Par Naomi LaChance
Les travailleurs et travailleuses d’UPS (United Parcel Service) organisent des premières manifestations [piquets avec revendications] en vue d’une grève historique si le syndicat des Teamsters (International Brotherhood of Teamsters, syndicat des conducteurs routiers) et le géant de la livraison de colis ne parviennent pas à un accord avant l’expiration le 31 juillet de leur contrat collectif. Les négociations se sont enlisées après que l’entreprise et le syndicat ne sont pas parvenus à un accord. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des membres du syndicat des Teamsters ont voté en faveur d’un arrêt de travail.
Le contrat s’applique à 340 000 travailleurs et travailleuses à temps plein et à temps partiel. Des piquets de grève, où les travailleurs se rassemblent à l’extérieur d’un lieu de travail comme s’ils étaient en grève, ont eu lieu récemment dans tout le pays, notamment dans le Connecticut, en Louisiane, au Michigan, en Oregon et en Californie, où ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Just practicing for a just contract» («Nous nous entraînons pour un contrat juste»).
«Chaque partie blâme l’autre pour ce qui s’est passé à la table des négociations», a déclaré à Truthout Richard Hooker Jr, secrétaire-trésorier et dirigeant principal de la section locale 623 des Teamsters de Philadelphie. Mais pour Richard Hooker, il est clair qui est en tort. «UPS a choisi de faire traîner les choses en longueur et maintenant, à la onzième heure, ils veulent pointer du doigt les Teamsters alors que nous sommes prêts, disposés et capables de négocier depuis le tout début. Ils essaient donc de faire croire que la classe ouvrière ou les familles ouvrières sont les “méchants”, alors que c’est eux. Ce sont eux qui sont à l’origine de tous ces problèmes.»
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Le travail chez UPS peut être difficile. Ils doivent faire face à la hausse des températures due à la crise climatique, par exemple. Ils n’ont pas non plus eu le luxe de rester chez eux pendant les confinements suite au Covid-19. Au lieu de cela, le fardeau est retombé sur eux lorsque les gens ont évité de faire directement leurs courses.
Les Teamsters ont obtenu en juin une grande victoire lorsque l’entreprise a accepté d’installer la climatisation dans les camions [étant donné les problèmes de santé découlant des températures très élevées et du rythme des livraisons] à partir de janvier 2024, mais les améliorations n’ont pas répondu à toutes les demandes principales du syndicat. Ces revendications sont principalement d’ordre économique, comme l’augmentation des salaires pour tous les travailleurs, que ce soient ceux qui travaillent dans l’entreprise depuis longtemps ou les travailleurs à temps partiel. Les Teamsters réclament également une amélioration des prestations de retraite et une meilleure assurance pour les soins de santé.
«Cette entreprise multimilliardaire [le taux de marge opérationnel est estimé à 12,8% en 2023] a beaucoup à offrir aux travailleurs états-uniens, mais elle ne veut pas le faire», a déclaré Sean O’Brien, président général du syndicat des Teamsters. «UPS avait un choix à faire et a clairement choisi de s’engager sur la mauvaise voie.»
L’une des revendications sur lesquelles UPS et le syndicat des Teamsters n’ont pu s’entendre est l’augmentation des salaires des travailleurs à temps partiel.
«Nous avons probablement un écart de 6 à 7 dollars de l’heure entre les salaires initiaux des travailleurs à temps partiel et ceux des employés à long terme», a déclaré Sean O’Brien au site d’information Supply Chain Dive.
«Les travailleurs à temps partiel sont bernés, exploités et oubliés», explique Fred Zuckerman, secrétaire-trésorier général du syndicat des Teamsters. «Le syndicat des Teamsters doit mettre fin à cette situation une fois pour toutes chez UPS. Si le mode d’exploitation de l’entreprise ne prend pas fin maintenant, il ne prendra jamais fin.»
Sean O’Brien a déclaré au site économique Bloomberg qu’un autre problème dans les négociations est qu’un travailleur à temps plein d’UPS peut certes gagner 93 000 dollars par an, par exemple, mais seulement lorsqu’il travaille 60 à 65 heures par semaine.
Richard Hooker a déclaré à Truthout qu’il souhaitait «des salaires plus hauts, davantage d’emplois à temps plein pour les travailleurs à temps partiel, des conditions de travail meilleures et plus sûres», ainsi qu’une «procédure de règlement des griefs plus efficace». Il a déclaré que l’entreprise exerçait des représailles contre les travailleurs qui dénonçaient les conditions de travail en les sanctionnant ou en les licenciant, ajoutant: «Par-dessus tout, nous devons vraiment nous débarrasser du harcèlement.» L’année dernière, quatre travailleurs ont déclaré à l’hebdomadaire The Nation qu’UPS les avait licenciés en raison de leur implication dans le syndicat.
