France. Ecoles, trafic aérien, taxis… grèves. «C’est maintenant ou jamais!»

233776-01-02Par AFP et Solidaires Fonction publique

Ecoles et crèches fermées, avions annulés, taxis introuvables… ce mardi 26 janvier 2016. Plusieurs syndicats appellent en effet à la grève et à manifester sur tout le territoire. Tour d’horizon de ces contestations.

Les fonctionnaires se réunissent
contre le gel du point d’indice

• La CGT, FO, Solidaires et FSU ont appelé les 5,6 millions d’agents de la fonction publique à faire grève, mardi, et manifester pour réclamer une hausse de leur pouvoir d’achat. servant à calculer le salaire de base des fonctionnaires qui auraient perdu, « compte tenu de l’inflation, 8 % de leur pouvoir d’achat », selon Force Ouvrière.

• Ecoles primaires et crèches publiques risquent d’être fortement perturbées par ce mouvement. Le SNUipp, premier syndicat des professeurs des écoles [anciennement instituteurs], estime lundi à environ un tiers le nombre d’instituteurs en grève, soit quelque 100’000 enseignants.

• Alors que le ministère de l’éducation table sur un taux de gréviste de près de 13 %. Pour calculer le taux, la Rue de Grenelle [lieu du Ministère de l’éducation nationale] ne prend en compte que les déclarations obligatoires des grévistes, rapportées au total des enseignants. Or certains (ceux qui ne sont pas devant une classe, comme par exemple les directeurs avec décharge ou les remplaçants) ne sont pas soumis à la déclaration de grève. Le taux du ministère est donc généralement plus bas que celui affiché par les syndicats. Des «perturbations» sont également à prévoir dans les hôpitaux ou à la Sécurité sociale.

La ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a annoncé le 19 janvier l’ouverture, en février 2016, d’une négociation salariale portant notamment sur le gel du point d’indice. Mais devant le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, elle a prévenu: «Il n’y aura pas de bonnes nouvelles dans les quinze jours qui viennent.»

La grève des contrôleurs aériens entraîne l’annulation de 20% des vols

L’appel à la grève des syndicats de la fonction publique aura également des répercussions sur le trafic aérien. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies d’annuler préventivement mardi 20 % de leurs vols.

Des «perturbations sont attendues sur l’ensemble du territoire», prévient dans un communiqué la DGAC en invitant les passagers à s’informer directement auprès des compagnies pour connaître les programmes précis de vols.

Attachés à leur régime spécifique de primes, qui représentent plus de la moitié de la rémunération des aiguilleurs, les syndicats de contrôleurs aériens réclament d’être exclus de la refonte du système de prime de la fonction publique, qui, selon eux, lèse leur pouvoir d’achat.

Dans leur appel, les deux syndicats à l’origine de l’appel de la grève, le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA) et l’Union syndicale de l’aviation civile-CGT, évoquent en outre des «conditions de travail dégradées».

Mobilisation intersyndicale contre la «réforme» du collège

En parallèle du mouvement des fonctionnaires, l’intersyndicale contre la réforme du collège, composée de 14 syndicats, appelle également à la grève mardi sur tout le territoire. Ce sera la quatrième grève contre cette réforme prévue pour la rentrée 2016. Les syndicats des enseignants contestent notamment la part d’autonomie donnée aux collèges et suppression d’une partie des classes bilangues.

D’après Frédérique Rolet, secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré-FSU: «Cela fait très longtemps qu’on n’a pas vu dans le second degré un mouvement aussi durable.» Dans Paris, le cortège des enseignants de Paris, Créteil et Versailles débutera à 13h30 de Port-Royal (14e arrondissement de Paris) et rejoindra les autres fonctionnaires, qui s’élanceront de Montparnasse à 14 heures.

Grève des taxis face aux «dérives» des VTC

Des centaines de chauffeurs de taxis étaient mobilisés, ce 26 janvier 2016, au niveau de la porte Maillot (16e arrondissement) et des aéroports de Roissy et d’Orly. Sur les terminaux d’Orly, une navette a forcé le blocage des taxis et deux personnes ont été renversées. Rendez-vous a aussi été donné près du ministère de l’économie et des finances (12e arrondissement).

