Si une paix sociopolitique n’est pas rétablie, l’économie entrera bientôt dans un état comateux.

9.- Le secteur du tourisme a été très fortement impacté suite la suppression de quelque 60’000 emplois, soit les 50% des emplois liés à ce secteur. La plupart des hôtels et restaurants ont suspendu leurs activités.

10.- La Chambre des exportateurs du Costa Rica affirme que la crise sociopolitique du Nicaragua affecte les exportations de ce pays, puisque le Nicaragua est son cinquième partenaire commercial et est le pays de transit terrestre pour les exportations vers le Honduras, El Salvador et le Guatemala.

11.- Au Nicaragua, sur les dix produits qui concentrent les revenus d’exportation les plus importants au cours du premier trimestre 2018, six ont enregistré des baisses, selon un rapport de la Banque centrale du Nicaragua.

12.- Entre le 19 et le 21 juin, environ 600 hommes armés, y compris des policiers, des soldats de l’armée et des partisans armés du gouvernement engagés pour tuer et terroriser, en convoi, ont emprunté la route principale pour entrer dans Masaya. Ils ont démoli 3 barricades afin d’atteindre le Rond-point de San Jerónimo (à l’entrée de Masaya). De là, ils ont emprunté la principale route d’accès. Ils ont dû affronter quelques centaines d’habitants, qui se défendaient avec des mortiers artisanaux, des pierres et des frondes. Mais les habitants ont dû battre en retraite sous l’intensité des tirs.

Le cardinal Léopoldo Brenes et le Nonce apostolique à Masaya

13.- Une armée irrégulière armée jusqu’aux dents contre un peuple non armé a dû se battre pendant 7 heures pour avancer de 12 blocs (de maisons). Ces «milices» n’ont pu s’emparer que de 2 rues; elles n’ont pas pu entrer dans les quartiers, les barricades y sont encore intactes, inchangées. Ils ont tué 6 personnes et en ont blessé 43, dans la même rue où ils sont entrés et sont sortis. Le peuple aguerri et marqué par l’histoire [il fut l’un des bastions de l’insurrection sandiniste de 1978-1979] de Monimbó [qui se trouve à la périphérie de Masaya], attendait ce qui n’est pas arrivé, l’attaque des milices. Comme indiqué auparavant, des évêques, le Nonce apostolique et des prêtres se sont rendus à Masaya pour arrêter le massacre, ce qui fut fait. Dès lors, n’y a rien à célébrer pour le gouvernement.

14.- Durant ces mêmes jours, des fourgons Toyota Hilux [caractéristiques des camionnettes appartenant aux forces de «l’ordre»] remplis de flics antiémeutes et de paramilitaires sont entrés dans la ville de Granada [sur les rives du lac Nicaragua – voir carte du Nicaragua en fin d’article] pour détruire les barrages. Des reportages indiquent que les villes León, Matagalpa et Estelí ont connu des situations d’extrême tension. La ville d’Estelí a été attaquée comme Masaya.

15.- L’armée est officiellement toujours dans les casernes sans intervenir dans la crise sociopolitique. Mais personne ne le croit. Le binôme Ortega-Murillo a créé une armée irrégulière qui dispose d’un commandement, d’une structure, de fournitures, de casernes, d’armes de guerre, de véhicules à mobiliser et d’un déploiement sur le territoire. L’Armée nationale continue d’affirmer qu’elle n’intervient pas, mais montre au moins une complicité passive avec l’armée irrégulière.

16.- Le secrétaire général de l’OEA (Organisation des Etats américains), Luis Almagro, a demandé au gouvernement du Nicaragua de soutenir les évêques du CEN (Conférence épiscopale du Nicaragua), afin de mettre fin à la répression à Masaya. «Nous exigeons l’arrêt immédiat de la répression des habitants de Monimbó à Masaya. Nous demandons au gouvernement du Nicaragua de soutenir les évêques qui exigent la paix dans la ville», a écrit L. Almagro. La déclaration sévère d’Almagro indique un écart par rapport au plan Penco-Ortega [Wilfrido Penco dirige la mission de l’OEA à Managua concernant le système électoral] qui proposait des élections en 2021. Maintenant, ce plan est en faveur d’un atterrissage en douceur, c’est-à-dire des élections anticipées en 2019, suite à une «suggestion» des Etats-Unis.

