Dossier-Iran. Face aux manifestations, le pouvoir se déchaîne sur la jeunesse

Par Farnaz Fassihi

[Les manifestations à l’échelle nationale des mardi, mercredi et jeudi 15, 16 et 17 novembre indiquent un certain degré de coordination et l’échec des «dialogues» prônés par l’aile dite réformiste du régime. C’est la répression qui est à l’ordre du jour, bien que les forces armées n’aient pas encore été déployées, selon les dires de Kioumars Heydari, commandant de l’armée de terre. De plus reste l’interrogation sur les décisions que va prendre, en termes de «maintien de l’ordre», la direction des Gardiens de la révolution. Or, malgré la répression – dont le déploiement contre la jeunesse est illustrée par l’article ci-dessous ­– des informations réunies par des militant·e·s d’Iran laissent entrevoir la détermination renforcée des manifestant·e·s. Une analyse faite par des militant·e·s iraniens sera nécessaire pour éclairer à la fois les diverses manœuvres de forces régionales comme celles d’Arabie saoudite ou d’Israël – sans même mentionner les Etats-Unis – et l’éventail des courants, très divers, qui se dégageront plus nettement dans le contexte de cette mise en question massive du régime.- Réd. A l’Encontre]

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Une fille, âgée de 14 ans, a été incarcérée dans une prison pour adultes aux côtés de délinquants toxicomanes. Un garçon de 16 ans a eu le nez cassé en détention après avoir été battu par des agents de sécurité. Une jeune fille de 13 ans a été agressée physiquement par des miliciens en civil qui ont fait une perquisition dans son école.

Selon des avocats iraniens et des militants des droits de l’homme, informés, la répression brutale menée par les autorités iraniennes pour mettre fin aux manifestations en faveur de la libération sociale et du bouleversement politique qui secouent le pays depuis deux mois a fait payer un lourd tribut à la jeunesse du pays.

Les jeunes, notamment les adolescents, ont été au cœur des manifestations et des affrontements avec les forces de sécurité dans les rues, sur les campus universitaires et dans les lycées. Les responsables iraniens ont déclaré que l’âge moyen des manifestants était de 15 ans!

Certains ont été battus et placés en détention, d’autres ont été tués par balle dans la rue ou battus par les services de sécurité. La vie d’innombrables autres personnes a été bouleversée par les opérations des autorités dans les écoles dans le but de réprimer la contestation.

Les autorités visent des milliers de mineurs, âgés de moins de 18 ans, pour avoir participé aux manifestations, selon des entretiens avec deux douzaines de personnes, dont des avocats impliqués dans des affaires ainsi que des militants des droits humains, ainsi que des parents, des proches et des adolescents. Les organisations de défense des droits affirment qu’au moins 50 mineurs ont été tués. Par crainte de représailles, les avocats et de nombreuses personnes interrogées pour cet article ont demandé à ne pas être nommés

Le ciblage des jeunes s’inscrit dans le cadre d’une répression plus large des manifestant·e·s, au cours de laquelle 14 000 personnes ont été arrêtées, selon les Nations unies. Dimanche 13 novembre, les médias d’Etat ont déclaré qu’une personne non identifiée avait été condamnée à mort pour avoir mis le feu à un bâtiment gouvernemental.

Selon les organisations de défense des droits la République islamique déchaîne sa colère sur sa jeunesse d’une manière et à une échelle jamais vues lors des autres manifestations qui ont secoué le pays au cours des deux dernières décennies Le soulèvement national, largement mené par des femmes, a donné lieu à des manifestations quotidiennes dans des villes de tout le pays pour demander la fin du règne des religieux purs et durs, à la suite de la mort d’une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, détenue par la police des mœurs en septembre.

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Kazem Gharibabadi, secrétaire général du Haut Conseil iranien des droits de l’homme, n’a pas répondu aux questions concernant les actions du gouvernement contre les jeunes manifestants. Selon des organisations de défense des droits, des parents et des avocats, le gouvernement a répondu à la révolte des jeunes par les mêmes tactiques que celles qu’il déploie contre les adultes: tirer et battre à certains, arrêter et jeter d’autres dans des cellules de détention avec des détenus adultes, interroger et menacer les enfants et leurs familles.

