220 cortèges, des centaines de manifestant·e·s dans les villes petites et moyennes, des milliers dans les grandes agglomérations, les cortèges des hospitaliers et de leurs soutiens ont connu partout un très grand succès.
Près de 20 000 à Paris, près de 20 000 à Toulouse, plus de 10 000 à Lyon plus de 7000 à Bordeaux entre 4 et 5000 à Montpellier à Tours ou à Rennes, 3000 à Angers, 2500 à Rouen, à Caen et à Besançon, 2000 au Havre, 1600 à Dijon entre 1500 et 2000 à Quimper 1000 à Toulon ou à Tarbes.
Les chiffres dans les petites villes avec un petit hôpital, sont de l’ordre de plusieurs centaines
A titre d’exemple dans le Finistère ; 300 à Quimperlé, 450 à Morlaix, 200 à Douarnenez, plus d’une centaine à Concarneau. Dans les côtes d’Armor 400 à Saint-Malo. Dans le Var, entre 5 et 700 à Draguignan. Dans le Doubs, 1000 à Lons le Saunier, 400 à Saint-Claude.
Partout les taux de grévistes ont été élevés.
Partout la mobilisation a aussi concerné les EHPAD [Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes], le secteur médicosocial, et a touché également les aides à domicile.
Partout les manifestations ont regroupé à la fois les personnels des soins, mais aussi celles et ceux qui les ont soutenus pendant le confinement et disent désormais dans la rue que la santé et l’hôpital doivent être une priorité pour la société et disposer des moyens nécessaires (syndicats interprofessionnels, Gilets Jaunes…).
Des exigences claires
En finir avec le manque de lits et de personnel, de salaires décents et reconnaissant leur travail pour tous les professionnels. En finir avec un fonctionnement qui met les soins au service de la gestion et non l’inverse
L’arnaque du Ségur de la santé [«concertation» organisée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé] a fait long feu, et se retourne même contre le pouvoir. Elle ne fait qu’accroître la colère des personnels, qui après avoir été envoyés «au front» sans moyens, sans protection ont le sentiment que la chape de plomb de l’austérité et du «management» autoritaire retombe à nouveau sur les services. Un slogan résume bien l’état d’esprit: «je n’ai pas eu le Covid, mais vous m’avez transmis la rage».
Le succès de cette journée pose la question des suites, car nul ne se fait d’illusions, il va falloir frapper encore plus fort et dans la durée pour obtenir gain de cause. La date du 30 juin, avant la période des congés, circule déjà. (Site du NPA, 17 juin 2020)
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Le «Ségur de la santé» est un traquenard: il faut en sortir!
À qui et à quoi sert le «Ségur de la santé»?
Trois semaines après le début de cette concertation, il n’est plus possible de différer la réponse: engagé le 25 mai, ce lourd dispositif de discussion convoqué par le gouvernement vise à gagner du temps pour ne pas répondre aux revendications des travailleurs et travailleuses hospitaliers et pour préparer de nouvelles mesures contre l’hôpital public.
Durant toute l’année 2019, Macron a refusé de prendre en compte les revendications des personnels hospitaliers, mais – après trois mois de crise sanitaire – il ne pouvait plus continuer à ignorer ces revendications: toute la population avait mesuré les conséquences catastrophiques de l’austérité qui frappait l’hôpital public. Les fermetures de lits et les suppressions de postes se sont conjuguées avec le manque de moyens matériels; les salaires de misère et la surcharge de travail sont devenus encore plus insupportables, et même de simples masques ont manqué des mois durant.
Cette politique d’austérité mise en œuvre par les gouvernements successifs (Sarkozy, puis Hollande notamment) a été poursuivie par Macron et a touché toute la santé publique, y compris la Recherche (non-financement, par exemple, des recherches entamées sur les coronavirus).
C’est contre cette politique que les personnels hospitaliers se sont organisés et mobilisés depuis le printemps 2019, constituant des collectifs (Collectif Inter Hôpitaux et Collectif Inter Urgences) et appuyés par leurs syndicats pour revendiquer des salaires, des postes, des ouvertures de lits.
Une mobilisation plus vivace que jamais
Durant le pic de l’épidémie, les personnels hospitaliers ont consacré toutes leurs forces au soin des malades. Mais dès le mois de mai, ils ont réaffirmé leurs revendications, avec le soutien de toute la population. Et ils ont recommencé à manifester, à se rassembler devant les hôpitaux.