Mardi ça va être chaud», avait prévenu Karim Asnoun de la CGT-Taxis. Deux intersyndicales, rassemblant 19 syndicats et associations, ont appelé les chauffeurs de taxis à se mobiliser face aux «dérives » du secteur des voitures de transport avec chauffeur (VTC). Ils mettent en cause des pratiques illicites sur le terrain des VTC – géolocalisation avant la réservation, occupation de la voie publique, racolage et utilisation détournée des véhicules de transport collectif de 2 à 10 personnes, qui dépendent de la loi d’orientation et de transport intérieur (dits « transports LOTI »).

Le syndicat réclame au gouvernement soit la suppression immédiate des VTC-LOTI, soit l’indemnisation conséquente de tous les chauffeurs de taxi». L’autre regroupement exige aussi « la réparation du préjudice économique subi ». Cette grève « risque d’être fortement suivie et très dure », a fait savoir Serge Metz, PDG des Taxis G7. «On mesure une baisse d’activité de 20 % sur les plates-formes de réservation et de 30 % dans la rue», a de son côté assuré le directeur général des Taxis bleus, Yann Ricordel. Un précédent mouvement, en juin 2015, avait été émaillé de violences. A l’époque, les chauffeurs s’élevaient contre UberPop, service low cost du géant américain VTC Uber. UberPop a depuis été interdit par le Conseil constitutionnel. (AFPLe Monde check-list)

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«C’est maintenant ou jamais!»

Par Solidaires Fonction publique

Secteur hospitalier: création d'emplois et salaire
Secteur hospitalier: création d’emplois et salaire

Confrontés aux réformes tous azimuts, les agents de la fonction publique, connaissent aujourd’hui une très forte dégradation de leurs conditions de vie au travail. la réforme territoriale qui se mène à marche forcée et qui transforme l’organisation administrative à l’Etat comme à la territoriale, l’ensemble des réformes qui traverse tous les secteurs de la fonction publique (l’éducation, la santé, le social, l’ONF, l’Onema, etc.) le projet de loi de finances qui valide une nouvelle année d’austérité et une nouvelle vague de suppressions d’emplois dans de nombreux secteurs, le PLFSS qui poursuit la lente dégradation de notre protection sociale. Autant de raisons qui doivent nous pousser à agir maintenant!

A cela s’ajoute un rendez-vous important. En février 2016 vont se tenir les premières négociations salariales dans la fonction publique, ce qui n’est plus arrivé depuis des lustres! Rappelons-nous que le point d’indice est gelé depuis le mois de juillet 2010!

SOLIDAIRES souhaite utiliser ce rendez-vous d’abord pour réclamer le rattrapage des pertes subies depuis de trop nombreuses années! Cela passe par l’attribution d’un nombre de points uniforme pour tous les agents. Ce ne serait que justice au regard des bas salaires dont pâtissent un grand nombre d’agents. Mais nous revendiquerons aussi la revalorisation du point d’indice qui est l’élément de référence de nos rémunérations. Et si nous ne voulons pas d’un 0,1% au premier janvier 2017 à quelques mois des élections présidentielles, c’est par un rapport de force que nous pourrons exiger une véritable revalorisation qui soit à la hauteur de nos revendications.

C’est pour toutes ces raisons que SOLIDAIRES avec la CGT et FO vous appelle à vous mobiliser en ce début d’année 2016.

  • Avant les négociations salariales pour mieux peser sur celles-ci, et au moment où la réforme territoriale se mettra en place dans les nouvelles régions.
  • Pour de meilleurs salaires
  • Pour de véritables emplois permettant d’assurer nos missions de services publics
  • Pour une fonction publique de proximité.
  • Faisons de cette journée une double opération : le matin une mobilisation dans chaque secteur pour exprimer notre colère et nos revendications spécifiques et convergeons ensemble l’après-midi pour affirmer notre attachement à la fonction publique !
  • Faisons de cette période un moment fort de mobilisation. Assemblées générales, HMI [heure mensuelle d’information, un droit syndical dans la fonction publique française, «on en rêve en Suisse»], interpellation des élu·e·s, meeting sur la fonction publique et les services publics, autant d’initiatives qui permettront d’inscrire dans la durée la journée de grève du 26 janvier dans une dynamique d’actions nécessaire pour satisfaire nos revendications.

Toutes et tous en grève et en manifestation le mardi 26 janvier 2016. (Tract Solidaires Fonction publique)

 

Fonction publique: les différente mobilisations prévues de la fonction publique

Cliquez sur la carte pour atteindre le récapitulatif des différentes mobilisations prévues par département

 

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Sept mois après la dernière action des conducteurs de voitures à lumignon déclenchée par le service UberPop, la corporation des taxis appelle à la grève et reprend son combat contre les VTC.

