Cuba. Les causes profondes du malaise

Par Carmelo Mesa-Lago

Cuba est confrontée à sa pire crise économique depuis les années 1990. Cet article analyse ses causes, mesure l’ampleur de la crise à l’aide de divers indicateurs économiques et sociaux et met en évidence les facteurs qui ont facilité l’explosion sociale.

Les causes

Il n’y a pas de cause unique à la crise, mais des causes multiples, que nous résumons ci-dessous [1].

Le système économique inefficace de planification centrale et d’ample prépondérance de la propriété étatique face à la propriété marchande et non étatique, qui a échoué partout dans le monde, y compris à Cuba. Au cours de sa décennie de pouvoir, Raúl Castro [président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres 2008-2018; premier secrétaire du Parti communiste 2011-2021] a tenté des réformes structurelles axées sur le marché, mais elles ont été très lentes, parsemées d’obstacles, de mesures dissuasives, de taxes et de volte-face. Elles n’ont donc eu aucun effet tangible sur l’économie. Le gouvernement a refusé de suivre les lignes directrices du modèle de «socialisme de marché» qui a fait ses preuves en Chine et au Vietnam. Le président actuel, Miguel Díaz-Canel, a décrété l’unification du système d’impôt et du change [le rapport entre la monnaie cubaine et le dollar] au début de cette année mais, bien que nécessaire, elle a été lancée au pire moment économique et, jusqu’à présent, elle n’a eu que des effets négatifs.

La grave crise économique et humanitaire que traverse le Venezuela a radicalement réduit ses relations économiques avec Cuba: achat de services professionnels [entre autres médecins] cubains – principale source de devises de l’île –, fourniture de pétrole à des conditions favorables (qui couvre 50% des besoins cubains) et investissements directs. Ce ratio a culminé en 2012-2013 à 16,017 milliards de dollars et a diminué de moitié en 2018, se contractant de 22% à 8% du PIB. Il a continué à baisser en 2019-2020. Les trois composantes ont diminué: les revenus des «exportations professionnelles» de 24%; les expéditions de pétrole de 62% (de 104 000 à 40 000 barils par jour); les investissements de 8 milliards de dollars ont disparu [2].

La relation économique avec la Chine a atteint un sommet en 2015 et 2016, lorsque ce pays est devenu le premier partenaire commercial de Cuba (dépassant brièvement le Venezuela); leurs échanges (importations plus exportations) représentaient respectivement 17% et 20% du total des échanges, mais ont diminué de 36% entre 2015 et 2019 pour atteindre 14% des échanges. La raison principale résidait dans une balance commerciale négative vis-à-vis de la Chine (les exportations cubaines sont bien inférieures aux importations chinoises). Le déficit s’élevait à 2 milliards de dollars en 2015, si bien que la Chine a réduit ses exportations vers Cuba de près de la moitié de 2015 à 2019.

La valeur totale des exportations cubaines s’est contractée de 65% entre 1989 et 2019, tandis que les importations ont augmenté, tout comme le déficit de la balance commerciale [3]. Le problème fondamental de l’économie cubaine est son incapacité à financer les importations avec ses propres exportations en raison de la chute de la production nationale (comme nous le verrons plus loin).

Les mesures fortes imposées par l’administration de Donald Trump ont inversé le processus de rapprochement du président Barack Obama et renforcé l’embargo («blocus» infligé à Cuba): l’application du titre III de la loi sur l’embargo qui avait été suspendu tous les six mois par les présidents précédents (y compris Trump) et qui permet de poursuivre en justice les entreprises pour «trafic» des biens confisqués par le gouvernement cubain, ce qui a paralysé les investissements [voir ci-dessous la note sur le titre III de la loi Helms-Burton]; la restriction des vols vers Cuba; l’imposition d’une limite sur les envois de fonds et l’interdiction pour Western Union d’envoyer des fonds à une agence cubaine gérée par l’armée; le renforcement des sanctions contre des banques internationales qui font des affaires avec Cuba; et la réintégration de Cuba dans la liste des pays qui parrainent le terrorisme. Jusqu’à présent, Joseph Biden n’a pas touché à ces sanctions. Notez que la politique de rapprochement d’Obama avec Cuba (que j’ai soutenue) a donné lieu à de nombreuses concessions de la part du premier, sans que Cuba fasse une concession en retour. Au contraire, les dirigeants cubains ont continué à critiquer le gouvernement des Etats-Unis pour le maintien de l’embargo, qu’Obama ne pouvait pas lever car les républicains avaient la majorité dans les deux Chambres [4].

