Selon une enquête récente de l’agence de recrutement en ligne Zhaopin, depuis le début de la pandémie de Covid-19 en Chine, un col blanc sur trois a été licencié. En outre, la majorité d’entre eux/elles ont subi des réductions de salaire, des annulations de salaire ou encore des retards de paiement. Seules 20% des personnes sondées ont déclaré n’avoir jusqu’à présent pas été affectées par la pandémie.
Bien que d’une ampleur limitée, l’enquête jette un doute supplémentaire sur la valeur des déclarations gouvernementales pour qui le taux de chômage urbain serait resté stable en Chine et limité à 6% pendant la pandémie.
L’enquête Zhaopin a été effectuée dans une large mesure parmi les travailleurs des secteurs des services, de l’éducation et des transports. Il est important de relever que ce sont parmi ces secteurs qu’eurent lieu la majorité des protestations collectives qu’a enregistrées cette année la carte des grèves établie par le China Labour Bulletin (CLB).
Selon l’enquête Zhaopin, 31% des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des licenciements, 37% des réductions de salaire, 21% des annulations de salaire et 28% des retards de paiement. L’enquête a révélé que chez les travailleurs âgés le risque d’être mis à pied était plus élevé, tandis que les jeunes travailleurs/travailleuses risquaient plus des réductions de salaire. Environ 40% des personnes sondées de 40 à 50 ans ont déclaré avoir été victimes de restructurations, et environ 38% des travailleurs de moins de 30 ans avoir subi des réductions de salaire.
Chez les travailleuses et travailleurs des services, l’enquête suggère des points positifs dans la vente en ligne au détail, dans les services d’éducation en ligne et la transmission télévisée ou radiodiffusée en direct. Cependant, la carte des grèves du CLB montre que ces secteurs eux aussi ont eu à pâtir d’arriérés et de réductions de salaires. Le 5 mai, par exemple, des auteurs en ligne sous contrat avec China Literature se sont mis en grève au sujet de leurs nouveaux accords contractuels. Le 15 mai, des travailleurs d’une école anglaise de Shenzhen ont manifesté contre les arriérés de salaires. Plus récemment, le 16 juin, un confit eut lieu concernant les arriérés de salaires dans une compagnie des arts du spectacle du Liaoning. Le 18 juin, a eu lieu une manifestation du personnel d’une école de conduite à Guangzhou.
En 2020 et jusqu’à ce jour, 52% environ de toutes les actions enregistrées sur la carte des grèves ont eu lieu dans les secteurs des services, de l’éducation et des transports. Quinze pour cent seulement des actions collectives de travailleuses et de travailleurs ont eu lieu dans des usines.
Liées à des arriérés de salaires pour leur grande majorité, les actions collectives dans le secteur des services se sont produites dans de petites entreprises, financièrement plus fragiles, telles que des magasins, des bars, des centres de fitness, etc.
Les employé·e·s de ces petites entreprises sont généralement dépourvu·e·s de représentation syndicale, et ils n’ont guère d’autre choix que l’action collective pour exprimer leurs revendications. En effet, s’ils cherchent du soutien auprès du syndicat de district, ils seront généralement renvoyés au service local du travail, ou à l’inspection du travail.
Le syndicalisme officiel semble complètement déconnecté des besoins des travailleuses et des travailleurs en cols blancs. En particulier des besoins de jeunes qui, pour gagner leur vie, sont de plus en plus souvent contraints au temps partiel ou à d’autres formes de flexibilité, à exercer dans plusieurs entreprises ou même plusieurs professions.
L’enquête Zhaopin a relevé que plus du tiers des cols blancs employés dans de petites entreprises avaient connu cette vie qu’on appelle «vie en tranches», où ils doivent exercer plusieurs professions comme avocat/écrivain/conférencier/coach d’écriture, par exemple.
Les syndicats de cols blancs tels que ceux des écoles publiques, des hôpitaux et des grandes entreprises privées de Chine ont tendance à fonctionner comme un secteur des «ressources humaines» de la direction et n’ont ni la capacité ni l’intérêt d’aider des travailleuses et des travailleurs à temps partiel, occasionnels ou flexibles. (Article publié sur le site du China Labour Bulletin en date du 24 juin 2020; traduction rédaction A l’Encontre)
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