Ultra-réactionnaire en France…
Le Front national, organisation bourgeoise ultra-réactionnaire, développe en France une politique nationaliste et xénophobe dont tout le monde connaît les manifestations. Elle vise essentiellement à essayer de diviser les travailleurs et travailleuses entre eux, cherchant à dresser les travailleurs «français» contre ceux récemment immigrés. Il mène des campagnes contre les travailleurs sans papiers et ne dit mot des patrons qui profitent que des travailleurs n’aient pas de papiers pour les surexploiter. Il accuse (site du FN du 06) les immigré·e·s de vivre «aux crochets des Français!» (sic) alors que ces travailleurs produisent… au profit des patrons français qui les exploitent: ce sont les patrons français qui vivent «aux crochets» des travailleurs, immigrés inclus !
Ce discours xénophobe et ultra-conservateur est maquillé de prétentions «sociales»… (réservées aux «nationaux»). En réalité, le FN protège le capitalisme avec acharnement comme n’importe quel parti bourgeois. Pour lui, pas question de s’attaquer aux rentiers et à la propriété privée des moyens de production, pas question de mettre en cause les fondements du capitalisme.
Le FN fait des discours sur l’emploi et les salaires mais, comme tout parti au service du patronat, il n’est pas question pour lui d’interdire les licenciements ni de rétablir l’indexation des salaires sur les prix. De même défend-il l’enseignement privé tout en prétendant défendre l’école.
…ultra-réactionnaire sur la question syrienne…
En Syrie, depuis plus de trois ans, le régime de Bachar el-Assad massacre le peuple syrien qui avait osé manifester pacifiquement pour la liberté: la Syrie est devenue un enfer où les tueurs au service de la dictature torturent et assassinent à une échelle de masse rarement vue dans le monde depuis des décennies.
Ce régime criminel bénéficie du soutien du gouvernement russe: Poutine arme Bachar et le protège à l’ONU. La Chine et l’Iran soutiennent également Bachar, et aujourd’hui les milices envoyées par l’Iran, ou financées par elle (comme les milices libanaises du Hezbollah) constituent le gros des troupes qui terrorisent la population syrienne et combattent les insurgés.
Le régime de Bachar continue aussi de bénéficier de la bienveillance des grandes «puissances» (notamment des impérialismes américains et français) qui «protestent», mais laissent le régime continuer de massacrer, y compris en utilisant des gaz, et refusent de livrer aux insurgés les armes dont ils ont besoin. A cela s’ajoutent certaines milices fanatiques [Etat islamique en Irak et au Levant-EIIL] qui prétendent combattre Bachar, mais sont utilisées en sous-main par les services du régime.
Et le FN? LE FN prétend qu’il ne «soutient pas» Bachar. En réalité, le soutien est réel. En témoignent les déclarations de la députée Marion Maréchal-Le Pen qui, le 18 mars 2012, affirme que, certes, ce régime est «éminemment critiquable, probablement abject sur beaucoup de choses», mais qu’il avait deux mérites: «préserver relativement le droit des femmes» et «faire cohabiter pacifiquement des minorités qui demain vont se faire massacrer».
Propos d’autant plus répugnants que les nervis du régime utilisent massivement le viol pour terroriser la population et la briser moralement, et tentent de dresser les uns contre les autres les différentes composantes de la population.
…en défense de Poutine et de l’intervention russe en Ukraine
En Ukraine, une révolution populaire, en février, a chassé le régime de Ianoukovitch, protégé de Poutine. Les medias ont focalisé sur le fait que parmi les manifestants combattant la police de Ianoukovitch, il y avait des fascistes (partis Svoboda et Pravy Sector). Or ceux-ci n’étaient qu’une minorité, et les élections fin mai ont prouvé que ces groupes sont aujourd’hui très minoritaires en Ukraine (1,7% à deux).
Fait notable: Marine le Pen refuse de soutenir ces fascistes ukrainiens (alors que son père, le 23 novembre 2009, signait un protocole d’accord avec Svoboda). Car le FN a aujourd’hui choisi d’autres amis: le FN préfère appuyer les opérations politiques et militaires de Poutine contre l’Ukraine car l’essentiel, pour Poutine et le FN, c’est de combattre contre toute insurrection populaire qui menacerait une dictature.