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En 2022, UPS a enregistré un bénéfice record de 11,3 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars. Carol B. Tomé, PDG d’UPS, a déclaré aux investisseurs lors d’une conférence téléphonique sur les résultats en avril que l’entreprise s’efforçait de «se protéger dans l’éventualité peu probable d’une grève». Carol B. Tomé a perçu une rémunération totale de 19 millions de dollars en 2022.
Au cours de la conférence, Carol B. Tomé a comparé les négociations à un désaccord avec son mari au sujet d’un chiot. «Comme toute négociation, a-t-elle dit, il y aura du bruit et quelques heurts en cours de route. Et je viens de me disputer avec mon mari au sujet d’un chiot. C’était bruyant, c’était gênant… Mais dans toute négociation, c’est ce qui se passe, et c’est certainement le cas ici. C’est pourquoi je reviens à notre stratégie de distribution, qui consiste à ce que ces cadres à fort impact entourent nos clients et s’assurent qu’ils sont satisfaits avec nous parce que nous sommes convaincus que nous respecterons notre contrat.» «J’ai compris. J’ai compris. Bonne chance avec le chiot», a répondu un participant de la Deutsche Bank lors de la conversation!
Les Teamsters ont fait quelques progrès dans les négociations. En juin, ils ont obtenu que les camions d’UPS soient équipés de systèmes de climatisation, qui commenceront à être installés l’année prochaine. «Nous avons progressé avec [l’accord de principe] pour [la climatisation] et l’atténuation de la chaleur et d’autres éléments non économiques», a déclaré à Truthout Kara Deniz, directrice adjointe du département des initiatives stratégiques du syndicat des Teamsters. «Cet accord de principe est soumis à la ratification de l’accord national, et UPS doit respecter le contrat avec les salaires que les travailleurs à temps partiel et à temps plein d’UPS méritent.» [1]
Mais l’accord de principe sur la climatisation aurait dû intervenir plus tôt. L’été 2022, Esteban Chavez Jr., employé d’UPS, s’est effondré après avoir livré des colis par une chaude journée dans la région de Pasadena, en Californie. La température extérieure était supérieure à 32 degrés et il faisait encore plus chaud dans son camion. Il est mort suite aux effets de la chaleur juste un jour après avoir fêté ses 24 ans. «Ça fait mal, c’est une douleur qui ne disparaîtra jamais. Et c’est quelque chose que je ne souhaite à personne d’avoir l’expérience de perdre son enfant», a déclaré l’année dernière le père de Chavez, Esteban Chavez Sr.
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Les données de l’Administration de la sécurité et de la santé au travail (OSHA-Occupational Safety and Health Administration) font état d’un cas datant d’août 2021 où un employé est décédé à 2 heures du matin après avoir soulevé et transporté des cartons dans la chaleur. Selon les médias locaux, l’employé s’appelait Jose Cruz. Il avait 23 ans.
L’examen par Truthout des données de l’OSHA a révélé de nombreux incidents inquiétants chez UPS, mdéontrant clairement que les travailleurs effectuent des tâches dangereuses. Truthout a examiné 219 cas aux Etats-Unis, ouverts ou clos, avec des violations des normes, au cours des cinq dernières années. Au moins 24 de ces incidents étaient liés au travail dans des conditions de chaleur très élevée. Dans au moins six de ces cas, le travailleur a été transporté à l’hôpital.
Viviana Gonzalez, conductrice et déléguée syndicale de la section locale 396 des Teamsters à Palmdale, en Californie, travaille dans une région très aride et dit qu’elle ne dispose d’aucun dispositif de protection contre la chaleur. Elle explique que certains de ses collègues ont des problèmes rénaux, qu’elle attribue à la déshydratation due au travail dans le désert. L’air conditionné, a déclaré Viviana Gonzalez à Truthout, est «une grande victoire». Elle a ajouté: «C’est le pouvoir d’un syndicat: après tant d’années, nous sommes devenus si forts grâce à notre unité, […] ce sont les résultats que peut obtenir un syndicat par rapport à l’absence de syndicat.»
UPS a déclaré à Truthout que l’entreprise «se soucie beaucoup de son personnel et que sa sécurité reste sa priorité absolue. La sécurité thermique ne fait pas exception. Nous avons conclu un accord sur la sécurité en cas de chaleur avec les Teamsters, qui comprend de nouvelles mesures qui s’appuient sur des actions importantes mises en place pour les employés d’UPS au printemps, y compris de nouveaux équipements de refroidissement [et d’une amélioration du contrôle entre autres par GPS, ce qui a des incidences très fortes sur les rythmes de travail] et une formation améliorée développée en partenariat avec les experts en sciences du sport de l’Institut Korey Stringer de l’Université du Connecticut, l’Institut des sciences du sport Gatorade [marque de boissons pour le sport contrôlé par PepsiCo], et MISSION, une entreprise de vêtements de sport.»
