Lors de la rencontre de l’Autre Davos, les 29 et 30 janvier 2010, à Bâle (Suisse), Dirceu Travesso, secrétaire internationale de Conlutas (Coordination nationale des luttes), est intervenu lors de l’assemblée plénière du vendredi soir qui réunissait plus de 430 personnes et lors des ateliers consacrés à la thématique: « Pour un nouveau syndicalisme ». Nous avons déjà publié sur ce site des informations et textes de Conlutas. Afin de resituer, pour nos lectrices et nos lecteurs, la conception de Conlutas, nous publions, en langue française, une courte histoire de Conlutas, telle qu’elle est présentée sur le site de Conlutas. Nous y ajoutons l’invitation aux deux congrès qui vont se tenir entre le 3 et le 6 juin 2010 – le Congrès de Conlutas et un congrès d’unification de la gauche syndicale. Par la suite, nous publierons le contenu des interventions de Dirceu Travesso. (Réd.)
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L’idée fondatrice de Conlutas – Coordination nationale des luttes – a surgi suite à la Rencontre syndicale nationale qui s’est a eu lieu en mars 2004 dans la ville de Luziania (Etat de Goias). Avec la présence de plus de 1800 dirigeants et activistes syndicaux et de mouvements sociaux, cette réunion a établi un calendrier de luttes contre la réforme syndicale (lancée par le gouvernement Lula). La première grande activité à ce propos organisée par Conlutas eut lieu à Brasilia, le 16 juin 2004. Cette manifestation a réuni quelque 20’000 personnes.
Conlutas est née à partir de la nécessité de s’organiser en tant qu’alternative de lutte pour les travailleurs et travailleuses du Brésil, et cela avec une perspective d’indépendance de classe ainsi que socialiste. Ce processus s’est développé après l’élection du gouvernement Lula et son option de gouverner en accord avec le modèle économique néolibéral, ainsi qu’à la suite de l’adaptation de la CUT (Centrale unitaire des travailleurs) aux politiques gouvernementales, ce qui s’exprima par l’appui de la CUT à la contre-réforme de la prévoyance sociale.
La fondation officielle de Conlutas s’est faite en mai 2006 lors du Congrès national des travailleurs qui s’est tenu à Sumaré (Etat de São Paulo), en présence de centaines de délégations et représentations de syndicats et mouvements sociaux venus de tout le Brésil.
En juillet 2008, Conlutas a réalisé son premier congrès national à Betim, dans l’Etat de Minas Gerais. Quelque 3000 délégué·e·s étaient présents, en plus des invités et observateurs.
Conlutas est une coordination ouverte à la participation de toute association, de tout syndicat, de toute organisation populaire, de toute organisation étudiante ou de tout mouvement social qui cherche à s’engager dans la lutte contre les réformes néolibérales et contre le modèle économique du gouvernement Lula. Cette coordination appuie de même les occupations de terres, d’espaces pour la construction de maisons et toutes les luttes des mouvements sociaux. Au même titre, elle participe et s’associe à la lutte desdites minorités (noire, homosexuelle, etc.).
Conlutas est, comme son nom l’indique, une coordination composée en priorité de représentations syndicales [insérées dans les entreprises], mais aussi d’organisations populaires, de mouvements sociaux et de mouvements étudiants. Pour cette raison, une partie de ses combats intègrent les revendications de ces secteurs, les plaçant sous son drapeau et donnant ces mobilisations un caractère de classe. Parmi ces mouvements, Conlutas met en relief les mouvements sociaux et populaires, les mouvements des étudiants, les mouvements des femmes, ceux des femmes et hommes noirs, ainsi que des homosexuels. De plus, Conlutas cherche à établir des relations internationales du point de vue des travailleurs et des mouvements sociaux.
Conlutas, avec son caractère syndical et populaire, affirme son indépendance par rapport au gouvernement et à l’Etat, et son autonomie par rapport aux partis politiques. Conlutas est ouverte à la participation de toutes les organisations de travailleuses et de travailleurs, de la population pauvre et des jeunes qui veulent lutter pour changer le Brésil, pour combattre l’injustice et pour une vie digne.
Conlutas a comme principe fondateur la démocratie ouvrière, parce qu’elle comprend que c’est à travers la plus ample et la plus démocratique participation des travailleurs et travailleuses qu’il sera possible d’avancer dans une organisation de la classe ouvrière. Dans Conlutas, c’est la base qui participe et qui décide.
Conlutas est née et s’est placée sous le signe de l’internationalisme, cela parce qu’elle comprend que l’unité des travailleurs à l’échelle mondiale est fondamentale et que cela peut se faire à partir d’une solidarité active entre la classe des travailleuses et des travailleurs de tous les pays. Elle se joint de manière active aux luttes des travailleurs et travailleuses d’Amérique latine contre les attaques portées par le néolibéralisme, par l’impérialisme états-unien et contre les conséquences de la mondialisation capitaliste.