La pandémie, qui atteint maintenant le plus grand nombre de cas et de décès sur l’île, malgré la vaccination de la population avec deux vaccins produits à Cuba qui n’ont pas prouvé leur efficacité [selon les informations officielles, le vaccin le plus utilisé, bien qu’en quantité limitée, a pour nom Abdala et son efficacité déclarée par BiCubaFarma est de 92,28% après trois doses, alors que le candidat-vaccin Soberana 2 affiche une efficacité de 62% après deux doses, selon l’institut cubain Finlay].

Le Covid-19 a gravement affecté le tourisme international, le gouvernement exigeant des voyageurs qu’ils paient à l’avance un «forfait d’isolement» pour rester dans des hôtels pendant une période de quarantaine. La pandémie a également empêché le déplacement des «mules» qui transportaient auparavant des envois de fonds, ainsi que de la nourriture et d’autres biens destinés aux membres de la famille ou à la vente informelle à Cuba.

La combinaison des mesures trumpistes et du Covid-19 a entraîné le départ d’entreprises touristiques espagnoles telles que Meliá et Bankia.

La mise en œuvre, au début de l’année 2021, de l’«unification monétaire et de change» – qui donnerait certes à long terme des résultats positifs – a aggravé à court terme bon nombre des problèmes précédents, tels qu’une énorme augmentation de l’inflation, une pression à la hausse du chômage, une hausse notable du prix des marchandises et une grave pénurie de nourriture et de médicaments (comme nous le détaillerons plus loin).

Indicateurs de la crise socio-économique

Les dernières statistiques officielles cubaines disponibles sont celles de l’Annuaire statistique 2019 (ONE, 2020); celles de 2020 ne seront pas mises en ligne avant octobre ou novembre 2021. Il n’existe que quelques chiffres donnés par les autorités cubaines.

Indicateurs macroéconomiques. Le produit intérieur brut (PIB), qui avait pratiquement stagné depuis 2016, a diminué de 0,2% en 2019 et a chuté de 10,9% en 2020; la moyenne annuelle pour la période 2016-2020 était de -1,3%. Avec une croissance adéquate, il faudrait trois ans pour récupérer la période de cinq ans perdue (voir graphique 1). La baisse de 10,9% en 2020 est la plus importante après celle de -14,9% en 1993, la pire année de la crise des années 1990 [5]. Selon la CEPALC (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes) [6], le déclin de Cuba en 2020 a été le plus marqué après celui du Venezuela (30%) et plus élevé que la moyenne régionale de 6,8%. Le gouvernement prévoit une croissance de 6% en 2021, mais le premier semestre a connu une baisse de 2% [7], ce qui nécessiterait une augmentation de 8,2% au deuxième trimestre pour atteindre 6%. La CEPALC prévoit 2,2% pour l’ensemble de l’année, soit la croissance la plus faible après celle d’Haïti; ce taux nécessiterait une croissance de 4,4% au second semestre.

Le déficit budgétaire devrait atteindre 30% du PIB en 2021, soit le niveau le plus élevé depuis les années 1990. L’inflation en 2021 est estimée par un expert entre 270% et 470% [8] et par un autre à 474% [9], la plus élevée après le Venezuela. Les liquidités monétaires aux mains de la population ont dépassé la valeur du PIB en 2019, ce qui n’était pas arrivé depuis les années 1990 (ONE, 2020). Avec cet excédent mesuré en pesos nationaux (CUP) [10], il n’y a pratiquement rien à acheter. Pour acheter, il faut disposer de dollars, à condition qu’ils soient déposés dans des banques qui délivrent une carte magnétique permettant d’acheter dans les magasins en devises étrangères ou que vous disposiez d’euros ou d’autres devises fortes. Or, la grande majorité des Cubains n’ont pas accès à de telles devises. Le 10 juin, le gouvernement a interdit le dépôt de dollars dans les banques, donnant onze jours pour le faire avec les dollars thésaurisés par la population [11]. En conséquence, la valeur du dollar sur le marché noir s’est dépréciée (de la valeur officielle de 24 à 65), tandis que la valeur de l’euro s’est appréciée (de la valeur officielle de 29,2 à 82).

