Grèce. La Nouvelle Démocratie encore un peu plus vers l’extrême droite

Antonis Samaras entre l'ancien ministre de la santé Adonis Georgiades (ex LAOS - à gauche)  et le nouveau: Makis – "la hache" Voridis (ex LAOS - à droite)
Antonis Samaras entre l’ancien ministre de la santé Adonis Georgiades (ex LAOS – à gauche) et le nouveau: Makis – «la hache»–  Voridis (ex LAOS – à droite)

Par Dimitri Psarras

L’ancien bras droit de Georgios Karatzaferis – le fondateur et président du parti d’extrême droite LAOS [1], actuellement embourbé dans une affaire de fraude fiscale et blanchiment d’argent – Thanos Plevris a retrouvé, en novembre, ses camarades Makis Voridis et Adonis Georgiadis. Le premier est responsable des Transports, le second secrétaire d’Etat à la Marine marchande, une marine dont les propriétaires n’hésitent pas à financer l’extrême droite. Le trio issu d’un Laos en chute libre électoralement se place sous la protection d’Antonis Samaras. Le Premier ministre de la Nouvelle (?) Démocratie a été soutenu, à Athènes, au début décembre 2014, par le «socialiste» français Pierre Moscovici, néo-commisssaire européen. Antérieurement s’est manifesté l’appui quasi officiel à Samaras du néo-président de la Commission européenne et spécialiste en montages financiers ténébreux au Luxembourg, Jean-Claude Juncker. Le but: accroître le chantage à la catastrophe afin qu’il puisse réunir les 180 députés nécessaires, jusqu’au 29 décembre 2014, pour l’élection du nouveau président de la Grèce, Stávros Dímas, membre du «gang» des ex-commissaires européens. Sans la réussite de cette élection à la présidence de la République grecque, des élections législatives auront lieu début février 2015, avec un avantage attribué à Syriza dans tous les sondages. Durant les deux semaines qui viennent, la situation politique en Grèce sera sous tension extrême, avec beaucoup d’inconnues. La référence aux ministres issus du LAOS dans le gouvernement Samaras constitue un élément qui peut permettre de saisir la détermination des «élites politiques» du gouvernement et du patronat de mener non seulement un ensemble de contre-réformes qui brisent des millions de vies de salarié·e·s, de retraité·e·s, de chômeurs, de jeunes, mais aussi leur détermination à battre Syriza, quand bien même Aléxis Tsipras, la figure présidentielle de Syriza, cherche à donner de gages sur sa droite. (Rédaction A l’Encontre)

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L’aile extrême-droite de la Nouvelle Démocratie se voit renforcée. Thanos Plevris succède à Dimitris Avramopoulos au groupe parlementaire du parti, où il va retrouver ses anciens camarades du LAOS, Voridis et Georgiades, lesquels se sont déjà révélés être des piliers de la politique d’austérité de Samaras. Le vieux trio inséparable et préféré de Georgios Karatzaferis se reforme. Bien sûr, Monsieur Plevris avait déjà rendu service à la politique gouvernementale lorsqu’il avait été nommé par Adonis Georgiadis comme son conseiller personnel durant son mandat au ministère de la santé. La démolition du Système National de Santé (ESY) se poursuit à présent avec M. Voridis.

Contrairement aux deux autres anciens députés du LAOS, lesquels ont rapidement rejoint la Nouvelle Démocratie en février 2012, Plevris est entré en politique avec le LAOS lors des élections de mai 2012, et n’a rejoint la Nouvelle Démocratie que suite à l’échec de son parti à entrer au parlement. Bien entendu, il a lui aussi été immédiatement accueilli par M. Samaras, et a été placé à la neuvième place sur la liste de la première circonscription d’Athènes pour les élections de juin 2012. C’est ainsi qu’il se retrouve premier suppléant, derrière le dernier élu, Andreas Psicharis.

Karatzaferis avait immédiatement remplacé le fils par le père Plevris sur ses listes électorales.

Son passage tardif vers la Nouvelle Démocratie est caractéristique de la façon dont Thanos Plevris a toujours agi en politique. Il est en effet entré sur la scène politique comme une version «light» de son père, et depuis, jongle entre national-socialisme dur et imitation du populisme nationaliste européen.

L’inspiration Karatzaferis 

C’était une inspiration de Georgios Karatzaferis, qui, à partir de 2004, a voulu présenter un visage plus «modéré» de son parti. Il ne pouvait plus se permettre de collaborer ouvertement avec le théoricien du national-socialisme néo-hellénique, Kostas Plevris, mais ne souhaitait pas non plus perdre le soutien de l’extrême-droite dure et des néonazis (Aube dorée).

