Par Mahmoud Mushtaha (Gaza City)
Un climat d’horreur et de peur s’est à nouveau répandu dans la bande de Gaza après que les forces d’occupation israéliennes ont repris leurs opérations militaires dans la matinée du 1er décembre. L’agression israélienne sur la bande de Gaza se poursuit pour le 56e jour, accompagnée d’un blocus rigoureux et de pénuries alimentaires.
Depuis les premières heures du 1er décembre, l’armée israélienne a tué 109 civils et ouvert une nouvelle phase de combats contre les habitants du sud de la bande de Gaza [en date du 2 décembre, le ministère de la Santé de Gaza annonce que 240 personnes sont mortes depuis la reprise de l’offensive militaire de l’armée de l’Etat hébreu – Le Monde du 2 décembre].
Ashraf al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, a déclaré aux médias: «Neuf Palestiniens, dont quatre enfants, ont été tués à Rafah, une région du sud désignée comme “zone de sécurité” par Israël. En outre, dix personnes ont été tuées à al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, et cinq dans la ville de Gaza, au nord».
Ahmed Abu Taema, 33 ans, vit dans le quartier de Khuza’a à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. «Ce matin, nous nous sommes réveillés sous les bombardements israéliens incessants, qui nous terrifient, nous et nos enfants. Nous avons oublié que nous étions en guerre grâce à la trêve des sept derniers jours. Nous espérions que ce cessez-le-feu temporaire se poursuivrait et deviendrait permanent, mais malheureusement nous sommes revenus au même cycle de supplices avec la poursuite de l’agression israélienne.»
Au début des attaques contre la bande de Gaza, Israël a bombardé aveuglément et brutalement la ville de Gaza, séparant le nord du sud et traitant le nord comme une zone de combat. La population a été forcée d’évacuer vers le sud, considérant qu’il s’agissait d’une zone sûre pour les civils [l’armée israélienne déclare, le matin du 2 décembre, avoir «visé 400 cibles» au cours de la journée du 1er].
Aujourd’hui 1er décembre, Israël a commencé à distribuer des tracts dans certaines zones du sud de Gaza, conseillant aux civils d’évacuer vers le sud, en particulier vers Rafah, près de la frontière égyptienne [1].
Les tracts distribués à Khan Younès indiquaient explicitement que la ville était devenue une «zone de combat dangereuse». Ahmed Masoud, un activiste de 22 ans, a déclaré: «Nous avons fui la bande de Gaza vers le sud à la recherche d’un endroit sûr, mais nous savons qu’il n’y en a pas. Aujourd’hui, nous avons été surpris dans la matinée par les forces israéliennes qui distribuaient des tracts d’avertissement, nous intimant l’ordre d’évacuer Khan Younès et nous disant d’aller à Rafah. Le sud est densément peuplé, avec environ 1,6 million de personnes à Rafah, Khan Younès et Deir al-Balah, et maintenant Israël concentre tous les résidents et les personnes déplacées à Rafah et Deir al-Balah. Nous ne savons pas où les gens pourront aller.»
Un voisin qui préfère garder l’anonymat nous explique: «J’héberge dans ma maison du quartier Bani Suheila de Khan Younès environ 200 personnes originaires de la ville de Gaza, qui ont été forcées de quitter leur maison après qu’elle a été bombardée et détruite. Aujourd’hui, Israël nous demande d’évacuer nos maisons et de nous rendre à Rafah.»
Les forces israéliennes continuent d’intensifier leurs bombardements sur la ville de Khan Younès après la reprise des opérations militaires. «Nous ne savons pas où aller et vivre est de l’ordre d’une véritable tragédie. Nous craignons un génocide à Khan Younès, comme cela s’est produit dans le nord de la bande de Gaza», a déclaré Adel Al-Aseeli, âgé de 34 ans. «Nous avons été forcés de quitter nos maisons dans le quartier de Nasr, dans le sud de la bande de Gaza, et maintenant Israël veut que nous évacuions nos maisons en tant que personnes déplacées de Khan Younès vers d’autres zones. Nous préférons mourir ici plutôt que de vivre une vie d’humiliation et de misère comme celle que nous menons».,
Le bureau de presse du gouvernement des autorités de Gaza a indiqué que des bâtiments civils ont été soumis à de nombreuses frappes aériennes dans toute la région méridionale densément peuplée. En outre, les habitants de Gaza ont vu de grands panaches de fumée au-dessus des ruines dans le nord de l’enclave. (Article publié sur le site espagnol CTXT le 1er décembre 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre)
L’auteur, Mahmoud Mushtaha, a été engagé par le site d’information espagnol CTXT pour couvrir la situation à Gaza.
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[1] Selon le site MEE, le 2 décembre: «L’armée israélienne a publié plusieurs cartes [elles divisent la bande de Gaza en de multiples micro-zones, à fonction militaire et censées, une fois choisies, assurer un «refuge» – voir extrait de cette carte ci-dessous] ordonnant aux Palestiniens de Gaza de quitter leurs maisons et de se diriger vers ce qu’elle appelle des “centres de refuge” [!], bien qu’il n’existe aucune zone sûre dans la bande assiégée. Les Palestiniens de plusieurs zones du nord de la bande de Gaza (Jalabiya, Shujayya et Zeitoun) ont reçu l’ordre de se rendre dans les quartiers de Daraj et de Tuffah, dans la ville de Gaza. Les habitants de plusieurs zones du sud de la bande de Gaza (Khirbat Ikhza’a, Abasan, Bani Suheila et Ma’an) ont reçu l’ordre de se rendre à Rafah, près de la frontière avec l’Egypte. La carte divise effectivement la bande de Gaza en d’innombrables parcelles. Or, d nombreux Palestiniens contraints de se déplacer ont déjà été déplacés à plusieurs reprises.» (Réd.)
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