Par Panagiotis Grigoriou
La «litote» est un terme très en vogue par les temps qui courent; en grec moderne, il signifie «l’austérité». Il était déjà question de litote avant le Mémorandum, mais depuis, la réalité a dépassé le cadre. Et pas qu’en Grèce. Comme en Italie, une personne de plus (un homme de 51 ans) s’est suicidée dimanche dernier (13 mai) en Béotie, un petit entrepreneur en «difficulté», selon le reportage. Mais à présent, les reportages sur les suicides ne font plus les gros titres. En tout cas, voilà encore un, parmi nos électeurs… définitifs, plus de deux mille, recensés par les statistiques de notre guerre en cours.
Hier mardi, j’ai reçu de nouvelles de saison, en provenance de la région de Volos (en Grèce Centrale), étonnamment tristes aussi: «Tu sais, mon cousin ici, le fleuriste, a vécu un enterrement très douloureux la semaine dernière, il a l’habitude pourtant. Rien ne va plus, tout se détraque. Antigone, une jolie femme, âgée de trente-cinq ans, avait retiré toutes ses économies, jusque-là restées sur un compte. Elle avait déjà échappé aux mafias locales qui, de l’intérieur, se tiennent… professionnellement informées, car dans notre ville récemment, un retraité qui avait retiré 250’000,00 euros de la banque, s’est fait cambrioler le soir même, des inconnus ont fait irruption à son domicile pour voler cet argent.
Ah oui, cette pauvre Antigone avait planqué ses économies dans un placard de sa cuisine; elle avait dit à sa mère que cet argent représentait en quelque sorte sa dot, un capital de départ pour le dire en termes plus modernes, car Antigone pensait se marier. Elle travaillait encore, elle n’était pas chômeuse. L’explosion d’un petit chauffe-eau à gaz a provoqué un incendie et Antigone s’est précipitée aussitôt dans sa cuisine pour sauver son petit capital, c’est sous le placard que son corps a été retrouvé par les pompiers. Quant à la douleur ressentie à son enterrement, sans commune mesure avec les enterrements du passé, il y avait une douleur politique, a précisé mon cousin. Il n’en revient toujours pas, il est sous le choc; il y pense tout le temps.» Voilà comment Antigone de Volos a trouvé la mort entre deux élections législatives historiques, sa dot se mêlant… à notre «dette».
La démesure et le début de la fin, telles sont les coordonnées géographiques de l’air du temps, ce matin, pour les tenants de l’ancien système politique et pour nos petites habitudes, sans aucun doute.
Enfin. Hier encore (le 15 mai), Karolos Papoulias, la gentille marionnette du système par lequel il a accédé à son mandat (Président de la République), a tenté en vain de tordre, une fois de plus, l’esprit et la lettre de notre Constitution dans un seul but: former un ultime gouvernement pro-Mémorandum, d’où les intimidations, la propagande, et au bout du compte, ce torrent de boue déversé par les médias sur SYRIZA.
Sauf que dans cette guerre psychologique, le système a perdu une première bataille. Certes, un dernier petit milliard d’euros s’est volatilisé et les guichets des banques sont désormais vides. Provopoulos, le banquier en chef à Banque Nationale de Grèce tire la sonnette d’alarme: «Le système bancaire est sur le point de succomber.» Mais la rue est désormais informée: «Provopoulos, homme de Goldman Sachs, dirigeant à la tête d’une Banque à 96% étrangère et courroie de l’occupation, a obligé les caisses de retraite et de santé, les hôpitaux et les universités à «placer» leurs économies sur des «titres» pourris, une semaine avant le Mémorandum II de février 2012. Ensuite ces titres ont été dépréciés et nous voilà désormais sans hôpitaux et sans universités. Provopoulos paiera » (propos tenus devant un arrêt de bus mardi soir, le 15 mai 2012, à Athènes).
Ce qui n’empêche pas l’inquiétude générale, non sans stoïcisme. On reconstitue des stocks en produits alimentaires dans les placards et dans les caves, plus quelques bidons d’essence chez certains. Et on savoure le grand flottement sur les plages. Tragédie, soleil et catharsis. L’Etat grec vient de geler tout paiement, sauf salaires et retraites ce mercredi 16 mai.
