Par Vicenç Navarro
L’abdication du monarque, désignant son fils Felipe à sa succession au titre de chef de l’Etat, a généré toute une série d’événements prévisibles. Parmi ceux-ci, le plus significatif et le plus important est la réponse unanime de l’establishment espagnol, le définissant comme l’accroissement des pouvoirs qui dominent les secteurs financiers et économiques du pays, les politiques qui gouvernent l’Etat ainsi que les idéologues et personnalités médiatiques qui promeuvent les valeurs qui le soutiennent, allant de l’Eglise aux moyens d’information et de propagande.
Cet establishment s’est mobilisé en bloc pour exprimer sa reconnaissance au monarque pour nous avoir apporté la démocratie, après une Transición [1] qu’ils définissent comme étant un modèle, ajoutant un éloge, lui aussi unanime, en direction de celui qui sera le nouveau roi d’Espagne, Felipe VI. Ils le considèrent comme une figure parfaite pour encourager les changements qu’ils considèrent comme étant nécessaires pour assurer la permanence de cet establishment au pouvoir.
Contredisant le récit de son discours officiel – selon lequel le roi est simplement une figure symbolique –, cette structure de pouvoir demande au nouveau roi qu’il dirige les nouveaux changements que le pays (c’est-à-dire, ces intérêts particuliers) nécessite, comme le fit celui qui abdique aujourd’hui lors de la Transición. La une du principal quotidien d’Espagne, El País, l’exigeait ainsi, avec le titre suivant: «Le Roi abdique pour impulser les réformes que demande le pays». Il ajoute, dans le cas où quelqu’un ne l’aurait pas bien compris, que le prince des Asturies [Felipe] a la maturité nécessaire pour assumer cette responsabilité. El País, aujourd’hui dirigé par une personne clairement de droite [2] parle d’une manière toujours plus claire et plus transparente au nom de cet establishment. Il faut donc noter que cet establishment n’a jamais vu le Roi comme une simple figure symbolique, mais bien comme le garant de son pouvoir.
L’unanimité prévisible
Reflétant l’inexistante diversité idéologique des grands médias d’information espagnols, la réponse que ces derniers ont donnée à la nouvelle de l’abdication a été unanime, variant seulement dans le degré de vassalité dans l’admiration qu’ils expriment envers le monarque et dans son enthousiasme vis-à-vis de son héritier.
Ce comportement signale, une fois encore, l’énorme distance qui existe en Espagne entre l’establishment (y compris médiatique) et la population. Selon la dernière enquête du CIS [1], en avril 2014, la monarchie est l’une des institutions les moins populaires qui existent en Espagne. Sur une échelle de 0 à 10, elle atteint 3,7. Il est intéressant de souligner que cette note basse existe malgré l’appui à la monarchie pratiquement unanime de la part des principaux moyens d’information et de propagande. Cette distance apparaîtra également d’une manière claire lors du vote des Cortes espagnoles [le parlement], où rien moins que le 90% des député·e·s voteront en faveur du transfert de pouvoirs du roi Juan Carlos à Felipe. Ce que les enquêtes signalent est que le pourcentage de la population qui est favorable à la continuité de la monarchie est bien moindre que ce pourcentage [de 90%], encore plus minoritaire au sein de la jeunesse.
C’est un indicateur supplémentaire, parmi les très nombreux qui existent déjà, de l’énorme distance entre les Cortes espagnoles et les sentiments de la majorité des citoyen·nes de ce pays, y compris la jeunesse [70% de la population espagnole n’était pas née ou n’avait pas atteint la majorité lors de l’adoption, par référendum, de la Constitution de 1978, qui règle les pouvoirs de la monarchie].
La raison de la détérioration de l’appui populaire envers la monarchie
Nombreuses sont les causes de cette détérioration, qui a été graduelle bien qu’elle se soit accentuée à mesure que l’establishment espagnol et son Etat ait lui aussi perdu de l’appui au sein de la population (et même de la légitimité dans la mesure où beaucoup des politiques publiques imposées par l’Etat à la population sont dépourvues d’un «mandat populaire», comme c’est le cas des coupes budgétaires).