«Monsieur le père Plevris est inactif», disait depuis sa chaîne de télévision M. Karatzaferis en mai 2006. Et il expliquait que c’est suite à sa suggestion que le fils a été nommé au Bureau exécutif du parti. «Un jeune homme, 30 ans. Que tout le monde voudrait avoir chez lui. Qui ne s’est jamais exprimé. Qui n’a jamais parlé. Qui n’a jamais fait aucune déclaration. Alors, que faut-il lui dire à ce jeune homme? Pour que tu puisses exister, change de nom !»

Mais si le «jeune homme» ne s’est jamais exprimé, comment s’est-il retrouvé au Bureau exécutif? Précisément parce qu’il portait le nom «Plevris». Et c’est avec cette seule qualité que le «jeune homme» va récupérer le plus grand nombre de votes sur sa liste dans la première circonscription d’Athènes, tant en 2007 qu’en 2009. De même que le révèlera un autre vétéran national-socialiste, l’éditeur de longue date de Kostas Plevris, Ioannis Schinas, c’est Karatzaferis lui-même qui avait donné la «consigne» de vote pour Thanos Plevris!

Depuis, le fils Plevris prend d’ailleurs toujours soin de rappeler son origine politique, en faisant des propositions telles que la stérilisation des pédophiles (Real FM, 27.01.2008), ou lors de déclarations publiques, comme celle qu’il a faite en 2009, où il prenait parti pour son père lors de son procès concernant les propos mentionnés dans son livre pro-hitlérien, à propos des juifs: «La référence à Auschwitz vous a dérangé. Où il est dit que “le camp d’Auschwitz doit être maintenu en bon état”. Disons que moi je prends l’interprétation extrême. Que l’accusé, dans ce propos, veut dire “que soit maintenu en bon état le camp d’Auschwitz, parce que je veux qu’un jour revienne un Etat national-socialiste, que revienne Hitler, qu’il prenne les juifs et les mette à Auschwitz”. Où voyez-vous de l’incitation? Ou voyez-vous de l’exacerbation? Est-ce que l’on n’a pas le droit de penser et de vouloir penser: “je veux exterminer quelqu’un”?»

Que personne n’aille s’imaginer qu’il était influencé par son père, ou s’identifiait à lui, comme le font certains avocats avec leurs clients. A la même époque, Thanos Plevris pérorait lors d’un rassemblement sur l’Epire du Nord, organisé par le NEOS (jeunesse du LAOS): «Moi, je voulais être député, parce que je sais qu’il y a des Grecs asservis à Chypre, en Epire du Nord, à Skopje, en Bulgarie, à Imbros, à Ténédos, au Pont-Euxin, et à Istanbul. Et tant qu’il y aura des Grecs asservis je serai moi aussi asservi» (10.02.2009).

Le rassemblement s’est terminé avec la jeunesse du parti criant: « Epire du Nord, terre grecque, nous reviendrons et la terre tremblera», une reprise nationaliste grecque d’une phrase attribuée à Joseph Goebbels.

Diabolisation des immigré·e·s 

Toute la carrière parlementaire du fils Plevris est liée à des interventions qui auraient pu être faites par Aube Dorée. Sa préoccupation principale est celle de la diabolisation des immigrés, avec des questions qu’il cosigne généralement avec M. Georgiadis.

Il a résumé sa vision d’une «solution finale» pour l’immigration lors d’un évènement organisé par le magazine (bien évidemment d’extrême-droite) Patria, le 10,04,2011. Sous les applaudissements des invités, celui qui est à présent député de la Nouvelle Démocratie avait déclaré qu’«il doit y avoir des morts à la frontière» et que les immigrants qui arriveront à passer le bûcher, ne devront ni pouvoir manger, ni boire ni aller dans un hôpital: «Pour eux, l’enfer ressemblera au paradis, comparé à ce qu’ils vivront ici».

Bien entendu, Thanos Plevris est lui aussi un fervent défenseur des Mémorandums (plan d’austérité). Comme le révélait Georgiadis sur son blog (qui à présent n’existe plus): «Soyons clair, le FMI, c’est très bien. Malgré les bêtises que l’on entend ici, s’il y en a un qui n’est pas fautif, c’est le FMI. Hier, Thanos [Plevris] est rentré de Hongrie et m’a rapporté son entretien avec le Premier ministre Hongrois, Orban, qui a aussi su sortir son pays du FMI. Durant 20 minutes il a encensé le FMI et l’aide que celui-ci a apportée à son pays.» (Fin novembre 2014. Traduction effectuée par Okeannews)

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[1] Laos, Alerte populaire orthodoxe, un parti d’extrême droite, xénophobe, raciste, antisémite. L’accronyme signifie peuple. Le LAOS a toujours soutenu les politiques d’austérité des divers gouvernements. (Réd. A l’Encontre)

Dimitri Psarras est l’auteur, entre autres, de Aube dorée: Le livre noir du parti nazi grec, Ed. Syllepse, mai 2014.

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