Rédaction
Mardi 8 février 2011 – 15e jours de révolte-révolution – s’est caractérisé par une nouvelle mobilisation de masse dans diverses villes d’Egypte, en particulier au Caire. Les manœuvres du gouvernement n’ont pas abouti à affaiblir le mouvement. Certes, pour de nombreux Egyptiens qui vivent au jour le jour, il est difficile d’assurer une mobilisation permanente. Mais un des traits caractéristiques de la mobilisation du mardi 8 février était la venue des personnes qui n’avaient pas encore manifesté. La force d’attraction sur de très larges secteurs de la population opérée par l’occupation permanente de la place Tahrir concrétise la force du mouvement venant d’en bas.
L’apparition sur la place Tahrir du cyber-activiste Wael Ghonim, arrêté et maltraité, a constitué un moment important, le 8 février. Ghonim, qui avait un rôle de directeur dans la branche égyptienne de Google, a été le responsable de la mise en place du réseau social de Facebook qui contribua, dans le contexte d’explosivité sociale et politique mûrissant, a lancé le mouvement du 25 janvier. Il fut arrêté dès le 28 janvier.
Sa libération participe d’un nouveau gain du mouvement, au même titre que celle de 34 prisonniers politiques. Selon Al-Jezira, en date du 9 février, quelque 1000 prisonniers auraient été libérés après avoir accompli trois quarts de leur peine. Et 840 auraient été libérés, eux qui étaient emprisonnés dans la province du Sinaï !
Les divisions parmi les positions des Frères musulmans concernant les négociations engagées par le militaire, chef des services de sécurité et actuel vice-président, Suleimane, traduisent aussi les tensions qu’exerce sur eux la force sociale de la révolution.
Selon le quotidien Al-Masry Al-Youm, du 9 février 2011, une femme de 44 ans, rencontré sur la place Tahrir, explique qu’elle a pris le train depuis sa ville dans le Delta – Daqaheleyya – avec son fils pour rejoindre les centaines de milliers de manifestants qui sont venus au Caire le mardi 8. Elle affirme – «d’une voix forte» – à la journaliste Noha El-Hennawy : «Je suis venue dans le but d’être partie prenante de ce changement auquel nous rêvons depuis si longtemps». Elle est entourée d’un groupe de femmes de sa ville qui ont aussi fait le voyage et se trouvent sous une tente en plastique, sur la place. Son fils, âgé de 17 ans, étudiant du secondaire, affirme : «Je suis venu aujourd’hui, ainsi je peux sentir concrètement que je participe.» Sa mère ajoute : «Au début nous ne sommes pas venus car nous avions peur des nervis. Mais maintenant, nous n’avons plus peur. Qu’ils nous battent, nous sommes prêtes pour cela. J’ai pris mon fils avec moi ; il n’est pas plus précieux que les martyrs morts dans les affrontements.»
Elle indique que sa famille est proche des Frères musulmans Mais aucun des dirigeants ne l’a poussé à venir manifester. Son mari est resté chez elle avec le fils le plus jeune. Sa décision a été personnelle. Ce genre de témoignage traduit la fibre intime d’un mouvement social d’une grande force.
En ce 9 février le fait le plus marquant réside dans l’appel à la grève de quelques syndicats indépendants. Selon Al-Masry Al-Youm, quelque 3000 travailleurs des chemins de fer ont engagé une grève. Ils réclament une modification de leur salaire auprès du ministre des transports, Atef Abdel Hamid. Le Ministère des transports a donné l’ordre à la Société nationale des Chemins de fer (ENR) de donner de suite satisfaction aux revendications et de résoudre le conflit pacifiquement. Ce qui indique la crainte des autorités. La grève est annoncée pour le jeudi 10 février dans les transports publics. Des travailleurs du secteur pétrolier ont manifesté devant le siège du Ministère du pétrole et devant diverses filiales de la société Petrotrade à Abdeen, Maadi, Nasr City, Haram et à Faisal.
Des mouvements de grève ont commencé dans diverses villes. Ils toucheraient plusieurs centaines de fabriques. Pour l’heure, ces informations ne peuvent être vérifiées. Un tel mouvement pourrait marquer un nouveau tournant dans la situation.
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