Le slogan connu du mouvement du 15M [15 mai 2011, début du «mouvement des indigné·e·s» à la Puerta del Sol de Madrid] «ils ne nous représentent pas» est perçu largement comme fondé par la grande majorité des habitant·e·s du pays. La monarchie est donc en train de perdre de la popularité en même temps que toutes les institutions de l’establishment espagnol, lequel est parfaitement conscient de cette situation et en est préoccupé au plus haut point. Jamais auparavant, dans la période qui a suivi la dictature de Franco [1892-1975], ne s’était produit une agitation sociale et politique aussi profonde, exprimant un mécontentement généralisé. Et cela ne fait que quelques semaines que s’est déroulé à Madrid l’une des plus grandes manifestations [«marche de la dignité», le 22 mars, voir les articles à ce sujet sur le site alencontre.org] qui se soit déroulée dans cette ville (selon des observateurs étrangers, réalisant des reportages crédibles [les médias espagnols ont ignoré l’événement]. Le nombre de manifestant·e·s oscillait entre un million et demi et deux millions, avec des personnes venant de toute l’Espagne, pour manifester contre les politiques que l’Etat impose; politique qui sont dépourvues de «mandat populaire» et qui questionnent sa légitimité. Il n’est pas passé inaperçu à cet establishment que la bannière la plus arborée au cours de cette manifestation ait été le drapeau républicain [3], qui s’est converti en symbole d’une Espagne qui se veut alternative à celle qui existe.
Pourquoi abdiquer maintenant?
L’abdication constitue la tentative de bloquer la tendance à la chute de popularité de la monarchie et, avec elle, de l’establishment espagnol. Elle reflète l’énorme préoccupation de ce dernier au sujet de la viabilité du système politique établi au cours de la Transición inmodélica [l’auteur joue, en s’y opposant, de l’idée que la transition fut un «modèle»]. Une Transition réalisée sous le pouvoir énorme des forces conservatrices, qui contrôlaient l’Etat, et continuent de le faire. Cela explique l’appellation récurrente donnée à la Constitution espagnole, dénommée Carta Magna (ces forces dominèrent et dirigèrent ce processus), comme source de toute légitimité. Elle est présentée comme un document négocié entre les successeurs de ceux qui gagnèrent la Guerre civile (qui détenait tout le pouvoir) et ceux qui la perdirent (qui venaient de sortir de la clandestinité: le PCE est légalisé en avril 1977). Elle sera interprétée, en dernière instance, par le Tribunal Constitutionnel dominé par les forces conservatrices. De là découle la référence constante à la Constitution comme cadre qui défini ce qui est acceptable ou pas par l’establishment.
Outre la prise de conscience par les dominants dans l’Etat espagnol de la nécessité de tenter de récupérer la popularité de la monarchie (et, par conséquent, de l’establishment) grâce à l’abdication du roi, il y avait et il y a un sentiment d’urgence. Cela doit se produire rapidement. Un facteur qui explique ce sentiment d’urgence a été la découverte du fait que le bipartisme [PSOE-PP], qui a joué un rôle clé dans la stabilité du système politique, se fendille et cela bien que la loi électorale (faiblement proportionnelle, ce qui facilite ce bipartisme) continue à être en vigueur [4].
Le résultat des dernières élections au Parlement européen [le 25 mai 2014] était prévisible. Cela impliquait que quelque chose devait être fait, et rapidement, car une alliance des partis situés à gauche du PSOE ainsi qu’une possible rébellion d’une fraction de la base de ce parti contre ses élites dirigeantes pourraient rendre impossible le consensus institutionnel qui existe au sein des Cortes et rendre difficile un changement de la personne qui occupera la position de chef de l’Etat [5]. De là vient l’urgence que cela se fasse le plus tôt possible. Plus encore, l’establishment est tout à fait conscient que tout prolongement du processus de transition de Juan Carlos I à Felipe VI donnerait une assise à une mobilisation populaire mettant en question le fait que la population de l’Etat espagnol n’a jamais eu la possibilité de voter spécifiquement sur le bénéfice respectif d’être gouverné par un système monarchique ou républicain [6]. La volonté exprimée lors du référendum sur la Constitution impliquait beaucoup d’autres dimensions en plus où le «choix» apparaissait limité en deux options: la poursuite de la dictature ou l’établissement d’une démocratie très incomplète, régie par une structure de pouvoir très peu représentative et avec une dimension sociale très faible, conséquence du fait que le pacte [7] qui conduit à l’établissement de ce nouveau système politique était fondé sur un énorme déséquilibre des forces politico-institutionnelles.
