Etats-Unis. Les dockers organisés dans l’ILA suspendent leur grève

Le président de l’ILA, Harold J. Daggett, se doit d’indiquer à un journaliste de la CNBC que «l’accord provisoire», établi sur la base d’une augmentation de 61,5%, reste encore du domaine de l’hypothèse.

Rédaction A l’Encontre

En date du 2 octobre, nous avons publié un article présentant l’entrée en grève le mardi 1er octobre des dockers de la côte Est des Etats-Unis.

Cette grève allait mettre à l’arrêt 36 ports de la côte Est et du golfe du Mexique, dont 10 des ports les plus utilisés d’Amérique du Nord. Le conflit portait sur l’augmentation des salaires et sur les montants des primes pour les soins de santé comme sur le plan de retraite, ainsi que sur l’automatisation des terminaux de déchargement des conteneurs. Il mettait «face à face» l’International Longshoreman’s Association (ILA) et l’U.S. Maritime Alliance (USMX, organisation des employeurs). Dès le 1er, la grève a touché 14 ports, soit 24 000 travailleurs.

Le débat politico-économique a porté de suite sur «le coût de la grève» pour l’économie des Etats-Unis, estimé par la presse économique jusqu’à 4,5 milliards de dollars par jour (selon la banque JPMorgan), ainsi que sur les potentielles pénuries découlant d’une possible paralysie complète des ports de la côte Est. De plus, les estimations étaient déjà faites du temps qui s’écoulerait pour résorber le volume des immobilisations de marchandises chargées sur les navires. Une journée de grève entraînerait un encombrement prenant de 4 à 6 jours pour être résorbé. A cela s’est de suite ajoutée une campagne des employeurs demandant à l’administration Biden d’utiliser la loi Taft-Harley (datant de 1947) pour contraindre, au nom de «l’urgence nationale», le syndicat ILA et ses 45 000 adhérents de se rendre sur leur poste de travail jusqu’à ce qu’un accord soit établi. Biden, à la veille des élections, se refusa à utiliser la loi Taft-Harley.

Le 3 octobre, un accord provisoire est intervenu entre la direction d’ILA et l’USMX, mettant fin à l’arrêt de travail qui a duré deux jours. Le contrat-cadre actuel est prolongé jusqu’au 15 janvier, puis des négociations reprendront sur «toutes les questions en suspens». Biden, le jeudi 3 octobre, a déclaré: «L’accord de principe conclu aujourd’hui sur des salaires records et une extension du processus de négociation collective représente un progrès décisif vers la conclusion d’un contrat solide. Je félicite les dockers de l’ILA, qui méritent un contrat solide après avoir fait tant de sacrifices pour maintenir nos ports ouverts pendant la pandémie. Je félicite également les opérateurs portuaires et les transporteurs membres de l’Alliance maritime américaine pour leur travail acharné et leur offre solide.» Après avoir donné un premier appui à la direction de l’ILA – syndicat des plus modérés comparé à l’organisation syndicale de la côte Ouest, l’ILWU (International Longshoremen and Warehouse Union) – Biden et Kamala Harris ne pouvaient que se féliciter d’un tel «accord provisoire» intervenant un mois avant les élections du 5 novembre. Ce d’autant plus que les plus grandes compagnies maritimes du monde – AP Møller-Maersk (société danoise) et Hapag-Lloyd (dont le siège est à Hambourg) – ont vu leur action chuter respectivement de 5,34% et de 14% (4 octobre). Donald Trump n’a évidemment pas manqué de souligner, dès le début de la semaine, que «j’avais été à la Maison Blanche, cet arrêt de travail n’aurait jamais eu lieu» (Financial Times, 4 octobre).

La direction de l’ILA – qui initialement revendiquait une augmentation de salaire de 77% – a indiqué que l’accord provisoire avait été conclu sur la base de l’obtention d’une augmentation salariale de 61,5% pour le contrat collectif d’une durée de six ans. Sur cette revendication, l’USMX n’a pris aucun engagement public. Sur le thème de l’automatisation des terminaux (avec réduction du nombre d’emplois), l’introduction d’une «robotique portuaire», aux Pays-Bas et en Australie, fonctionne comme un élément concurrentiel utilisé par les grandes compagnies portuaires et de transporteurs et place les organisations syndicales face à un défi dont la dimension internationale est immédiate. (4 octobre 2024)

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