D’abord devant quelques hôpitaux le 14 mai, le 20 mai (tel l’hôpital Robert Debré à Paris…) puis devant d’innombrables hôpitaux aux quatre coins du pays, les soignants ont manifesté pour réclamer des «lits» et «du fric pour l’hôpital public». D’autres salarié·e·s, des étudiant·e·s, des retraité·e·s viennent leur apporter leur soutien.
«Revalorisations des salaires» et «réouvertures de lits» sont également demandées par le collectif Le printemps de la psychiatrie. Ces exigences se dressent contre la politique «managériale» et une bureaucratie pléthorique dont l’objectif est la rentabilité et non la qualité des soins.
Le gouvernement, dont le bilan est désastreux, a d’abord tenté de calmer la colère par quelques vagues promesses et quelques primes dont le montant est variable selon les services et hôpitaux. Les primes sont attribuées à certains hôpitaux, à certains soignants par les directeurs pour créer la zizanie. Puis il s’est imaginé d’offrir une médaille aux personnels et de les associer aux cérémonies du 14 juillet! Une véritable provocation.
Les personnels ont rejeté «médailles» et «défilé», exigeant des «augmentations de salaires». Le gouvernement, redoutant que la mobilisation en défense de l’hôpital et des personnels ne cristallise plus largement une mobilisation contre toute sa politique, a donc annoncé un nouveau plan pour l’hôpital, préparé par des discussions au ministère de la Santé, sous la houlette de Nicole Notat: un «Ségur de la Santé».
Le «Ségur de la Santé»: faire cautionner de nouvelles mesures réactionnaires
Le «Plan hôpital» lancé par Edouard Philippe et Olivier Véran ne répond en rien aux revendications des soignants. Le gouvernement refuse d’augmenter le point d’indice [qui sert à calculer le salaire des fonctionnaires]: pire, il veut séparer la Fonction publique hospitalière du reste de la Fonction publique, ce qui revient à casser le statut de fonctionnaire.
Il envisage de nouvelles économies en augmentant la durée du temps de travail et la flexibilité, en proposant des «formations» pour que des actes réservés aux médecins puissent être effectués par des infirmières. Et le gouvernement veut aller plus loin encore dans la territorialisation des hôpitaux publics et aligner leur gestion sur celle des hôpitaux privés.
Et le choix de Nicole Notat est emblématique. Cette ancienne dirigeante de la CFDT, célèbre pour le soutien qu’elle apportait aux attaques… contre les salarié·e·s (notamment le plan Juppé de 1995), fut aussi un ferme soutien de Macron en 2017.
Macron maintient toute sa politique
La casse des hôpitaux publics se poursuit avec les suppressions de lits, et les restructurations. Le gouvernement n’a renoncé ni à s’attaquer au statut des personnels, ni à rapprocher le public du privé, ni à satisfaire les laboratoires pharmaceutiques, ni à faire gérer chaque hôpital comme une entreprise ni, non plus, à poursuivre l’asphyxie de la Recherche: avec la loi qui devrait être présentée en conseil des ministres le 8 juillet, le financement accentuera plus encore la soumission aux besoins immédiats des grands groupes industriels.
Macron veut aussi gagner du temps: car il a fixé au 28 juin le second tour des élections municipales. Ce n’est donc qu’en juillet qu’il tirerait les conclusions du «Ségur de la santé» (qui n’est pas une négociation).
Une première conclusion s’impose: le Ségur de la santé ne permet pas de satisfaire les revendications.
Rompre sans attendre avec la conférence Ségur-Notat-Macron
Une seconde conclusion s’impose: si l’objectif de cette conférence est de noyer les revendications et de faire cautionner de nouvelles attaques contre les hospitaliers par les syndicats et les coordinations, il faut rompre alors avec cette conférence et en sortir sans plus attendre.
C’est ce qu’a fait le syndicat Sud Santé en déclarant: «La fédération SUD Santé Sociaux quitte l’impasse du Ségur pour continuer à construire le rapport de force qui permettra de renverser la vapeur, obligeant le gouvernement à se mettre autour de la table, sans intermédiaire et à ouvrir de véritables négociations. Elle appelle les collectifs professionnels et citoyens, mais aussi les syndicats de lutte à en faire de même. Donnons-nous rendez-vous le 16 juin 2020».
La défense de l’hôpital est essentielle. Elle implique notamment:
- L’augmentation générale des salaires: 300 euros pour tous, augmentation du point d’indice commun à toute la fonction publique
- L’arrêt des suppressions de lits, de services, des restructurations; la création massive de postes.
D’autres revendications doivent être défendues, dont celles des personnels des EHPAD. Doivent aussi être réaffirmés la liberté de prescription des médecins, le fait qu’ils n’ont pas à «tracer» la population, et la possibilité pour les chercheurs de poursuivre (ou reprendre) leurs travaux sans entrave financière.
