Par Carine Clément
En date du 12 août 2010, nous avons publié sur ce site un article de Carine Clément relatant la mobilisation contre la destruction de la fôret de Khimki aux abords de Moscou. Cette lutte a connu un succès. Toutefois, le Kremlin ne recule pas devant la répression: deux militants sont emprisonnés, comme cela est expliqué dans l’appel à la solidarité qui fait suite sur notre site. (Réd).
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Plus de deux ans de lutte des riverains et militants écologistes, des dizaines de pétitions, de procès, de manifestations, de violentes agressions contre les opposants au projet, l’incarcération de jeunes sympathisants à la cause des habitants de Khimki, un meeting-concert massivement applaudi au centre de Moscou: il aura fallu tout cela et plus encore pour obtenir que le pouvoir fédéral accepte de prêter l’oreille aux revendications des citoyens. Le 26 août dernier le président Dmitri Medvedev a demandé son gouvernement de suspendre le chantier qui ravage la forêt de Khimki, dans la banlieue de Moscou, pour permettre la construction d’une autoroute reliant Moscou et Saint-Pétersbourg.
«C’est une grande victoire de la société civile»: selon Evguenia Tchirikova, leader du mouvement de défense de la forêt de Khimki, qui commentait la décision du chef de l’Etat. «Mais ça ne règle pas tous les problèmes, notre combat ne doit pas s’arrêter là-dessus. Il faut restaurer la forêt et, point important, obtenir la libération des militants injustement emprisonnés pour avoir soutenu notre cause».
Car en marge des projecteurs, deux jeunes militants sympathisant du mouvement antifasciste, Alexey Gaskarov et Maxim Solopov sont incarcérés depuis plus d’un mois, soi-disant pour avoir organisé le «pogrom» (sic) de la Mairie de Khimki. Rappelons les faits. Le 28 juillet, alors que les militants écologistes et les riverains, qui essaient de freiner les abattages dans la forêt de Khimki, sont attaqués par de jeunes voyous et embarqués par la police, de nombreux jeunes militants des mouvements antifascistes, anarchistes et autres informels de gauche se rendaient à leur secours. Passant devant la Mairie de Khimki, l’émotion et l’indignation montant, les premières pierres sont parties, suivies de bouteilles et de fumigènes. Les murs ont été recouverts de graffitis dont le slogan était «Sauvons les forêts de Russie !». La police, occupée à neutraliser les militants écologistes, est arrivée avec un grand retard, les jeunes s’étaient déjà dispersés.
Plus de 200 jeunes ont participé à cette action. La police a arrêté les plus connus d’entre eux, Alexey Gaskarov et Maxim Solopov, connus comme porte-parole des mouvements informels et anarchisant. La campagne pour la libération de ceux qui sont devenus «les otages de Khimki» est menée par un large comité d’associations et mouvements politiques divers. Des actions unitaires de lutte pour leur libération sont prévues dans des dizaines de villes de Russie du 17 au 20 septembre. Un appel à la solidarité internationale a été lancé.
Quant aux militants écologistes ils ont déjà planté les premiers arbres destinés à restaurer la forêt de Khimki. Le mouvement de Khimki, devenu symbole de la renaissance des mobilisations sociales, continue donc à prendre de l’ampleur.
* Carine Clément est la responsable de l’Institut de l’action collective (IKD) à Moscou. Cet article a été écrit au début septembre.
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