L’exigence démocratique
Le clair ras-le-bol de la majorité de la population de l’Etat espagnol envers les institutions démocratiques, reflétées dans l’actuelle structure étatique, est fondé non pas sur une opposition à la démocratie (l’opposition à cet Etat est définie de manière trompeuse comme des mobilisations antisystème), mais sur l’énorme déformation de la démocratie menée à bien par une partie de ladite classe politique et de l’appareil de fonctionnaires qui contrôle et gouverne cet Etat. C’est un ras-le-bol qui exige plus, et non moins, de démocratie, rompant avec les structures pratiques et idéologiques héritées de la dictature et qui se perpétuèrent dans l’Etat post-dictatorial. Ce dernier étant, dans sa forme, le résultat d’une Transición inmodélica en raison de son caractère énormément «déséquilibré».
En opposition à l’idéalisation gigantesque qui a été faite de la Transición (à laquelle a contribué le monde académique et les médias), un tel processus ne signifiait pas une rupture avec le régime antérieur. Au contraire, c’est l’incorporation au sein de l’Etat d’éléments démocratiques de caractère représentatif (bien limité par une loi électorale faiblement proportionnelle, favorable aux forces conservatrices, qui encouragea le bipartisme), cela sous la domination des héritiers du régime dictatorial. Mais il n’y a eu aucun type de rupture ou de purge, ce qui a établi une claire continuité du système des élites dominantes, sous la houlette du monarque.
Un élément clé de cette continuité a été l’appareil dirigeant du PSOE qui, tirant profit du bipartisme, est devenu l’un de ses plus grands défenseurs. Il faut souligner que le système électoral lui est bénéfique en tant que parti (même s’il privilégie un peu plus le Parti populaire). Mais ce ne fut pas le cas en terme de projet, car les structures du pouvoir financier et économique qui ont dominé l’appareil d’Etat au cours de cette période démocratique ont mis à mal le développement d’un projet socialiste [pour autant que le PSOE en ait eu un: Réd.]. Il est certain que l’énorme «déficit» social hérité de la dictature s’est réduit (mais n’a pas disparu) sous les gouvernements du PSOE [1982-1996, sous la présidence de Felipe Gonzalez – puis 2002-2011 sous celle de Zapatero].
Mais le PSOE ne trouva pas la force suffisante ou la volonté transformatrice nécessaire pour changer de manière significative cette énorme influence du pouvoir financier et économique, qui définit en Espagne ce qui est «possible» ou «raisonnable». Les dépenses publiques par habitant en Espagne continuent d’être parmi les plus faibles de l’Union européenne des 15.
Aujourd’hui la population d’Espagne est épuisée et en colère contre cet Etat et contre la caste politique qui le gouverne. Les enquêtes le montrent, le dégoût et le rejet sont majoritaires au sein de la jeunesse. L’espoir de l’establishment est qu’un roi jeune pourra aider à diluer une telle colère et un tel rejet. En quelque sorte, il y a là une réponse désespérée, qui sera accompagnée, bien entendu, d’une augmentation notable de la répression de la part de l’Etat.
Face à cette situation, les forces authentiquement démocratiques devraient se mobiliser pour exiger une rupture avec cet Etat qui a impliqué de nombreux éléments de continuité et aussi le rôle de personnalités liées à l’Etat dictatorial. Cette rupture devrait déboucher sur l’établissement d’une démocratie réelle qui dispose d’éléments représentatifs fondés sur un système électoral véritablement proportionnel (qui garanti la même capacité de décision à chaque citoyen sur le gouvernement du pays) et des éléments de démocratie directe, c’est-à-dire, que les citoyens jouissent du pouvoir de décider au moyen de référendums contraignants à tous les niveaux de l’Etat. Et cela sur des thèmes comme, entre autres, celui d’un régime monarchique ou une république. Il va sans dire que les élites dominantes s’opposeront à mort à un tel changement.
