Syrie. Macron: «la destitution de Bachar n’est pas un préalable»

Extrait de l’entretien de Macron publié dans la presse internationale le 22 juin 2017

Après avoir fermement exigé le départ du président syrien Bachar al-Assad, la France, par la voix de son nouveau président, n’en fait plus une priorité. Pour Emmanuel Macron, les «lignes rouges» sont ailleurs.

Le départ du président syrien Bachar al-Assad n’est plus une priorité pour la France, dont l’objectif numéro un est de lutter contre les groupes terroristes en Syrie, affirme Emmanuel Macron dans un entretien publié jeudi dans huit journaux européens.

«Je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime!» lance le président de la République, officialisant pour la première fois cette ligne sur la Syrie et reconnaissant un «aggiornamento».

Emmanuel Macron: «Mes lignes sont claires»

Paris a longtemps été en première ligne pour exiger le départ d’Assad, et même si cette doctrine s’était infléchie après les attentats qui ont ensanglanté la France depuis 2015, la formule officielle était que le président syrien ne pouvait «représenter l’avenir» d’un pays ravagé par six ans d’un conflit au bilan terrifiant de plus de 320’000 morts et des millions de réfugiés.

«Sur ce sujet, ma conviction profonde est qu’il faut une feuille de route diplomatique et politique», déclare le président français, qui ne mentionne pas une seule fois l’ONU, dont une résolution adoptée en 2015 constituait jusqu’à présent la référence pour un règlement du conflit.

Sur la Syrie, «mes lignes sont claires», énonce Emmanuel Macron. «Un: la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie», déclare-t-il.

Intraitable sur «les armes chimiques et l’accès humanitaire»

Paris, qui il y a quelques mois encore accusait Moscou de complicité de «crimes de guerre» lors de la reprise d’Alep, a opéré un net rapprochement avec la Russie, alliée indéfectible du régime de Damas, basé sur la lutte contre le terrorisme.

Le président insiste ensuite sur la nécessaire stabilisation de la Syrie, «car je ne veux pas d’un Etat failli». Il répète enfin ses «lignes rouges», énoncées lors de sa première rencontre avec le président russe Vladimir Poutine fin mai à Versailles: «les armes chimiques et l’accès humanitaire», sur lesquelles il affirme qu’il sera «intraitable».

Mais s’il répète que la France procédera à des frappes en cas d’utilisation de l’arme chimique, il ne dit rien de la façon dont il entend faire respecter sa ligne rouge «humanitaire». Des centaines de milliers de civils sont pris en tenailles en Syrie par le régime, les groupes rebelles ou les jihadistes. (Article d’Ouest-France, 22 juin 2017)

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