Ainsi, le 18 mai, elle déclare au quotidien autrichien Kurier, que Poutine «est attaché à la souveraineté de son peuple. Il a conscience que nous défendons des valeurs communes.» Les valeurs qui ont permis à Poutine de massacrer le peuple tchétchène? [1]
Pourtant, le nouveau gouvernement qui a pris le pouvoir en Ukraine après l’essor de la révolution démocratique est lui-même très réactionnaire (les travailleurs ukrainiens n’ayant pas de partis qui puissent prendre le pouvoir, c’est un oligarque – Petro Porochenko, le «roi du chocolat» – qui vient d’être élu à Kiev). Mais le Front national préfère Poutine, et soutient l’annexion de la Crimée par le régime de Moscou: «La position de Poutine est à mon avis inattaquable», déclare Jean-Marie Le Pen le 18 mars 2014 [2].
Le 12 avril, Marine Le Pen rencontre le président de la Douma de Russie depuis décembre 2011, Sergueï Narychkine, et reprend à son compte le projet d’une «fédéralisation» de l’Ukraine que Poutine veut imposer à l’Ukraine pour mieux la disloquer.
Combattre les positions du FN sur le plan international
Trop d’organisations disent «combattre le FN» mais ne combattent pas pour autant toutes ses positions.
Au niveau international, combattre le FN, c’est aussi mobiliser en défense de la révolution populaire syrienne, contre toutes les interventions qui visent à aider Bachar, pour le droit des insurgés à obtenir les moyens nécessaires à la défaite du régime dictatorial (et de ses complices djihadistes qui poignardent dans le dos la révolution syrienne).
C’est refuser que des armes soient livrées à Poutine, dont les forces militaires interviennent en sous-main en Syrie et en Ukraine. C’est refuser que le gouvernement Hollande livre à Poutine deux puissants navires de guerre, alors que le FN, le 18 mars, se scandalisait que ces navires construits en France puissent ne pas être livrés à la Russie de Poutine.
Combattre le nationalisme du FN, c’est agir en internationaliste: la classe ouvrière et la jeunesse n’ont pas de patrie! (3 juin 2014)
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[1] Le 18 mai 2014, Marine Le Pen ajoutait que ces valeurs sont celles de l’ héritage chrétien » de la civilisation européenne. «Il ne retrouve probablement pas ces qualités de courage, de franchise, et de respect de l’identité et de la civilisation dans d’autres mouvements politiques français.» Selon Le Monde du 18 mai 2014, le chef du parti autrichien d’extrême droite FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche –Freiheitliche Partei Österreichs) Heinz Christian Strache, a de même comparé, en avril 2014, Vladimir Poutine à un «pur démocrate, mais avec un style autoritaire».
En 2011, Marine Le Pen, dans un entretien au quotidien russe Kommersant, déclarait, selon la traduction du quotidien Ouest-France du 13 octobre 2011: «Je ne cache pas que dans une certaine mesure j’admire Vladimir Poutine. Il commet des erreurs, mais qui n’en commet pas? La situation en Russie n’est pas facile, et on ne peut pas régler rapidement les problèmes issus de la chute de l’URSS.» (Réd. A l’Encontre)
[2] Jean-Marie Le Pen – sans dérapage contrairement à ce que certains médias laissent entendre – a tenu des propos antisémites, le 6 juin 2014, sur une vidéo du site du Front national. Il s’attaquait à Patrick Bruel qui a déclaré son opposition au FN et son refus, avec d’autres artistes, de chanter dans des villes ayant des maires du FN suite aux élections municipales. Jean-Marie Le Pen a affirmé qu’on en «fera une fournée la prochaine fois». Chassez le naturel, il revient au galop. En 1995 déjà, Jean-Marie Le Pen n’avait de cesse d’appeler Patrick Bruel «Monsieur Benguigui» – le nom de famille de Patrick Bruel –, alors que ce dernier refusait de jouer à Toulon, ville conquise à l’époque par Jean-Marie Le Chevalier du FN.
Celle qui s’entretenait avec Jean-Marie Le Pen le 6 juin, Marie d’Herbais de Thun, travaille pour la communication du FN et côtoie de près Le Pen assurant une partie des entretiens publiés sur le site du FN sous le titre «Journal de bord». Le service d’ordre du FN s’est entraîné dans le château d’Alincourt appartenant à cette famille d’extrême droite. Sur sa page Facebook se trouvent des messages de soutien au skinhead accusé d’avoir tué Clément Méric le 5 juin 2013. Ses «pères» de référence – au-delà de l’histoire familiale – sont Jean-Marie Le Pen, Bachar el-Assad et Vladimir Poutine.
Comme aimait à le répéter Frantz Fanon, son professeur en Martinique lui indiquait que derrière chaque antisémite se cachait un négrophobe. (Réd. A l’Encontre)
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