Cet establishment est la continuation directe de celui qui a réalisé le coup d’Etat militaire de 1936. Mais si les forces démocratiques s’unissent à cet effet, plaçant les nécessités de la population au-dessus des intérêts de parti, aux côtés d’une vaste coalition de mouvements sociaux (allant de syndicats à des associations de quartier, parmi bien d’autres) et de partis politiques véritablement contestataires, engagés en faveur de la démocratie et défenseurs de la souveraineté des différents peuples et nations d’Espagne – face aux faux «patriotes» qui ont servi docilement les intérêts étrangers – ces forces pourraient mobiliser la majorité de la population contre une minorité qui gouverne mais que ne détient pas aujourd’hui la légitimité de le faire. (Traduction A l’Encontre. Article publié le 5 juin 2014 dans la rubrique «Pensée critique» du quotidien en ligne Publico.es. Vicenç Navarro est professeur de sciences politiques et de politiques publiques à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone. Ses deux derniers ouvrages, écrits en collaboration, s’intitulent: Los amos del mundo et El impacto de la crisis en las familias y en la infancia: Observatorio social de España.)
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[1] Terme usuel pour définir le «passage», la transition, de la dictature (depuis 1936 ou 1939 selon les régions du pays) de Franco à la «démocratie». La durée de cette transition varie: certains y mettant un terme lors des premières élections «libres» (les partis de la gauche radicale, à gauche du PCE, étant toutefois toujours illégalisés) de juin 1977 ou lors de l’adoption de la Constitution en décembre 1978; d’autres la prolongent jusqu’aux années 1980, après la tentative de coup d’Etat du 23 février 1981 (dit de Antonio Tejero) ou encore l’entrée de l’Espagne dans l’OTAN en 1986.
Cette période est l’un des deux «champs de bataille» historiques de l’histoire récente du pays, le second étant la Guerre civile de 1936-39. L’histoire officielle qui domine attribue le mérite du «transfert» vers la démocratie à deux personnages clés: le roi Juan Carlos et Adolfo Suarez. Ce dernier, né en septembre 1932 et décédé le 23 mars 2014, fut président du gouvernement de 1976 à 1981. Il avait été vice-secrétaire puis secrétaire du Movimiento Nacional, le parti unique franquiste. Suarez a succédé à Carlos Arias Navarro, nommé par Franco en 1973, suite à l’exécution de Carrero Blanco, «l’homme de confiance» de Franco, en décembre 1973. Suarez, lui, a été «choisi» par Juan Carlos en juillet 1976. Il va participer à l’Alliance populaire (AP) dont l’un des créateurs fut Manuel Fraga, un franquiste convaincu, qui sera aussi un des «pères» de la Constitution.
Le récit historique – repris par tous les médias lors du décès de Suarez – jette dans l’ombre les mouvements de masse de cette période, sans lesquelles la «démocratie» (qui comprend d’importantes limites) aurait été encore plus limitée. Il convient de rappeler que cette «transition modèle» a été exportée vers l’Amérique latine, entre autres avec l’aide de la IIe Internationale social-démocrate.
Cette période de «transition» n’a rien d’un moment «pacifique» puisque environ 500 personnes furent tuées. Enfin, il faut encore noter le rôle important joué par le PSOE, financé par le SPD allemand et la Fondation Friedrich Ebert. Voir à ce sujet la thèse El amigo alemán d’Antonio Muñoz Sánchez, RBA Libros 2012.
Le PCE, eurocommuniste, sous la direction de Santiago Carrillo (1915-2012), participa aussi à la mise en place de cette «transition». Si les jugements du moment émis par des marxistes-révolutionnaires sur le potentiel révolutionnaire de cette période se doivent d’être modérés (l’intelligence a posteriori est toujours assez aisée), cela ne devrait pas conduire à une analyse qui aplatisse la vigueur des conflits de classes et le rôle du PCE dans la mise en place de l’architecture de cette «transition».
