Movimento per il Socialismo (Tessin)
Nous publions ci-dessous la prise de position du Movimento per il Socialismo (MPS) diffusée dans un spécial Solidarietà, cela à l’occasion de la manifestation du premier mai 2008 à Bellinzone.
Le Corriere del Ticino du 2 mai 2008 titrait en première: «A Bellinzone 8000 personnes sont descendues dans la rue». En page 9, le quotidien tessinois écrivait: «Plus de 8000 personnes, hier, à Bellinzone, ont manifesté leur solidarité aux travailleurs des Ateliers CFF.» (Officine).
Dans le reportage consacré à cette mobilisation, le quotidien cite Matteo Pronzini (secrétaire d’UNIA qui assume ouvertement son adhésion au MPS): «Il a exhorté les ouvriers et les travailleurs tessinois à rester vigilants et attentifs: la table ronde sur l’avenir des Officine [la table ronde qui devait se tenir initialement le 2 mai a été déplacée au 14 mai 2008] ne peut se dérouler jusqu’à l’infini. Si le 1er juin, les réponses que nous attendons ne sont pas encore là, nous organiserons d’autres initiatives de protestation.» Pronzini continue ainsi: «L’unité syndicale – qui a trouvé son point culminant durant la grève d’un mois – a fait la démonstration qu’ensemble et unis, les batailles peuvent être gagnées.» Ivan Cozzaglio a, lui, souligné «la centralité politique d’un premier moment durant lequel le mouvement syndical a pu avancer de manière compacte en défense du travail au-delà des appartenances sectorielles différentes.» Gianni Frizzo, le porte-parole du comité de grève, a mis l’accent dans son intervention sur les choix des dirigeants de CFF Cargo et des CFF qui, pour défendre des intérêts privés, foulent aux pieds les droits des travailleurs.
Les manifestants ont eu la surprise de voir s’exprimer Vasco Pedrina, ancien coprésident d’UNIA. Pour la première fois, il avait fait l’effort de se rendre au Tessin, alors que la grève avait commencé le 7 mars. Il est vrai que dans le passé, Vasco Pedrina s’était occupé de trafic européen des wagons-lits, avant de prendre des responsabilités dans l’appareil central des syndicats. (cau)
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Jamais, comme au cours de ces derniers temps, le capitalisme n’a fait la démonstration d’être un système économico-social qui ne permet pas de répondre aux besoins essentiels de la population qui vit sur la planète Terre: se nourrir, avoir un toit, apprendre à lire et à écrire, avoir un travail. Tous droits qui font partie de ces droits de l’être humain sur lesquels le capitalisme libéral prétend s’ériger. Le capitalisme a fait la démonstration, désormais durant plus de trois siècles d’existence, qu’il n’est pas apte à satisfaire ces besoins fondamentaux pour toutes et tous dans le monde; un capitalisme qui, depuis au moins un siècle, connaît une mondialisation que seule une analyse superficielle peut attribuer aux développements des dernières décennies.
Les révoltes de la faim de ses dernières semaines (prenons par exemple celles très dures qui se sont déroulées en Egypte, pour ne mentionner qu’un seul cas) constituent une confirmation supplémentaire de la dégradation de cette situation.
L’imposition de modèles de production orientés vers l’exportation et l’agro-business – il suffit de penser à un pays comme le Brésil – a de fait accentué la situation des crises alimentaires qui frappent de nombreux pays; pays qui, paradoxalement, sont des producteurs de biens de première nécessité.
Mais, aussi les conditions des salariés et des salariées desdits pays développés sont allées peu à peu en se dégradant au cours de ces deux dernières décennies. Chômage de masse, précarité, pauvreté: ce sont désormais des termes qui font partie du langage courant et qui servent à définir les conditions de vie de centaines de millions de travailleurs et travailleuses.
Les perspectives qui se profilent ne semblent pas être des meilleures. Ce qui était présenté, il y a encore quelques mois, comme une turbulence financière, résultat du dévergondage de quelques groupes de grands banquiers, se traduit actuellement comme une crise économique majeure et profonde. Et quelques-uns n’hésitent pas, désormais, à faire appel à l’analogie de phases de dépressions économiques comme celle des années 1930. Il est évident, dans tous les cas, que l’offensive des classes dominantes, afin de pouvoir maintenir intacts les profits et les privilèges, va connaître une nouvelle accélération et que les conditions de vie et de travail des salariées et des salariés seront encore plus mises sous pression. Face à cet ensemble, une nouvelle politique est nécessaire qui remette au centre la critique de fond du capitalisme, de ses mécanismes de fonctionnement, de ses valeurs et de ses perspectives.
Est nécessaire une politique radicalement différente de celle que défend une grande partie de la gauche social-libérale, préoccupée (en Suisse comme à l’extérieur) d’adapter toujours plus sa politique à la compatibilité avec le monde capitaliste et à aux exigences de ce dernier.
Une gauche de gauche, une gauche qui veut retrouver ses propres racines ne peut que mettre en question la logique capitaliste et marchande. Cela est possible et nécessaire. Les travailleurs des Ateliers CFF de Bellinzone (Officine) ont fait la démonstration, avec leurs actions, qu’ils ont pu et su se battre contre ces logiques de privatisations.
Une gauche de gauche ne peut être que radicalement anticapitaliste et antilibérale. C’est à partir de là que doivent recommencer tous ceux qui, aujourd’hui, sont désemparés face à la crise que traverse la gauche social-libérale, non seulement en Suisse mais dans l’ensemble de l’Europe.
Le MPS est prêt à discuter avec tous ceux qui agissent dans cette perspective afin de construire une réelle force anticapitaliste capable d’être un acteur, un protagoniste, des luttes sociales et politiques des prochaines décennies.
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