Par Jake Johnson
Lundi 2 août 2021, un fonctionnaire du National Labor Relations Board [agence indépendante du gouvernement fédéral des Etats-Unis chargée de conduire les élections syndicales et d’enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail] a officiellement recommandé d’annuler les résultats d’une élection syndicale très surveillée dans l’entrepôt d’Amazon à Bessemer, en Alabama, donnant ainsi aux travailleurs une chance d’organiser un nouveau vote, alors que le géant du commerce électronique est accusé d’avoir commis des irrégularités [voir à propos de ce vote et du bilan des activités syndicales les articles publiés sur ce site en date du 11 et du 16 avril 2021].
La recommandation de l’enquêtrice de la NLRB, Kerstin Meyers, n’a pas encore été rendue publique, mais le syndicat Retail, Wholesale, and Department Store Union (RWDSU) – qui a mené la campagne de syndicalisation dans l’entrepôt de Bessemer (Alabama) – a déclaré que Kerstin Meyers avait conclu qu’«Amazon avait violé le droit du travail» et qu’une seconde élection devait être organisée. (Ce que confirme le texte de sa recommandation.)
Un directeur régional du NLRB va maintenant examiner la décision et déterminer s’il faut adopter la recommandation de Kerstin Meyers – un processus qui pourrait prendre des semaines. Amazon a déjà promis de faire appel pour s’assurer que les résultats de la première votation soient confirmés.
Stuart Appelbaum, président du RWDSU, a déclaré dans un communiqué que «tout au long de la procédure conduite par le NLRB, nous avons entendu des preuves irréfutables de la manière dont Amazon a tenté d’interférer illégalement avec les travailleurs et de les intimider alors qu’ils cherchaient à exercer leur droit de former un syndicat».
A la suite du vote massif des travailleurs et travailleuses de Bessemer contre la syndicalisation en avril 2021, le RWDSU a déposé près de deux douzaines de plaintes auprès du NLRB, alléguant qu’Amazon a illégalement menacé les employés de baisse de salaire et de perte de prestations diverses. Amazon a installé et surveillé une urne illégale, et a désigné et écarté les travailleurs favorables à la syndicalisation lors de réunions dites «d’auditoire captif» au cours desquelles la direction a plaidé contre la syndicalisation.
«Nous soutenons la recommandation de l’enquêtrice selon laquelle le NLRB doit annuler les résultats de l’élection et ordonner une nouvelle élection», a déclaré Stuart Appelbaum lundi. «La question de savoir s’il faut ou non avoir un syndicat est censée être la décision des travailleurs et non celle de l’employeur. Le comportement d’Amazon tout au long du processus électoral était méprisable. Amazon a triché, ils se sont fait prendre, et ils sont tenus pour responsables.»
L’effort de longue haleine pour syndiquer les quelque 6000 travailleurs de Bessemer face à la campagne d’intimidation incessante d’Amazon a attiré l’attention nationale – y compris celle du président Joe Biden – car les observateurs ont vu dans cette élection un indicateur sur le potentiel du mouvement syndical américain. «Cela se passe dans l’Etat le plus difficile, avec l’entreprise la plus difficile, au moment le plus difficile», a déclaré Janice Fine, professeure d’études du travail à l’Université Rutgers, au début de cette année. «Si le syndicat peut l’emporter compte tenu de ces trois faits, il enverra le message qu’Amazon est organisable partout.» (Article publié sur le site Common Dreams, le 3 août 2021; traduction rédaction A l’Encontre)
Post-scriptum: Dans un article du Guardian publié le 3 août, il est indiqué que: «The International Brotherhood of Teamsters, l’un des plus grands syndicats américains, a voté en juin une résolution historique visant à faire de l’aide aux travailleurs d’Amazon – qui sont 1,3 million aux Etats-Unis – sa plus haute priorité pour obtenir un contrat syndical». Ce qui met en relief la dimension test de cette bataille pour la syndicalisation dans l’entreprise Amazon. (Réd.)
Soyez le premier à commenter