La jeune fille de 14 ans détenue aux côtés des délinquants toxicomanes avait disparu après avoir participé à une manifestation dans la ville religieuse de Qom. Libérée sous caution, on lui a dit qu’elle avait désormais un dossier criminel et devait être jugée. Le garçon de 16 ans qui a eu le nez cassé avait participé à une manifestation dans la ville de Tabriz (au nord-ouest du pays), manifestation durant laquelle où foule scandait «Mort au dictateur» ou «A bas le dictateur!.»

«Ce qui rend ces manifestations différentes, c’est que les enfants sont présents de manière beaucoup plus visible, affichant une détermination audacieuse à défier l’establishment et à demander un meilleur avenir pour eux-mêmes», a déclaré Diana Eltahawy, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. «Et ils utilisent tous les outils de répression à leur disposition pour les réprimer».

Amnesty International a déclaré avoir recensé 33 cas de mineurs tués lors du soulèvement, mais les chiffres réels sont probablement plus élevés. Les groupes de défense des droits humains et l’association des enseignants affirment que le nombre est plus proche de 50.

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Les avocats et les militants des droits de l’homme estiment que 500 à 1 000 mineurs sont en détention, sans que l’on sache exactement combien sont détenus dans des prisons pour adultes.

Dans les centres de détention pour mineurs, les enfants sont contraints de suivre une thérapie comportementale sous la supervision d’un religieux et d’un psychologue qui leur disent qu’ils ont commis des péchés et qu’ils doivent accepter leurs fautes. Dans plusieurs cas, les enfants se sont vus prescrire des médicaments psychotropes après avoir résisté au traitement comportemental, selon les avocats.

Dans un message audio – partagé avec le New York Times par un éminent avocat iranien spécialisé dans les droits de l’homme, Hossein Raeesi – un agent de sécurité a déclaré que le gouvernement avait émis un ordre confidentiel exigeant que toutes les affaires impliquant des enfants «soient traitées par des experts en sécurité et en renseignement». L’officier a ajouté: «La situation des enfants est extrêmement grave, les cas apparaissent lentement.»

Hossein Raeesi a déclaré que les lois iraniennes stipulent que les mineurs ne peuvent être détenus que dans des centres de détention pour mineurs et interrogés par des juges spécialement formés et rattachés aux tribunaux pour mineurs.

L’Iran est également signataire de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, et le fait qu’il cible et traite les enfants, selon Hossein Raeesi, constitue une violation de ses obligations.

Dans la ville kurde de Kamyaran, un garçon de 16 ans nommé Mobin a été arrêté et emmené dans une prison. Il y a été battu ce qui lui a cassé l’épaule, selon Rebin Rahmani, directeur du Kurdistan Human Rights Network. Lorsque le garçon a été emmené à l’hôpital pour des radiographies, les médecins qui prévoyaient de l’hospitaliser ont été écartés par les forces de sécurité. Et il a été renvoyé en détention, selon Rebin Rahmani.

Les écoles, généralement considérées comme un espace protégé pour les enfants, se sont soudainement transformées en lieux soumis à des descentes policières. Dès lors, les élèves sont en danger pour le simple fait d’assister aux cours.

Le New York Times a recensé 23 raids dans des écoles secondaires de villes iraniennes, où des agents de la milice ainsi que des membres de services de renseignement, en civil, ont interrogé, battu et fouillé des élèves. Les autorités scolaires ont de même menacé ou frappé des élèves.

Lors d’un de ces épisodes, le mois dernier, une école primaire de Téhéran a été visée par les forces de sécurité qui ont lancé des gaz lacrymogènes dans sa cour, pendant la récréation. Cela parce que les élèves scandaient des slogans anti-gouvernementaux, selon un parent dont le fils de troisième année fréquente l’école.

«Mes enfants ne sont pas en sécurité dans les rues, et ils ne sont plus en sécurité à l’école. Chaque jour, je meurs d’angoisse jusqu’à ce qu’ils rentrent à la maison», a déclaré Sara, une mère de deux adolescentes à Téhéran, elle a demandé que son nom de famille ne soit pas mentionné. La semaine dernière, l’école l’a appelée pour l’informer que la milice Basij, en civil, prévoyait une descente dans l’établissement et exigerait d’examiner aux téléphones des élèves. Pendant deux jours, Sara n’a pas envoyé ses filles à l’école. Agée de 17 ans, élève de terminale, elle a demandé à ne pas être nommée pour des raisons de sécurité. Elle a déclaré qu’elle se sentait «confortée» parce que, chaque jour, elle protestait aux côtés de ses camarades de classe en enlevant leurs hidjabs, en frappant aux portes et en chantant «Femmes, vie, liberté».