Une de ses principales activités internationales a été réalisée en juillet 2008 à l’occasion de la Rencontre des travailleurs latino-américains et de la Caraïbe, réunion qui s’est tenue à Betim dans l’Etat du Minas Gerais. L’objectif de cette rencontre était d’initier une unification des luttes et des volontés des masses laborieuses de cette région afin de répondre de manière conjointe aux attaques impérialistes, avec la perspective d’une destruction du système capitaliste et de la construction conjointe d’une nouvelle société, d’une société socialiste.
A partir des luttes de la classe ouvrière, des mouvements sociaux et populaires et des étudiants, la stratégie de Conlutas s’inscrit dans la perspective d’une bataille pour le socialisme. (Traduction A l’encontre)
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Une invitation aux organisations et militants
de la gauche syndicale internationale
Les 3, 4, 5 et 6 juin prochains auront lieu au Brésil deux congrès importants des secteurs de la gauche syndicale brésilienne. Les 3 et 4 juin aura lieu le congrès de Conlutas, une organisation syndicale et populaire fondée en 2004, de laquelle participent quelques 400 organisations : des syndicats, des groupes d’opposition dans des syndicats, des mouvements populaires, estudiantines et de lutte contre l’oppression. Dans ce Congrès sera à l’ordre du jour une unification avec l’Intersyndicale, une organisation qui rassemble en son sein d’autres secteurs de la gauche syndicale brésilienne, ainsi qu’avec d’autres organisations telles que Pastorale Ouvrière, le MTST (Mouvement des Travailleurs Sans Toit), le MTL (Mouvement Terre et Liberté) et le MAS (MouvementAvancée Syndicale).
Le Congrès d’Unification, qui aura lieu les 5 et 6 juin, est en préparation à partir du Forum Social de Belém qui a eu lieu au début de 2009.
Nos différentes expériences d’organisation syndicale et populaire sont la manifestation de la faillite du projet de syndicalisme «de gauche» combatif, indépendant, classiste et anti-impérialiste, entamé par laCUT à la fin des années 70 au Brésil.
Avec l’arrivée de Lula et du PT au gouvernement, la CUT a connu une avancée qualitative dans la bureaucratisation (avec des méthodes qui mettent en question la démocratie ouvrière), dans la subordination àl’appareil de l’Etat et dans le virage à droite pour une politique de collaboration de classes.
La crise économique impérialiste mondiale, une crise profonde et qui est loin d’arriver à sa fin, a montré une fois de plus l’impuissance des vieux appareils bureaucratiques syndicaux pour répondre aux besoins de notre classe. Les attaques profondes de l’impérialisme et de ses gouvernements dans le monde entier contre les travailleurs ont lieu aussi au Brésil, de même que la logique de collaboration de classes défendue par les appareils bureaucratiques, qui acceptent d’abandonner des droits, de perdre des emplois et de l’argent public pour de sauver les banques, les multinationales et les grands entrepreneurs.
Comme partout dans le monde, au Brésil aussi il y a des luttes importantes de résistance, même si elles sont encore loin d’être à la hauteur des besoins de notre classe.
C’est dans ce sens que c’est pour nous une victoire importante, même dans une situation défensive des luttes et sans une montée importante, que nous pouvons avancerdans la construction d’un organisme de Front Commun d’Organisations Ouvrières, avec la participation de différents secteurs de la gauche brésilienne.
Nous voudrions compter avec la participation de délégations de la gauche intemationale, que se soit pour pouvoir connaître l’expérience que nous sommes en train de développer, ou pour pouvoir participer aux débats sur ie programme, l’approche et la pratique syndicale, la structure et le fonctionnement. Il s’agit de thèmes qui font partie du bilan nécessaire pourtout secteur du syndicalisme de gauche conséquent, où que ce soit dans le monde.
Nous allons organiser aussi une réunion avec tout les représentants de délégations internationales, afin de pouvoir discuter d’un projet de collaboration et de solidarité internationaliste.
Nous sommes convaincus que nous ne serons pas capables d’avancer dans la construction d’une alternative de gauche au Brésil si ce n’est sur la base des principes de l’internationalisme de notre classe, autant dans le sens des actions de solidarité intemationales que dans le débat et l’échange d’expériences qui se développent en différents endroits dans le monde.
Conlutas et la Coordination Nationale du Congrès de Réunification réitèrent leur invitation et espèrent pouvoir compter avec la présence de tous, pour nous accompagner aussi bien dans le Congrès de Conlutas des 3 et 4 juin que dans le Congrès d’Unification des 5 et 6 juin. Ce sera un grand plaisir de pouvoir vous recevoir au Brésil en juin. Les deux événements auront lieu dans la ville de Santos, à environ une heure de Sâo Paulo.
Nous attendons votre communication afin de pouvoir vous recevoir:
Conlutas
Tel: 55 11 31068206 • secretaria@conlutas.org.br
Tel: 551176731466 • di.di@uol.com.br
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