17.- Le 20 juin, sous la pression des événements, le gouvernement Ortega-Murillo a officiellement invité l’ONU, l’OEA et les organes des droits de l’homme de l’Union européenne à se rendre dans le pays la semaine prochaine, à partir du lundi 25 juin. Dans sa tactique visant à gagner du temps, Ortega a également reçu l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’OEA, Carlos Trujillo.

18.- Le 23 juin, une marche était prévue à Managua. Elle a été suspendue par les organisateurs en raison des attaques violentes menées par les paramilitaires et les milices armées par le gouvernement dans de nombreux quartiers de la capitale à l’aube et au cours de la matinée.

19.- Le même 23 juin, la Conférence épiscopale nicaraguayenne (CEN) a appelé à une reprise du dialogue le 25 juin et a indiqué qu’une réponse d’Ortega à la proposition d’avancer les élections était nécessaire.

20.- Le secrétaire exécutif de la CIDH a confirmé l’arrivée au Nicaragua d’une équipe de la CIDH pour conseiller l’une des Commissions de dialogue national le lundi 25 juin ou mardi 26.

21.- La Commission de vérification et de sécurité aura pour tâche d’assurer la sécurité et de veiller à ce que la vie des personnes qui tiennent les barrages routiers dans les villes, dans les quartiers et sur les routes ainsi que de celles qui manifestent ne soit pas mise en danger.

22.- Les arguments avancés à titre individuel par les principaux dirigeants de la bourgeoisie nicaraguayenne ont été repris collectivement, non seulement par eux, mais aussi par tous les présidents des instances affiliées au COSEP (Consejo Superior de la Empresa Privada – Conseil supérieur des entreprises privées).

23.- Il faut rappeler qu’un document inhabituel, réunissant tous les entrepreneurs, y compris l’oligarchie financière, a été publié le 30 mai 2018. Il a été adressé, sous forme de lettre, à Daniel Ortega. Il visait à le convaincre de la nécessité d’anticiper les élections et de mettre en œuvre un ensemble de réformes démocratiques.

24.- Dans sa partie centrale, cette lettre des principaux hommes d’affaires, publiée dans le quotidien La Prensa,déclare ce qui suit: «[…] nous considérons qu’il est urgent de mettre en œuvre les réformes nécessaires qui permettront d’avancer les élections d’une manière ordonnée et avec un Conseil électoral suprême renouvelé, les deux dates devant être déterminées dans le cadre du dialogue national. […] afin d’essayer d’accélérer les mécanismes de dialogue et de négociation et de sauver notre nation, nous pensons qu’il convient d’inviter des représentants d’organisations internationales telles que l’OEA et l’Union européenne à s’impliquer en tant que conseillers et garants de la mise en œuvre des accords […].»

25.- Concrètement, les intentions des hommes d’affaires sont les suivantes. Ils ne veulent pas que le gouvernement Ortega-Murillo démissionne, mais plutôt qu’il mette en œuvre, avec l’OEA et les Etats-Unis, un ensemble de réformes démocratiques pour avancer la date des élections, afin d’empêcher l’insurrection populaire de triompher du régime. Ils veulent des changements graduels qui ne mettent pas leurs entreprises en danger. Ils ne veulent pas le triomphe d’une véritable révolution démocratique et, sur ce point, ils coïncident avec le gouvernement Ortega-Murillo.

26.- Le Conseil permanent de l’OEA, réuni à Washington le vendredi 22 juin, a pris connaissance du rapport officiel de la CIDH ayant trait à la visite effectuée à la mi-mai, rapport complété suite aux dernières atrocités commises par le gouvernement Ortega-Murillo. Tous les discours des ministres latino-américains des affaires étrangères, des Etats-Unis et du Canada, à l’exception du Nicaragua, du Venezuela et de la Bolivie, ont approuvé le rapport et ont convenu de condamner les violations des droits de l’homme au Nicaragua.

27.- Mais cette condamnation symbolique du gouvernement Ortega-Murillo – parce que aucune mesure contraignante n’a été prise – n’était pas désintéressée. Derrière les discours critiques se cache la politique du Département d’Etat états-unien, qui stipule que des élections anticipées doivent être organisées au Nicaragua alors qu’Ortega-Murillo sont encore au pouvoir.