Lundi soir, aux dispensaires de la Sécurité sociale, au nord d’Athènes, une dame âgée, venue pour une consultation en orthopédie a brusquement voulu se rendre aux toilettes: «Je ne trouve pas le papier hygiénique»; «Il n’y en aura plus Madame, nous n’avons pas les moyens d’en acheter, vous devez toujours garder dans votre sac à main, des mouchoirs en papier, ah oui; il n’y a plus de kinésithérapeute conventionné non plus, c’est terminé, adressez-vous au secteur privé, mais il va falloir tout payer…»
Un ancien pilote de ligne à la retraite, en sirotant son café à deux euros dans le même quartier, pense tout haut, désormais comme tout le monde: «On touche le fond, ainsi les vraies questions ne peuvent plus être évitées comme durant ces années de facilité et de mensonge, de fausse richesse, de clientélisme, de déconsidération du travail, et du Pasokisme, ce poison qui nous gangrène toujours. Notre société est divisée en deux parties. Il y a, parmi nous, ceux qui ont peur, car ils ont encore un peu d’argent, en Grèce ou ailleurs, ou ils touchent, le cas échéant, un salaire de misère dans la fonction publique. Ils craignent la fin de l’euro, le chaos. Puis, il y a les chômeurs, les petits commerçants en faillite, ceux qui ont tout perdu; eux, ils considèrent que la route de l’euro et peut-être bien celle de la construction européenne est déjà un couloir de la mort ou sinon au moins, ils s’en fichent. Sont-ils les plus nombreux? Voilà le nœud gordien et voilà la décision, seulement les gens n’ont pas tout compris. Ils pensent que, comme par magie, l’abolition du Mémorandum nous ramènera à la situation de 2009, SYRIZA ou pas, mais ils se trompent.»
Nous naviguons en eaux troubles, mais au moins nous naviguons. Nous nous attendons aussi à ce que les perroquets du système globalisant, affairistes, politiciens et autres journalistes des «grands médias», désignent comme un «accident», pouvant prétendument empêcher la tenue des élections en juin [elles ont été fixées au 17 juin]. Kyriakos Mitsotakis (fils d’ancien Premier ministre), député de droite (Nouvelle Démocratie), a évoqué récemment dans un entretien radio cette «probabilité» avec insistance.
Quoi qu’il arrive, quoi qu’ils disent, ces politiciens de l’ancien monde provoquent de plus en plus de dégoût: « Ils n’ont jamais travaillé ces gens, ils vivent de la politique de père en fils et nous, comme des idiots, nous votions pour eux en échange d’un service, des miettes, tandis que les politiciens se remplissaient les poches, rien que l’argent de Siemens qui leur arrivait par valises, fut considérable», tel fut l’avis, exprimé publiquement par l’ancien pilote.
Trois femmes (retraitées également) assises autour d’une table voisine n’ont pas osé contredire. Et la discussion a vite tourné à l’inquisition: «Et le PASOK, ce poison mortel, un jour il va falloir punir tous ces gens qui ont trahi le pays, tous les journaux en Europe et aux Etats-Unis l’admettent désormais, Papandréou, son ministre Papakonstantinou, Venizélos et toute cette bande mafieuse, ont ôté au pays toute possibilité de négociation en 2010, le pays a été livré à la Troïka, emballé dans du papier.»
J’ai remarqué que chez les dames, une d’entre elles avait soigneusement plié son journal Ta Nea, pour qu’on ne puisse pas le reconnaître. Ta Nea est un pilier historique du Pasokisme, appartenant au groupe Labrakis (DOL), dont l’affairisme scandaleux intéressera un jour la justice, si le pays change vraiment. Mais je trouve amusant que désormais, les derniers adeptes du Pasokisme se cachent. Historiquement en Grèce, ce sont les gens de gauche qui évitaient toute exhibition de leurs journaux, Rizospastis ou Avgi, en lieu public (entre 1950 et 1980). Et voilà qu’à présent les rôles s’inversent. Il en est de même en ce qui concerne certains lecteurs de Kathimerini [l’International Herald Tribune, imprimé en Grèce, publie une page en anglais de Kathimerini, dans son édition quotidienne], autre pilier… des « partis centraux » en Grèce.