A Tabriz, un garçon de 14 ans, du nom d’Amir a montré des symptômes de stress traumatique à la maison. Il s’est refusé de manger, s’est enfermé et s’est plaint de maux de tête et de maux d’estomac. Au bout de trois jours, il a raconté à son oncle que son école avait fait l’objet d’une descente d’agents des services de renseignement qui avaient garé un fourgon de police dans la cour et menacé d’emmener les élèves en prison s’il s’avérait qu’ils avaient déchiré des photos du dirigeant suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, dans leurs manuels scolaires ou qu’ils avaient exprimé leur soutien aux manifestations. Ils ont vérifié les livres des élèves et scanné leurs téléphones, faisant des captures d’écran des photos et des publications sur les médias sociaux. «Ils avaient dit à Amir que si tu informes à tes parents, nous arrêterons ton père», selon le témoignage de son oncle, Ebi, un ingénieur en mécanique qui a demandé que son nom de famille ne soit pas mentionné. «Ils terrorisent les enfants parce qu’ils ont peur de l’avenir et ils savent que ces enfants vont se battre pour leurs droits».

Une mère de Shiraz a déclaré que le directeur du lycée Amin Lari, que sa fille de 14 ans fréquente, a appelé la police et le département de l’éducation lorsque des élèves ont brisé des portraits encadrés de l’ayatollah Ruhollah Khomeini, le père fondateur de la révolution, et scandé des slogans dans la cour. Lorsqu’ils ont fait une descente dans l’école, le directeur du lycée leur a donné accès aux caméras de surveillance afin d’identifier les élèves à l’origine de la manifestation. Seize d’entre eux ont été suspendus.

Dans l’un des incidents scolaires les plus médiatisés, la milice Basij a pris d’assaut le mois dernier le lycée Shahed dans la ville d’Ardabil, au nord-ouest du pays. Elle a frappé des élèves, envoyant neuf d’entre eux à l’hôpital, en ambulance. Selon les défenseurs des droits de l’homme, une jeune fille de 15 ans, Asra Panahi, a été battue à mort. Mais les membres de sa famille ont publiquement soutenu la position du gouvernement selon laquelle elle s’est suicidée en avalant des pilules, ce qui, selon les groupes de défense des droits, est dû aux «pressions» des autorités.

Yashar Hakakpour, directeur de l’Association pour la défense des prisonniers politiques azerbaïdjanais d’Iran – basée au Canada – rapporte que «Les familles des enfants qui sont tués ou arrêtés subissent d’énormes pressions et menaces pour qu’elles ne disent pas la vérité sur leur cas et ne donnent pas leur nom». Yashar Hakakpour a déclaré avoir été en contact avec des proches de la famille d’Asra Panahi et pouvoir confirmer qu’elle a été tuée lors de l’intervention de la milice. «Ces miliciens pensent que s’ils font peur aux parents, ils peuvent aussi contrôler les enfants».

Certains enfants ont disparu lors de manifestations et leurs familles n’ont pas pu les localiser. Deux frères de 16 et 17 ans ont disparu depuis plus d’un mois à Zahedan, une ville du sud-est du pays qui a été le théâtre d’une violente répression. Trois jeunes filles de 15 ans ont disparu depuis plusieurs jours à Lahijan. «Ils n’ont jamais respecté ni accepté le concept de droits des enfants», a déclaré Bahram Rahimi, membre fondateur du Comité iranien de protection des droits des enfants, aujourd’hui en exil en Californie. «Même les familles les plus conservatrices sont exaspérées par la façon dont ils ciblent les enfants». (Article publié dans le New York Times, le 14 novembre 2022; traduction rédaction de A l’Encontre)

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«La répression se durcit. Elle cible aussi les avocats, les journalistes les médecins. Mais la mobilisation ne faiblit pas»

Par Farnaz Fassihi

Les autorités iraniennes ont pris des mesures très musclées pour disperser les manifestations dans des dizaines de villes du pays mardi 15 novembre, alors que le soulèvement exigeant la fin du régime des mollahs est entré dans son troisième mois. Ni les manifestant·e·s ni le gouvernement n’ont montré de signes de repli.