D’autres revendications doivent être mises en avant, comme l’expropriation des trusts pharmaceutiques (sans indemnisation des actionnaires). Mais aucune ne peut être satisfaite par le dialogue social ou par une quelconque «concertation». La rupture avec le «Ségur de la santé» est une nécessité immédiate: la mobilisation du 16 juin ne doit donc pas viser à «faire pression» sur le Ségur de la santé, mais à imposer la rupture avec cette opération gouvernementale. (L’Insurgé, 15 juin 2020)
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Colère noire dans la santé, le social et le médico-social!
Par Fédération SUD Santé Sociaux
Trois mois après le début de la crise sanitaire, les soignant·e·s, le personnel hospitalier, celui des EHPADs, du social et médico-social, sont descendu-e-s ce mardi 16 juin dans la rue pour réclamer plus de moyens pour la santé et la protection sociale. La Fédération SUD Santé Sociaux se félicite de cette 1ère journée de mobilisation post-confinement.
De Paris à Montpellier en passant par Metz, Dunkerque et Bobigny, mais aussi par Cayenne, Saint Laurent du Maroni ou Saint Denis de la Réunion, ce sont au total plus de 250 rassemblements et/ou manifestations qui ont eu lieu dans le cadre de cette journée d’action nationale, organisée à l’appel d’une dizaine de syndicats et collectifs de soignant·e·s (SUD, CGT, FO, Collectif Inter-Urgences, Collectif Inter-Hôpitaux, Printemps de la Psy…) soutenue par d’autres secteurs professionnels comme les collectivités territoriales, l’éducation, le rail, les finances publiques (liste non exhaustive), qui avaient appelé à la grève ce jour-là. La plupart de ces manifestations se tenaient devant des hôpitaux et des établissements médico-sociaux et ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes pour défendre notre système de santé et de protection sociale (1500 dans les Hautes Pyrénées où plusieurs rassemblements avaient lieu, plus de 2000 à Metz, au moins 3000 à Angers, Besançon, Rennes, 5000 à Grenoble, Lilles, 6000 à Strasbourg et Tours, 10 000 à Nantes, 13 000 à Lyon, 15 000 à Toulouse, etc.)
La population est descendue en nombre des balcons rejoindre celles et ceux qu’elle a applaudi-e-s pendant 3 mois et exiger avec elles et eux un plan d’urgence pour l’hôpital public, et un accès gratuit à des soins de qualité sur tout le territoire. Preuve en est que les revendications des hospitalier-e-s sont légitimes pour toutes et tous.
A Paris et en région parisienne plusieurs rassemblements ont eu lieu devant les hôpitaux et les EHPADs, mais aussi devant le siège de Korian [réseau privé d’Ephad], avant de converger vers le ministère de la santé où nous nous sommes retrouvés plusieurs dizaines de milliers.
Au départ de la manifestation, les prises de parole ont dénoncé la gestion de la crise covid 19 par le gouvernement et ses sbires : pénurie d’équipements de protection (masques, charlottes, blouse, gel hydroalcoolique…), le traitement inhumain des résidents des EHPADs et de leurs familles, le mépris du gouvernement vis-à-vis du secteur social et médicosocial, l’oubli de tous les invisibles qui au péril de leur vie et celle de leurs proches ont fait face avec pour seule reconnaissance des puissants, leurs mépris.
La grande concertation, le Ségur de la Santé, censée revoir en profondeur notre système de santé et en particulier la revalorisation des salaires de l’ensemble des agents et des salarié-e-s s’avère être une vaste fumisterie, un enfumage dénoncé par la Fédération Sud Santé Sociaux qui en a claqué la porte. Aucune des revendications préalables aux discussions n’a été prise en compte : augmentation des salaires, augmentation du nombre de lits, embauches massives sont balayées d’un revers de main. Circulez y a rien à voir.
La Fédération SUD Santé Sociaux et les collectifs exigent de vraies négociations ! Nos revendications sont connues depuis plusieurs mois.
Notre demande d’entrevue au Président de la République et son Premier Ministre, n’a reçu pour toute réponse que les gaz lacrymogènes des CRS empêchant toutes sorties de la Place des Invalides, exacerbant la colère et la révolte des premier·e·s de corvée. Emmanuel Macron, en bon VRP des industries pharmaceutiques, préférant aller faire des courbettes et porter des promesses de millions à Sanofi.
Les rassemblements et mobilisations sont appelés à se poursuivre dans les semaines à venir. (17 juin 2020)
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