Les nouveaux cieux s’ouvrent sous les coups de foudre. Les réunions de quartier chez SYRIZA (ouvertes à tous les habitants désirant participer) sont très intéressantes en ce moment, car pleines de contradictions. «Alors la question de la souveraineté nationale n’existe pas pour SYRIZA, et qu’allons-nous faire avec l’euro? Sommes-nous pour, ou contre l’Europe?» a demandé un participant aux orateurs, cadres SYRIZA, dont Georges Tsipras, portant le même nom qu’Alexis, le chef du parti.
La réponse a été un peu confuse: «Nous comprenons que le cadre de la nation est une réalité indépassable et ainsi on ne peut plus laisser cette notion, y compris au niveau de l’argumentaire politique, aux seules mains de l’Aube dorée [les néonazis]; non, ils n’ont pas ce monopole. Pour ce qui est de l’euro et de l’orientation du pays, celle que nous souhaitons en tout cas, je rappelle que nous sommes un parti majoritairement pro-européen, cela veut d’abord dire que nous appartenons à la famille de la gauche européenne. Nous nous battons ensemble, avec Mélenchon en France ou Die Linke en Allemagne, nous espérons ainsi un changement en Europe, surtout après l’élection de François Hollande, même si nous ne sommes pas un parti de la social-démocratie. Ces questions sur l’Europe et l’euro seront posées à un autre moment je pense. » Réponse prudente mais visiblement sincère, de la part de Georges Tsipras.
Intervenant brièvement dans ce débat, j’ai alors fait remarquer que peut-être «cet autre moment », c’est peut-être pour bientôt, dans quelques mois, voire dans quelques semaines. Tout le monde a rigolé, orateurs compris, car il n’y a pas d’autre réponse possible peut-être; si ce n’est que seules les contradictions nous feront bouger dans un sens ou dans un autre, et ceci tend à devenir la règle, régissant la gestation du futur.
Quelle accélération des temps présents! Les mentalités se reconstruisent en quelques jours seulement en ce moment, tandis que durant trois décennies, tout était presque figé: «Notre seul espoir c’est SYRIZA, Alexis Tsipras est dangereux pour le système du népotisme pervers et avant tout, responsable de la situation actuelle, à savoir celui du PASOK et de la Nouvelle Démocratie. Ces deux formations politiques sont mortes, brûlées dans l’incinérateur du Mémorandum, je vous le dis moi, Georges Trangas, homme de droite, je soutiens SYRIZA. Je sais que dans ce parti il y a des contradictions et certaines tendances extrêmes, seulement, détrompez-vous braves gens [si vous êtes de l’extrême-gauche et vous soutenez SYRIZA], SYRIZA demeure pourtant un parti systémique, dans la mesure où il appartient à la famille des convictions pro-euro et pro-européennes, dont j’appartiens aussi. Je livre le combat contre le Mémorandum, mais je reste pourtant, un partisan de l’euro et de l’Europe, pas celle d’Angela Merkel certes, car nous ne l’avons pas élue Présidente de l’Union européenne.» Tel était le ton ce matin [16 mai] sur Real Fm, à l’heure du deuxième café.
Par un hasard issu de l’air du temps, j’ai été témoin d’une analyse assez semblable récemment, dans un café fréquenté par des étudiants. Car ce mercredi 16 mai 2012, on vote également pour élire les représentants délégués au sein des syndicats étudiants, les discussions sont très animées cette année, plus que d’habitude.