Cuba ne dispose pas d’une épargne intérieure importante et sa formation brute de capital (investissement) a chuté de 25% du PIB à 12% entre 1989 et 2018; le gouvernement a fixé un objectif de formation de capital de 25% pour atteindre une croissance économique adéquate. Ses réserves internationales, bien que non publiées, doivent être à un niveau très bas ou pratiquement épuisées en raison de la crise économique. En conséquence, il n’y a pas de ressources pour faire face à la hausse des coûts d’importation et la marge de manœuvre de la politique budgétaire est limitée. Enfin, Cuba ne dispose pas d’un prêteur en dernier ressort qui pourrait l’aider financièrement lors de l’unification monétaire, car elle n’appartient ni au FMI, ni à la Banque mondiale, ni à la BID (Banque interaméricaine de développement).

Production physique. L’indice de la production industrielle, qui s’était partiellement redressé depuis 2013, est tombé à 61,3% en 2019, soit 38,7% en dessous du niveau de 1989 (voir graphique 2). L’industrie sucrière a reculé de 30%, la production textile de 7% et les engrais de 4% (ONEI, 2020). La production de pétrole a diminué de 19% entre 2010 et 2018 et celle de gaz naturel de 23% entre 2015 et 2019 (ONEI, 2011 à 2020), ce qui accroît la dépendance de Cuba vis-à-vis des importations d’énergie. Les pénuries de pétrole ont entraîné le retour des «pannes» d’électricité d’une durée de sept heures et plus, comme cela s’est produit lors de la crise des années 1990. Sur un total de 22 produits clés de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche/des fruits de mer, de l’exploitation minière et de l’industrie manufacturière en 2019, 19 d’entre eux étaient en baisse par rapport à 2018, dix étaient inférieurs au niveau de 1989 et onze étaient inférieurs aux précédents pics de production [12]. En 2021, la récolte de sucre n’a été que de 792 000 tonnes (contre environ 8 millions dans les années 1980), soit l’une des plus faibles de l’histoire. Sur cette quantité, 600 000 sont destinés à la consommation intérieure et 400 000 à l’exportation vers la Chine, ce qui a impliqué une réduction de la consommation de 200 000 tonnes.

Secteur extérieur. La valeur des exportations en 2019 était inférieure de 62% à celle de 1989, tandis que les importations étaient supérieures de 22% et que le déficit de la balance commerciale des biens s’est accru de 187%. En 2020, on observe une baisse de 30% des exportations et de 40% des importations, ce qui réduit quelque peu le déficit de la balance des biens. L’excédent de la balance des biens et services a diminué de 73% entre 2014 et 2019, passant de 3719 millions de dollars à 994 millions de dollars. En effet, la valeur des services professionnels (principale source de devises du pays) a chuté de 13,8% à 7,2% du PIB entre 2012 et 2019 (ONEI, 2015 à 2020), en raison de la réduction des achats de services par le Venezuela, ainsi que de la réduction de la présence des médecins cubains en Bolivie, au Brésil, en Equateur et au Salvador.

Les envois de fonds extérieurs (deuxième source de devises) en 2020 ont été inférieurs de 35% à ceux de 2019. Les recettes brutes du tourisme (troisième source de devises) en 2020 étaient inférieures de 80% à celles de 2017. Entre janvier et mai 2021, le total des touristes n’atteignait que 11% de celui de la même période en 2020, soit un million de moins. Le taux d’occupation des lits d’hôtel n’était que de 48% en 2019 (ONEI, 2020, 2021). La plus grande cause de ces baisses est la pandémie, suivie par les sanctions de Trump restreignant les voyages et les envois de fonds [13].