Les forces de sécurité, adoptant de nouvelles tactiques, ont fait voler des drones et des hélicoptères à basse altitude au-dessus des rassemblements de manifestant·e·s. Elles ont parfois ouvert le feu à balles réelles, comme le montrent des vidéos publiées sur les médias sociaux.

Dans une station de métro de la capitale, Téhéran, les forces de sécurité ont tiré [des paintballs ou du gaz lacrymogène] sur des personnes qui attendaient un train sur un quai. Cela a déclenché une cohue alors que les usagers paniqués criaient et tentaient d’éviter les balles, comme le montrent les vidéos. Les stations de métro sont souvent le théâtre de manifestations pendant le soulèvement.

A Zanjan, une ville du nord-ouest de l’Iran, la foule a tenté d’empêcher les forces de sécurité de faire monter des manifestant·e·s dans une camionnette. Ils criaient «Laissez-le partir!». Des personnes ont essuyé des tirs alors qu’elles couraient pour se mettre à l’abri sur les trottoirs, toujours selon une vidéo.

Les manifestations en Iran ont éclaté à la mi-septembre après la mort de Mahsa (Jina) Amini, 22 ans, alors qu’elle était détenue par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint la loi iranienne sur le hidjab. Les femmes et les jeunes ont pris la tête des manifestations, réclamant la libération sociale et le changement politique, et puisant dans des années de colère refoulée face à l’incapacité de l’Etat à se réformer.

Dans les grandes villes comme Téhéran, Tabriz, Ispahan et Machhad, les foules ont scandé mardi des slogans et crié leur colère, leurs mots étant dirigés vers l’homme le plus puissant d’Iran: le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. L’objectif: chasser Khamenei du pouvoir.

Les manifestations ont continué à défier les autorités, même si le gouvernement a récemment promis de punir sévèrement toute dissidence, y compris par des exécutions. La semaine dernière, 227 membres du Parlement ont appelé le pouvoir judiciaire à condamner à mort les manifestant·e·s.

Le gouvernement a déployé des méthodes brutales contre les manifestants et mené des raids sur les campus universitaires et les écoles secondaires. Les groupes de défense des droits affirment qu’au moins 300 personnes ont été tuées, dont 50 mineurs. Les Nations unies ont déclaré que 14 000 personnes avaient été arrêtées. Le gouvernement affirme qu’au moins 30 membres de ses forces de sécurité ont été tués.

Les militant·e·s iraniens ont appelé à trois jours de manifestations et de grèves dans tout le pays, du mardi 15 novembre à jeudi 17 novembre, pour commémorer le «novembre sanglant», une référence aux manifestations antigouvernementales de novembre 2019 qui ont suivi une flambée des prix du carburant.

Lors de ces manifestations, il y a trois ans, le pouvoir a coupé Internet et ouvert le feu, à bout portant, sur la foule, tuant au moins 350 manifestants, selon les groupes de défense des droits qui affirment que les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés.

Les manifestants commencent maintenant à se défendre contre la répression du gouvernement. «Nous avons un plus grand nombre de personnes engagées et une unité à tous les niveaux: les composantes nationales du pays, les classes, le sexe et à l’échelle géographique», a déclaré Mani Mostofi, un avocat des droits de l’homme et directeur de Miaan, une organisation à but non lucratif. «Le niveau de motivation est élevé. La résistance à l’Etat ne va pas disparaître de sitôt.»

Des vidéos de mardi 15 novembre montrent des manifestants jetant des pierres sur les forces de sécurité et érigeant des barrages routiers. Dans la ville d’Arâk [province de Markazi], un groupe de manifestants a brisé les vitres d’un véhicule de la police et l’a incendié au moyen de cocktails Molotov.

A Shira, dans un nouvel et courageux acte de désobéissance civile, un couple s’est embrassé en se tenant au milieu de la circulation dans une rue très fréquentée, la femme étant vêtue d’un jean et d’un pull et ne portant pas de foulard, selon une photo qui s’est répandue sur les médias sociaux.