Autour d’une table, deux étudiants et sur la table, du tabac à rouler, leurs téléphones mobiles et deux petits cafés très serrés, comme leurs propos. L’un d’entre eux se disait prêt à voter en faveur des syndicalistes SYRIZA, son ami, appartenant visiblement à une mouvance d’extrême-gauche, a voulu s’imposer par un autre argumentaire, faisant reflet à celui développé par Trangas: «Oui, je ne suis pas aveugle, je vois que SYRIZA prend la tête du mouvement à gauche, mais SYRIZA n’est pas ce que tu vois. Par ces élections, les gens ont renforcé la droite, plutôt que la gauche. Il ne faut pas lire les journaux ou parfois même ce qu’on trouve sur Internet, réfléchis plutôt en termes de philosophie politique: aux élections du 6 mai, certes nous avons clamé clairement un grand «non» au Mémorandum, sauf que ce vote comporte une deuxième dimension plus profonde pour ne pas dire sournoise. Les formations positionnées plus à droite que la droite, c’est-à-dire l’Aube dorée, ainsi que celles qui sont de fait plus… à droite de la famille de gauche, c’est-à-dire SYRIZA, pour ne pas évoquer ce saltimbanque de la «Gauche Démocratique», Fotis Kouvelis et son Pasokisme de seconde main, eh bien ces formations sont les grands vainqueurs du scrutin. Ainsi, et malgré les apparences et les déclarations faciles, c’est d’un vote conservateur qu’il s’agit et non pas d’un vote portant plus à gauche, comme on veut nous faire croire. Le système remplacera provisoirement le PASOK par SYRIZA moyennant quelques aménagements au Mémorandum, sans toucher ses fondements, sauf sur la corruption peut-être, c’est déjà bien certes, mais cela ne donnera pas le pouvoir aux prolétaires. C’est du provisoire, tu verras, le capitalisme n’a plus besoin d’une nouvelle social-démocratie, et pas seulement qu’en Grèce, la vraie pagaille arrivera ensuite.»
Son ami n’était pas du même avis: «Tu ne vois pas que nous ne pouvons rien composer à partir de tes idées sur les prolétaires, car les gens sont avant tout décervelés et idiots après trente ans de PASOK. Il n’y a rien d’autre que notre réalité présente, certes peu enviable aux yeux d’un idéal de société de gauche, mais nous agissons sur le présent seulement. Et pour dire les choses autrement, l’Aube dorée et SYRIZA travaillent sur le présent, pas l’extrême gauche; conclusion, il faut agir, et ainsi accepter SYRIZA et ses contradictions, le laisser jouer et jouer avec lui au poker politique, nous n’avons plus le luxe d’attendre. Après tout, être de gauche signifie d’abord mouiller sa chemise non?»
Heureusement que certains de nos jeunes réfléchissent et en débattent, pas tous en tout cas encore, il me semble.
Mémorandum, euro, litote, la dot et la dette, tout est en train de croiser. Dans Libération (15 mai 2012 – édition électronique), Jean Quatremer écrit que «[…] Même si les deux grands partis traditionnels, désormais en voie accélérée de marginalisation, acceptent de renégocier le mémorandum imposé par les créanciers de la Grèce qui liste les réformes à accomplir, cela risque de déboucher sur une impasse. En effet, pour les Européens, il n’est pas question de transiger si ce n’est aux marges: «si apparaissent des circonstances extraordinaires, je n’exclus pas a priori qu’on parle d’une prolongation des délais», a admis du bout des lèvres, lundi soir, Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, à l’issue d’une réunion avec ses collègues. «L’Eurogroupe mesure la portée des efforts consentis par les citoyens grecs. Il ne s’agit pas de relâcher ces efforts, au contraire, les réformes structurelles sont plus que jamais nécessaires», a-t-il martelé. Pas question, donc, d’avoir le beurre (l’aide internationale) et l’argent du beurre (pas de rigueur) […]. Mais imaginons que la Grèce joue le pire, c’est-à-dire la faillite, tout en restant dans la zone euro (c’est le souhait de 80% des Grecs et les partis voulant clairement l’abandonner pèsent environ 25% des suffrages exprimés). Elle n’aura certes plus droit à l’aide européenne et internationale (pas plus qu’aux marchés, mais c’est déjà le cas) et fera donc défaut sur ses 250 milliards de dettes dont les deux tiers sont entre les mains de l’UE et du FMI qui se prendraient donc une paume. Mais comme son budget primaire est quasiment à l’équilibre (en dehors des intérêts de la dette), l’effort supplémentaire à effectuer sera infime au regard de ce qu’elle a déjà fait […].»