Emanations de «l’économie numérique», ces véhicules de tourisme avec chauffeur, nés en France en 2011 et que l’on commande via des applications de smartphones, concurrencent la profession des cochers mécaniques nés au début du XXe siècle et, jusqu’il y a peu, en situation dite de monopole.

[Selon l’INSEE, parmi les nombreux statuts, un salarié d’une compagnie, en ville, a «un salaire moyen autour de 1600 à 1700 euros par mois»; un artisan, «sans patron» (si ce n’est la banque, le garage, les assureurs…), a une situation, à Paris, proche du cas particulier suivant. Une fois payés ses 200’000 euros pour l’achat de la licence, qu’il peut revendre plus cher ou moins cher, suivant la conjoncture annuelle, lorsqu’il quitte la «profession». Mais même revendue 225’000, en net hors inflation et frais bancaires… le gain est souvent illusoire. L’achat de la licence se fait avec une partie en cash à hauteur de 25’000 à 30’000 euros, le reste avec du crédit. Il gagne net environ 2000 euros par mois et une présence de 11 heures au volant au moins: parcours et attente, sans compter le retour au domicile pour certains. De plus, le métier est très saisonnier, encore plus suivant les régions. Réd. A l’Encontre, voir graphiques]

Dépenses fixes par mois: pour le taxi 4445 euros, sans l’entretien du taxi (pneu, disques, vidanges, location en cas de panne d’une voiture de remplacement, sans parler des PV  et de «tourner à vide»

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Frais pour la famille: logement social à 850 euros pour 80 m2 dans le XIe. Pour l’alimentation: 20 euros par jour pour la famille, téléphone à sa famille qui vit sans un pays du Maghreb, etc.

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En 2015, près de 60’000 taxis étaient dénombrés sur le territoire français, dont plus d’un quart en Ile-de-France. Soit 40% de plus depuis 1992, selon la profession. Parallèlement, la France compte près de 25’000 conducteurs de VTC détenteurs d’une carte professionnelle, sachant qu’ils ne sont pas tous en activité. Ainsi, un rapport remis au gouvernement affirme que «le nombre d’inscriptions d’exploitants de VTC a quasiment doublé tous les ans» entre 2012 et 2014, mais qu’il «n’est pas encore possible de connaître leur nombre exact».

Quel est le motif de l’ire des chauffeurs de taxi?

Ils disent constater une forte baisse de leurs recettes depuis l’arrivée des VTC – sans que cela soit vérifiable, faute de transparence au sein de la profession – et mettent en cause les pratiques illicites desdits VTC dans leur fonctionnement : géolocalisation du client avant réservation (privilège réservé aux taxis, tout comme la maraude; soit le chargement à la volée de clients dans la rue sans réservation), occupation de la voie publique sans autorisation (stationnement dans le but d’attendre des clients potentiels à transporter), racolage et utilisation détournée des véhicules Loti (transport collectif de deux à 10 personnes). De plus, les taxis se montrent très remontés sur «l’effectivité» et «l’efficacité» des contrôles, pourtant renforcés à l’été 2015. Enfin, certains chauffeurs de taxi sont opposés aux forfaits prochainement imposés pour les courses vers et depuis les aéroports parisiens. […]

Que répondent les VTC?

Ils agissent tactiquement. Sur le mode : diviser pour régner. Ainsi Uber, leader mondial des véhicules de tourisme avec chauffeur, a annoncé son intention d’ouvrir sa plateforme électronique de réservation aux chauffeurs de taxis dans la foulée d’une décision du Conseil constitutionnel. Cette dernière institution a récemment estimé qu’un chauffeur de taxi pouvait aussi être conducteur de VTC dans son taxi sans devoir bénéficier d’une autre licence ni d’utiliser un autre véhicule. «On va regarder comment on va le faire, mais on veut permettre aux taxis d’utiliser notre plateforme, annonce Uber. On encourage toutes les plateformes qui existent, comme nos concurrents Chauffeur-Privé, SnapCar, etc., à faire la même chose.» Habile pour semer la zizanie au sein d’une profession de VTC déjà très segmentée. En témoigne son précédent mouvement de grogne contre les compagnies d’employeurs, le 19 décembre. (Libération, 26 janvier 2016)

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