Cuba a fait défaut sur sa dette renégociée auprès du Club de Paris en octobre 2019 et le Club de Paris a imposé une pénalité de 9% sur son solde, bien qu’il ait reporté le paiement (pour combien de temps, cela est inconnu). Elle a également fait défaut sur sa dette renégociée avec la Russie, qui a suspendu ses projets d’investissement. Les investissements directs étrangers sont pratiquement au point mort en raison du renforcement de l’embargo et de la mise en œuvre du titre III par Trump, comme expliqué ci-dessus.

Indicateurs sociaux. Le taux de participation au marché du travail a diminué de 76% à 65% entre 2011 et 2019. En 2019, le taux de chômage déclaré (officiel, visible) était de 1,3%, soit l’un des plus bas d’Amérique latine et du monde, mais en 2010 Raúl Castro a reconnu qu’il existait un excédent de main-d’œuvre dans le secteur public (chômage ou sous-emploi caché) qui, selon ses premières déclarations, équivalait à 500 000 travailleurs, mais qui a ensuite été évalué à 1,8 million en 2015. Seuls 500 000 d’entre eux ont été licenciés, ce qui laisse plus d’un million d’emplois inutiles, soit l’équivalent de 29% de la population active. En ajoutant le chômage visible et le chômage caché, le total était de 30% [14]. L’unification monétaire devait entraîner la fermeture des entreprises déficitaires et une augmentation conséquente du chômage visible, mais le gouvernement a décidé d’accorder aux entreprises une année de transition pour éliminer les déficits. A cette fin, il a alloué 18 milliards de CUP dans le budget, mais rien ne garantit qu’à la fin de 2021, les entreprises déficitaires feront des bénéfices.

Le salaire réel (corrigé de l’inflation annuelle) en 2019 représentait 64,3% du niveau de 1989, le pouvoir d’achat de la population a donc diminué de 36% (voir graphique 3). Le salaire moyen de 879 CUP par mois en 2019 équivalait à 37 dollars américains, ce qui est insuffisant pour couvrir les besoins de base. Une autre baisse de 50% de la valeur réelle du salaire est prévue pour 2021 [15]. La pension réelle en 2019 représentait 47% du niveau de 1989, soit la moitié de sa valeur (voir graphique 3). La pension moyenne nominale en 2019 était de 362 CUP par mois (ONEI, 2020), soit l’équivalent de 15 dollars par mois, ce qui est insuffisant pour couvrir les besoins alimentaires de base. Les retraités et les pensionnés [invalides, etc.] font partie des groupes les plus pauvres de la population; pour subsister, ils doivent recevoir des transferts de fonds [venant des Cubains établis à l’étranger], l’aide de leurs proches ou travailler comme travailleurs informels. En raison de l’unification monétaire en 2021, les salaires et les pensions ont été augmentés, mais l’énorme inflation a dépassé ces augmentations.

En 1989, Cuba figurait parmi les premiers pays d’Amérique latine en termes d’indicateurs de santé, mais la crise des années 1990 a eu des répercussions négatives sur ces indicateurs et, malgré une amélioration, nombre d’entre eux n’ont pas retrouvé leur niveau antérieur. L’accès aux services de santé et leur qualité se sont gravement détériorés [16].

Bien qu’il n’existe pas de chiffres officiels sur l’incidence de la pauvreté, toute l’analyse ci-dessus indique qu’elle a dû augmenter considérablement, de sorte que l’assistance sociale visant à protéger la population vulnérable aurait dû se développer, mais elle a en fait diminué entre 2005 et 2019, passant de 5,3 à 1,5 bénéficiaire pour 1000 habitants et de 2,3% à 0,4% du PIB (voir graphique 4) [17].