UPS n’a apparemment pas l’intention d’installer la climatisation dans les entrepôts. Ces entrepôts ne sont climatisés que dans les bureaux de la direction, explique Richard Hooker, de la section locale 623 du syndicat des Teamsters. «La climatisation est un pas dans la bonne direction, mais nous devons également nous assurer que les travailleurs d’entrepôt bénéficient d’un certain type de protection contrela chaleur», a-t-il ajouté.
UPS n’a pas fait de commentaires sur la climatisation dans les entrepôts.
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Selon l’OSHA, dans un cas datant de juin 2019, un travailleur de Fort Lauderdale, en Floride, livrait des colis sous la chaleur et a commencé à souffrir de crampes. Plutôt que de permettre à ce dernier d’obtenir des soins médicaux ou de rentrer chez lui, son superviseur l’a rejoint dans le camion et l’a aidé à livrer des colis. A la fin de son service, l’employé souffrait trop pour se rendre à son véhicule personnel. Il a été hospitalisé pour épuisement par la chaleur et on lui a diagnostiqué une rhabdomyolyse, une dégradation des tissus musculaires qui peut être fatale ou entraîner une invalidité permanente. UPS a été pénalisé à hauteur de 9282 dollars.
Truthout a également identifié six cas OSHA liés aux règles de sécurité face au Covid. Bien que ces incidents ne soient pas analysés dans le détail, ils montrent que les entreprises sont tenues d’établir une procédure écrite de prévention du Covid. Les employés d’UPS ont dû continuer à travailler en présentiel alors que de nombreuses personnes pouvaient rester chez elles pendant le confinement Covid.
«Nous avons donné à l’entreprise des milliards de dollars et nous travaillons des tonnes d’heures», explique Viviana Gonzalez, de la section locale 396 du syndicat des Teamsters. «Nous nous mettions en danger suite au Covid, nous mettions nos familles en danger. Je pense qu’il est plutôt déplorable que l’entreprise veuille accumuler autant de profits, et c’est un gros problème parce que si UPS prenait soin de ses employés, ils lui seraient reconnaissants.»
Le président des Teamsters, Sean O’Brien, a déclaré à la chaîne Breaking Points que des membres du syndicat avaient transporté des vaccins alors qu’ils «n’y avaient même pas droit».
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Les données de l’OSHA révèlent également plusieurs incidents d’amputations de doigts et d’orteils résultant du travail chez UPS. Dans un cas datant de février 2022, l’orteil d’un employé a été amputé chirurgicalement après que le verrouillage au fond d’une caisse a cédé et qu’un objet lourd est tombé sur le pied de l’employé. UPS s’est vu infliger une pénalité de 18 646 dollars.
Truthout a identifié six incidents où un travailleur est décédé au cours des cinq dernières années. En 2018, un employé du Kentucky est décédé lorsqu’il a été happé dans un système de convoyage, selon l’OSHA. UPS a reçu une pénalité de 14 000 dollars.
Richard Hooker a déclaré qu’il y avait eu un cas où une travailleuse, Cynfiah Burnell, était tombée d’une échelle et s’était cassé le poignet. UPS l’aurait laissée «assise pendant des heures et aurait attendu que les colis soient déchargés avant de l’emmener se faire soigner». Il dit qu’elle a reçu de l’argent pour l’accident, mais que cela n’a pas résolu le problème fondamental d’un statut digne sur le lieu de travail.
En avril 2021, Robert Cowie, ancien directeur des relations du travail pour le district de Chesapeake d’UPS, a écrit une lettre à Richard Hooker au sujet de l’incident et du rassemblement qui a suivi. «Je tiens à préciser qu’UPS est d’accord avec vous pour dire que la situation aurait pu être mieux gérée», écrit-il. «Nous l’admettons. Nous ne pensons pas que notre équipe de direction ait agi avec malveillance. Cependant, une fois encore, la situation aurait pu être mieux gérée, et nous nous engageons à faire de notre mieux pour nous assurer que les situations futures soient gérées d’une manière qui corresponde mieux aux valeurs d’UPS.»
Richard Hooker n’était pas satisfait de cette réponse. «UPS a gagné tellement d’argent», a-t-il déclaré, «et a gagné tellement d’argent qu’ils peuvent simplement payer pour ces infractions… Ils se contentent de jeter de l’argent par les fenêtres au lieu de régler les problèmes.»