Les jeunes ont également commencé à s’en prendre aux religieux en courant vers eux, en faisant tomber leurs turbans et en s’enfuyant. Un jeune militant d’Ispahan a déclaré que le message qu’ils adressent au gouvernement est que si les femmes ne sont pas en sécurité en raison de leur choix vestimentaire, les religieux ne le sont pas non plus.

Mardi, des hommes et des femmes se sont rassemblés dans les rues du pays, applaudissant et scandant «Liberté, liberté, liberté».

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Lundi 14 novembre, le Tribunal révolutionnaire, qui poursuit les affaires politiques, a prononcé sa première condamnation à mort contre une personne non identifiée, accusée d’avoir mis le feu à un bâtiment gouvernemental, selon les médias d’Etat. Mardi 15 novembre, un autre manifestant non identifié a été condamné à mort pour avoir été un «ennemi de Dieu» et avoir brandi un couteau, a rapporté le service de presse du pouvoir judiciaire.

A Téhéran, au moins huit manifestants ont été accusés de «corruption sur terre» et d’être «ennemi de Dieu», ce qui pourrait entraîner la peine de mort. Le pouvoir vise également trois secteurs professionnels cruciaux pour le soulèvement: les journalistes, les médecins et les avocats.

Le Comité pour la protection des journalistes a indiqué que 62 journalistes avaient été arrêtés, dont les journalistes Niloofar Hamedi [elle travaille pour le quotidien «réformiste» Shargh] et Elaheh Mohammadi [elle collabore au journal Ham-Mihan, «réformiste»], qui ont été les premières à faire connaître le cas de Masha (Jina) Amini. Une déclaration conjointe du ministère du Renseignement et de la branche des services de renseignement du puissant Corps des Gardiens de la révolution iranienne a accusé les deux journalistes d’avoir reçu une formation par la CIA afin de fomenter des troubles en Iran. Leurs journaux respectifs ont démenti ces allégations et ont déclaré qu’elles effectuaient un reportage et faisaient leur travail.

Saeed Dehghan, éminent avocat spécialisé dans les droits de l’homme à Téhéran, a déclaré que 15 avocats avaient été arrêtés, dont quatre libérés sous caution et 11 actuellement en détention. L’un des avocats des droits de l’homme les plus connus d’Iran, Mustafa Nili, a été arrêté à l’aéroport national de Téhéran alors qu’il se rendait dans la ville de Zahedan, dans le sud-est du pays [capitale de la province de Sistan-et-Baloutchistan], pour assurer une défense juridique gratuite aux manifestant·e·s détenus et aux familles des victimes du massacre perpétré [le 30 septembre 2022: 96 personnes ont été tuées] par le gouvernement lors du sermon du vendredi en septembre. «Nous sommes dans une situation d’effondrement juridique total», a déclaré Saeed Dehghan. «De la base au sommet, ils arrêtent tout le monde et mènent des procès bidons.»

L’association des médecins d’Iran a déclaré cette semaine qu’elle poursuivait la libération de dizaines de médecins arrêtés dans tout le pays. Les médecins ont été en première ligne du soulèvement parce qu’ils soignent les blessé·e·s et signent les certificats de décès ainsi que les certificats médicaux indiquant la cause des blessures et des décès. Le gouvernement a fait pression sur eux pour qu’ils mentent dans les certificats et qu’ils refusent de soigner les manifestant·e·s blessés dans les services d’urgence. Selon des avocats, des défenseurs de droits humains et deux médecins de Téhéran, la pression s’exercerait pour qu’ils avertissent les autorités lorsque des manifestant·e·s sont amenés à l’hôpital.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies convoquera une session spéciale sur l’Iran le 24 novembre. Cette réunion a été demandée par l’Allemagne et l’Islande et a reçu le soutien de 44 pays. Une résolution qui sera mise au vote et qui devrait être adoptée établira une mission d’enquête de l’ONU pour enquêter sur les violations des droits de l’homme en Iran.

Mani Mostofi, l’avocat des droits de l’homme, a déclaré que si l’action internationale contre l’Iran pouvait prendre encore du temps, la création de l’équipe d’enquête de l’ONU augmenterait la pression sur le pouvoir et «mondialiserait la question des violations des droits de l’homme en Iran». (Article publié par le New York Times le 15 novembre 2022; traduction rédaction A l’Encontre)

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