Partiellement, au moins, le correspondant de Libération à Bruxelles se trompe, le beurre c’est pour les «créanciers» et ceci depuis longtemps dans un hold-up bien ficelé, avec l’aimable participation des élites de notre baronnie, puis, «l’argent du beurre» nous «l’avons» déjà: un ami vient de me téléphoner à l’instant, il faisait figure jusqu’à ce matin, parmi les rares rescapés encore relatifs, de notre guerre: «Eh bien c’est fait, la direction de notre boîte a convoqué le personnel. Au choix: accepter une diminution des salaires à hauteur de 30%, ou sinon il y aura des licenciements; nous avons un mois pour réfléchir. Déjà que par l’imposition et par les taxes de toutes sortes, j’ai déjà perdu 25% de mes revenus réels, c’est l’enfer qui s’avance.»
Sauf que notre «budget primaire est quasiment à l’équilibre», en dehors des intérêts de la dette, surtout en dehors des intérêts de la dette. Mais ce «petit» détail est désormais connu de tous ici. C’est sans doute un des facteurs, une raison, contribuant à l’effondrement des partis du Mémorandum. Mais pour un avenir bien plus raisonnable, une seule raison ne suffit pas.
Aux informations de ce midi, on apprend qu’au menu servi dans les hôpitaux, il n’y a plus de yaourt, ni de viande, car le système est à bout de souffle. Et qu’une soixantaine de boutiques mettent la clef sous la porte par jour, de la mort lente à la mort rapide de l’économie de terrain. Un juge de haut rang, Panagiotis Pikramenos («pikrammenos» signifie… être peiné), est notre Premier ministre, à la tête d’un gouvernement dit «de service» et de transition, ayant comme seule mission l’organisation des prochaines élections, selon l’article 37 de notre Constitution. Météo un peu agitée pour les jours suivants et dès lundi 21 mai, un temps estival. Vivement les élections. (16 mai 2012)
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Panagiotis Grigoriou est historien et ethnologue, vivant à Athènes.
Et il parait que vous souhaitez rester dans l’UE à 70 % !!!!!
Il faut quoi pour vous réveiller ????
Vous avez une mission historique; permettre à ce monstre d’imploser.
C’est une oeuvre de salut public, de service mondial, de bienfait à l’humanité.
Vous avez cette chance inouÏe, saisissez là.
Merci pour tous les européens endormis
Effectivement, la gauche radicale grecque met en crise les politiques d’austérité soumises aux diktats du capital financier et de son expression institutionnelle: la troïka (UE, BCE, FMI).
Une autre chose est l’attitude des citoyens et citoyennes grecques face au chantage massif exercé à leur encontre aussi bien par les dominants grecs que par la proto-bourgeoisie européenne et ses porte-parole.
Nous ne partageons pas l’attitude qui consisterait à donner aux Grecs des leçons, sous forme d’impératif: “Il faut vous réveiller”. Ils semblent moins endormis que beaucoup de salariés européens. Mais, en même temps, ils reçoivent des coups encore plus rudes sur la tête. Un réveil conjoint, à l’échelle de l’Europe, est un impératif historique. Il sera d’autant plus positif s’il s’effectue de manière solidaire par les salariés de Grèce, du Portugal, d’Espagne, d’Italie, de France qui s’opposeront à la prise d’otage des sociétés par le capital bancaire et qui déclareront l’urgence politique et morale de refuser de payer une dette dite publique alors que ce n’est qu’une dette privée transférée aux dits pouvoirs publics, pouvoirs placés sous le contrôle du capital financier. Les Monti, Draghi, Guindos (Espagne), tous ici des grandes banques, en sont la personnalisation. A l’Encontre