Enfin, la baisse de la production agricole, de l’élevage et de la pêche, combinée à la réduction des importations de denrées alimentaires en raison de la pénurie de devises, a entraîné de graves pénuries alimentaires. Le rationnement qui garantissait autrefois aux Cubains un maigre quota de nourriture a été progressivement réduit, les aliments retirés de la «libreta» [carnet de rationnement] étant désormais vendus directement à des prix quatre à cinq fois supérieurs au prix fixé par le rationnement. Les magasins d’Etat qui vendent en devises font un bénéfice de 240%, mais en raison de la crise et de la réduction des importations, il y a de moins en moins de nourriture sur les étagères. Il est impossible d’acheter de la nourriture et des médicaments avec des CUP. Les produits typiques du régime cubain, tels que le riz, les haricots et le porc, sont soit indisponibles, soit très chers. A mesure que l’offre officielle s’est détériorée, le marché noir s’est développé et ses prix aussi. Une livre de poulet importée des Etats-Unis ou du Brésil au prix d’un dollar se vend sept fois plus cher; le prix d’une bouteille d’huile pour la cuisine a été multiplié par quatre, un paquet de saucisses par trois et le prix du lait en poudre qui n’était vendu qu’aux enfants et aux personnes âgées a fortement augmenté [18].

Les facteurs qui ont facilité les protestations

La précédente et pratiquement unique manifestation avant celle du 11 juillet était le «maleconazo», qui a eu lieu à La Havane en 1994. Trois nouveaux facteurs ont contribué aux protestations actuelles, qui se sont déroulées dans plusieurs provinces et ont été plus importantes.

Internet et réseaux sociaux. Ceux-ci n’existaient pas en 1994 et sont désormais largement répandus dans la population. Des vidéos prises à San Antonio de los Baños, Palma Soriano, Alquízar, Matanzas et La Havane montrent un grand nombre de manifestants avec des téléphones portables à la main. Dans la première ville, un homme apparaît, incitant les manifestants à diffuser les vidéos dans d’autres provinces, ce qui se fait très rapidement.

Fermeture de la «soupape d’échappement». Le gouvernement cubain, lorsqu’il était confronté à une situation économique grave, permettait aux citoyens d’émigrer afin de leur offrir une alternative. Lors de l’exode des Camarioca [en 1965], des centaines de bateaux sont venus des Etats-Unis pour emmener famille et amis. Lors de l’«exode des radeaux» (des balseros) en 1994, les autorités ont permis de fabriquer des radeaux et des bateaux rudimentaires à quelque 100 000 Cubains, qui ont pu sortir du pays et être admis aux Etats-Unis. A la fin de son administration [le 12 janvier 2017], Barack Obama a aboli la résolution «pied mouillé, pied sec» [«wet feet, dry feet»] qui permettait à ceux qui parvenaient à toucher terre de rester aux Etats-Unis. Trump a ensuite renforcé les restrictions sur les immigrants cubains. Ces derniers mois, les arrivées de radeaux ont augmenté, mais les garde-côtes ont expulsé vers Cuba la plupart de ceux qu’ils ont capturés. La fermeture de la «soupape d’échappement» augmente la pression à l’intérieur de Cuba.

L’absence d’un leader charismatique. Lorsque le «maleconazo» a eu lieu, Fidel Castro est apparu au milieu des manifestants pour les convaincre de cesser de protester, en énumérant les bienfaits apportés au peuple par la révolution (tout en permettant simultanément l’exode massif). Raúl Castro, désormais à la retraite, n’est pas apparu en public pendant les manifestations du week-end, mais l’a fait lundi 12 juillet à la télévision pour aider Miguel Díaz-Canel.

Espérons que ces protestations forceront le gouvernement à entamer un dialogue social avec la population et éviteront une situation plus grave. (Article publié par Le Monde diplomatique en langue espagnole pour l’Amérique latine, daté de juillet 2021; traduction rédaction A l’Encontre)

Carmelo Mesa-Lago, né en 1934 à Cuba, est l’auteur de très nombreux ouvrages sur l’économie cubaine, sur les caractéristiques comparatives des économies latino-américaines. Ses ouvrages s’inscrivent aussi dans le cadre de recherches sous les auspices de la CEPALC, de l’OIT, etc. Il a enseigné dans de nombreuses universités aux Etats-Unis et en Amérique latine, y compris à Madrid et à Cuba. Ses critiques documentées constituent une référence. Parmi ses ouvrages, on peut citer: Buscando un Modelo Económico para América Latina ¿Mercado, Socialista o Mixto?–Chile, Cuba y Costa Rica (Nueva Sociedad, 2002); La Economía y el Bienestar Social en Cuba a Comienzos del Siglo XXI (Editorial Colibrí, 2003); Las Reformas de Salud en América Latina y el Caribe (CEPAL, 2006); La Protección Social en América Latina y el Caribe: Cuba (CEPAL, 2013); éditeur de Voces del Cambio en el Emergente Sector no Estatal en Cuba (Madrid, 2016).

