Le vendredi 17 septembre 2010, à Zurich, a été organisée une manifestation de solidarité avec les grévistes d’ISS-Aviation travaillant à l’AIG (Aéroport international de Genève). Elle s’est tenue devant les locaux de la banque d’investissement Goldman Sachs (GS), qui a le contrôle d’ISS depuis 2005 et prépare son changement de statut ainsi que le dégagement de GS d’ISS.
Les locaux de Goldman Sachs se trouvent à Münsterplatz 4. Les volets étaient baissés sur les deux étages que GS occupe. Les précautions avaient été prises: la plaque d’identité et d’identification de GS était dévissée, au même titre que la sonnette. Les cadres de GS – enfermés dans leur monde, comme le décrit si bien Marc Roche dans son récent livre La Banque – étaient aussi reclus dans leurs bureaux zurichois. Ils observaient certainement cette étrange et étrangère manifestation, pour eux.
Des observateurs attentifs étaient certainement mieux placés dans les cars de police, parqués à proximité. La police zurichoise assure la sécurité des banques. Normal. Leur commandement est plus professionnel que celui d’Ospel pour l’UBS.
Les manifestant·e·s ont déposé des sacs-poubelle sur lesquels étaient collés le logo ISS, avec les salaires anciens des grévistes et les nouveaux salaires qu’a imposés ISS-Aviation. Quelque 70 personnes ont participé à la manifestation. Au cours de cette dernière, ont pris la parole: la présidente du SSP-VPOD, Katharina Prelicz-Huber (conseillère nationale des Verts) et deux animateurs du comité de soutien (dont un ex-secrétaire d’UNIA: Rolf Krauer). Ils ont expliqué le sens de la manifestation et la portée plus générale de cette grève.
Le comité de soutien, pour cette action et pour la solidarité qui devrait durer tant que nécessaire, a un caractère unitaire. Il s’est réuni une première fois le 13 septembre, avant que soit fixée – au 17 septembre 2010 – l’échéance de manifestations de soutien dans diverses villes ; manifestations malheureusement plus limitées en nombre. La réunion du 13 septembre a été bien accueillie. On le constata aussi bien par la présence que par les excusé·e·s qui n’étaient pas une façon de se défiler, comme la prouvée leur participation à la manifestation du 17 septembre. Ainsi, étaient présents le 17 septembre des représentants du SSP-VPOD, cela va de soi, d’Alternative Liste, d’Aufbau, du BFS/MPS, etc.
Stefan Giger, secrétaire central du SSP-VPOD a été très actif pour organiser la solidarité. Il a d’ailleurs été plusieurs fois présent auprès des grévistes à Cointrin. Il pouvait ainsi traduire le sentiment de ces derniers. Il est aussi conscient qu’ISS-Nettoyage a imposé, à Zurich, une CCT du nettoyage qui durera jusqu’en 2013. Elle ne semble pas faire concurrence aux décisions d’ISS-Aviation à Cointrin ; elle pourrait même servir de modèle.
Le 16 septembre a été faite une distribution de tracts explicatifs. Cette distribution a été organisée, entre autres, en direction des nettoyeurs et nettoyeuses d’ISS qui se trouvaient devant leur magasin de fournitures, au siège central de Zurich. Les travailleurs et travailleuses étaient assis autour de tables de bois, dehors, sur la rampe d’entrée. Là, ils peuvent fumer et discuter. C’est à ce moment que le responsable (Disponent) leur distribue les tâches du jour. Cette action a été prise en charge par des militant·e·s du BFS/MPS et un militant d’Aufbau. Les nettoyeurs et nettoyeuses étaient attentifs. Un certain nombre était de langues espagnole et italienne, se trouvaient aussi des travailleurs venant d’Allemagne.
Plusieurs questions se posent au comité de soutien. Nous en citerons trois. La première: les actions d’un comité unitaire de solidarité doivent être déterminées par les décisions des grévistes. Ce fut clair durant les réunions préparatoires et à l’occasion du premier bilan. La deuxième: établir des liens avec le personnel du nettoyage (et d’autres professions proches: catering, bagagistes, etc.) de l’aéroport de Kloten (Unique), qui est une sorte de région en tant que telle au plan syndical, ce que Stefan Giger a expliqué. Il va de soi que l’établissement de ces liens passe par un travail étroit avec les animateurs du SSP-VPOD qui sont responsables de ce secteur. La troisième: des contacts réguliers avec les grévistes et le comité de soutien à Genève, cela d’autant plus que des «médiations» complexes sont initiées.
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