En outre, il faut replacer cette phase de la politique des classes dirigeantes de l’Etat espagnol dans le contexte: de rupture du régime salazariste, en avril 1974, au Portugal; du début de la fin de la dictature en Grèce dès novembre 1973 (Polytechnique), avec une «chute» de la dictature en juillet 1974; ou encore de la période d’essor des luttes ouvrières, de 1969 à 1974, en Italie accompagnée des différences d’approches profondes au sein de la Démocratie chrétienne comme de la campagne du PCI en faveur d’un «compromis historique. (Réd. A l’Encontre)
[2] Centre de recherches sociologiques; organisme autonome auprès du Ministère de la présidence, chargé de réaliser des enquêtes et des sondages concernant la société de l’Etat espagnol. (Réd. A l’Encontre)
[3] Voir mon article El sesgo profundamente derechista de Antonio Caño, el nuevo director de El País, sur le site Públicoes en date du 24.02.14 [V.N.]
[3] Adopté après la révolution du 14 avril 1931, qui voit le départ du roi et la proclamation de la République. Il s’agit d’un drapeau tricolore rouge, jaune et violet – cette dernière couleur ayant été arborée par les mouvements libéraux et républicains au cours du XIXe siècle et qui faisait référence, à tort, au soulèvement des municipalités de Castille contre l’empereur Charles V en 1520-21. (Réd. A l’Encontre)
[4] Le système électoral en vigueur, pour l’attribution des sièges, repose sur la loi d’Hondt, appliquée dans différents pays d’Europe. Elle favorise les partis majoritaires. En outre, les formations politiques de moins de 3% sont exclues, ce qui est particulièrement antidémocratique dans l’Etat espagnol qui comprend des partis régionalistes et indépendantistes implantés dans une partie du pays. Pour une explication graphique du système électoral espagnol: http://www.elmundo.es/elecciones2000/cifras/graficodhont.html Et pour une critique (en espagnol): http://www.readyfortomorrow.com/el-sistema-electoral-en-espana-y-la-exclusion-de-las-minorias (Réd. A l’Encontre)
[5] Lors de la campagne aux élections européennes, il a été signalé à de nombreuses reprises que 70% des lois votées au Parlement européen l’étaient de concert par les eurodéputés du PSOE et du PP. En outre, au cours de la dernière période, l’élément clé de ce bipartisme en faveur de l’austérité s’est matérialisé, en août 2011, au cours des derniers mois du gouvernement «socialiste» de Zapatero, par la modification de l’article 135 de la Constitution, s’opposant aux «déficits budgétaires». Cette modification s’est faite par un accord entre les deux partis. Enfin, la formule «PPSOE» est aujourd’hui très utilisée en Espagne. Autant par des formations à la gauche qu’à la droite des deux partis dominants, ce qui est une illustration de cette crise du régime politique. (Réd. A l’Encontre)
[6] C’est Franco, qui lui a fait jurer fidélité aux principes du «Movimiento Nacional», qui a désigné Juan Carlos comme son successeur à la tête de l’Etat. En réalité, selon les règles de succession monarchique, c’est son père (fils du roi parti en exil en 1931, Alfonso XIII) qui était «titulaire» du titre de roi d’Espagne. Juan Carlos a été formé, en partie, à Madrid sous la dictature.
Le peuple espagnol ne s’est jamais prononcé sur la forme de gouvernement. En effet, les élections de 1977 – à laquelle ne purent participer des formations de la gauche radicale, toujours interdites – ne se donnèrent pas pour ce qu’elles étaient: des élections à une effective assemblée constituante. (Réd. A l’Encontre)
[7] Le Pacte de la Moncloa – du nom du palais du même nom où réside depuis 1977 le chef du gouvernement conclu le 25 octobre 1977 – fut signé entre le gouvernement, les partis politiques représentés au parlement, les organisations patronales diverses, les organisations syndicales reconnues (soit l’UGT social-démocrate et les Commissions ouvrières, alors sous contrôle du PC, mais pas la CNT syndicaliste-révolutionnaire), afin d’assurer une «paix sociale» et politique, dans un cadre économique qui était marqué par une forte inflation. (Réd. A l’Encontre)
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