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Note sur la loi Helms-Burton. Selon la 74e session de l’Assemblée générale des Nations unies, en novembre 2019: «Le titre III de la loi «Helms-Burton» autorise les citoyens américains dont les biens ont été confisqués par l’Etat cubain [au début de la révolution], y compris les Cubano-Américains qui n’étaient pas des citoyens américains au moment de la confiscation, à porter plainte devant les tribunaux américains contre les personnes qui pourraient s’en enrichir. A l’adoption de la loi «Helms-Burton» en 1996, le titre III avait fait l’objet d’une dérogation pendant 22 ans.  La loi et ses quatre titres sont venus renforcer le blocus économique, financier et commercial imposé à Cuba depuis 1962, en y imprimant des effets extraterritoriaux.  En vertu du titre III, le Gouvernement américain a annoncé, le 4 mars dernier, sa décision d’autoriser le dépôt d’actions en justice contre environ 200 sociétés cubaines «pour trafic» sur les biens confisqués.» (Réd.)

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  1. Mesa-Lago, Carmelo y Jan Svejnar (2020), The Cuban Economic Crisis, its Causes and Possible Policies for the Transition, Miami, FIU Vaclac Havel Program for Human Rights & Diplomacy, octubre.
  2. Mesa-Lago, Carmelo y Pavel Vidal (2019), El impacto en la economía cubana de la crisis en Venezuela y las políticas de Trump, Madrid, Instituto Elcano de Asuntos Internacionales, Documento de Trabajo, mayo.
  3. Oficina Nacional de Estadísticas e Información (ONEI) (1995 a 2020), Anuario Estadístico de Cuba 1996 a 2019, La Habana.
  4. Mesa-Lago, Carmelo (2015), Normalización de Relaciones entre EEUU y Cuba: Causas, Prioridades, Progresos, Obstáculos, Efectos y Peligros, Madrid, Real Instituto Elcano de Estudios Internacionales, Documento de Trabajo No. 6/2015, 8 mayo.
  5. Marrero, Manuel (2021), primer ministro, citado por AFP, “Cuba busca…”, 4 julio.
  6. CEPAL (2021), La paradoja de la recuperación en América Latina y el Caribe, Santiago.
  7. Gil, Alejandro (2021), ministro de economía y planificación, citado por AFP, “Cuba busca…”, 4 julio
  8. Luis, Luis R. (2021), “Inflation in Cuba,” Association for the Study of the Cuban Economy (ASCE), 19 mayo.
  9. Vidal, Pavel (2020), Cuba Standard, Economic Trend Report Fourth and First Quarters 2020/2021.
  10. Antes de la unificación monetaria en enero de 2021 había dos monedas: el CUP y el CUC (llamado “peso convertible”, pero que no se tranzaba en el mercado internacional); un CUC equivalía a 24 CUP y era similar al dólar estadounidense. La unificación devaluó el CUP en 70%.
  11. ______ (2021b), “Desentrañando la suspensión de depósitos en dólares en efectivo en los bancos cubanos”, OnCuba, La Habana, 21 junio.
  12. Mesa-Lago y Svejnar, Ídem 1.
  13. ______ (2021a), “La unificación monetaria y cambiaria en Cuba: Normas, efectos, obstáculos y perspectivas”, Madrid, Real Instituto Elcano de Estudios Internacionales, Documento de Trabajo 2/2021, febrero.
  14. Ibídem.
  15. Vidal, Ídem 9.
  16. Mesa-Lago y Díaz Briquets (2021), “Healthcare in Cuba: Sustainability Challenges in an Ageing System”, Journal of Latin American Studies, 53, No.1, February 2021.
  17. Mesa-Lago y Svejnar, Ídem 1.
  18. Frank, Marc (2021), “Roaring inflation compounds Cuban’s economics woes”, Reuters, 16 junio.

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