Les choses s’accélèrent en Afrique du Sud. La notion de front unique des organisations sociales, initié par le syndicat des métaux (NUMSA, récemment expulsé de la fédération Cosatu qui soutient la politique gouvernementale), s’est d’ores et déjà concrétisée au niveau régional. On y trouve des organisations syndicales, dont certaines sont encore affiliées au Cosatu, des associations de terrains couvrant toutes sortes de demandes sociales dans les towships, des mouvements de populations rurales et de travailleurs agricoles, organisations féministes ou écologistes.
Dans un pays où les luttes, manifestations ou grèves sont quotidiennes, cette tentative de coordonner l’ensemble de ces structures est un retour spectaculaire aux années 80. Il reste évidemment à passer à la pratique, sans esprit d’hégémonisme des uns ou des autres et dans un cadre démocratique. Or, sur la base des assemblées régionales c’est maintenant au plan national que se met en place ce «front uni». Voici le principal passage du document d’appel rédigé par le NUMSA. (Claude Gabriel)
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«Le vide politique à la gauche de l’ANC au pouvoir appelle à un front uni élargi, remettant en question la politique néolibérale, unifiant notre peuple et redonnant espoir en un projet émancipateur en Afrique du Sud, sur le continent et dans le monde. Le NUMSA a accepté la responsabilité d’être le facilitateur de ce processus.?Le Congrès national spécial du NUMSA a donné mandat à sa direction d’unir les syndicats, les mouvements sociaux ruraux et urbains, les organisations confessionnelles, les organisations de femmes et de jeunes et d’autres formations populaires dans l’action pour lutter contre la hausse du chômage, l’augmentation des inégalités et de la pauvreté.
Avec la crise capitaliste mondiale et la crise du capitalisme de copinage néolibéral en Afrique du Sud, le Congrès national du NUMSA a affirmé que rien de moins que la mise en œuvre immédiate de la Charte de la liberté (ancien programme revendicatif de l’ANC avant 1994 – ndr) peut sauver notre peuple et notre pays de la crise sociale actuelle.?Sur les fondements de la Charte de la liberté, confiants que le capitalisme ne fournit aucune solution aux crises politiques, économiques, environnementales et sociales croissantes, le NUMSA, ses alliés dans les syndicats et les mouvements sociaux ont déjà jeté une base solide pour la construction du front uni. En seulement quelques mois dans plusieurs régions urbaines et rurales à travers le pays des structures intermédiaires du front ont été lancées ou sont convoquées.
Notre responsabilité n’est rien de moins que de raviver le mouvement de masse des années 1980, qui a mis fin à l’apartheid. Nous reconnaissons que les forces conscientes de ce besoin de transformation sont encore faibles, mais nous croyons que le regroupement des forces de la classe ouvrière et populaires peut restaurer l’espoir dans des solutions collectives et de solidarité.
A cette fin, les 13-14 décembre, nous allons convoquer la première conférence nationale préparatoire entre 200 à 250 militants de tous les secteurs de notre peuple et de tous les coins de notre pays. Ce sera une conférence préparatoire pour laquelle nous allons élaborer un document d’appel au front uni, adopter les principes directeurs et les protocoles qui encadreront la formation du Front, élire un comité de pilotage national intérimaire qui supervisera la préparation de la conférence de lancement qui aura lieu en avril 2015.»
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