28.- Les élections anticipées, selon le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, devraient avoir lieu «dans un délai minimum de neuf mois, compte tenu de la nécessité de mettre à jour le registre électoral, et dans un délai maximum de quatorze mois».

Barrage à Monimbo

29.- J’ai l’impression que les élections anticipées de mars 2019 étaient déjà négociées, de sorte qu’aucun pays ne condamnera ouvertement le gouvernement Ortega-Murillo. Tous ont soutenu le rapport de la CIDH et la tenue d’élections au premier trimestre 2019. Entre-temps, la répression sélective se poursuit et se poursuivra. Le gouvernement continuera de démonter les barricades et les barrages routiers dans différentes villes et sur les principales routes du pays.

30.- La hiérarchie catholique tient un langage sévère envers Ortega: «Le dialogue ne reprendra pas comme prévu, parce que le gouvernement doit faire preuve de volonté politique. Ce n’est pas un jeu, c’est sérieux pour l’avenir du Nicaragua. Plus personne ne peut être tué ici»,a affirmé Monseigneur Silvio Baez, évêque auxiliaire de Managua.

31.- La revendication générale du peuple nicaraguayen exige, dans un premier temps, avant d’appeler à des élections démocratiques, la destitution immédiate du gouvernement Ortega-Murillo. Dans des conditions normales, une crise politique doit être résolue par des élections, mais dans le cas du Nicaragua, le système électoral et toutes les institutions de l’Etat sont corrompus jusqu’à la moelle.

32.- La période de neuf à quatorze mois, proposée par Almagro, coïncide avec la proposition présentée, en son temps, par les évêques à Ortega-Murillo. Elle consistait à avancer les élections générales. Les évêques l’ont émise en tant que médiateurs du Dialogue national. Cette proposition, si elle se concrétise, donnerait au gouvernement Ortega-Murillo des mois de plus de survie politique, alors que la majorité du peuple exige sa démission immédiate.

33.- En d’autres termes, le gouvernement Ortega-Murillo serait responsable de la convocation et de l’organisation des élections anticipées. Il est clair qu’un gouvernement ayant des antécédents de multiples fraudes électorales et ayant les mains pleines de sang ne serait strictement pas «approprié» pour une question aussi cruciale que la convocation et l’organisation d’élections anticipées. Une véritable réforme démocratique ne sera jamais réalisée sous le gouvernement Ortega-Murillo.

34.- Lors d’une conférence de presse le 22 juin, l’Alliance civique pour la démocratie et la justice (ACDJ) s’est félicitée de la résolution de l’OEA sur le rapport de la CIDH. Mais en ce qui concerne la proposition d’Almagro de convoquer des élections anticipées, la CIDH ne s’y oppose pas. Peu à peu, sa position tend à coïncider complètement avec celle de l’OEA.

35.- L’ACDJ est une coalition formée de groupes d’entrepreneurs (COSEP, AMCHAM/Chambre de commerce et d’industrie à Managua et FUNIDES/Fondation pour le développement économique et social, présidée par Juan Sebastian Chamorro) et de groupes d’étudiants ainsi que d’importantes organisations de la société civile, comme le mouvement paysan et, par exemple, les étudiants de l’Université nationale d’agronomie. Bien que la lutte démocratique ait été initiée par les étudiants, ce sont finalement les hommes d’affaires qui mènent les négociations, soutenus par l’Eglise catholique.

36.- Les groupes d’étudiants et les mouvements sociaux ont perdu leur indépendance politique et leur capacité conflictuelle, à tel point qu’ils ont accepté que soit écartée comme priorité dans l’agenda politique la démission immédiate d’Ortega-Murillo. De facto, les hommes d’affaires ont pris le contrôle des négociations, même s’ils ne mènent pas la lutte sur les barrages routiers et les barricades.

37.- Depuis le début de la crise, les dirigeants des grands groupes d’affaires se sont prononcés en faveur d’une élection anticipée et n’ont jamais dit ou laissé entendre que le gouvernement Ortega-Murillo devrait démissionner immédiatement. Au contraire, ils travaillent discrètement pour que le Dialogue national adopte la décision de convoquer des élections anticipées en mars 2019, donnant au gouvernement Ortega-Murillo une bouffée d’air frais.

