La police bruxelloise a interpellé différentes personnes qui souhaitaient participer à un rassemblement antiraciste samedi midi à la Bourse à Bruxelles. Au moins 33 personnes ont été menottées, dont le président de la Ligue des Droits de l’Homme Alexis Deswaef, selon un communiqué de la Jeunesse Libertaire, JOC Bruxelles et USE-Jeunes FGTB. Ce alors que quelques hooligans ont été aperçus à proximité du piétonnier.
Le groupuscule d’extrême droite Génération Identitaire avait appelé à manifester contre «les islamistes» à Molenbeek samedi 2 avril 2016, mais le rassemblement a finalement été interdit par un arrêté du ministre-président de la Région bruxelloise Rudi Vervoort, vendredi.
L’arrêté concernait toutes les manifestations en lien avec celle de Génération Identitaire. Selon la police, la dispersion des militants anti-racisme sur la place de la Bourse «s’inscrit dans le respect de l’arrêté».
Le rassemblement était annoncé comme calme, expliquent les militants dans le communiqué, mais la place de la Bourse était «couverte de policiers», «matraque à l’affût».
La police a agi promptement envers les pacifistes alors que, la semaine dernière, quelques centaines de hooligans avaient eu accès à la place de la Bourse à Bruxelles. Une situation qui avait provoqué une vive polémique politique.
«J’étais là comme simple citoyen»
Contacté par l’agence Belga, le président de la Ligue des Droits de l’Homme Alexis Deswaef a déclaré avoir été arrêté administrativement : «Dès mon arrivée, la police m’a intimé l’ordre de quitter les lieux en me notifiant que les rassemblements d’extrême gauche et d’extrême droite sont interdits. J’ai expliqué être là en tant que simple citoyen, mais j’ai tout de même été arrêté. » Il précise avoir été emmené à la caserne d’Etterbeek. Il a été relâché après quelques heures. Par ailleurs, il a déclaré: «Une manifestation antiraciste dans le contexte actuel était et reste nécessaire et fondamentale. Le message adressé par la Région et sa police est celui de la violence et de la peur. Au bout du compte, ils ont fait le jeu de l’extrême droite.» (Selon le quotidien Le Soir du 2 avril 2016)
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La police joue la carte de l’extrême droite
Communiqué de la LCR
Ce samedi 2 avril, la concentration contre le fascisme et l’islamophobie et en hommage aux victimes des attentats terroristes, prévue en face de la Bourse à Bruxelles a été durement réprimée par la police. Près de cent personnes ont été arrêtées et emmenées à la caserne d’Etterbeek. Des personnes se trouvant en terrasse d’un café, et même dans l’établissement, ont aussi été arrêtées.
«Les arrestations étaient systématiques, et souvent brutale », commente un des militants de la LCR arrêtés. «Dans la cellule où je me trouvais, au moins une personne se trouvait à la Bourse sans aucun rapport avec le rassemblement ». Ajoutons que le président de la Ligue des Droits de l’Homme, Alexis Deswaef, a été la première personne arrêtée, alors qu’il venait d’arriver sur place. Arrêté «pour l’exemple», selon le commissaire Vandersmissen.
Les personnes arrêtées à la Bourse ne manifestaient pas (elles restaient sur place). Il n’y avait aucun calicot, aucune pancarte, aucun mégaphone, aucun slogan ni quoi que ce soit. Il est évident que le commissaire Vandersmissen a profité de l’arrêté de police pour diriger personnellement l’arrestation de quiconque se trouvait sur place et lui semblait susceptible d’être antiraciste. Il s’agit donc d’arrestations sur base de l’opinion politique (supposée) des personnes présentes, et pas d’arrestations de personnes qui « troublaient l’ordre public ».
Pendant ce temps-là, à Molenbeek, une trentaine de manifestants fascistes avaient tout le loisir de défiler avec une banderole et même d’aller jusqu’à l’Atomium! Les manifestants anti-islam se sont rassemblés au centre culturel Westrand, dans la commune brabançonne de Dilbeek. Ils se sont ensuite rendus à Molenbeek, où ils ont brandi une banderole et ont scandé des slogans. Après un quart d’heure, le groupe s’est dirigé vers l’Atomium», indique la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone).
La plupart des personnes arrêtées à Molenbeek sont des jeunes du quartier. A peine sept personnes liées à l’extrême droite ont été arrêtées. Dimanche 27 mars, cette même police de Bruxelles a laissé un groupe de 400 fascistes défiler jusqu’à la Bourse en faisant le salut nazi et attaquer violemment les personnes présentes pour se recueillir. Une douzaine de ces casseurs à peine ont été interpellés. Le rôle « politique » joué par la police de Bruxelles sous la conduite de son chef apparaît donc, une fois de plus, on ne peut plus clairement.
Monsieur Vandersmissen et ses hommes contribuent activement à casser le mouvement et les démonstrations de recueillement multiculturels qui se déroulent à la Bourse depuis les tueries du 22 mars. Par là même, ils favorisent l’option défendue par les groupuscules fascistes, de repli sur soi, de communautarisation, de rejet de l’autre et d’islamophobie. Ce qui est par ailleurs un des objectifs recherché par les terroristes de Daech.
«Il est grand temps d’en finir avec les ‘je suis’, les bougies et les marches blanches…», affirme sur internet un groupuscule fasciste. Ce samedi 2 avril, c’est la police conduite par M. Vandersmissen qui s’en est chargée !
Yvan Mayeur, bourgmestre PS de Bruxelles, et Rudi Vervoort, Ministre Président PS de la Région bruxelloise, se sont mis à la remorque de la bourgmestre MR [Mouvement réformateur, ce parti francophone de droite issu de la fusion de plusieurs partis de droite possède une forte présence électorale, aux alentours de 30% en région Bruxelleoise] de Molenbeek.
Ils ont pris des mesures de surenchère sécuritaires et liberticides, totalement inutiles par rapport à l’appel de l’extrême-droite à manifester à Molenbeek, de l’autre côté du canal. Ils sont politiquement responsables des abus de pouvoir commis par les « forces de l’ordre », dont le comportement est digne d’un état d’exception. C’est dangereux et inacceptable dans un régime qui se prétend démocratique. La LCR attend de l’ensemble des forces politiques et syndicales qu’elles dénoncent cette situation.
L’arrestation de simples passants et de personnes venues se recueillir pacifiquement et qui, de surcroît, ne portaient aucun signe indiquant leur participation à une manifestation, est inacceptable. Elle contraste avec la complicité éhontée de la police bruxelloise dimanche dernier à l’égard de militants fascistes. Dans les deux cas, la responsabilité du commissaire Vandersmissen est clairement engagée. La LCR exige sa destitution et que toute la lumière soit faite sur les incidents des 27 mars et 2 avril à la Bourse.» (LCR, 2 avril 2016)
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