Dans un communiqué, UPS a répondu que la société avait «investi plus de 343 millions de dollars aux Etats-Unis en 2022 dans la formation à la sécurité» et qu’elle impliquait ses «employés de première ligne dans le processus». «Nous nous conformons à toutes les normes OSHA applicables. Nous apprécions toute opportunité d’examiner et d’améliorer les politiques et les normes de sécurité qui protègent notre main-d’œuvre.»
Viviana Gonzalez, quant à elle, a récemment pris la parole lors d’un événement organisé par l’OSHA à San Diego. «J’avais dit que ces entreprises ne feraient que le strict minimum de ce que la loi exige», a-t-elle déclaré. µJe leur ai dit: Il est très important que vous établissiez des lois parce que ces entreprises feront strictement le minimum pour accorder ce que vous exigez.»
UPS et les Teamsters ont encore un peu de temps pour parvenir à un accord. «Refuser de négocier, en particulier lorsque la ligne d’arrivée est en vue, crée un malaise important parmi les employés et les clients et menace de perturber l’économie états-unienne», a déclaré UPS dans un communiqué.
La grève pourrait inciter les travailleurs d’autres entreprises, telles qu’Amazon, à exiger eux aussi de meilleures conditions de travail. Les Teamsters se sont organisés chez le géant du commerce électronique, qui travaille avec UPS. Les travailleurs de quatre Etats ont fait grève, y compris à Palmdale, où travaille Viviana Gonzalez.
«En cette période de solidarité syndicale accrue», les Teamsters ont publié un message sur Facebook, «les Teamsters d’UPS se battent pour toutes les familles de travailleurs – et se battent pour reconquérir ce que cela signifie le statut de travailleur aux Etats-Unis. Nous nous battons pour un avenir dans lequel tous les travailleurs et travailleuses bénéficient des profits qu’ils créent, avec des conditions de travail dignes dans des emplois stables, et des emplois dits de classe moyenne qui permettent de subvenir aux besoins de leurs familles. Fini les petits boulots, fini de se battre pour des miettes.» [2]
«La possibilité d’une grève est très, très forte à l’heure actuelle», a déclaré Richard Hooker. «A l’heure actuelle, je ne vois pas d’autre solution que de nous mettre en grève.» (Article publié sur le site Truthout, le 14 juillet 2023 ; traduction rédaction A l’Encontre)
Post-scriptum.
En date du 26 juillet, il est annoncé que le syndicat des Teamsters et UPS sont parvenus à un accord de principe sur un nouveau contrat concernant les 340’000 Teamsters qui travaillent pour le géant de l’expédition de colis.
Selon un communiqué publié par le syndicat, le nouveau contrat est «l’accord de principe le plus historique pour les travailleurs dans l’histoire d’UPS», promettant des augmentations de salaire, la fin du système de salaire différent pour les temps partiels et les temps pleins, une nouvelle climatisation dans les véhicules, le jour Martin Luther King Jr. comme jour férié à part entière dans l’entreprise (la très large majorité des salarié·e·s sont des Afro-Américains), etc.
Dans les jours et les semaines à venir, après des débats, des milliers de Teamsters d’UPS voteront pour ou contre la ratification de ce contrat. Mais une chose semble indéniable, selon Derek Seidman: «toute avancée significative obtenue par les Teamsters face à un employeur hostile sera le fruit de la volonté des travailleurs et travailleuses de la base de montrer à l’entreprise qu’ils étaient prêts à engager une dure grève dès le 31 juillet» (Truthout, 26 juillet 2023)
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[1] Bernie Sanders, dans un tweet du 22 juin – les négociations ont commencé en mai –, a déclaré: «Si UPS peut dépenser plus de 8,4 milliards de dollars en rachats d’actions et en distribution de dividendes cette année, elle peut se permettre d’offrir de meilleurs salaires, avantages et conditions de travail à ses employés.» (Réd. A l’Encontre)
[2] Alexandria Ocasio-Cortez, lors d’une réunion le 7 juillet à New York avec les travailleurs et travailleuses d’UPS, a déclaré: «Ce dans quoi nous sommes sur le point de nous engager nécessite la solidarité de tous et toutes. Votre combat ici même consiste à l’avant-poste d’une bataille pour la dignité de tous les travailleurs de ce pays.» Elle a de même rappelé que si ce mouvement de grève s’enclenchait, un des plus important face à un seul employeur, il rejoindrait la mobilisation et la grève des quelque 100 000 scénaristes et acteurs de Hollywood. (Réd. A l’Encontre)
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