38.- Le gouvernement d’Ortega-Murillo a mis en place un autre mécanisme de dissuasion pour affaiblir les entrepreneurs, en particulier dans le secteur agricole. Il y a des occupations successives de terres privées dans différents départements du pays par des personnes clairement identifiées avec le parti d’Ortega et Murillo. Les plaintes se succèdent jour après jour, mais les autorités n’agissent pas, sous le prétexte de l’urgence nationale qui les oblige à aborder des questions plus importantes.

Les forces «antiémeutes» à Nagarote, le 24 juin 2016

39.- Les entrepreneurs sont enclins à faire avancer les élections parce qu’ils craignent profondément le processus en cours de révolution démocratique. La peur face aux combattants qui organisent les barrages les conduit à accepter la prolongation du gouvernement Ortega-Murillo. Ils refusent donc d’exiger la démission immédiate de ce gouvernement meurtrier. De cette façon, les éléments de la négociation commencent à se concentrer sur un seul point: les élections anticipées sous le gouvernement Ortega-Murillo. En attendant, le gouvernement profite de la situation pour poursuivre son offensive militaire afin de démanteler avec des armes les barrages.

A partir de 22h, le dimanche 24 juin, l’armée irrégulière, créée par Ortega-Murillo, a commencé à attaquer les villes de Nagarote, Tipitapa [l’une des neuf municipalités du département de Managua], Matagalpa, Masaya, Estelí, Jinotepe et Wiwilí [dans le département de Jinotega]. C’est-à-dire des villes qui ont été actives et organisées dans l’insurrection civique. Ces attaques synchronisées ont eu lieu le jour même où la CIDH et d’autres agences sont arrivées au Nicaragua dans l’après-midi. Pour ces organismes, ce sera un test décisif, car leur rôle consiste à ne pas tolérer cette violence gouvernementale.

40.- La stratégie d’Ortega n’abandonne pas du tout le pouvoir, un scénario que j’ai énoncé il y a quelques semaines: Ortega reste au pouvoir, étouffe et écrase la rébellion. Il ne se soucie pas des menaces, des offres et des arrangements avec la communauté internationale. Il reste et recompose un nouveau modèle de gouvernance face à l’échéance électorale de mars 2019. Pour ce faire, il doit, à l’échelle nationale, finir de démanteler les barrages et, par conséquent, poursuivre la répression aveugle.

41.- En même temps, il peut négocier avec les Etats-Unis et les grandes entreprises un nouveau modèle et oxygéner les partis politiques pour diviser les forces d’opposition à l’approche des élections de mars 2019. Il a en tête le cas vénézuélien, il est clair à ce sujet. Il peut envisager des changements au sein du Conseil électoral suprême (CSE), peut-être même dans d’autres institutions, mais il reste au pouvoir et organise les élections.

42.- Il faut avoir à l’esprit que la grève générale du 14 juin a été un succès total. Dès lors, la pression sociale contre le gouvernement massacreur doit s’intensifier. Pour arrêter l’offensive criminelle contre les barrages, pour forcer Ortega-Murillo à mettre fin aux activités de leurs milices criminelles, les organisations de la société civile et ceux qui combattent sur les barrages et barricades réclament une nouvelle grève générale de 48 heures, la seule façon d’arrêter la répression et d’avancer vers l’objectif central: la démission immédiate du gouvernement Ortega-Murillo. L’ACDJ a déclaré: «Nous prenons note de la proposition de grève générale.»

43.- Face à ce panorama effrayant, le régime et ses sbires restent au plan social pratiquement seuls. Ils ne sont soutenus que par le contrôle de l’appareil répressif (officiel et irrégulier) et de certains groupes: la nouvelle classe qui a bénéficié de ce régime. La conclusion est claire: pour le bien du Nicaragua, Ortega-Murillo doit immédiatement cesser la répression et abandonner le pouvoir.

44.- A cela doit s’associer l’enquête par des organes indépendants de défense des droits de l’homme sur les crimes commis et l’ouverture immédiate de poursuites judiciaires contre les responsables, conduites par des tribunaux composés de juges n’ayant aucun lien avec le gouvernement Ortega-Murillo. (Managua, 24 juin 2018, texte envoyé par l’auteur, traduction A l’Encontre)

 

Carte politique du Nicaragua. Source: mapsopensource.org

 

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